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Évanégyre ? Stannir Korvosa ? Pas même l'expression de la « Volonté du Dragon » ne vous dit quoi que ce soit ? C'est donc qu'il est grand temps pour vous de vous plonger dans le monde fantasy créé par Lionel Davoust et dont tous les textes composant le recueil La Route de la Conquête font pleinement partie.


Grâce aux éditions Critic, Lionel Davoust propose, avec La Route de la Conquête, un recueil cohérent composé d'une novella inédite éponyme accompagnée de cinq nouvelles dont une totalement inédite. Nous pourrions d'ores et déjà noter que plusieurs nouvelles sont donc reprises d'anciennes anthologies ou revues, mais l'intérêt est ici de les retrouver dans un ensemble cohérent, d'autant que nous n'avons pas toujours l'occasion de lire toutes les anthologies ou revues publiées.
Cette Route de la Conquête est parcourue par Stannir Korvosa, généralissime de la VIIe Légion, et son aide de camp Méléanth Vascay. Comme dans La Volonté du Dragon (nous sommes une trentaine d'années plus tard et Stannir s'est bien assagie ; pour le détail, nous sommes désormais au cours de l'année 388), nous assistons à la conquête d'un nouveau territoire par l'Empire d'Asreth. À l'assaut de la grande steppe qui s'étend devant elle, l'Océan Vert, la Généralissime fait le lien entre ses multiples conquêtes précédentes, son expérience acquise en quelque sorte, et le défi déconcertant qui s'offre à elle, la rencontre avec un peuple soudé à l'environnement qui le nourrit, tribus qui n'ont aucunement besoin d'un gouvernement. Lionel Davoust reprend très rapidement les fondamentaux de cet univers : la « Volonté du Dragon » au sens propre, celle de Dame Mordranth, l'Oracle-Dragon, en premier lieu, mais aussi et surtout l'alchimie utilisée par l'Empire d'Asreth pour assimiler la magie des lieux en une technologie très avancée, l'artech. Il s'agit bien sûr de questionner l'intérêt de la guerre, de la conquête à tout prix, face à des populations heureuses de vivre entre elles, qui ne cherchent pas à s'organiser plus que nécessaire. le face-à-face est d'autant plus intéressant que, du côté asreth, nous avons non seulement le point de vue de Stannir Korvosa, mais également celui de son aide de camp qui est également bien développé, dans un parallèle volontairement déformant. Pour le reste, nous sommes quand même dans un roman court, une novelle, donc l'histoire va droit au but, en instillant quelques faits d'armes, mais l'occasion de trouver deux héroïnes au centre de l'intrigue est évidemment un plus non négligeable, entre une vieille combattante, expérimentée, presque aigrie, et une jeune va-t-en-guerre très motivée.

Nous enchaînons notre parcours dans le monde d'Évanégyre avec Au-delà des murs, nouvelle déjà parue dans Victimes et bourreaux, anthologie des Imaginales d'Épinal dirigée par Stéphanie Nicot (Mnémos, 2011). En nous plongeant dans la bataille des Brisants (237), quand l'armée d'Asreth fit face aux guerriers-mémoire du Hiéral, Lionel Davoust fait non seulement référence à une autre nouvelle publiée plus tôt et republiée dans ce même recueil, mais évoque aussi et surtout les chocs post-traumatiques que n'importe quelle guerre d'envergure occasionne chez les combattants ayant la chance/le malheur de revenir avec quelques souvenirs qu'ils aimeraient pouvoir refouler. La construction tendancieuse de cette nouvelle l'a rend d'autant plus appréciable.
Avec La Fin de l'histoire, parue initialement dans Mythologica n°1 (2013), nous suivons à nouveau le fil d'une conquête de l'Empire d'Asreth dans un décor très « forêt vierge ». L'expédition dans la forêt d'Isendra datant de 132 dans la chronologie de cet univers, nous faisons légèrement machine arrière pour prendre un autre exemple d'une assimilation possible de populations par l'avancée militaire ; c'est l'occasion d'aborder une autre facette du rouleau compresseur d'Asreth, puisque nous suivons notamment un agent de la Conservation, chargé normalement de collecter les traditions des peuples conquis, à la tradition souvent orale, pour en assurer la pérennité par l'écrit. Bien sûr, quand les enjeux de ladite conservation des traditions divergent entre l'armée conquérante et le peuple à conquérir, on tranche souvent dans le vif pour régler la question.
Bataille pour un souvenir, nouvelle phare de l'auteur dans Identités, anthologie dirigée par Lucie Chenu (Glyphe, 2009), nous ramène à la bataille des Brisants entre Asreth et les guerriers-mémoire du Hiéral. Si cette histoire a valu à l'auteur d'être finaliste de plusieurs prix spécialisés, ce n'est pas pour rien. En effet, nous suivons pour une fois le point de vue des conquis jetant leurs dernières forces dans la bataille pour faire reculer ce damné Empire d'Asreth qui veut tout conquérir. Or, les guerriers-mémoire du Hiéral ont une particularité martiale d'envergure : ils peuvent, en quelque sorte, brûler leurs souvenirs personnels pour acquérir, momentanément, un regain de pouvoir. Cette magie personnalisée est mise en lumière par le court récit mémoriel de souvenirs touchants au moment où le guerrier l'invoque pour se défendre ou attaquer son adversaire. Lionel Davoust sert ici un récit puissant et révélant un twist surprenant, même s'il n'est que peu de choses dans l'histoire d'Évanégyre (d'autant plus surprenant que l'événement est repris tel quel dans Au-delà des murs, sans pour autant signaler cette révélation. Astucieux, donc, en plus d'être bien écrit.
Ces quatre premiers récits mettent vraiment en valeur le personnage du garde en armure, dont l'élite compose les Valedànay. Et c'est sûrement d'aborder la couverture, qui attire forcément l'oeil. Penchant plutôt vers l'univers des jeux de rôle et des jeux vidéo, elle mêle astucieusement les indications présentes dans les récits du recueil et l'influence romaine constamment présente dans l'Empire d'Asreth. Elle est maquettée par Ronan Toulhoat (dessinateur des univers de Block 109 et de Chaos Team, également illustrateur sur Les aventures de Lasser) et illustrée par François Baranger (également auteur de Dominium Mundi). Certes, elle n'est peut-être pas d'une originalité folle, mais elle m'a marquée dès que je l'ai vue.

