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N'avez-vous jamais rêvé de jouer une partie d'échecs à l'ancienne mais avec de vraies pièces d'artillerie et des conséquences bien réelles ? C'est à cet exercice que se plie Lionel Davoust dans La Volonté du Dragon !

La Volonté du Dragon, c'est ici la volonté de l'Empire d'Asreth, l'Empire du Dragon, d'asservir un territoire de plus, en l'occurrence le Qhmarr, petite principauté dominée par un enfant-roi de pacotille et un ministre plus que sûr de lui. Face à eux se dresse le Volonté-du-Dragon (on s'y retrouve très bien dans le livre, si si !), fière navire de la flotte asrienne qui déverse une flopée de commandants et sous-fifres asriens qui composent les personnages principaux de cette histoire, car nous la voyons avant tout de leur oeil de conquérant, entre convictions et doutes. Trois lieux principaux s'imposent à nous : la partie d'échecs du point de vue de D'eolus Vasteth dit le « généralissime », la passerelle de commandement du Volonté-du-Dragon, et enfin les salles des machines du même bâtiment. Ces trois points de stratégies sont autant d'échelons de la hiérarchie de l'Empire d'Asreth, mais également trois rapports différents à la réalité. Une réalité qui passe par l'affrontement inéluctable entre les deux parties : c'est tout l'enjeu de ce roman.
Pour le dire vite, je regrette surtout que cette édition recèle de quelques erreurs de rédaction et d'édition (quelques oublis de mot, petites fautes d'orthographe, etc.) ; j'en rajoute sûrement un peu en en parlant ainsi, mais sur environ cent cinquante pages, c'est franchement dommage. Ces petites erreurs, après lecture des annexes à la fin du livre, sont sûrement le fruit du fait que ce soit une des premières publications des éditions Critic, qui ont depuis acquis une forte expérience (après, ce sont des détails, peut-être bien que cela n'a « choqué » que moi). Après, les rares déceptions à relever sont relatives au développement des personnages : difficile de pousser leur personnalité très loin dans un tel format court ; malgré tout, ma préférence va, je pense, au capitaine Eod'an Anthear (avis personnel, encore une fois).
Passons au style si particulier de Lionel Davoust ! Son style est particulièrement bien alambiqué et c'est plaisant comme tout, car rien ne vaut une littérature légèrement complexe qui instruit tout en distrayant (même si j'avoue avoir eu du mal sur certains mots dont je n'ai même pas trouvé la définition depuis ! mais bon ça se comprend très bien au fond). L'ambiance de fantasy n'est pas forcément très présente ici, ce qui n'est pas désagréable, bien au contraire, mais par contre on rencontre une magie locale, une religion particulièrement prégnante, le « Lâh », qui donne sa spécificité à ce petit roman et qui semble être une marque de fabrique pour le monde d'Evanégyre, créé par l'auteur. En tout cas, j'aime beaucoup cette capacité dans certains récits de fantasy à se focaliser sur un petit événement et à en faire un récit conséquent et passionnant, cela permet, et Lionel Davoust le fait très bien, de ne pas se presser dans l'enchaînement des faits narrés, qui sont ici du même coup très resserrés dans leur localisation.

La Volonté du Dragon me confirme dans ma première impression : Lionel Davoust est franchement atypique, unique en son genre et ce deuxième texte que je lis de lui me convainc de poursuivre dans la lecture de ses oeuvres.

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J'ai pénétré dans l'histoire lentement, mais dès que la bataille a commencé, je n'ai plus pu lâcher le bouquin.

