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EAN : 9782228898607
194 pages
Payot et Rivages (07/05/2004)
3.84/5   60 notes
Résumé :

Au début du vingtième siècle, le Népal est encore pratiquement interdit aux étrangers. Grâce à quelques-uns de ses amis, et surtout grâce à une connaissance subtile de l’âme orientale, Alexandra David-Néel (1868-1969) parvient à y entreprendre le plus étonnant des voyages.

Publié en 1949 mais longtemps demeuré introuvable, Au cœur des Himalayas relate le pèlerinage que « Jétsunema » (la « Dame-Lama ») effectua durant l’hiver 1912-1913 sur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce n'est peut-être pas le meilleur récit de l'auteur cependant je l'ai dévoré tout cru ….

Je dis cela parce que s'il elle sillonne le Népal , c'est dans le cadre d'excursions passionnantes . Elle n'est pas lancée comme à son habitude sur la grande route et elle n'est pas tout à fait libre de ses mouvements.
Ce n'est pas pour autant du tourisme dans ce début du vingtième siècle , mais dans ce texte un peu singulier dans sa bibliographie , elle un peu pour une fois , une touriste.
Mais elle reste fondamentalement elle-même pour le plus grand plaisir du lecteur , par exemple lorsqu'elle se rend sur les lieux de naissance du Bouddha . En effet ce personnage fondateur de religion est originaire du Térai actuellement népalais.

J'ai lu toute sa bibliographie , sauf sa correspondance avec son mari . J'ai donc accompagné l'auteur en inde , en chine , au Népal , au Tibet .
Ce fut de fabuleux voyages dans le temps , dans l'espace et dans des univers religieux qu'elle a contribué à m'ouvrir , alors qu'ils me semblaient autrement , irrémédiablement opaques .
Des voyages en compagnie d'une personne infiniment sympathique , pragmatique , compétente , curieuse et surtout assez au clair avec ses cadres de références et les effets et interférences qu'ils sont susceptibles de produire sur ses observations , ses témoignages et ses réflexions .
Suivre l'auteur , c'est se situer dans le sillage d'une bouddhiste sincère (de sensibilité tantrique) , qui connait aussi pas mal la pensée indienne , notamment les univers du yogisme tantrique qui s'épanouissant dans l'inde , matrice de cultes et véritable bouillon de culture religieuse , qui ont donné le bouddhisme tantrique.

L'auteur explore le pays dans toute sa variété géographique et culturelle , vallée centrale , Terai tropical à lisière de l'inde , et les massifs himalayens .
Le pays est de religion hindou dominante , mais il y a aussi beaucoup de bouddhistes tantriques exclusifs . Les langues à tons asiatiques côtoient l'univers indo-aryen dominant . Bref , c'est la fin de l'inde et le début du Tibet , la fin des plaines tropicales et le début des contreforts élancés des Himalayas , véritables forteresses bouddhistes tantriques . Une mosaïque culturelle à l'histoire mouvementée et conflictuelle , où les cultures se mêlent , se mélangent sans pour autant être solubles les unes dans les autres , bref c'est le monde indien avec ses types de cohabitations religio-culturels tellement particuliers et tellement difficiles à appréhender …

Bon , ce texte possède aussi un intérêt particulier dans la bibliographie de l'auteur , avec L'Inde où j'ai vécue , c'est le seul texte où l'auteur arpente un pays de culture hindoue dominante.
Le reste de sa bibliographie étant dédiée au bouddhisme tantrique et au Tibet , un peu à la chine aussi …
D'une façon générale quand l'auteur aborde l'hindouisme , c'est avec un positionnement assez élitiste et critique sur la religion populaire le plus souvent . Elle est plus amène sur la religion populaire du Tibet qui pourtant n'est pas moins « charbonnière « que l'hindouisme populaire. Une petite visite au musée Guimet vous en persuadera , d'ailleurs …
De plus concernant l'Inde et on la comprend , elle très dérangée par les problématiques socio-culturelles induites par les castes qui sont néanmoins plus subtiles et compliquées qu'elle veut bien nous le dire.

Pour ma part je suis plutôt un connaisseur empathique du monde hindou , et moins du bouddhisme (un peu le contraire de l'auteur donc) , alors je me permet ici d'apporter ici quelques billes sur lesquelles , l'auteur n'insiste pas du fait de ses dynamiques intimes personnelles et ce malgré sa grande et indiscutable honnêteté intellectuelle.