Parmi ces nouvelles republiées, Lionel Davoust nous a quand même sorti un récit inédit, le Guerrier au bord de la glace. L'auteur va plus loin, ce coup-ci, puisque plusieurs siècles après les conquêtes déjà évoquées, il développe la technologie utilisée par les armures de l'Empire d'Asreth et leur adjoint quantité d'améliorations pour en faire de véritables armes de destruction massive. Ailes, puissance de feu, hachoir démesuré et appendices captateurs d'énergie, tout cela est sans compter l'ajout non négligeable d'une « Conscience » accompagnant le soldat en armure et s'adaptant à son esprit. C'est donc ici l'interaction entre l'homme et sa machine animée qui capte l'attention, davantage que le contexte général, la Seconde Guerre de l'Évangélyre, le début des Âges Sombres marquée par la rébellion au sein de l'Empire d'Asreth. On croise enfin un Dragon en action, on suit une nouvelle bataille d'envergure, mais c'est surtout le cheminement du simple soldat engoncé dans sa technologie qui le dépasse, mais qui est son seul abri, qui prime. La fin m'a franchement laissé de marbre, car j'attendais un dénouement plus actif ; un autre récit serait utile en guise de suite ou de complément d'information.
Enfin, Lionel Davoust clôt son recueil avec Quelques grammes d'oubli sur la neige, que vous aviez déjà pu lire dans Magiciennes et sorciers, anthologie des Imaginales d'Épinal dirigée par Stéphanie Nicot (Mnémos, 2010). Si la chronologie reste très vague sur ce récit, c'est parce que nous sommes désormais dans un monde bien plus reclus, bien plus engoncé dans des traditions minimalistes et également soumis à des irrégularités au sein même de son environnement. C'est l'occasion de remettre le monde d'Évanégyre à plat, de passer à un univers bien plus médiéval-fantastique, en tout cas dans mon imaginaire personnel. C'est une belle histoire, entre sorcellerie et redécouverte du passé, mais là encore la fin me gêne et m'interroge sur l'enjeu soulevé par l'intrigue. Les clés de compréhension sont tout de même suffisamment livrées pour replacer ce récit dans le bon ordre chronologique, mais on peut comprendre que la lecture de cette nouvelle seule puisse troubler.


Avec l'univers d'Évanégyre, voilà donc un monde de fantasy bien parti pour durer et qui maintient coûte que coûte sa cohérence en rassemblant des textes qu'il est bien plus simple de comprendre et d'appréhender sous cette forme. Même si l'agencement des récits au niveau chronologique peut être étonnant, il est indéniable que les lire ainsi les rend beaucoup plus intelligible entre eux, notamment le tout dernier. Inconsciemment, des ponts se créent entre les différents textes et les quelques indications de l'auteur en annexes sont forcément les bienvenues. Évidemment, un grand merci aux éditions Critic pour m'avoir fait parvenir ce recueil en avance, il est sorti le 21 août, alors n'hésitez pas à découvrir avec lui l'auteur très agréable qu'est Lionel Davoust. Et ce, d'autant plus qu'on nous annonce en fin de volume la sortie dans le même univers prévue pour le mois d'août 2015 d'un nouvel opus : Port d'âmes !

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En Résumé : J'ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de découvrir six textes, dont deux inédits, dans l'univers d'Évanégyre. L'ensemble se révèle clairement efficace entre tension, action, adrénaline et réflexion, où l'auteur n'oublie pas pour autant le côté humain proposant régulièrement des personnages complexes avec leurs forces et leurs faiblesses qui se retrouvent à devoir faire des choix. L'univers que développe l'auteur au fil des textes se révèle de plus en plus captivant, dense et j'avoue que la bataille de mécha très stylisé manga m'a passionné, même s'il ne s'agit que d'un petit élément de l'ensemble. Tous les textes ne sont pas tout à fait au même niveau, mais dans l'ensemble ils sont vraiment cohérents et réussis. Ce livre nous offre aussi la première chronologie de cet empire qui court sur près de 1000 ans et qui annonce clairement que tout n'a pas encore été raconté, ce qui est une excellente chose, car j'ai encore envie de découvrir et d'en apprendre plus sur l'Empire d'Asreth.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Je ne suis généralement pas masochiste, mais là j'avoue que j'adore recevoir des claques comme celle-ci !

Lionel Davoust a créé un univers original et magnifique, dont il nous livre des morceaux de-ci, de-là, de la même manière qu'on reconstruit un puzzle en reconnaissant la place d'une pièce dans son ensemble. Et chaque pièce est brillamment colorée, un bijou qui éclaire le tout d'un éclat différent et complémentaire.
Je ne rentrerai pas dans le détail de chaque pièce - les amis babéliotes Dionysos89 et BlackWolf l'ont fait bien mieux que je ne le pourrais. Je résumerai simplement en disant que l'auteur conte l'histoire de l'Empire d'Asreth qui, horrifié par les monstruosités que les guerres sempiternelles entre les hommes peuvent générer, a décidé d'unifier le monde sous son sage gouvernement. L'essentiel des textes, et le livre «la volonté du dragon» également, décrivent des instants de cette conquête, des instants chargés d'émotions, de tragédie personnelle, d'importance politique.