Pourquoi cette bataille ? L'Empire d'Asreth a pour vocation de mettre la planète Evanégyre sous sa domination mais avec l'idée qu'ainsi aucune guerre ne sera plus possible (c'est la même idée qui est attribuée à l'empereur Qin dans le film Heroes). Loin de se comporter en empire colonial type français, il attribue immédiatement la citoyenneté Asreth entière au vaincu et prépare la sauvegarde de la culture intégrée (cela semble facilité par une absence de « racisme » à l'intérieur de l'Empire, du moins le thème n'a pas encore été abordé par l'auteur). le petit pays de Qhmarr refuse l'allégeance, malgré les tentatives diplomatiques répétées de la part d'Asreth. La bataille entre ses forces navales et celles de la septième Légion de l'Empire aura donc lieu.

Il faut imaginer un conflit asymétrique mettant face à face les forces marines US de Midway pendant la 2ème guerre mondiale (sans l'aviation) et une partie de l'invincible armada espagnole du 16ème siècle. Evidemment l'Empire est sûr de la victoire et sous-estime carrément son adversaire. Mais plus curieusement, les maîtres de Qhmarr sont également sûrs de leur coup, et eux aussi sous-estiment l'Empire. Car Qhmarr a gardé un atout dans sa manche. Il est d'ailleurs curieux d'un point de vue diplomatique qu'il n'ait pas essayé d'avertir même indirectement son adversaire de sa puissance. La carte de la dissuasion aurait certainement porté la discussion plus loin et retardé l'emploi de la force.

L'essentiel du récit nous emporte au milieu de la bataille, à travers les points de vue de plusieurs membres des forces d'Asreth, de l'amiral au simple canonnier. La morgue, la surprise, la peur, le courage, l'esprit de sacrifice, toutes ces sensations colorent la guerre vue de l'intérieur. Malgré la faible longueur du roman (c'est moi qui dit ça, alors que je regrette la tendance au pavé dans laquelle on est tombé de nos jours ?) on arrive à s'attacher énormément aux personnages ; dans la fureur ambiante leur humanité n'en paraît que plus vibrante. J'ai été également ravi de retrouver la générale Korvosa de « la Route de la Conquête », qui n'est encore ici que lieutenant. On comprend mieux comment le personnage a pu évoluer entre les deux récits vers plus de désir de comprendre l'autre et moins de l'anéantir. Elle a beaucoup pris au généralissime Vasteth qu'elle accompagne.

D'ailleurs en parallèle de la bataille géographique, c'est à un affrontement d'ordre idéologique que l'on est convié, qui est mené par Vasteth et le premier ministre de Qhmarr. Asreth veut conquérir pour apporter la paix, la connaissance, une grande liberté sociale ; dans l'Empire la liberté de l'individu est importante. Qhmarr ne veut régner sur personne ; il veut seulement suivre l'Ordre imposé par le divin. Mais l'individu n'existe pas vraiment à Qhmarr ; il lui faut accepter sa place même si c'est celle d'un intouchable, vision révoltante pour un citoyen d'Asreth.
Traiter le problème en noir et blanc est impossible ; on se plaît à reprocher des comportements aux deux camps et à en applaudir d'autres. Cette complexité relative ajoute de l'intérêt au récit.

Pour l'instant je trouve que l'univers d'Evanégyre est un sans-faute. Mais il reste tellement à découvrir. J'attends avec impatience le roman « Port d'âmes » qui nous dévoilera un autre pan de cette magnifique fresque.
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B2-C2-D2-E2 : ROYAUME COULÉ !

Et c'est ainsi que (presque) tout débuta !
Bien qu'ayant déjà donné un peu à découvrir de ce qu'était l'Empire dans une nouvelle alors précédemment publiée au sein d'une anthologie (la très belle «Bataille pour un souvenir» que l'on retrouvera quelques années plus tard dans le recueil "La Route de la Conquête: Et autres récits"), La Volonté du Dragon peut-être considéré comme le premier bloc véritablement consistant consacré à l'Evanégyre et à ces temps très anciens de l'Empire d'Asreth. Pour la petite histoire éditoriale, ce volume fut aussi l'un des tout premiers d'une courageuse et jeune maison d'édition rennaise, le second pour être précis : Les Editions Critic (par ailleurs excellente librairie du même nom).

