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EAN : 9782226259745
496 pages
Albin Michel (20/08/2014)
3.65/5   75 notes
Résumé :
Cataract City est une petite ville touristique qui exerce une emprise sur celles et ceux qui y sont nés et où les apparences sont souvent trompeuses. Owen Stuckey et Duncan Diggs sont nés et ont grandi à Cataract City. Ils passent leur adolescence à rêver d’évasion, surtout depuis l’événement traumatisant qui a forgé leur amitié dès leur enfance. Mais à l’âge adulte, leurs chemins se séparent : Owen reste au-dessus de la loi, devenant agent de police, tandis que Dun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 75 notes
J'ai, littéralement, été happée par ce sombre et fort récit .

Cataract City, petite ville à proximité des chutes du Niagara est le genre d'endroit d'où il est difficile de s'échapper quand on y nait et que ses parents travaillent à la fabrique de biscuits qui doit employer la moitié des habitants de la bourgade .

Duncan et Owen sont deux copains d'enfance qui ont grandi là, partageant leur passion de gosses pour les matchs de catch, comme ceux que je regardais gamine, l'Ange Blanc et le Bourreau de Bethune qui me faisaient frissonner de peur et mourir de rire ...

L'enfance insouciante se termine brutalement pour nos jeunes garçons par un involontaire raid de survie dans la nature hostile .

Combats de boxe à mains nues, courses et combats de chiens, contrebande , quelques années de prison ... font rapidement partie de la vie de Duncan ; c'est un des modes de vie de ces hommes : alcool, violence et confrontations avec quelques indiens retors des réserves voisines , les rancunes sont tenaces, les haines s'enracinent à vie, il n'y a pas que la forêt qui soit sauvage.

Les chapitres se succèdent, le plus souvent à travers le regard de Duncan, parfois avec celui d'Owen, moins rude .

Les femmes sont peu présentes, mères ou amantes comme Edwina , les mères ont renoncé, les plus jeunes parviennent parfois à s'échapper mais avec toujours un regard en arrière .

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le récit n'est pas une succession de violences, un catalogue des vices humains , la profondeur des mots exprime souvent le peu d'espoir et d'avenir mais sans défaitisme ou misérabilisme , ce sont des hommes qui ne baissent pas les bras, qui n'abandonnent pas et conservent un sens de l'honneur et une sensibilité parfois à fleur de peau comme lorsqu'il s'agit de soigner ou d'enterrer leurs chiens .

Domine sur l'ensemble de l'histoire , la magnifique amitié de deux hommes et une fin en paroxysme de dépassement de soi et haletante à souhait pour le lecteur .

Bien que je me sois de temps en temps perdue dans les époques, j'ai dévoré ce roman .
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Craig Davidson, né en 1976 à Toronto, est un écrivain canadien anglophone. Il vit à Calgary, en Alberta. Son premier recueil de nouvelles, paru en 2006 en français sous le titre Un goût de rouille et d'os, a été adapté au cinéma par le réalisateur français Jacques Audiard en 2012. Son troisième ouvrage, Cataract City, est sorti il y a quelques mois.
Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations et sort de huit de prison quand le roman débute.
Si vous aimez les romans où les personnages semblent vivre sous vos yeux en chair et en os, vous allez être gâtés ! Ah ! Ah ! Ah ! Parce qu'on a l'impression à lire Craig Davidson qu'il s'est déniché un créneau original ( ?) dans lequel il se vautre avec volupté, l'étalage des corps en souffrance, des os fracturés, des plaies sanguinolentes, des gnons et des moignons, des cicatrices sur la peau, j'en passe et des meilleurs.
Le roman est fait de présent et passé en flashbacks parfois désarçonnant, le tout reconstituant la vie d'Owen et Duncan, de l'époque de leurs huit ans, copains de rue, jusqu'à l'âge d'homme. Enfants ils ont été « enlevés » en forêt durant trois jours par leur idole, un catcheur pas vraiment méchant mais bien allumé et usé, ce qui nous vaut les premières scènes de souffrance, ici dans les milieux du catch (on pense au Mickey Rourke du film The Wrestler), puis le parcourt du combattant type commando pour s'échapper de la forêt-marécage, sauf que ce sont des gamins.
C'est un peu une des facilités du scénario, plonger nos deux héros dans des environnements divers mais tous sujets parfaits pour que Craig Davidson expose son obsession : il y aura donc après le catch, les courses de chiens, les combats de boxe minables (là on pense à Ragging Bull de Martin Scorcèse), les thanatopracteurs des Pompes funèbres etc. et j'y ai vu des passages barbants. Même si globalement, le roman est plutôt réussi, on hésite souvent entre bien et mauvais. Par exemple la construction, allie la très banale alternance de chapitres dressant le portrait d'Owen ou de Duncan avec des ellipses ou des retours en arrière qui déstabilisent avec bonheur le lecteur. Ou bien la très longue séquence finale avec Owen et Duncan alors adultes, une course poursuite avec un gros méchant, dans la neige et la glace, en forêt au bord du fleuve - ce qui boucle avec le début du roman et leur enlèvement – elle tient le lecteur en haleine mais les exagérations des blessures et souffrances éprouvées agacent en même temps.
Il y aussi du bon, le personnage puissant d'Edwina qui passera d'Owen à Duncan puis quittera la ville, « Elle est partie sans s'arrêter. Elle a réussi le seul truc que, malgré tous les rêves, tous les projets, je n'avais pu me résoudre à faire : quitter Cataract City. » Quant au fond du roman, l'amitié virile, les destinées, l'amour, il est gentiment traité sans soulever un enthousiasme notable. L'écriture est fluide, le rythme enlevé, ça se lit très bien. le début et la fin (malgré les outrances déjà dénoncées) du bouquin sont très bien aussi.
J'ai dit précédemment que le roman était globalement réussi, je ne vais pas changer d'opinion maintenant. Mais ne m'en demandez pas plus non plus.
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Niagara Falls, ou Cataract city : « This city holds you », cette ville te tient, fait dire l'auteur en conclusion à Owe, l'un des deux protagonistes, et sans l'aide d'un puissante force de séparation telle le canon du cirque pour quitter son orbite, on ne peut s'en échapper.
En effet, le pouvoir d'attraction intangible et poisseux de la ville pèse sur chaque page de ce roman, à tel point que c'est un soulagement d'en sortir.

