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EAN : 9782070134755
112 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.13/5   96 notes
Résumé :
Un homme dont on ne connaît pas le nom est retrouvé, épuisé, au bord d’un campement. Alpiniste courageux devenu simple vagabond, il rejoint les siens et notamment son frère qui le recueille à bout de forces. Il s’agissait de leur guide, mais sa disparition avait fait perdre espoir au peuple tout entier. On découvre son histoire, l’ascension difficile, lorsque soudain, face à la muraille, sa voix se met à résonner : "Je suis Adonai (Yod) ton Elohim."
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Je le vois descendre de la montagne, le regard vidé de sens, vidé de vie. Un montagnard solitaire, berger à ses heures perdues, qui recherche aux sommets de ses alpages la quiétude, le bien-être, cette sensation de tutoyer les dieux. Dieu, il en sera question, Elohim, tout là-haut, comme une rencontre divine qu'un vent a ramené jusqu'à ma conscience.

Là-haut, l'alpiniste y trouve ce vent teinté d'un profond silence, propice à la réflexion. Là-haut, où qu'il soit, sur le sommet alpin qui se dresse devant sa minuscule personne, il ferme les yeux, se retrouve au Mont Sinaï, et entends des voix, les paroles divines, le décalogue murmuré par le vent.

Là-haut, je ne me suis pas senti à mon aise, pas une question de vertige. En fait, je ne sais pas quelle sensation j'allais éprouver. Me mesurer à la grandeur de la Nature, certes. Mais me mesurer à Dieu, Elohim. Croiser des brebis, des chamois, le Dahu, certes. Mais rencontrer Abraham, Moïse, ce gars de Nazareth…

Là-haut, j'y cherchais la poésie d'Erri de Luca, des moments intenses de silence et de beauté. Je l'ai trouvé dans les premières pages, les tous premiers mots, je m'étais mis en condition pour grimper vers le sommet et découvrir petit à petit la forêt se clairsemer. J'étais prêt à survoler les nuages, dominer la vallée embrumée, sentir les pins et le silence d'un pic. Mais finalement, je n'étais pas prêt à cette montée d'altitude. le Mont Sinaï est loin, je n'ai pas la culture hébraïque nécessaire à la compréhension de ce court récit de poésie biblique. Je ne connais que le silence de la vie.
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Erri de Luca se laisse pénétrer par le vent qui porte la parole et il retranscrit ce qu'il a entendu, donnant vie aux mots par son souffle, ce que fait également tout lecteur à l'écoute du celui qui lui parle à travers les livres, ce que fait Moïse qui entend à travers les nuages la voix d'Elohim lui dicter les dix commandements qui seront gravés par le feu. «L'échange d'énergies passait entre la montagne et le ciel» p 82

«Quand l'écriture se débarrasse de son auteur, elle appartient à celui qui la lit et fait de chaque lecteur suivant son héritier direct.» 

Ainsi en est-il de tout texte dont ceux qui composent la Bible. Et chaque interprétation enrichit la précédente et la suivante.

«Et il dit» est inspiré par l'écoute, c'est un long poème, une suite que le vent joue à travers la poussière qu'il transporte, pleine des résidus venus de temps immémoriaux, du temps où la transmission se faisait oralement autour d'un feu. C'est de là que viennent les textes de la Bible, vent et poussière, feu du ciel et des campements nomades. Et le vent les porte vers les générations futures «L'assemblée du Sinaï transpirait de futur. Avec eux, les lèvres serrées, chantaient les assemblées à venir».
Encore faut-il accueillir avant de transmettre.
«Les paroles pénétraient dans les corps en se frayant un chemin entre les viscères, elles parlaient de l'intérieur....Le vent d'une voix à écouter se plantait dans leur corps» p 81