Entrons cependant dans le vif du sujet : L'Empire, dont nous découvrons alors presque tout, s'est construit sur une supériorité technologique démesurée. Sous l'influence bienveillante de Dame Mordranth, l'Oracle-Dragon qui guide plus qu'elle ne dirige pratiquement cet Etat en constante expansion, les asriens ont conquis, par la diplomatie autant que par le fer, une large partie nord de l'Evanégyre. Cependant, s'ils veulent poursuivre leur marche triomphale vers le sud - dont le but premier est d'apporter paix universelle et progrès matériel à tous les peuples -, il va leur falloir assujettir le petit mais néanmoins redoutable royaume de Qhmarr, baignant dans une sorte d'ère post-médiévale figée, emprunte de magie, mais qui, cependant, semble être demeuré mystérieusement imprenable depuis des siècles.

L'affrontement entre l'ogre et le petit Poucet, entre David et Goliath semble inéluctable. D'un côté, cet Empire sûr de sa force tout autant que de son bon droit, de sa philosophie - on ne peut que songer à cette Amérique triomphante des années Bush vendant à qui voulait l'entendre ses guerres préventives et sa théorie du domino démocratique -. de l'autre, une vieille nation totalement inféodée à son jeune roi - un enfant visiblement fou à moins qu'il ne soit simplement attardé - et à sa philosophie du lâh, sorte d'émanation fantasy du Tao, mi animiste, mi religieuse qui est, pour aller vite, et selon une définition donnée assez involontairement par le Généralissime de l'Empire, une sorte de pressentiment des «grands mouvements de l'histoire. Ses lignes de force, ses courants...»

On va alors suivre une espèce de partie double et terrifiante, tout à la fois grandeur réelle sur la largeur d'un delta commandant l'accès à la capitale et par ailleurs confiné sous un dôme étrange, revêtant la forme d'une sorte de jeu d'échec magique. D'un côté, la flotte impériale, dotée de croiseurs hiératiques et surpuissants, de l'autre une flotte en sous-nombre composée de bons vieux navires à voile, souples mais sans protection. Pourtant, malgré le déséquilibre évident, malgré l'asymétrie patente entre les deux armées, les ressortissants du Royaume de Qhmarr ne paraissent rien éprouver de la crainte légitime vécue par tant d'autres peuples avant eux. Bien au contraire, les malheureux promis à une mort pourtant certaine semblent attendre leur destinée fatale de pied ferme et sans aucune peur.

De son côté, le gouverneur du pays, un homme roué et intelligent mais entièrement dévoué au jeune "Qasul", Ehal Hamfaa, ne semble guère plus inquiet lorsque, après plusieurs mois de négociation, la diplomatie semblant avoir échoué, le Généralissime D'eolus Vasteth décide d'engager ses troupes navales dans une guerre qu'il promet courte et meurtrière à son adversaire.

Le Généralissime va très vite comprendre qu'il ne faut jamais sous estimer son adversaire, que l'orgueil et la suffisance sont les meilleurs moyens de perdre, surtout lorsqu'on a rien voulu savoir de ce qui avait pu protéger l'autre durant tant de siècles, tant d'ennemis avant lui. Alors, bien entendu, les premiers affrontements semblent parfaitement donner raison à la suprématie technologique absolue des navires impériaux, tout particulièrement de son vaisseau amiral, le Volonté du Dragon, dont Lionel Davoust se sert avec grande finesse pour nous faire comprendre toute la symbolique, les sens multiples et interpénétrés que revêt ce navire aux intentions, au fonctionnement tellement représentatif de ce qu'est La Volonté du Dragon elle-même. Car ce navire est bien plus qu'un navire amiral, même si l'on suivra l'essentiel des combats navals à son bord, que l'on y sympathisera avec ce jeune aspirant artechnicien, doué mais mort de trouille, qu'un assujetti de longue date de race Dokri, un vaillant et rugueux canonnier, prendra sous sa coupe et défendra même jusqu'à la mort. Il n'est jusqu'à la tête bicéphale de ce fier emblème de l'Empire qui représente ce qu'il peut s'avérer de plus ambigu, de plus libre à travers deux personnalités que tout oppose - pour mieux se rejoindre lorsque surgissent les décisions fatidiques, irréversibles -, le sage capitaine du Volonté du Dragon, ravalé le temps d'un conflit au rang de second du vieillissant mais encore fougueux amiral Xarkos àn Urvayd. Car si l'Empire assujettit nations et peuples, il n'en demeure pas moins un fervent défenseur du libre- arbitre et un promoteur de l'individualisme face à l'homogénéité servile et fanatisée du peuple Qhmarr.

