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EAN : 9782330002275
250 pages
Actes Sud (04/01/2012)
4.62/5   4 notes
Résumé :
1962 : après les accords d'Evian des dizaines de milliers de Pieds-noirs sont restés vivre en Algérie. C'est vingt à trente ans plus tard seulement, dans le contexte des années de guerre civile, qu'ils se sont rapatriés. Pierre Daum est allé à la rencontre de ceux qui, au lendemain de l'indépendance, n'ont choisi "ni la valise ni le cercueil".
Que lire après Ni valise, ni cercueil - Les Pieds-noirs restés en Algérie après l'indépendanceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre raconte ce qui est explicité dans le sous-titre, à savoir l'histoire des Pieds-noirs restés en Algérie après l'Indépendance .
revenir sur le vécu de six cent mille pieds-noirs qui ont pris le chemin de l'exil et des quatre cent mille qui sont restés en Algérie.
C'est ce qu'explique le livre dès les premières lignes, c'est-à-dire à travers la préface de Benjamin Stora. Selon ce dernier, aucune étude approfondie n'avait jusqu'à présent été entreprise sur le sort des Européens et des Juifs après 1962. le livre de Pierre Daum constitue dès lors une grande première. Il est expliqué que l'auteur remet en cause plusieurs idées reçues à propos du départ des Européens d'Algérie. Benjamin Stora soutient que la thèse répandue est connue: un million de personnes seraient parties en 1962. Pierre Daum livre une autre version dérangeante. Les historiens n'ont jusqu'à présent véritablement pas souligné les leçons à retenir d'une présence si massive. Mais qui sont-ils vraiment ces pieds-noirs? C'est ce qu'on apprend à la page 21. le terme désigne les rapatriés non musulmans d'Algérie. Il exclut les harkis et ceux qui ont fait le choix de ne pas quitter l'Algérie. L'auteur applique pourtant la notion à cette dernière catégorie même si elle s'en défend d'en faire partie. Les ambiguïtés restent encore grandes après cinquante ans d'indépendance.
Autre sujet de discorde: leur nombre. Qu'écrit l'auteur à la page 39? En évoquant les témoignages d'autres historiens, on est en plein fouillis.
Jean Lacouture pense qu'il y a moins d'un million de rapatriés. Selon Daniel Lefeuvre, 180.000 d'entre eux sont restés en Algérie. Ils seraient pourtant 613.000 à faire ce choix, selon le livre de Daniel Lefeuvre qui se serait ainsi trompé dans ses calculs. Combien d'entre eux prirent la nationalité algérienne? C'est toujours le flou. Rendez-vous à la page 77 pour confirmation. Selon Bruno Etienne, 506 Français avaient acquis la nationalité en 1965. Méthode contestable, s'insurge Pierre Daum. Il y eut bien des naturalisations au-delà de cette date puisque le Code algérien de la nationalité ne l'interdit pas. Ils seraient quelques milliers. Beaucoup gardèrent la nationalité française. En tout, ce sont pas moins de 100 pages qui sont consacrées à ces polémiques. L'auteur trouve une méthode originale pour se départir des approximations. Il préfère donner la parole à ceux qui sont restés. de 200.000 en 1963, il n'y en a plus que 50.000 en 1972. Quelques milliers en 1990 et quelques centaines en 2010. 15 ont pris la parole. Certains ont regagné la France des années après l'indépendance. Quelquefois à la retraite. 300 pages sont consacrées à leurs histoires. On y trouve Denis Martinez, peintre, Chantal Lefèvre, éditrice à Blida, Jean-Paul et Marie-France Grangaud. Ce dernier exerce des fonctions importantes au ministère de la Santé.
On y découvre des pilotes, des couturières, des instituteurs et des cinéastes. Pour ce corps de métier, c'est Jacques Choukroun, qui se dit Juif, athée et communiste, qui prend la parole. Il parle des copains algériens: Merzak Allouache, Farouk Beloufa, Lyès Salem.