Au-delà de l'histoire contée, on découvre par petites touches l'essence de cet empire qui ressemble par bien des aspects à nos démocraties modernes, plutôt socialiste - la croyance en la domination possible des forces de la nature, la recherche, le soin de chaque être humain est important, l'intégration à égalité des peuples conquis, la liberté individuelle – mais sans la, démocratie justement, remplacée par la gouvernance d'un être bon (pour chaque citoyen) et immortel : Dame Mordranth. Les citoyens lambda de cet empire, pour le peu qu'on les voit, semblent vivre comme nous, avoir des aspirations similaires.
L'assimilation des peuples conquis, indispensable à l'élimination de la guerre, s'accompagne d'une phase de préservation de ce qui fait sa culture. Mais on sent qu'il s'agit d'une préservation dans le formol, une culture qui n'a plus sa place que dans un musée. L'intégration complète à l'empire s'accompagne de l'acquisition totale de sa culture. C'est mon sentiment en tout cas. Ces cultures étrangères à l'Empire sont décrites avec émotion, avec un soin qui m'a rappelé l'approche de Christian Léourier dans son Cycle de Lanmeur.

Parmi les éléments unificateurs des textes, on trouve la place accordée aux souvenirs, à la mémoire. Ces éléments forment le matériau autour duquel l'histoire de « Au-delà des murs », de «La fin de l'histoire» et de «Bataille pour un souvenir» déploie ses circonvolutions. La magie du monde d'Evanégyre – qui pour l'Empire remplace clairement le pétrole - semble se nourrir du cerveau des hommes. Dans «Au-delà des murs» le thème est poussé dans des retranchements Dickiens ; on ne sait plus si l'on rêve ou si l'on est dans la réalité. Dans « Bataille pour un souvenir », la mémoire est le prix à payer pour la puissance physique, un prix infini qui plairait à Orson Scott Card. Cette nouvelle est ma préférée, mélangeant des combats furieux avec une tragédie personnelle qui rappelle Oedipe-Roi, de Sophocle.

Parlons-en des combats ! Dans presque tous ces textes on suit des armées qui n'ont rien à envier aux infanteries spatiales pullulant dans de nombreux récits de SF. Parfois, comme dans «La route de la conquête», la diplomatie réussit à se passer de l'affrontement physique. Il s'agit avant tout de se comprendre. Parfois on fonce tête baissée dans la bataille, comme dans "Le guerrier au bord de la glace». On se place alors du point de vue d'un soldat. On ressent sa peur, sa rage, l'horreur du combat au corps à corps. C'est aussi fort que les batailles de la trilogie des Macht de Paul Kearney.

Vous voyez il y a beaucoup à dire. Et pourtant le puzzle est à peine entamé. On ne connaît pas grand-chose encore de l'empire d'Asreth. Qui est donc cette Dame Mordranth la Volonté du Dragon ? Comment l'empire a-t-il réussi à utiliser la magie d'Evagényre sous une forme mécaniste ? Que se passe-t-il une fois le monde pacifié ? Comment et pourquoi la déstabilisation apparaît-t-elle et mène-telle à la deuxième Guerre ?

Deux petites déceptions : de nombreuses coquilles ou répétition de mots dans le texte (attention Critic !) et l'absence de carte d'Evanégyre. J'ai osé questionner l'auteur à ce sujet par Twit. Il m'a gentiment répondu « C'est volontaire, car je ne veux ni enfermer le lecteur, ni moi dans un tracé arbitraire » mais aussi « Il existe toutefois des cartes de détail et régionales, et il y en aura très probablement une dans Port d'âmes ». Faudra que je fouille le Net !

Bravo à Lionel Davoust pour ce magnifique univers, à Critic pour ce beau livre et à François Baranger pour cette belle illustration du fantassin d'Asreth, sorte de légionnaire romain engoncé dans une armure de « Etoiles, garde à vous ! ». Je lirai le reste de l'oeuvre avec un très grand plaisir.
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A PLUS FORT TE SOUMETTRAS...

Et c'est ainsi que l'univers d'Evanégyre prit son envol. Certes, les grincheux et les spécialistes (qui peuvent parfois être les mêmes) souligneront que quatre des six textes proposés dans ce qui n'est pas tout à fait un roman, malgré la singularité de l'univers envisagé, ni exactement un recueil de nouvelles dispersées puis rassemblées arbitrairement, ont déjà fait l'objet de publications dans des anthologies antérieures. Il n'empêche que ce "La Route de la Conquête: Et autres récits" pose son monde comme rarement.

Qu'y découvre-t-on ainsi ? En premier lieu, un Empire, celui d'Astreth, dirigé par une mystérieuse Dame Mordranth, l'Oracle Dragon, dont nous ne saurons pas grand'chose très précis, au fil des textes, sauf qu'elle a engagé sa nation dans une politique de conquête sans égal mais dont la finalité est de rassembler tous les peuples sous une seule bannière afin d'apporter une paix sans partage et pour l'éternité. C'est que "La Grande Guerre" et ses inutiles massacres sont passés par là...

L'Empire possède, pour ce faire, d'une technologie sans équivalent ailleurs sur l'Evanégyre. Elle maîtrise parfaitement l'utilisation des cristaux-vapeur de dranaclase via l'artech, faisant fonctionner les moteurs draniques qui équipent tant leurs canons surpuissants que ces monstrueuses armures individuelles dépassant les deux mètres et dont les fantassins, desquels on aperçoit que le visage au sommet de cette montagne de métal, se battent avec des tranchoirs à la lame «aussi large que quatre paumes de mains» !