Après « les chutes » de Joyce Carol Oates, « Cataract City » qui marque pour moi un retour littéraire dans ce lieu de l'autre côté de la rive cette fois, me rappelle à nouveau ce sentiment étrange, ressenti en y arrivant en voiture par le côté américain, de m'être trompée d'endroit : avant d'arriver aux chutes, on traverse une immense plaine minée d'usines fumantes, toute la laideur du monde industriel à perte de vue côtoyant l'un des plus spectaculaires paysages que la nature puisse offrir.
Lieu pour le moins étonnant, envoûtant dans ses contradictions ; pas étonnant qu'il soit source d'inspiration pour des écrivains aimant fouiller la complexité des choses et des hommes.

Terrain fertile pour Craig Davidson qui signe-là d'une écriture âpre et poétique une histoire d'amitié faite de rivalité et de soutien à la vie à la mort, de ténacité et d'abandon entre deux hommes, Dunk et Owe, luttant pour s'arracher à l'attraction morbide de la planète Cataract.

Un beau livre qui vous ancre dans la terre, mais je dois reconnaître avoir par moment peiné sur des longueurs – entre passages testostéronés de combat d'hommes ou de bêtes et déambulations nocturnes peuplées de rêveries noires – qu'une lecture en VO n'a pas simplifié.
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"Pour terminer, d'autres remerciements- et sans doute mes excuses aussi- à Niagara Falls. Au cas où l'on voudrait croire que la ville est exactement telle que je la décris, j'admets que non, sans équivoque." Il a raison, Craig Davidson, de rappeler que son livre est un roman est que la réalité n'égale pas l'affliction. Et de s'éviter ainsi de se faire lyncher par les habitants de cette ville frontière qui ne peut être aussi sinistre et blafarde. Quoique. Cataract City la montre en tous cas sous un jour particulièrement gris -"Une ville minable"- lieu de trafics et de vies poisseuses. Comme celles de ses deux héros, amis pour la vie malgré des destins contraires bien que, là encore, ils se rejoignent dans une existence de losers amenés à souffrir jusque dans leur chair avant d'entrevoir un début de lumière. Comme son compatriote canadien Boyden, Davidson est maître dans l'art de ramener l'homme à sa pauvre condition, comme écrasé par les forces de la nature. Mais là où le premier se fait souvent lyrique, le second est plus brutal, meurtrissant ses personnages avec un quasi masochisme. Davidson est l'écrivain des coups : du sort, mais aussi dans la gueule, excusez l'expression. C'est de la littérature virile, si tant est que cela signifie quelque chose. Deux morceaux d'anthologie se dégagent, l'un au début, à l'adolescence, l'autre à la fin, à l'âge adulte : deux épreuves surhumaines où la survie dans un environnement hostile (forêt puis neige) ne tient qu'à un fil et au lien qui unit les deux garçons et ensuite les deux hommes. Entre ces deux longues séquences, le roman est sans doute moins spectaculaire mais il faut se laisser prendre par un rythme contemplatif qui ne l'est qu'en surface. La construction du livre est remarquable et son dénouement laisse un goût étrange dans la bouche. D'os et de rouille, oui, quelque chose du genre.
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Avec la puissance et la sensibilité révélées par Un goût de rouille et d'os, adapté au cinéma par Jacques Audiard, Craig Davidson explore dans ce roman vertigineux le conflit intérieur de deux hommes liés par un secret d'enfance.

Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris.

Mais Owen et Duncan ne sont pas égaux devant le destin. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations. Un temps inséparables, sont-ils prêts à sacrifier le lien qui les a unis, pour le meilleur et pour le pire ?