Jouant avec brio des deux combats se déroulant sur deux terrains n'ayant aucune commune mesure - le plateau holistique et le delta -, passant de l'un à l'autre sans rupture franche afin d'en prouver l'imbroglio, d'en montrer les imbrications, s'amusant à perdre les repères de genres entre hyper technologie et pure magie, Lionel Davoust ne se laisse pas perturber par les liens inextricables qui en découlent au gré des avancés des tactiques et des pertes, effroyables, des uns et des autres. Bien qu'en aussi peu de pages et autant d'action - n'oublions pas les ressorts quasi philosophiques ou relevant du domaine de la science politique que l'auteur égrène, sans lourdeur ni emphase, au fil des dialogues entre chacun des adversaires - il était inconcevable de pouvoir dresser des portraits psychologiques complets, ce que l'on perçoit de chacun des hommes (peu de femmes dans cette lutte pour la conquête, à trois exceptions près, mais elles y ont des rôles d'arrière-plan ou subalternes. On y croisera ainsi la future héroïne de la première nouvelle de la Route de la Conquête, mais avec trente années de moins et bien des choses à apprendre encore).

Cependant, et c'est tout à l'honneur de l'auteur, ces profils psychologiques, ces parcours individuels, ces entames de biographies sont suffisamment complets et denses pour rendre crédibles et attachant la plupart des personnages principaux. On regrettera peut-être que l'angle d'attaque de la narration se place quasi exclusivement du point de vue des impériaux et qu'un seul des Qhmarr, le gouverneur, s'exprime en quelque sorte au nom de tous les siens, de leur vision du monde, donnant encore un peu plus cette impression de déséquilibre en faveur de l'Empire, mais la contradiction est suffisamment forte, les doutes plombent assez le camp de l'Oracle-Dragon pour que le lecteur puisse à son tour être plongé dans les siens propres quant aux justifications philosophiques, intellectuelles, politiques, collectives et individuelles de ce que l'Empire a décidé de réaliser, quel qu'en puisse être le coup humain, moral, éthique.

On se retrouve ainsi face à ces dilemmes posés à nos sociétés contemporaines hautement technologiques, qui se veulent, souvent sincèrement, bienveillantes à l'égard des peuples et des nations ne bénéficiant ni de notre niveau de vie, ni de nos libertés individuelles, ni de notre confort matériel mais qui s'enlisent depuis plusieurs décennies dans des guerres qui, souvent, finissent par nous dépasser voire par se retourner contre nous. (On pourrait même remonter aux guerres coloniales pour "désauvagiser" les "sauvages" et même à Bonaparte amenant la révolution chez les peuples asservis par leurs puissants mais asservissant à son tour). Car ces interventions, dont on n'affirmera pas naïvement qu'elles ont ce seul but d'imposer "le bien" (encore faudrait-il n’avoir qu'une seule définition universelle de ce qu'est le bien) quels qu'en soient les moyens, ne cessent de s'enferrer dans des paradoxes insolubles, des oxymores éternels et dignes d'Orwell - la guerre, c'est paix, etc -. Pendant ce temps-là, des hommes se battent, souffrent, meurent au nom de principes dont on ne sait trop s'ils sont justes, injustes ou se situent sur un autre terrain, celui de la foi en l'autre, cet autre proche, le compagnon, loin, très loin des pensées et des intentions d'ordre quasi messianique ou magiques que leurs dirigeants se sont données de réaliser... Si les victoires successives de l'Empire suivies de la paix promise semblent avaliser le bien fondé de ces conquêtes, n'oublions pas qu'elles s'achèvent (voir La Route des Conquêtes) dans ce que le jeune "Qasul" prophétisera : [...] vous précipiterez le monde dans une ère de ténèbres telle qu'il n'en a jamais connue !» Le ver était-il dans le fruit ?