Sachez que le bouddhisme est principalement une philosophie religieuse intégralement indienne . On peut le classer comme un bourgeon de l'hindouisme qui a fait fortune . Il est relativement divergent d'avec sa matrice originelle , mais il reste intrinsèquement hindou , et notamment pour le bouddhisme tantrique . La langue sacrée et les textes importants et fondateurs de cette religion sont en sanskrit , la langue sacrée de l'Inde .
Le bouddhisme est parfaitement intégré dans l'hindutva (l'indianité) . il n'est pas une pensée ou une religion étrangère à l'Inde et le dialogue avec la philosophie indienne n'a jamais été rompu et cela par nécessité structurelle . Si le bouddhisme indien est si faible aujourd'hui , c'est qu'il a été sauvagement réprimé et persécuté par les envahisseurs musulmans et que son sort fut dramatiquement lié à celui des centres politiques du nord de l'Inde.

Par ailleurs l'auteur présente le bouddhisme comme l'islam très occasionnellement , ou même aussi le christianisme en Inde , comme étant étrangers au système des castes . Hors c'est mal connaitre l'Inde que de l'affirmer , et c'est une curieuse erreur de jugement de la part de l'auteur .
Tous les cultes religieux de l'Inde comprennent une dimension en rapport avec les castes . Les castes sous leurs formes spécifiques propres aux différents cultes , s'imposent et s'enchevêtrent partout dans le sous-continent indien .
De plus les castes ne sont pas figées , elles évoluent socialement ( déclassement comme ascension sociale) , de plus elles ne sont pas par nature synonymes de groupes socio-économiques .

Par ailleurs certaines catégories sociales comme les gens qualifiables de sanyassins ou de sâdhus , des ascètes indous plus ou moins accomplis , sont hors castes dans un sens positifs . Ils sont au-delà des castes.
Par ailleurs le statut d'intouchables est loin d'être toujours un drame pour beaucoup de hors castes , car leur statut peut se lire dans un cadre de référence parallèle diffèrent , à l'hindouisme dominant , comme par exemple sur un mode ethnico-religieux . S'ils sont adivashis ( aborigènes) et donc les membres d'un univers religieux plus ou moins indépendants des grands cultes hindous . Un monde qui est assez cloisonnés par rapport à ces cultes hindous dominants . Finalement ces cultes « marginaux » placent de fait leur ressortissants dans un cadre religieux et social décalé par rapports aux fidèles de cultes plus rependus que les leurs , encore que ce n'est pas toujours vrai localement , et de loin . Dans de vastes secteurs géographiques , les hors castes dominent largement les terroirs et ils constituent quasiment la norme locale.

Donc voilà , un beau voyage au Népal …
Un beau voyage , si on ne tient pas trop compte des difficultés structurelles de l'auteur à aborder sainement l'hindouisme.
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L'inactivité forcée d'un séjour de 3 semaines à l'Hôpital (on peut tomber malade d'autre chose que la Covid, l'Hôpital va, fort heureusement, s'occuper de vous, même en urgence) m'a amené à lire tout ce que l'on me prêtait, et qu'habituellement je n'aurais pas lu.
Ainsi en est-il, entre autres, de cet incroyable récit d'Alexandra David-Néel, récit d'un voyage que cette femme, qui n'avait pas froid aux yeux, avait fait en 1912, alors qu'elle avait 45 ans, au Népal.

Certes, il ne faut pas s'attendre à une oeuvre littéraire, c'est écrit au débotté, mais ce que cette aventurière intrépide, parlant couramment le tibétain, le népalais, l'hindi, l'anglais, etc.... nous raconte ici est absolument extraordinaire.
C'est un témoignage saisissant de la vie de cette région du monde au début du 20ème siècle, et de l'amour de l'auteure, par delà les détails sordides, pour la spiritualité religieuse de cette partie du monde. Une spiritualité où se mêlent bouddhisme, hindouisme, et des croyances ancestrales, où la très grande profondeur voisine avec les rites barbares (égorgements de chèvre et même de boeufs, âmes sensibles s'abstenir) ou complètement abjects, et avec la saleté repoussante des lieux. Car l'auteure ne nous épargne rien, ni les statues maculées d'aliments en décomposition, ni les excréments qui entourent les temples, ni les rites orgiaques qui terminent les cérémonies au sein des maisons. Mais, dans le même temps, elle nous explique la vision cosmique des croyances, et les mythes qui accompagnent l'histoire des temples.
C'est passionnant et troublant.

Je me suis demandé ce qu'il reste à notre époque de la vie et les croyances religieuses dans ce Népal, où notre exploratrice circulait en 1912 soit en chaise à porteur, soit à cheval ou à dos d'éléphant.

Un récit dépaysant, déconcertant, que je ne suis pas près d'oublier.
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Une légère déception, à la lecture de ce livre car j'ai eu du mal à entrer dans le monde du voyage, au début du xx ème siècle, lorsque les voyageuses étaient
transportées à dos d'homme et les relations avec les autotochnes quasi inexistantes.
Elle nous fait découvrir un Népal , inconnu, mais totalement authentique dans dans lequel les sacrifices à la déesse peuvent être violents et cruels.
Malheureusement, je n'ai pas retenu les descriptions de la nature car ce livre nous parle davantage des rencontres avec les "sages" et des rites Hindis et
Bouddhistes.
Il faut que j'admette que nous ne sommes plus à la même époque et que les moyens de communication actuels nous permettent d'entrer dans des sites qui étaient totalement inaccessibles. Rendons cependant hommage aux précurseurs.