Avec ses deux personnages principaux il nous fait entrer dans le monde du catch, des courses de lévriers, des combats de chiens où la pitié est absente, des matchs de boxe où tous les coups sont permis, l'univers de de Rouille et D'os n'est pas loin, même si le décor et les personnages principaux y différe pas mal. La violence est extrême, mais cette effroyable dureté est tempérée par la tendresse qu'il y a au fond de ces deux hommes Ducan et Owen, que, les conditions de vie imposées par une ville aussi rude que Cataract City n'ont pu éteindre.

C'est un livre fort et intense, captivant et puissant qui reste dans les mémoires longtemps après l'avoir fermé.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (3)
Telerama
27 avril 2016
Le jeune Canadien anglophone Craig Davidson reprend ses thèmes favoris dans Cataract City : des histoires d'amitié, de fidélité à l'enfance.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
20 octobre 2014
Merveilleusement écrit et structuré, porteur de violence et de beauté, d'émotions brutes et d'une humanité forte, poétique et inattendue dans le contexte.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LesEchos
03 septembre 2014
C’est une vraie fiction, pleine de lucidité, mais aussi de tendresse pour ces no man’s land où l’on n’a pas choisi de naître. Et surtout une magnifique histoire d’amitié masculine, entre deux enfants perdus de cette ville frontière.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis laissé pousser les cheveux, puis je les ai complètement rasés pour les laisser pousser à nouveau. Mon corps s'est raffermi : j'avais d'épaisses rainures sur le torse, des stries sur les deltoïdes, et les grands dorsaux en tête de cobra. Je tapais sur le sac jusqu'à être recouvert d'une couche huileuse de sueur, et que toutes mes articulations tournent bien dans leurs cavités. Je boxais avec Silas, et nous dînions ensemble à la même table dans un silence complice. J'ai vu que mes tempes commençaient à grisonner dans le miroir en acier au-dessus du chiotte - au pénitencier, les miroirs étaient tous en acier et réfléchissaient de travers. Je me suis demandé s'il y avait quelque chose dans la lumière qui me faisait constamment plisser les yeux.
La prison vous détruit insidieusement. La bouffe me trouait l'estomac dans leur cafétéria grisâtre. Vivre dans la contrainte, avec cinq cents autres animaux en cage, ça vous creuse des sillons dans la chair. J'ai vu un mec se faire entailler l'oreille avec une brosse à dents taillée en pointe. Un autre se faire presque tuer à coups de pieds nus dans les douches. Ses agresseurs glissaient sur le carrelage et leurs queues battaient contre leurs cuisses. La seule consolation était que les victimes le méritaient plus ou moins.
Au bout d'un moment, on n'est plus un nouveau poisson mais un vieux. Un entre-deux, si ça existe. J'avais parfois un petit clic dans la gorge en avalant. Avec ses mains immenses, Igor Bearfoot m'avait à moitié broyé la pomme d'Adam.
Comme disent ceux qui purgent des longues peines : "J'ai travaillé et fait en sorte que le temps travaille pour moi."

(P358)
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Je voulais lui dire que j'avais appris si peu depuis notre enfance. Ça se résumait à ça : il est beaucoup plus difficile d'aimer que de haïr. Plus difficile d'être là pour ceux qu'on aime, de les voir vieillir, tomber malades -et un jour, on vous les retire brusquement, impitoyablement. La haine est d'une simplicité totale. On peut haïr un parfait inconnu à des milliers de kilomètres. Ça ne coûte rien. Ça vous dévore de l'intérieur, mais ça ne demande ni effort ni réflexion.
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Le vendredi soir, on regardait le Baby Blue Movie sur Citytv, en général des films en langue étrangère, avec des mecs qui roulaient les "r", et des femmes qui fumaient de petites cigarettes noires. Le bon côté de la chose, c'est qu'elles fumaient souvent toutes nues. Ou, si elles ne fumaient pas, elles promenaient leur gros cul, rond comme une poire, dans un genre de château médiéval. (p. 35-36)
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The city of your birth was the softest trap imaginable. So soft you didn't ever feel how badly you were snared - how could it be a trap when you knew its every spring and tooth?
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(Traduction perso:) La ville dans laquelle on est né est le plus doux des pièges possibles. Si doux qu'on ne se rend jamais compte à quel point on est pris au piège - comment pourrait-ce être un piège quand on connait tous les ressorts de l'engrenage?
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J'ai pensé qu'en grandissant on perd le sens de l'orientation si particulier des enfants, comme si c'était un passage obligé de l'âge adulte.
Gamin, on se fiche des atlas et des carrefours - nous composions le plan d'une ville avec seulement les choses qui nous intéressaient , un monde inconnu de la cartographie. Nous avions pour nous diriger des instruments primitifs, une boussole aimantée par l'odorat, le goût, le toucher, la mémoire sensitive - une manière d'écholocation fort simple mais extrêmement précise.
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