Aucune des nations, aucune des civilisations présentes ne peuvent résister à ce déferlement de puissance, tandis que l'Empire s'est donné pour mission de les conquérir, les porter à hauteur de leur propre culture afin d'y apporter la prospérité, la tranquillité, un certain confort inédit, une certaine forme de liberté aussi : en quelque sorte, tout ce que les grands Empires promettent plus ou moins, qu'ils se nomment Romain, Napoléonien, Colonial ou Américain (bien que ce dernier ne souhaite pas forcément dire son nom bien que sa manière d'être au monde s'impose peu à peu partout...).
La seule, l'unique contrepartie mais sine qua non condition à ces progrès est la soumission pleine et entière de ces nations aux intentions universellement pacificatrices de l'Oracle-Dragon. Et c'est là que le bât blesse. Car, nonobstant cette démiurgique supériorité militaire, il se trouve des peuples, ici et là, qui se refusent à toute soumission, à quelque perte de souveraineté que ce soit, fut-elle expliquée dans les meilleurs termes et souhaitée pourtant dans l'intérêt à long terme des populations tout autant que de l'Evanégyre. Dès lors, si la diplomatie n'a pu aboutir, ce sont les armes sur-puissantes des légions de l'Empire qui parlent. Et qui gagnent toujours à la fin.

Parfois, il arrive que ces peuples soient dans la pure incapacité pratique de se soumettre, n'ayant pas de gouvernement ni de représentants qui puissent simplement en prendre la décision. Cette situation inattendue, désorientante, incertaine, c'est celle à laquelle va se trouver confrontée la Généralissime Stannir Korvosa, commandante suprême de la Septième Légion tandis qu'elle se retrouve au coeur d'une steppe herbeuse, délimitée par des montagnes d'un côté et l'Océan de l'autre. Là, elle va croiser la culture des Umsaïs, peuple nomade vivant sur d'étranges échafaudages de bois précieux construit au fil des siècles et ressemblant à d'irréelles pyramides mobiles, voguant sur cet immense Océan vert. Elle va comprendre peu à peu que ces gens vivent sans aucun responsable particulier, la seule distinction étant faite entre ceux ayant la force, le courage, l'intelligence et l'énergie pour chasser et se nourrir d'aigles tandis que la majorité ne parvient à tuer que d'énormes herbivores dont il semble que la chair les rend stériles, a contrario de la chair des aigles... Et ce que les diplomates d'Astreth ont pu prendre pour les détenteur de l'autorité, des anciens se faisant surnommer les "Déjà morts", parce que ces derniers semblent avoir la parole plus facile et plus libre que le reste du peuple Umsaïs, ne sont en fait et réellement que des individus que leurs compagnons prennent pour ce qu'ils sont selon un terme relativement proche : des êtres déjà (sous entendu bientôt) morts !

Une telle société fonctionnant sur un modèle quasi anarchique - c'est à dire, pour aller vite, sans Etat, sans corps intermédiaires, sans institutions, sans pouvoir régalien. On croirait presque y voir un phalanstère du philosophe français Charles Fourier, l'un des pères du "socialisme utopique" - n'était la présence d'une religion de type animiste, dont les modalités fonctionnelles ne pouvait que rendre la tâche difficile à cette femme surnommée par ses amis comme par ses anciens ennemis : la Faucheuse ! Comme il eut été aisé de réagir ainsi que sa jeune aide de camp lui conseille de le faire : par la contrainte et par le sang, mais dès lors il eût probablement fallu détruire toute cette population, l'intégralité de cette culture, clan après clan, aucun d'entre eux ne parvenant à satisfaire ce qu'on leur demandait : remettre entre les main de l'Empire un pouvoir que nul d'entre eux n'a jamais détenu !

La subtile généralissime s'en sortira en usant d'un subterfuge d'une grande finesse mais qui remettra en question les commandements de l'Oracle-Dragon...

En quelques cent cinquante pages d'un texte inédit, le premier de ce recueil - qui se rapproche plus du format novella que de la simple nouvelle -, il semble évident de devoir reconnaître à Lionel Davoust un véritable savoir-faire, un savoir-conter pourrait-on préciser, très assuré, enthousiasmant (même sans être un très grand lecteur de romans de Fantasy. D'ailleurs, est-ce bien tout à fait de la Fantasy, tant les références et les emprunts à la Science-fiction y sont florès), percutant lorsqu'il le faut, d'une belle sensibilité à d'autres instants, ce que l'on retrouvera avec plaisir dans les textes postérieurs, selon les thématiques et les histoires présentées.

Élément en outre pas si fréquent eu égard au format de chacun des textes compilés ici, les personnages sont parfaitement crédibles, psychologiquement, individuellement - ils ont leur propre complétude, du moins si l'on considère l'étroitesse la fenêtre par laquelle on nous les donne à observer - , pour autant que l'on admette de glisser dans des mondes inédits, originaux, fantasmagoriques. Ils font "vrais", pour autant qu'on puisse l'exprimer ainsi de personnages de papier. On découvre avec eux, on s'interroge avec eux - du bien fondé de leur mission, de leurs croyances, de leur rêves, de leurs antagonismes, etc -, on lutte à leurs côtés, on tremble pour et avec eux lorsque c'est leur vie qui est en jeu.