On enjambe tout et on passe à la page 399. Et là, que dit Cécile Serra, la couturière de Birmandreis qui s'y installe à 11 ans, soit en 1929? Que l'Algérie est un melting-pot. «Nous sommes ce qu'on appelle des Espagnols de souche. Je suis Espagnole de sang, mais je suis Française avant tout. Et après, je suis algérienne.» A d'autres Algériennes, elle devient couturière à 16 ans. Des années plus tard, elle assiste à l'apparition de l'OAS. Malgré les intimidations, les Serra restent serviables envers leurs voisins musulmans. Cette tradition est ancrée dans l'esprit de tous ceux qui sont restés.
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Une enquête passionnante pour qui s'intéresse à l'Algérie contemporaine, un livre qui se dévore. Il s'agit d'un travail de journaliste et non pas d'un ouvrage universitaire, même si les références bibliographiques sont innombrables.
Pierre Daum nous fait partager de manière très juste la vie des Français restés en Algérie en ces années post-indépendance, en particulier la période avant la prise de pouvoir par Boumediene : l'impression de vivre l'histoire, la douceur de vivre etc...
Il cherche à démontrer que ceux qui sont partis et qui n'avaient aucune part de responsabilité dans les exactions de l'OAS n'avaient pas de raison de fuir et que la vie pouvait continuer dans une nouvelle Algérie indépendante et démocratique.
Sauf qu'il ne souligne pas assez que pour beaucoup de Français originaires d'Algérie, et au-delà de la terreur semée par l'OAS et des représailles du FLN, certes limitées mais tout de même réelles, il ne pouvait être question de se projeter dans un avenir où le pouvoir était dans les mains des Algériens (des Arabes). Tout ce qu'on peut lire et entendre sur la fraternité et l'amitié entre Pieds-Noirs et Arabes relève d'une réalité arrangée : le système colonial était basé sur une hiérarchie à laquelle presque tous, même les Européens situés au plus bas de l'échelle sociale, adhéraient complètement.
Les exemples passionnants de récits de vie que l'auteur nous donne à lire concernent pour la plupart des personnalités hors du commun, soit par leur engagement politique soit par la force de leur caractère.
L'ouvrage a un mérite supplémentaire : aborder un sujet peu traité.
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critiques presse (1)
Liberation
19 janvier 2012
Ce dernier livre-enquête chez Actes-Sud, mêlant archives et témoignages inédits consacre le travail du journaliste devenu chercheur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Question : Actuellement, il y a encore beaucoup de Pieds-Noirs qui partent?
L'ingénieur : Ah oui, beaucoup.
Question : Pourquoi?
L'ingénieur : Ils avaient ici une façon de vivre, une certaine conception... Ils allaient dans les administrations publiques, ils allaient à la poste, à la police... Tout était fait par des Français. Eh bien maintenant, ils ont affaire des Musulmans. C'est un état de choses qu'ils acceptent difficilement. Pourquoi ? Parce qu'ils ont toujours vu les choses comme ça. Or, il n'est possible à un Pied-noir de vivre ici qu'à condition qu'il se considère comme s'il avait atterri du jour au lendemain aux Indes, au Pakistan, en Amérique ou en Syrie. (Témoignage en 1963 d'un ingénieur pied-noir resté à Alger après l'indépendance de l'Algérie. Reportage de Pierre Nivolet pour "Cinq colonnes à la une" diffusé le 1er mars 1963 sur la 1re chaine sous le titre "Un an après : être français en Algérie". Cité par Pierre Daum, p.101-102)
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Video de Pierre Daum (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Daum
Mémoire franco-algérienne - Soirée France-Algérie sur Mediapart .2e débat : 50 ans après, réconcilier les mémoiresDiscussion entre :? Florence Dosse, écrivaine, auteure de Les Héritiers du silence, enfants d?appelés en Algérie, Ed. Stock.? Fatima Besnaci-Lancou, écrivaine, auteure de plusieurs ouvrages, a dirigé le numéro de la revue Les Temps Modernes, Les harkis, 1962-2012. Les mythes et les faits.? Pierre Daum, journaliste, auteur de Ni valise ni cercueil ? Les pieds-noirs restés en Algérie après l?indépendance, Ed. Solin/Actes Sud.? Mehdi Lallaoui, écrivain et réalisateur, président de l?Association « Au nom de la mémoire ».? Christian Phéline, auteur de L'Aube d'une révolution, Margueritte, Algérie, 26 avril 1961, Ed. Privat.
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