Ce livre est une clef qui ouvre sur un monde merveilleux. À mille lieues des lectures plus récentes qui abordent ce sujet. Un livre lumineux.
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La connaissance de soi s’acquiert dans la nudité, attentive à refuser toute pensée susceptible d’accueillir l’égoïsme et toutes ses manifestations. Indifférent à la louange comme aux injures, le connaissant marche seul dans un désert aride. Heureux des rencontres, il ne les sollicite point ; il n’a pas à être rassuré sur l’importance de sa démarche, aucun encouragement ne lui est nécessaire. La lumière dont il entend l’appel lui suffit : le reste est bourdonnement.
Les mots sont des sortes de supports comparables aux barreaux des échelles, on prend appui provisoirement dessus ; il faut nécessairement les quitter. C’est au sein du silence que toute révélation s’opère ; le cliquetis des mots dans la parole ou l’écriture empêche d’entendre ; elle ne livre son secret que dans le midi du silence, alors tout possède un écho et tout germe.
La beauté de la nature, le calme d’un lac, la violence d’un torrent, un pic neigeux, le désert de sable ou de pierre peuvent en partie suppléer à l’absence d’un maître ; elle déclenche la conversion du regard et son enseignement est la beauté. Par cette beauté contemplée, l’homme se trouve transporté sur un autre niveau.
La connaissance de soi est une naissance à sa propre lumière, à son propre soleil. L’homme qui se connaît est un homme vivant.
La connaissance de soi est moins une étude qu’un art de vivre. Elle n’est pas réservée à un moment précis de l’existence. Tels, par exemple, l’étude d’une science ou encore l’apprentissage d’un métier. Elle concerne la vie dans sa totalité et se pratique à tous les instants : dans la solitude ou dans le rapport avec autrui, lors du travail ou du divertissement.
France Culture, For Intérieur par Olivier Germain-Thomas
Emission du 09/04/1998, à l'age de 95 ans.
"Spécialiste du Moyen Age et de Saint Bernard, biographe de Simone Weil, Nicolas Berdiaev ou Henri Le Saux, Marie-Madeleine Davy connaissait très bien les écritures hindoues avec lesquelles elle avait des affinités intérieures particulières, comme en témoignent ses derniers livres. Farouchement indépendante, membre d'un réseau de Résistance pendant la guerre, alle a parcouru le monde pour délivrer une parole sur la vie intérieure et le modèle des mystiques sans jamais se laisser enfermer dans une foi qui exclurait les autres. Elle vivait retirée dans sa maison des Deux-Sèvres entourée d'arbres, d'oiseaux et de silence. Elle nous a reçus pour un dernier bilan avant d'avoir à franchir la dernière porte. Elle jette un regard très lucide sur sa vie, voulant surtout arracher les derniers masques. Et parfois le doute est aussi fort que les croyances. Son dernier mot sera : "Soyez heureux !" "
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