Il n'y a pas de fioriture inutile dans l'écriture de Lionel Davoust. Pour autant celle-ci se déploie tranquillement, avec grâce et efficacité, en prenant le temps juste nécessaire, selon ce que l'intensité du moment requiert, commande, et ce style qui ne néglige pas les tournures de phrases complexes, qui ne fait pas l'économie de tous les temps que notre conjugaison permet coule comme une onde souvent belle, parfois retorse puisqu'on s'y laisse emporter sans crainte du moment d'après... qui peut s'avérer terrible ! Pas de fioriture inutile, donc, pas plus que de longueurs sans intérêt (ce qui n'empêche pas des développements lorsque la narration le justifie). Mais l'on se prend à trouver plus d'un passage emprunt d'une véritable beauté formelle, d'une très grande humanité aussi (bien que fort différent comme univers, on n'est pas sans songer à l'oeuvre d'Ursula K. Le Guin, ne serait que par le soin tout particulier apporté à la présentation de cultures diverses). D'autres passages se jouent de nos repères spatio-temporels, comme si Philip K. Dick avait apporté sa contribution d'outre-tombe à cette oeuvre.

Par ailleurs, et ce qui n'ôte rien à l'intérêt de ces textes certes épars en date de création mais d'une grande homogénéité de ton, de sens et de narration au-delà de l'univers commun, ce sont les thématiques envisagées, sans la moindre lourdeur, sans démonstration inutiles (les histoires elle-mêmes faisant office de d'argumentation) telles que les rapports entre vainqueurs et vaincus, les chocs entre les cultures, entre traditions et modernité, sur la réalité concrète et philosophique de ce que l'on désigne par progrès, sans parler de savoir si la fin justifie toujours tous les moyens, quand ce n'est pas de tenter de faire un choix, comme le fait la Généralissime, en laissant l'histoire juger de nos actes. Que dire encore de cette espèce d'antienne (une philippique au politiquement correct ?) prononcée par tous les impériaux et qui assurent que les cultures sont systématiquement préservées - il y a même des conservateurs chargés de recueillir les traditions locales... pour mieux les rendre compatibles au credo impérial…!
Ces problématiques n'apparaissent jamais comme des ruptures de rythme, comme des réflexions superflues ou pontifiante dans le corps de la narration. Simplement, elles découlent inévitablement des histoires que Lionel Davoust nous propose, et c'est l'une des raisons, majeures, qui fait la richesse et la profondeur de cet ouvrage.

Bien sûr, on aurait aimé en apprendre plus sur certains aspects de l'histoire de cet Empire (il y manque ce petit quelque chose, cette trompeuse linéarité qui donne du corps au cycle de Fondation d'Isaac Assimov, pour prendre l'exemple d'un monde se déroulant sur des millénaires), sur le devenir de certains de ses personnages, sur les conséquences pour l'avenir des actes de tel ou tel, principalement dans la compréhension de ce qui est abordé par les deux dernières nouvelles : "Le Guerrier au bord de la glace" (l'autre inédit) et "Quelques grammes d'oubli sur la neige". Dans la première, la lecture reste en suspens entre deux moments de bataille aérienne folle, dont on comprend qu'elle est l'ultime d'une guerre au sein même de l'Empire vieillissant. Quant à la seconde, chronologiquement non datée et qui semble faire le pont entre ce livre et "Les Dieux sauvages", on aurait aimé apprendre comment ce monde de technologie et de progrès a pu trouver sa conclusion dans des âges devenus si sombres... Mais tout reste ouvert, tout est possible avec cet empire à l'univers original quasi "Antique-Punk", si l'on osait le barbarisme ! C'est d'ailleurs ce qui fait tout le sel, toute l'authenticité extravagante de ce monde de l'Evanégyre à propos duquel il est impossible de prévoir à quel moment son créateur souhaitera le refermer (S'il vous plait, non !). Et c'est très bien ainsi.
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Salut les Babélionautes
Pour le Challenge SFFF je devais lire un recueil de nouvelles, c'est fait avec ce livre de Lionel Davoust.
Pourtant ce n'est pas ce que je préfère, car les nouvelles c'est court, et moi je n'apprécie un récit que s'il fait plus de 300 pages.
La première "La Volonté du Dragon", que l'on peut qualifier de court roman, nous raconte comment un peuple conquérant bute face a un peuple qui vie en osmose avec la nature.
Comment affronter un adversaire dont le credo est le pacifisme , soit disant pour leur apporter le progrès.
Dans la Seconde "Au-delà des murs" un soldat d'élite est interné pour subir un interrogatoire sous une espèce d'hypnose médicamenteuse.
Ce soldat a perdu une parti de ses souvenirs lors d'un affrontement, occulté par la culpabilité.
Dans la troisième "La Fin de l'histoire" nous suivons un fonctionnaire qui suit l'armée afin de collecter les traditions des peuples conquis pour en assurer la pérennité par l'écrit.
Toutes ces nouvelles se situe dans le même univers, cest plaisant a lire mais j'aurais préférés que Lionel Davoust en face un vrai roman avec un début et une fin.
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Même si le résumé ne nous le laisse pas deviner, ce livre est un recueil de nouvelles mais toutes sont cohérente car elles parlent de l'Empire d'Asreth dirigé par les visions de Dame Mordranth. C'est un peuple qui a su bien développer la technologie avec la magie des cristaux-vapeur. Et leur objectif de d'unir tout le continent sous leur bannières, pour éviter une visions terrible et éviter les terrible guerres, et pour le faire tous les moyens sont bon pour unir les différents territoires.

La première histoire, La route de la conquête, nous montre Stannir Korvosa, qui aidé par son aide de camp Méléanth Vascay, a pour mission de conquérir le dernier territoire. Mais Korvosa va vite se rend compte que ça va être compliquer, non pas parce qu'ils sont puissants mais parce qu'ils ne connaissent pas l'autorité ni les frontières, ils ne font qu'une avec leur terre. Korvosa va donc devoir réfléchir à ce qu'elle va devoir faire pour accomplir sa mission. Son personnage est attachant, car elle est un peu usée par sa mission de général et se pose pas mal de questions sur ses méthodes, sur sa mission et aussi sur sa vie, elle va donc devoir faire des choix, sur ce qu'elle pense être juste même si ça ne risque pas de plaire à tout le monde.

