France Culture, For Intérieur par Olivier Germain-Thomas
Emission du 09/04/1998, à l'age de 95 ans.
"Spécialiste du Moyen Age et de Saint Bernard, biographe de Simone Weil, Nicolas Berdiaev ou Henri Le Saux, Marie-Madeleine Davy connaissait très bien les écritures hindoues avec lesquelles elle avait des affinités intérieures particulières, comme en témoignent ses derniers livres. Farouchement indépendante, membre d'un réseau de Résistance pendant la guerre, alle a parcouru le monde pour délivrer une parole sur la vie intérieure et le modèle des mystiques sans jamais se laisser enfermer dans une foi qui exclurait les autres. Elle vivait retirée dans sa maison des Deux-Sèvres entourée d'arbres, d'oiseaux et de silence. Elle nous a reçus pour un dernier bilan avant d'avoir à franchir la dernière porte. Elle jette un regard très lucide sur sa vie, voulant surtout arracher les derniers masques. Et parfois le doute est aussi fort que les croyances. Son dernier mot sera : "Soyez heureux !" "
Marie-Madeleine Davy
EAN : 9782226031020
Albin Michel (01/02/1980)
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5 notes
Albin Michel (01/02/1980)
Résumé :
Le philosophe du XIIe siècle puise sa connaissance dans l’ordre du cosmos, la beauté de la nature et plus encore dans le livre "du dedans". Mais le philosophe est aussi un voyant. Inspiré, il prophétise. Philosopher, c’est avant tout imiter le Christ philosophe, mener une vie d’ascèse qui, à son sommet, rejoint l’état angélique. Il ne s’agit pas d’envisager la philosophie comme une spéculation ou un savoir, mais de l’introduire dans l’existence quotidienne. Idéal qu... >Voir plus
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A son sommet la philosophie est mystique. Elle plonge dans le mystère obscur par excés de lumière. Ce qui est caché se révèle. Les voiles se déchirent et les yeux voient tandis que les oreilles entendent murmurer les secrets que les autres seraient incapables d'ouir. Les sens de l'homme intérieur, c'est-à-dire du véritable philosophe, se déploient et un univers nouveau se découvre dans sa splendeur. Il convient alors de déchiffrer les signes, de traduire les symboles, de transposer au plan de la métahistoire le contenu de ce qui est intraduisible du fait de son ineffabilité. Devant les visionnaires, il s'opère des percées soudaines d'une extrême brièveté.
La philosophie médiévale est à la fois sagesse, religion, science de la vie spirituelle, poésie et alchimie. Connaissance de soi-même, de Dieu, de l'univers, elle englobe tous les savoirs. Du fait de leur ignorance, des hommes tentent parfois de la réduire à une pensée rationelle, ils font ainsi momentanément osciller sa démarche. La philosophie dépasse la raison sans pour autant la récuser. Que la philosophie s'éloigne de la sagesse, la voici mutilée. Qu'elle s'en rapproche et coincide avec elle, son ampleur répond à sa vocation. Dans les traditions juive, chrétienne et dans l'Islam, la philosophie appartient donc aux sages en dépit des dialecticiens qui souhaitent en revendiquer le monopole.
L'hellénisme n'est point le christianisme. Le Verbe en s'incarnant apporte une "nouveauté de vie", modifie les relations entre le divin et l'humain, l'invisible et le visible. Il inaugure un nouveau rapport avec le Père, le Dieu qui se révèle et parle aux hommes. La Bible constitue le canevas sur lequel se dessine l'ornement médiéval. Ainsi la philospohie du XIIe siècle repose sur l'océan biblique, épousant sa beauté, sa couleur, sa densité et son parfum. Dans son cheminement, la philosphie s'éloigne de la Bible, elle s'écarte de sa source et s'hellénise.
En tant que fruit d'une connaissance et d'un amour unifiés, la philosophie fleurit dans les abbayes et les ermitages. Les monastères constituent des écoles où l'on enseigne la philosophie et les moines apprennent à devenir des philosophes. Ce sont eux, qui, solitaires et dégagés du monde, deviennent les parfaits amants de la philosophie.
A cette philosophie, il importe tout d'abord de se frayer un chemin. Il lui faut chercher sa voie, émerger des arts libéraux afin d'occuper la place qui lui revient. Héritière de l'antiquité, elle subit la fascination de la pensée grecque, à la fois la combat et la baptise, la renie et l'adopte et bien souvent se laisse hélléniser. Platon - connu directement ou encore à travers ses traducteurs et interprètes- sera toujours considéré comme le maître par excellence des contemplatifs, de ceux qui adhèrent à l'intériorité sans subir le flux des événements de l'histoire. Plus tard, la découverte d'Aristote apportera aux esprits "dispiteurs" un cadre et un système.
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