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Après avoir lu les aventures d'Alexandra au Tibet quand elle rejoint Lhassa, je me suis plongée dans cet autre roman autobiographique de l'autrice. Cette fois-ci, elle visite le Népal, accompagnée par des serviteurs dont elle aurait bien aimé se passer. Mais là-bas les étrangers sont étroitement surveillés, et c'est sous couvert d'un intérêt archéologiques pour ces lieux qu'Alexandra va pouvoir visiter ce mystérieux pays.
Je fus moins captivée par ce livre-là que celui qui se passe à Lhassa. On y trouve plus de passages descriptifs des coutumes népalaises que d'anecdotes sur son voyage. de plus il y a moins de tension car ici elle ne se cache pas de tout un peuple.
Néanmoins c'est véritablement impressionnant de voir à quel point elle a pu suivre ses rêves. Une parisienne, qui au début du XXe siècle, voyage en indépendance dans des pays d'Asie qu'elle ne connaissait que par les romans de Jules Verne. Comme "Une Parisienne à Lhassa", ce roman donne envie de suivre son exemple.
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Nous sommes en 1912-1913, Alexandra David-Néel découvre le Népal, un pays encore quasi inaccessible pour les étrangers. Son récit est fascinant, souvent rebutant, on découvre montagnes et jungle, folklore et croyances.

Grande intellectuelle et érudite des religions, ce livre est surtout l'exploration par une philosophe et bouddhiste des mythes premiers du pays, des pratiques bouddhistes ou hindouistes qu'elle peut croiser et de moments d'histoire du Bouddha, car il a vécu une partie de sa vie dans le pays. de fait, la lecture peut être laborieuse. Et si, comme moi, vous connaissez mal ces religions, vous apprendrez beaucoup... mais vous aurez aussi l'impression de passer à côté de nombreuses informations. En dehors de ces moments où il faut un peu s'accrocher, cela reste une lecture plaisante et dépaysante, si on passe à côté d'un certain mépris de tout ce qui touche à l'hindouisme populaire et donc de beaucoup de Népalais.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le nom de "vallée de l'ombre qui lui a été donné est pleinement justifié.L'atmosphère y est toute imprégnée de cette terreur sacrée qui émane des lieux où Shiva règne.
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Les Tibétains du voisinage avertis de ma présence étaient accourus et se pressaient dans la boutique où je me trouvais. Tous bavardaient à la fois, menant grand tapage , riant et s'exclamant en entendant une étrangère parler leur langue. À katmandou ou dans l'Inde , certains d'entre eux avaient entendu des étrangers parler hindi ou népalais, mais jamais tibétain. Tibétains vraiment!
je parlais tibétains !...quel événement !
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Dans un village, une femme avait, volontairement , disait-on, été conduite au bûcher par des parents"dévoués " . La justice anglaise n'admettant pas que ce genre de " dévouement " avait sévi contre la famille de la victime.
C'est là l'Inde terrible : l'Inde aux pensées secrètes qui se meuvent dans des régions étrangères à l'Occident.
Je veux pas que les dernières pages de ce livre soient éclairées par la lueur lugubre d'un bûcher. Qu'il en émerge, plus tôt , de la lumière tranquille de la spiritualité hindoue.
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Dans un village, une femme avait, volontairement dit-on, été conduite au bûcher par des parents " dévoués ". La justice anglaise n'admettant pas ce genre de " dévouement " avait sévi contre la famille de la victime.
C'est là l'Inde terrible , l'Inde sinistre qui souvent nous masque l'autre Inde aux pensées secrètes qui se meuvent en des régions étrangères à l'Occident.
Je ne veux pas que les dernières pages de ce livre soient éclairées par la
lueur lugubre d'un bûcher. Qu'il en émerge , plutôt , la lumière tranquille de la spiritualité hindoue.
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Le train qui a rampé à une allure de tortue, à travers les plaines du nord de l'Inde, s'arrête sans heurt, comme une bête lasse, devant une petite gare.
À travers un voile de poussière dorée par le soleil couchant, l'on distingue, au-delà d'une barrière, un groupe de coolies et un rickshaw vétuste.
Je suis attendue . J'aurais, certes, beaucoup mieux aimé arriver ici tout à fait incognito , mais le Népal, peu connu en Occident, est terre encore plus interdite que le Thibet. L'accès m'en a été permis. Grâce soit rendue aux dieux !
Et aux amis qui se sont employés à faciliter mon séjour je dois de la reconnaissance, quelles que soient les entraves à ma liberté qui, forcément , en un tel pays, accompagnerons leurs bons officies.
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