La deuxième histoire est : Au-delà des murs, nous suivons Laenus, qui essaye de se rappeler se qu'il s'est produit lors de son dernier combat, la bataille des Brisants, dans l'armée d'Asreth qui est face aux guerriers-mémoire. Il se rappelle quasiment de tout sauf de ce qu'il s'est produit lorsque qu'ils sont arrivés à leur destination final, le Temple. Mais il va se poser pas mal de questions sur ce qu'il se passe autour de lui, et ça ne va pas être facile de faire le point sur sa situation. Ce que j'ai trouvé un peu dommage c'est qu'à la fin on ne sait pas vraiment ce qui est vrai ou faux.

La troisième histoire est : La Fin de l'histoire, nous somme toujours avec l'Empire d'Asreth, qui en route vers une nouvelle conquête. Dans en décors ressemblant à une jungle plutôt épaisse, les machines de l'Empire ont du mal a avancer vite, car elles sont tellement grosse qu'il faut dégager un grand chemin. Nous découvrons cette histoire grâce au journal d'un agent de la Conservation, qui est là pour que les peuples conquis puisse au moins conserver une partie de leurs traditions et de leur façon de vivre. Mais il va découvrir que ce peuple tient fortement à leurs souvenirs, à leur histoire et qu'ils se sont préparé pour le protéger.

La quatrième histoire est : Bataille pour un souvenir, celle-ci se déroule aussi lors de la Bataille des Brisants, mais là on est de l'autre côté, du côté des guerriers-mémoire. Nous en suivons un en particulier, Thelin, qui est prêt à tout, comme les autres, à se lancer dans une dernière tentative pour repousser l'Empire Asreth. Et pour se battre, ces guerriers sacrifient leur mémoire pour obtenir de la magie, de la force. Ils vont donc tenter le tout pour le tout pour leur peuple contre l'invasion, prêt a sacrifier tout qu'il ont, leur souvenir les plus importants, les plus touchants et Thelin va découvrir des choses qu'il a oubliés.

La cinquième histoire est : le Guerrier au bord de la glace, là l'histoire se situe plus tard, mais nous sommes toujours avec l'Empire d'Asreth. Ils ont désormais encore plus développé leur technologie, doté leur armure d'aile et les armure possède désormais une Conscience qui est issue du porteur de l'armure. On assiste a une bataille géante entre ceux de l'Empire et des traitent, et on peux apercevoir un des Dragons dont ont nous avait parler dans d'autres histoires. La bataille est plutôt impressionnante mais la fin m'a encore un peu perturbée car on ne sais pas ce qu'il se passe, mais heureusement la dernière petite histoire permet de comprendre un peu ce qu'il s'est passé.

Donc la sixième et dernière histoire est Quelques grammes d'oubli sur la neige. Là ça se passe beaucoup plus tard, après la fin de l'Empire d'Asreth, on se retrouve dans un monde beaucoup plus archaïque, médiéval. le roi, va demander a ses hommes de ramener une sorcière afin que celle-ci l'aide à trouver des solution pour son royaume qui est dans un sale état, au niveau santé, culture, hygiène et sur son territoire il y a pleins d'anomalies dangereuses pour ceux qui s'y aventure. La magie a quasiment cessé, et la technologie aussi, alors qu'ils étaient si avancés auparavant. le décor change donc, mais il est tout aussi appréciable.

Donc j'ai bien apprécié ce livre, plein d'histoires intéressantes et captivantes, j'ai aimé me plonger dans cet univers, j'ai bien aimé l'idée des machines carburant avec de la magie. La seul petit bémol c'est qu'il y a encore pas mal de questions sans réponses, j'espère que je les obtiendraient dans la suite, ce qui est prévu en 2015, sauf erreur de ma part. Je vous conseil donc cette lecture, les descriptions sont superbes, l'univers captivant et les personnages sont complexes et attachants.
Lien : http://mesnouvelleslectures...
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J'avais beaucoup aimé Port d'âmes de Lionel Davoust ainsi que les nouvelles que j'ai pu lire de lui dans différentes anthologies. J'ai ainsi eu envie de lire d'autres écrits de cet auteur et je me suis procuré La route de la conquête aux Imaginales. Je suis très contente de ce choix, en effet j'ai vraiment adoré découvrir ces histoires se déroulant dans le monde d'Evanégyre. Ce livre est composé de 6 nouvelles:

La route de la conquête
Au-delà des murs
La fin de l'histoire
Bataille pour un souvenir
le Guerrier au bord de la glace
Quelques grammes d'oubli sur la neige

Seul le guerrier au bord de la glace et La route de la conquête sont inédites. Les autres nouvelles ont été publiées dans des anthologies diverses. On pourrait le reprocher mais réunir ces nouvelles sous un même volume leur donne une cohérence et montre l'évolution de l'univers imaginé par l'auteur.