Pour un premier coup lancé en direction de ce monde imaginaire complexe, l'Evanégyre, cette fantasy très inspirée où l'on retrouve une certaine antiquité impériale, un moyen-âge fantastique, des questionnements intemporels et de la technologie SF c'est un joli coup au but que Lionel Davoust donne-là. Et si nous savons aujourd'hui que l'essai est très largement transformé avec les suites qu'il a dores et déjà données au monde de l'Evanégyre, rien ne le présageait il y a encore six ans, mais c'était un peu prévisible, ne serait-ce qu'avec un tel style - qu'il serait injuste de ne pas signaler ici - efficace mais capable de développements syntaxiques riches, puissants, imagé afin que le régal sa fasse autant sur l'intrigue que par la narration !
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Outre sa désormais réputée trilogie fantastico-policière « Léviathan », Lionel Davoust est également l'auteur d'un certain nombre de romans ou nouvelles ayant pour cadre un univers tout droit sortie de son imagination : Evanégyre. C'est notamment le cas de « La volonté du dragon », ouvrage très bref mettant en scène l'opposition entre l'Empire d'Asreth, super-puissance exerçant son autorité sur la quasi-totalité du monde, et le petit royaume indépendant de Qhmarr, sommé par l'Impératrice-Dragon de se soumettre à ses armées et d'intégrer pacifiquement l'empire. Évidemment, les choses ne vont pas se dérouler comme prévues et une terrible bataille va alors s'engager entre les deux camps : de celui bénéficiant de la supériorité tactique et numérique ou de l'autre, ayant recourt à des techniques peu orthodoxes et usant d'armes magiques redoutables, lequel des deux belligérants remportera la victoire ? Si le roman est court, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est en tout cas bien remplis, l'action y étant mené tambour battant du début à la fin, sans aucun répit pour les personnages comme pour le lecteur.

L'intrigue peut au premier abord paraître certes très ordinaire, mais Lionel Davoust a malgré tout su innover en doublant ce conflit miliaire d'un combat psychologique entre les deux représentants de chaque puissance s'opposant par l'intermédiaire de ce qui pourrait s'apparenter à un jeu d'échec. L'idée est excellente et donne lieu, à mon sens, à la plupart des meilleures scènes du roman, bien que l'auteur nous offre également de beaux moments de bravoure tout au long de cette bataille navale à grande échelle (en ce qui concerne ce type de combat je recommanderais toutefois plutôt la nouvelle « L'impassible armada » du même auteur, concise mais plus efficace). le bat blesse cela dit du côté des personnages que l'on sent pour certains prometteurs mais bien trop peu développés pour que l'on puisse véritablement se sentir concerné par leur sort ou celui de leur patrie. D'autres, en revanche, manquent considérablement de consistance et n'apportent au final que peu de chose au récit, à commencer par l'énigmatique petit souverain de Qhmarr dont le rôle et la personnalité auraient mérité d'être davantage étoffés.