Et pour que le feu des paroles ne se perde pas totalement, il leur faudra la force de transmission véhiculée par les lettres qui «se sont chargées de l'énergie du Sinaï et la prolongeront».
«Le judaïsme a été pour moi une piste caravanière de consonnes accompagnées au-dessus et au-dessous de la ligne par un volettement de voyelles. Entre une ligne et l'autre, dans l'espace blanc, c'est le vent qui gouverne.» p 103
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Et il dit...
Je suis restée sourde à ses paroles. Moi, la mécréante, je n'ai pas entendu les mots d'Erri de Luca. Je n'ai pas partagé ses images. Pourtant son verbe est beau. Et la poésie légère, soufflée par le vent des montagnes. Mais au bout d'une trentaine de pages, le vertige m'a prise et je suis retombée attirée par le vide. La parole biblique et toutes les tentatives de traduction m'ennuient. Tant pis pour moi...
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Un homme est parti seul dans la montagne depuis longtemps, depuis si longtemps que les hommes qui l'attendent désespèrent de le voir revenir. Ils étaient prêts à lever le campement lorsqu'ils le trouvèrent épuisé, sans mémoire.
Un alpiniste solitaire? Un homme qui a sorti son peuple d'Egypte où ils étaient esclaves.
Avec une écriture comme toujours magnifique, Erri de Luca qui "partage le voyage du judaïsme" fait revivre Moïse lorsqu'il reçoit les tables de la Loi.
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Il y a très longtemps que j'avais noté que je voulais lire ce livre. Je l'ai lu aujourd'hui en moins d'une heure après avoir entendu une conférence d'Erri de Luca en forme de master classe en début de semaine. J'ai retrouvé dans ce livre certaines idées qu'il a partagées durant la conférence et aussi des réponses à des questions que je me posais sur lui.
"Et il dit" est l'une des premières paroles de la Bible, dans le livre de la Genèse. C'est celle de l'acte créateur et de la parole agissante. Là ce terme s'applique au moment où le peuple juif reçoit les dix commandements, dans le livre de l'Exode. Et cette parole est aussi écriture car les commandements s'écrivent dans la roche sous les yeux des Hébreux.
Avant d'arriver à ce passage, pendant vingt-cinq pages, nous sommes en présence de Moïse, même s'il n'est pas nommé. C'est un berger, un meneur d'hommes qui a rencontré Dieu et cette rencontre ne le laisse pas indemne. Il ne veut plus vivre, mais tout d'un coup il se met à parler au peuple hébreu. Et là Erri de Luca reprend chacun des dix commandements et sa traduction et son interprétation sont bien plus larges que ce que l'on entend habituellement. Sa narration englobe toute l'histoire du peuple juif. Il y a des événements antérieurs à cet épisode avec Adam et Eve, Caïn, Abraham ou Isaac. Mais aussi des éléments postérieurs avec David, d'autres auteurs de psaumes ou un passage de l'Evangile, et même des références contemporaines, avec l'évocation de la Shoah.
Cet épisode central des dix commandements (qu'il faudra que je relise en le comparant avec le texte habituel du Décalogue) est suivi de deux petits textes, comme dans d'autres oeuvres d'Erri de Lucas où des chansons ponctuent parfois le déroulement. le premier texte "Adieu au SInaï" - au passage, j'ai appris que le SInaï et l'Horeb sont la même montagne - relate comme une nouvelle création ou un retour au paradis puisqu'après avoir reçu les commandements, le peuple voit toutes ses blessures guérir.
Le deuxième texte précise comment Erri de Luca se situe vis-à-vis de judaïsme : il est "en marge du campement", comme s'intitulent ces trois pages. Il suit l'histoire du peuple juif, il l'étudie, il en est pénétré, mais il ne va pas jusqu'à se poser la question de la foi. En même temps que ce livre, je lis "Jours de Royaume" de Marie-Laure Choplin. Et elle a une belle phrase pour parler d'Erri de Luca, tout à fait en résonance avec ce que je viens d'écrire :" Comme longuement le fait Erri de Luca. Lire et laisser pour plus tard ou pour jamais la question de croire."