La route de la conquête est plus un court roman qu'une nouvelle. Stannir Korvosa est un personnage déjà présent dans La volonté du dragon que je n'ai pas encore lu (mais ce qui ne saurait tarder vu le bien que je pense des écrits de Lionel Davoust). Elle est ici généralissime de l'armée et est chargée des conquêtes pour l'empire d'Asreth. Cet empire dont le symbole est l'aigle et le peuple s'appelle les Asriens, veut imposer sa vision au monde pour l'empêcher de sombrer. Il veut conquérir le monde en essayant de conserver les cultures des peuples colonisés mais n'hésite pas à se servir de la force si nécessaire. Ce peuple manie la technologie et la magie et possède une armée très puissante avec des soldats dans de grandes armures comme l'illustre la très belle couverture du livre. La magie est possible grâce à l'utilisation de la dranaclaste, une roche. La généralissime dans cette nouvelle doit conquérir un continent où vivent des nomades pacifiques qui n'ont pas les mêmes notions de vie en société que l'empire. La technologie s'oppose ainsi à une vie basée sur le lien à la nature et l'entraide. Cette opposition est au coeur du récit et apporte son lot de questionnements au personnage principal et au lecteur. le récit ne souffre d'aucun temps mort et se lit très bien d'un trait. On est pris dans cette histoire comme dans une toile d'araignée et on ne veut pas quitter cet univers fascinant qui se déploie sous nos yeux. J'ai beaucoup apprécié que les femmes dans cet univers ne soit pas reléguées à un rang de faire valoir comme c'est souvent malheureusement le cas. le personnage de la généralissime, en conflit avec son aide de camp (une femme également), est un très bon exemple. Stannir Korvosa est un personnage très intéressant, hors du commun, et bien construit, elle justifie à elle seule l'intérêt de cette nouvelle! L'écriture de Lionel Davoust est très agréable et c'est vraiment très bien écrit. Cette nouvelle est vraiment très réussie et permet de mieux cerner le fonctionnement de l'armée de l'empire d'Asreth.

Au-delà des murs était parue dans l'anthologie des Imaginales 2011 Victimes et Bourreaux. Son personnage principal est Laenus Corvath, un ancien soldat ayant participé à la bataille des Brisants, affrontement terrible entre l'empire et les guerriers-mémoire du Hiéral. Ce soldat est victime d'une amnésie sélective et se trouve dans un institut spécialisé chargé de l'aider à réapprendre à vivre une vie normale. Cette nouvelle est pour moi une des deux meilleures de ce recueil. Elle est superbement écrite avec un climat angoissant et une constante hésitation dans ce qui est décrit. J'ai vraiment adoré cette nouvelle que je trouve superbe autant par son ambiance que par son écriture.

La fin de l'histoire est parue dans Mythologica en 2013 pour la première fois. L'auteur prend cette fois le point de vue d'un conservateur, Soval Veithar, qui accompagne les armées de conquête de l'empire. Son but est de recueillir la culture des peuples concquis pour les préserver une fois que ceux-ci auront accepté – de gré ou de force – leur assimilation dans l'Empire. L'histoire se passe en Isandra où le peuple n'a pas la même vision de la vie. le choc des cultures est à nouveau important dans cette histoire qui permet de voir l'empire à travers un autre regard que celui d'un militaire. Certaines scènes sont très intenses et montre l'horreur des combats. C'est à nouveau une très belle nouvelle.

Bataille pour un souvenir a été nouvelle finaliste du Grand prix de l'Imaginaire en 2010 et du prix Imaginales 2009. Elle est parue dans l'anthologie Identités en 2009. Cette fois, l'auteur s'intéresse aux ennemis de l'empire à nouveau dans la bataille du plateau des Brisants. le narrateur est Thelín un guerrier-mémoire. Ces guerriers sont redoutables, ils se battent avec une épée et sacrifient leurs souvenirs pour combattre. Cette nouvelle est la plus courte du recueil mais aussi la plus intense. Elle est très prenante et parfaitement écrite. La fin est à la fois terrible et très belle. Elle fait partie des deux que j'ai préféré avec Au-delà des murs. Ces deux nouvelles sont vraiment fabuleuses et elles resteront dans ma mémoire pour longtemps.

Le Guerrier au bord de la glace se situe dans le futur par rapport aux nouvelles précédentes. La technologie a progressé et cette fois les armures ont des ailes, sont hautes comme des immeubles, rendent le guerrier quasi invincible et sont liés par la pensée au guerrier qui la manie. La nouvelle est un peu longue au début avec un combat qui se prolonge un peu trop à mon avis. On y croise avec plaisir des dragons. La seconde partie est plus intéressante et gagne en intensité.

Quelques grammes d'oubli sur la neige vient conclure avec brio ce recueil. Elle date de 2010 et est parue dans l'anthologie des Imaginales Magiciennes et sorciers. L'époque y est indéterminée et la technologie semble avoir disparu. La magie et la religion existent cependant elles sont plutôt ennemies. Un roi requiert les services d'une sorcière pour sauver son royaume, grâce à ses pouvoirs de visions dans le temps. L'histoire est à la fois belle et poignante et on s'attache vite à ses personnages.

Ce livre est vraiment d'un très bon niveau. Une nouvelle est pour moi un peu en dessous des autres mais n'enlève rien au plaisir que j'ai eu à le lire. L'écriture de Lionel Davoust est magnifique. L'univers est fascinant et en constante évolution. Ce recueil permet de mieux cerner cet univers fabuleux qu'est Evanégyre. Il est très immersif et on a du mal à le quitter une fois le livre fini.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Merci aux Editions Critic pour cette belle découverte proposée lors du premier confinement. Ici, un recueil de nouvelles se plaçant dans le monde d'Evanégyre, à différents moments de son histoire. Certaines nouvelles sont brillantes (mention spéciale aux deux premières nouvelles du recueil), d'autres bonnes. le style de l'auteur est très évocateur, on voyage avec plaisir dans ces différentes contrées, auprès des différents protagonistes.
Encore merci pour ce beau voyage (que je continuerai avec Les dieux sauvages).
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(Note du critique : le résumé induit en erreur, il s'agit d'un recueil de six nouvelles dont seule la première a pour protagoniste Stannir Korvosa, chacune se déroulant à plusieurs siècles d'intervalle).