Un roman sympathique, bourré d'action et de rebondissements, qui vous fera passer un agréable moment, bien que sa brièveté l'empêche d'être davantage qu'un simple divertissement. Pour les amateurs de l'univers d'Evanégyre, sachez que l'auteur a également publié plusieurs nouvelles adoptant le même décor (« Bataille pour un souvenir » dans l'anthologie « Identités » ; « Au-delà des murs » dans l'anthologie « Victimes et bourreaux »).
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A ma droite, une bataille navale, à ma gauche, une partie d'échecs, miroirs l'une de l'autre. Elles mettent aux prises l'empire d'Asreth et Qhmarrr, petit pays arriéré. C'est du point de vue des impérialistes que nous approchons cette histoire. Nous l'appréhendons à différents niveaux de la hiérarchie : généralissime, amiral et capitaine, salle des machines, canonnier ; évoqués plutôt brièvement vu la taille du livre, les personnages sont tout de même individualisés. Mais nous n'avons pas l'équivalent du côté des Qhmarrs dont la mentalité et la magie resteront mystérieuses jusqu'au bout.
Avec ce texte court sont pourtant évoquées des questions importantes : celle de l'impérialisme et de sa justification versus l'indépendance et la stagnation, la technologie contre la magie, le libre-arbitre ou la soumission au destin. El le livre montre que les réponses à ces questions/dualités ne peuvent pas être simples, blanches ou noires.
C'est prenant et mystérieux et ça donne envie d'en savoir plus sur ce monde.
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Il y a de ces livres qu'on attaque comme ça, quasiment sans savoir à quoi s'attendre, et qui nous apporte une incroyable surprise au fil de leurs pages.
La Volonté du Dragon a été un de ces livres pour moi. J'ai connu l'auteur grâce à une critique sur Babelio, d'un autre de ses livres. J'ai eu envie de voir ce que donnait les oeuvres de cet auteur qui était encensé par la critique et semblait correspondre à mon style, mais je n'avais aucune idée réelle de ce que j'allais découvrir dans ce roman.

Un monde imaginaire (style XII ou XIIIème siècle), une nation impérialiste plus évoluée technologiquement (XIXème siècle) que toute autre, une autre se dressant en face d'elle pour garder son indépendance... Au demeurant rien de bien original... Mais détrompez-vous ! L'originalité commence dès les premières pages avec le camp que l'on suit, les impérialistes.... Là, c'est déjà moins courant ! Dans le monde d'aujourd'hui où la philosophie anti-impérialiste, voire anti-mondialiste, est de plus en plus poussée à l'extrême, jusqu'à la haine de ces systèmes, prendre le risque, pour un auteur, de nous faire suivre ceux qui seront considérés comme le mauvais camp par la majorité, c'est déjà faire preuve d'un certain cachet.
Et l'histoire continue sur cette lancée. A la faveur du récit d'une bataille navale, ce ne sont pas seulement les équipages et protagonistes que l'on voit s'affronter, mais de nombreux parallèles.
Gouvernement mondial contre philosophie de l'indépendance farouche.
Technologie contre traditions.
Religion contre libre-arbitre.
Et à la fin, lorsque vient le moment de lire le mot de la fin, quel que soit notre point de vue, on ne peut que saluer le fait qu'il y a quelque chose de bon et de mal en chaque camp et qu'il n'y a pas de réel vainqueur lorsque les idéologies s'affrontent en donnant tout ce qu'elles ont et en laissant l'hypocrisie de côté.

