le petit choseAlphonse Daudet (1840-1897)
Dans le Sud de la France, l'entreprise familiale des Eyssette tombée en faillite est revendue et entraine la dislocation de la famille. Pour Daniel, un des fils, notre futur « héros », adieu les robinsonnades, l'île, les grottes et les cabanes au fond du jardin de la maison de famille.
Les Eyssette se retrouvent à Lyon et le premier contact est celui des barbarottes, autrement dit les cafards, qui infestent l'appartement. Au collège, Daniel comprend vite que lorsqu'on est boursier et qu'on porte blouse, qu'on est appelé de plus avec mépris
le Petit Chose par son professeur en raison de sa petite taille pour son âge, il faut travailler deux fois plus que les autres pour être leur égal, ce que fit Daniel de tout son courage.
Après sa classe de philosophie, il est promu maître d'études dans le collège de Sarlande dans les Cévennes. Il connaît les brimades et les embûches de toutes nature en raison de sa taille et de ses origines. Gagnant ainsi un peu d'argent,
le Petit Chose ne rêve que d'une chose : reconstituer la maison Eyssette. Maltraité et ruiné, il se réfugie auprès de son frère Jacques à Paris, un frère tant aimé qui devient une seconde mère pour lui.
D'aventures en aventures, et notamment l'épisode du concubinage catastrophique avec Madame Irma Borel, une femme de mauvaise vie, le lecteur pris à témoin réalise que Daniel, qui pourtant estime qu'il ne s'agit pas tant d'être heureux dans la vie que de faire son devoir, sera un enfant toute sa vie comme l'abbé Germane l'avait deviné. En effet, à travers le récit des mésaventures de Daniel, on découvre un personnage assez romantique bercé par des rêves impossibles, un velléitaire, qui a du mal à apprendre la vie,
Roman autobiographique tout à la fois tendre et violent,
le Petit Chose fut publié en 1868.
Alphonse Daudet né à Nîmes fit ses études au lycée de Lyon (comme Daniel) , connut la ruine de ses parents, négociants en soieries, ce qui l'obligea pour survivre à devenir répétiteur au collège d'Alès. Plus tard, accueilli à Paris par son frère aîné (comme Daniel par Jacques) qui est historien, il s'adonne à la poésie encouragé par son frère et publie son premier recueil en 1858, puis devient secrétaire du duc de Morny tout en écrivant ses premières oeuvres. Il obtient le succès attendu avec la publication du Petit Chose qui relate les souvenirs amers de sa jeunesse. Par la suite, il obtiendra la consécration avec les
Lettres de mon Moulin, inspirée par sa Provence natale.
Mêlant habilement la première et la troisième personne pour parler de lui,
le Petit Chose narrateur, Daudet se fait charmant conteur sachant alterner un subtil humour, la poésie, une ironie amusée et une vive émotion traduisant sa grande sensibilité et une belle empathie. Les bons sentiments et la bonne humeur dans cette oeuvre nous réconcilient avec la vie. Daudet qui rêvait d'être un « marchand de bonheur » aura réussi son pari en sachant de plus attendrir le lecteur en se penchant avec sympathie vers les faibles et l'enfance malheureuse. Avec élégance, sans pompe ni lenteurs, Daudet nous ravit dans ce grand classique de la littérature.