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Critique de Chrisdu26


Ma très chère Hélène,

Ce 1er mars je suis allée faire un petit tour à EMMAÜS. J'aime chiner dans ce grand bazar toujours à l'affût du coup de coeur qui va illuminer ma journée. La semaine dernière j'avais remarqué des petits classiques très anciens de la LIBRAIRIE HACHETTE. Mon attention s'est néanmoins, furtivement, portée sur autre chose mais depuis je n'ai cessé de penser à cette petite collection. Quel regret ! Alors j'y suis retournée avec l'espoir de trouver mon bonheur et un partage, clin d'oeil, pour une personne qui m'est très chère.

J'arrive à l'ouverture. Ces allées livresques s'offrent à moi et là je vois le rayon des livres anciens. Je suis déjà toute excitée à l'idée de fouiller et feuilleter. Ma musique dans les oreilles, Chopin est à l'honneur. J'enlève ma veste. Délicieusement je m'assieds en tailleur et là je m'offre ce moment cérémonial : je prends les petits manuels un à un, lentement, doucement et me voilà partie à la recherche du livre qui m'attend depuis tant de temps. Cet instant unique n'appartient qu'à moi.

Mon dévolu tombe rapidement sur un petit recueil de «Poésies choisies» De Lamartine que je connais peu, l'occasion se présente à moi de faire plus ample connaissance. Mais il n'est pas le coup de coeur que j'espérais, alors je continue ma poursuite encore et encore, presque déçue, mais je ne désespère pas, je sais qu'il est là, quelque part entre les pages, les phrases, les mots, les points et les virgules et soudain voilà qu'il vient se poser délicatement , tel un papillon, sur mes mains comme une évidence.

C'est votre livre, Hélène, que j'ai choisi pour mon ami. Ce petit recueil que vous avez choyé avec amour et tendresse. Je le devine par sa qualité. Aucune page cornée, aucune rature. Il ne porte que le poids des années passées et en haut à droite de la première page on peut lire votre prénom écrit de votre main et le chiffre 38. Hélène, quel prénom si doux ! Ce livre vous avez du l'acheter ou peut être vous l'a-t-on offert il y a 75 ans déjà. Nous sommes en 1938, l'année de l'émancipation de la femme mais aussi l'année de la folie des hommes, de ses horreurs et de tous les regrets.

Cette édition date de 1936, adressée à la jeunesse, au vu du questionnaire que l'on peut voir en fin de livre. Étiez-vous écolière en jupe plissée bleue marine, petites socquettes blanches et chaussures vernies ?

Comme c'est émouvant de savoir qu'il est le témoin d'une d'histoire, d'un passé heureux et tragique à la fois. J'ai relu, avec plaisir, quelques lettres au hasard et à chaque fois je reconnais cette joie de vivre et cette solidarité si présente dans le midi. Ce livre était-ce une façon de vous évader du tumulte de la guerre ?

Les lettres de mon moulin me remémorent mon enfance. A chaque histoire une petite morale à retenir. On y découvre la soif de liberté de «La Chèvre de Monsieur Seguin», un des sept péchés capitaux est à l'honneur dans «Les trois messes basses», et confirme que la gourmandise vient quand on a plus faim. Et ce lien humain qui pousse les gens à s'entraider dans «Le Secret de Maître Cornille», Que c'est beau ! Tous les sentiments d'amour et de haine sont présents dans ce recueil et nous rappelle combien l'homme peut être fort et si vulnérable.

Je les connais pour les avoir aimées et étudiées à l'école mais également pour avoir habité durant des années non loin de ce Moulin à Fontvieille. J'y suis allée maintes fois me ressourcer au pied de ce bâtiment aux quatre ailes de géant. J'ai flâné sur les traces de Daudet là où son inspiration fut si féconde. Comme je comprends, il fait tellement bon se reposer à Fontvieille. Quand le Mistral fait des siennes, son souffle nous ramène les vestiges du passé, alors on peut entendre le joueur de fifre et la voix de monsieur Seguin «reviiiiiiens Blanquette reviiiiiiens» et cet accent du midi si chantant à mes oreilles et si doux à mon coeur. Ces jolis contes sont immortalisés dans de très beaux films de Marcel Pagnol avec Fernandel et bien d'autres enfants du pays. Comme je regrette la Provence, le chant des cigales, l'écho des Alpilles, les oliviers et ses magnifiques sentiers caillouteux qui sentent bon la garrigue, le thym et la lavande.

Merci Hélène, ce livre va revivre quelque peu à travers lui. Je vous imagine feuilleter de vos doigts délicats ces pages et sachez que désormais ses traces se mêleront aux vôtres pour mon plus grand plaisir et le sien. J'ai joint un peu de moi dans ce recueil, un petit moment d'égarement de ma vie, pour faire un peu partie de la votre. Où que vous soyez Hélène, ici bas ou ailleurs, soyez sereine, votre recueil est à présent sous le regard bienveillant et les mains affectueuses de cette belle personne.

Je voulais vous rendre ce petit hommage et peut être qu'un jour, qui sait, aurons-nous l'occasion de nous reconnaître au pied de ce moulin. Vous me raconterez ce que fut votre vie et moi je resterai là à boire vos paroles et peut être, nous tiendrons nous la main.

Alors comme aurait pu dire l'auteur du «Le Petit Chose»

A Ben Léu !

Bien à vous

«Où serait le mérite, si les héros n'avaient jamais peur ?»
A-Daudet

Cristina



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