De ce livre, je suis ressorti non seulement satisfait par la gymnastique intellectuelle ainsi provoquée, mais surtout, si pas transformé, tout du moins apaisé ; apaisé par le talent de l'auteur à démontrer que les choses ne sont pas noires ou blanches, bien ou mal, mais toutes en nuances de gris ; une perspective qu'on a facilement tendance à perdre dans les luttes d'idéologies, de nos jours, tellement les propos, et le ton sur lequel ils sont tenus, sont souvent agressifs. L'auteur, à sa façon, démontre au lecteur qu'on peut être combatif, engagé à 100% dans une cause, inébranlable, sans pourtant être imbus de nous-mêmes, irrespectueux, ou tout simplement binaires.
Toutefois, il ne faut pas s'y tromper, La Volonté du dragon, reste un roman de guerre, de bataille navale, et l'auteur semble aussi avoir une grande passion, ou expérience, de la chose car rien n'est laissé au hasard ; des détails techniques des navires et armes des assaillants, à ceux de conception des navires plus traditionnels des défenseurs, en passant par les conséquences de chaque manoeuvre et attaque, on n'ignore rien de ce jeu de la vie et de la mort qui se déroule pour déterminer le destin de deux nations, et grâce à une sélection bien trouvée de protagonistes à différents échelons, nous sommes en mesure de palper la tension, de la sentir entre chaque mots, et l'action en est proprement vivante.

En fin de compte, la seule chose que j'aurais vraiment à reprocher à ce livre c'est qu'il ne soit pas plus long ; des romans comme ça j'en redemande à l'infini !
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Je dois remercier encore une fois Lelf pour ce magnifique cadeau d'anniversaire (dédicacé en plus, si c'est pas la classe ça!?) Et je vais continuer à suivre M.Davoust de plus ou moins près (oui faudrait pas qu'on se cogne) car j'apprécie vraiment sa façon d'écrire! J'espère avoir l'occasion de trouver et de lire d'autres de ses écrits.
[ah oui au passage comme ça, M.Davoust est français hein pas de problème de traduction pour son livre ]
Ce livre n'est pas un coup de coeur mais un coup de charme (la différence? hum ça se ressent pas pareil, j'ai même presque envie de dire que ça pourrait devenir un livre « doudou » et ça c'est pas pareil que le coup de coeur ^^)
Alors mes chers lecteurs, ruez vous sur ce livre!
Lien : http://bulledelivre.wordpres..
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J'ai adoré l'univers esquissé ici (et étais heureux de le retrouver dans La Route de la Conquête), le fait que les deux systèmes politiques et philosophiques aient leurs bons et mauvais côtés si bien qu'il n'y a ni gentils ni méchants, la technologie asrienne mêlée de magie et la magie qhmarri plus brut aux effets redoutables pour les deux, la diversité des personnages même si je regrette fortement qu'on n'ait jamais le point de vue adverse, il y a un tas d'idées intéressantes, des retournements bien sentis, des passages très prenants...
... Et d'autres qui le sont bien moins, avec des passages qui m'ont paru un peu répétitifs (le comportement et les répliques de l'amiral, certaines manoeuvres maritimes, le comportement et les répliques du gouverneur pendant la partie), et un style parfois un peu en-deçà. La fin n'est pas très clair de prime abord, même si on finit par en venir aux mêmes conclusions que l'auteur souhaitait sans doute.

Un bon moment, dont j'espérais pourtant un peu plus. Ce plus que j'ai trouvé dans La Route de la Conquête.
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Pour celui ou celle qui a envie de prolonger le séjour à Evanégyre, le choix de lire La Volonté du Dragon s'impose. Avant de se lancer dans l'écriture de sa grande saga, Lionel Davoust avait déjà tâté le terrain en proposant des textes plus courts. Des récits postérieurs qui donnent une chronologie historique à son univers, tout en lui conférant une légitimité.

La Volonté du Dragon est donc un court récit qui s'inscrit en amont des Dieux Sauvages, dans l'Ancien Temps.

Conduite par le généralissime D'éolus Vastech, l'armada impériale arrive aux portes de Qhmarr. Ils s'imaginent une reddition immédiate des Qhmarri qui semblent sans défense face à leur puissance de feu. Pour l'empire d'Asreth, c'est la première étape pour conquérir le Sud. Imbu de lui-même, Vastech pense avoir déjà gagné face à ce très jeune souverain. Car comment un roi qui n'a même pas dix ans, pourrait lui voler la victoire, à lui, l'homme d'expérience. Or, le Qasul lui propose un étrange défi, celui de jouer la bataille aux échecs. En effet, la puissance du lâh a ensorcelé les pièces représentant les deux camps. Chaque pièce jouée aura donc une conséquence sur le terrain. Sensible au challenge, le généralissime accepte de jouer la partie mais aurait-il pu réellement faire un autre choix ?