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critiques presse (4)
Lhumanite
13 août 2012
[Un livre] qu’il faut lire en consonance pour retrouver cet auteur attachant et l’infini de ses horizons.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
LaLibreBelgique
05 juin 2012
Un très beau texte mystique d’Erri De Luca, qui ne pouvait qu’être fasciné par le personnage de Moïse recevant les dix commandements. L’écrivain italien poursuit son intimité avec l’Ancien Testament.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
04 juin 2012
Dans Et il dit, [Erri De Luca] commente au fil des pages chacun de ces commandements, au nombre de dix comme les doigts de la main et commençant par un «tu» ne s’adressant qu’aux hommes car en hébreu la distinction existe.
Lire la critique sur le site : Liberation
LesEchos
22 mai 2012
« Et il dit » nous fait partager la sidération du peuple juif - qui découvre chaque commandement -et nous projette dans le tumulte des générations futures.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Le dernier pas de la montée lui faisait toucher l’extrémité où s’arrête la terre et où commence le ciel. Un sommet atteint est un bord de frontière entre le fini et l’immense. Là, il arrivait à la distance maximale de son point de départ. Un sommet n’est pas une ligne d’arrivée, c’est un barrage. Là, il faisait l’expérience du vertige qui, en lui, n’était pas un appel du vide vers le bas, mais se pencher sur le vide du haut. Là, sur le sommet, il percevait la divinité qui s’approchait. Là-haut, il s’enveloppait de vent. Un sommet sans choc de masses d’air sur soi est effrayant. Car l’immense retient son souffle.
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Tu ne voleras pas." Non, mais tu pourras entrer dans le champ de ton voisin et manger le fruit de ce qu'il a semé. Tu ne prendras avec toi ni panier ni hotte à remplir et à transporter, parce que ça, c'est voler, soustraire le bien d'autrui. Mais dans son champ tu pourras te nourrir et tu n'oublieras pas de remercier son labeur, son bien et la loi qui te permet d'entrer. Et à la saison des récoltes, le propriétaire laissera une dixième partie de son champ au profit des démunis. Et encore : quand les moissonneurs seront passés avec leurs faux, ils ne pourront passer une deuxième fois pour terminer. Ce qui reste revient au droit de grappiller.
Ainsi, tu ne voleras pas poussé par la nécessité et tu ne maudiras pas la terre qui te porte et le ciel qui passe au-dessus de toi. Et si tu travailles pour un salaire, le prix de ta peine te sera payé le jour même. Ainsi est-il dit à celui qui t'engage : "Dans sa journée, tu lui donneras son salaire et le soleil ne passera pas au-dessus de lui, car il est pauvre et vers ce salaire il lève sa respiration." (Deutéronome, 24, 15). Celui qui retient chez lui la paie due à l'ouvrier qui a fait son travail est semblable au voleur, mais il opprime un pauvre, ce qui est pire [...]. Si la personne humaine est rabaissée au niveau d'une marchandise, d'un butin, celui qui la réduit à ça est un voleur.
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La foule du campement cessa toute occupation pour s’approcher. Tout leur tomba des mains, sauf les enfants des bras de leurs mères. Ils accoururent dans une effervescence de pas. Le silence qui suivit fut celui du lait qui caille. Dans la paix d’un puits, dans la circoncision d’Abraham sur lui-même, dans la paume d’une main passée sur les yeux, il existe un silence de condensation. Ils respiraient seulement par le nez pour ne pas faire de bruit en eux-mêmes.
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Les souvenirs appartiennent au règne des oiseaux, ils laissent une plume quand ils s'en vont. Grâce à elle, on sait à quelle espèce ils appartiennent.
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Tu disais qu’en montagne on est un intrus et qu’on passe grâce à une indulgence de la nature. Il suffit de peu pour être repoussé, pour devoir renoncer. C’est ainsi que tu mesurais notre taille d’êtres humains et tu l’estimais insignifiante. Pour le savoir, tu avais besoin de cette vaste solitude.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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