Une demie-douzaine de nouvelles au sommaire, se plaçant toutes à un moment donné de l'Histoire d'Evanégyre, en particulier pendant l'Age d'Or d'Asrethia (des repaires chronologiques sont donnés à la fin du recueil, permettant de mettre les nouvelles en perspectives les unes par rapport aux autres, ainsi qu'avec La Volonté du Dragon, précédent roman se passant dans le même univers).
La première nouvelle, la plus longue et qui a donné son nom au recueil, renoue d'ailleurs avec La Volonté du Dragon sur bien des points : l'un des personnages secondaires du roman devient ici le protagoniste principal, et on y retrouve des thématiques similaires (personnages nuancés, choc des cultures, affrontements d'idéaux politiques et philosophiques, voire quasi religieux, questionnement sur nos agissements et ce qu'en jugera L Histoire...), ce qui pourrait avoir un effet de redite pour qui aura lu le roman juste avant (ce qui était mon cas). La nouvelle se lit cependant très bien, et la nouvelle culture que l'on rencontre, son rapport à la nature, sont passionnants à découvrir.
La suivante, Au-delà des murs, revient sur les traumatismes de la guerre laissés sur un soldat. Très bien traitée, la fin se veut ambiguë et c'est fort réussi. de plus, on nous laisse voir une nouvelle culture à base de guerriers-mémoires des plus intéressante, qu'on aura l'occasion de revoir plus en profondeur dans une autre nouvelle.
La Fin de l'Histoire, et ses allés-retours entre Asriens et Isendrais (une peuplade qui se souvient de son Histoire par les petites histoires de tout un chacun, et où tout fait partie de la narration du monde) et une quasi course contre la montre est très bien rythmée et fascinante à suivre.
Bataille pour un souvenir se déroule à la même période qu'Au-delà des murs, cette fois-ci du côté des guerriers-mémoires. Probablement ma nouvelle préférée du recueil.
Le Guerrier au bord de la glace est celle qui m'a le plus déçu (sans doute parce que j'attendais d'en apprendre bien plus sur le début des Ages Sombres), malgré de bonnes idées (la relation entre un pilote "Chartiste" et sa "conscience") et un contexte intéressant qu'on aurait voulu plus creusé (l'occasion pour un nouveau roman ?). En tout cas elle serait très bien en anime, avec sa bataille de méchas géants et son dragon.
Enfin Quelques grammes d'oubli sur la neige prend presque la forme d'un terrible conte, touchant. le texte le plus médiéval fantasy du recueil.

Au total, six nouvelles de qualité, inspirées, au style très maîtrisé réservant de beaux et terribles moments, nous faisant découvrir des peuples aux moeurs, philosophies, religions diverses des plus intéressantes, creusant des thématiques fort bien traitées, tout en restant divertissantes, tissant un univers dans lequel on ne souhaite que se replonger encore, quelque soit l'époque.

À noter que ce recueil peut se lire parfaitement indépendamment de la Volonté du Dragon.
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Un livre que j'ai apprécié, mais…

Houla, jamais facile de parler d'un livre d'une personne qu'on connait. Lionel, si tu passes par là, j'espère que tu ne m'en voudras pas (et ce message fait peur sérieux) !

Vraiment, je crois que je parle rarement du style d'écriture des auteurs. Mais là, je dois bien avouer que je ne pouvais pas passer à côté tant j'ai été scotché. L'auteur parvient à narrer une histoire de manière dynamique tout en y mettant des pensées profondes et philosophiques à presque toutes les lignes. C'est juste impressionnant !

On sent qu'il y a eu beaucoup de réflexion et de travail pour parvenir à ce résultat qui est assez déconcertant (moi aussi je veux écrire comme ça !!! ouinnnn). Bref, j'ai vraiment adoré !

Toutes les histoires de ce recueil se passent dans le même univers à des moments différents de son histoire. Certains m'ont plus plu que d'autres.

Je crois que mon coup de coeur va pour « Bataille pour un souvenir ». J'ai adoré le concept de ces guerriers qui sacrifient leur mémoire pour avoir plus de force au combat. de plus, sa position dans le livre a bien été réfléchie. Et cela lui donne encore plus de force, surtout après la lecture d'« Au-delà des murs » ! On ne peut que se féliciter des choix et placement des nouvelles dans le livre.

Même si des nouvelles comme « La route de la conquête » ou « le guerrier au bord de la glace » m'ont moins emballée pour ce qui est des histoires, je dois bien avouer que les idées développées par l'auteur sont toujours très intéressantes. le prisme de la guerre est utilisé avec une grande intelligence : on ne tombe pas dans le militarisme primaire ; l'auteur apporte toute une réflexion sur ce qu'est la guerre, ses finalités, son moyen et méthodes, ses relations aux autres (populations, individus)… Mais pas que.

J'aime les éléments ethnologiques des nouvelles de ce recueil. On sent que l'auteur maitrise la création de monde et de société, avec qualités et défauts, philosophie et conception du monde. J'avoue que sur cet aspect, c'est « La fin de l'Histoire » qui m'a le plus transporté. Surtout que la forêt vierge impénétrable, je connais bien et que j'ai pu y reconnaitre les problèmes.

Si j'ai adoré les idées, les peuples et leurs modes de vie, j'avoue que j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'univers. J'ai du mal à accrocher avec les méca et leurs fonctionnements. Mais c'est plus une question de gout et de sensibilité qu'autre chose.

Même si l'auteur use de cela avec une grande intelligence, j'avoue que la guerre n'est pas un sujet qui me plait particulièrement. du coup, ce n'était pas toujours facile d'être dedans.

Et un petit mot sur la couverture qui est quand même vachement classe !

Quoi qu'il en soit, c'est un recueil de nouvelles que j'ai beaucoup apprécié.

J'espère que j'aurai le plaisir de lire d'autres ouvrages de cet auteur (louche sur Port d'Âme dans sa bibliothèque)
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