Dans ce roman, l'auteur a misé sur un élément fort en littérature fantasy, la conquête. Seulement, il a pris des libertés dans la narration des combats inhérents à cette thématique. Bien entendu, on retrouve des descriptions de batailles avec les deux armées qui s'affrontent sur l'eau. Entre la flotte de voiliers Qhmarri, d'un côté, et l'armada impériale, de l'autre, on imagine l'affrontement vite réglé. Mais avec Lionel Davoust aux commandes, n'en soyez pas si sûr ! Il a ajouté une donnée qui pourrait faire la différence. N'oubliez pas qu'il nous relate les événements par le prisme d'une partie d'échecs. Or, si la victoire dépend du meilleur stratège, qui peut savoir qui va l'emporter.

L'auteur donne ainsi une autre dimension à son récit qui n'a plus rien de conventionnel. Voilà une manière bien originale de nous conter les minutes d'une bataille. le récit n'en est que plus dynamique et trépident.

Quant aux personnages qui habitent les pages de ce livre, Lionel Davoust nous brosse toutes sortes de portraits. Les plus singuliers reviennent surtout à ce généralissime, sûr de lui qui vient se frotter à au très jeune souverain Qhmarri, semblant être continuellement dans la lune.Taiseux, les yeux fixes, le Qasul est le héro le plus énigmatique de ce roman. Ainsi, avec tous ses protagonistes, l'auteur donne la matière aux lecteurs pour s'interroger et/ou s'attacher.

Finalement peu importe dans quel sens on lit ses livres, ils méritent tous notre attention pour assouvir la soif de curiosité que l'auteur a semé chez tous ses lecteurs... plus d'infos sur Fantasy à la Carte
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Lionel Davoust est un auteur que j'ai d'abord découvert grâce à son blog passionnant où il parle de techniques et d'outils d'écriture. Je l'ai donc connu d'abord pour ses conseils très utiles sur l'écriture avant de le découvrir comme auteur. La Volonté du dragon est le premier roman que je lis de lui, et cela tombe bien puisque sauf erreur de ma part il s'agit de son premier roman publié, en 2010.

Ce roman se déroule dans l'univers imaginaire d'Evagényre, un monde dominé par un empire à vocation hégémonique qui dispose d'une arme dont la puissance surpasse celle de tous ses adversaires. C'est en quelque sorte un Empire romain avec la bombe atomique, comme Lionel Davoust l'a décrit lui-même dans une conférence aux Utopiales 2017.

Dans ce premier roman se déroulant dans ce monde fictif, nous assistons à la tentative de conquête d'un petit royaume isolationniste par l'Empire dominant. La victoire aux promise aux conquérants mais tout ne va évidemment pas se passer comme prévu, sinon il n'y aurait pas forcément besoin d'un roman pour nous raconter cette conquête. le récit est passionnant, oscillant entre narration de batailles navales impressionnantes et réflexions philosophiques sur la société, le mode d'exercice du pouvoir, et en général la liberté individuelle et collective. L'auteur nous permet de suivre plusieurs personnages participants à cette conquête et leur regard est chaque fois intéressant. L'univers imaginé par Lionel Davoust m'a bien plu, avec ce régime impérialiste doté d'une technologie très steampunk face à un royaume mystique et mystérieux.

Je dois dire que j'ai beaucoup aimé cette première découverte de l'univers d'Evanégyre et que que j'ai hâte de suivre les aventures dans ce monde dans les autres oeuvres de Lionel Davoust, à commencer par La route de la conquête, et autres récits, un recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers imaginaire.
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