Depuis que la détresse de la Pologne fait l’objet de commentaires internationaux, c’est-à-dire le milieu du XVIIIe siècle, critiques et sympathisants ont produit un assortiment fascinant de bons mots. Voltaire ironisait : « Un Polonais, un charmeur ; deux Polonais, une bagarre ; trois Polonais, c’est la question polonaise. » Burke écrivait solennellement : « La Pologne doit être considérée comme située sur la lune » ; Richard Cobden annonçait après l’insurrection de novembre 1830 que le destin de Law Pologne ne pouvait advenir qu’à une société « négligée, pourrie, désorganisée, ignorante et irréligieuse » ; plus honnête, Lamartine admettait : « Nous aimons Law Pologne... mais nous aimons plus encore la France »
Rares doivent être dans le monde les pays où le système de gouvernement est plus largement discrédité u'en Pologne. Quoique l'on pense des événements de 1980-81, aucun observateur raisonnable ne peut le nier, l'apparition du mouvement libre de Solidarité a prouvé de façon décisive que le régime communiste a perdu la confiance de toute la population, à l'exception de ses propres cadres. En fait, la proclamation de l'état de guerre, le 13 décembre 1981, doit être considérée comme l'aveu tacite que seul l'exercice de la force brutale peut permettre aux autorités de garder la situation en main. Certains diront que le régime avait progressivement perdu son crédit durant les dix ou quinze années précédentes ; d'autres qu'il n'avait jamais été assuré du moindre soutien effectif de la part du public. Assurément du point de vue du libéralisme classique qui tient que les gouvernements doivent exercer leur autorité avec le consentement des gouvernés, la République démocratique populaire de Pologne n'est pas seulement un cadavre politique - elle n'aurait jamais dû naître.