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EAN : 9782070148912
128 pages
Gallimard (04/05/2015)
3.3/5   120 notes
Résumé :
Dans une langue épurée et puissante, Erri De Luca nous offre ici l'histoire d'une jeune femme vivant sur une île grecque qui passe ses nuits à nager avec les dauphins. Ce texte est accompagné de deux autres courts récits, "Le ciel dans une étable" et "Une chose très stupide".
Erri de Luca est né à Naples en 1950 et vit à la campagne près de Rome. Aux éditions Gallimard ont paru notamment Montedidio (2002, prix Fémina étranger), Le poids du papillon (2011) e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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C'est le second livre d'Erri de Luca que je lis, très bien traduit de l'italien par Danièle Valin.
L'histoire d'Irène, petite fille abandonnée sur une plage De Grèce, recueillie par un pope qui à son tour la mettra dehors lorsqu'elle atteint l'âge de 14 ans. Irène ne se sent bien que dans la mer avec les dauphins dont on dit que l'enfant qu'elle attend a été conçu par un dauphin. Elle les comprend, passe ses nuits avec eux, sauve les poissons pris dans les filets des pêcheurs. le narrateur, un écrivain italien de Naples écrit son histoire, et lui parle aussi de lui, de sa vie.
Une histoire entre la réalité et la fiction, avec des références à la Bible et à la mythologie. Et, comme dans Les Trois chevaux, Erri de Luca utilise une plume emplie de poésie et de rêve qui nous transporte dans un univers de conte.
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C'est toujours un plaisir infini de revenir vers un récit d'Erri de Luca, un de mes auteurs préférés et c'est sans doute le même plaisir qui me donne envie de vous en parler.
C'est un recueil de trois textes qui célèbrent la beauté du monde et s'articulent harmonieusement entre eux, dont le premier donne le titre au recueil.
Voici donc une très belle histoire, Histoire d'Irène, sorte de conte qui invite le merveilleux et l'imaginaire, et comme tous les contes, on peut lire celui-ci de mille façons.
On peut tout d'abord se laisser seulement toucher par la magie et la grâce des mots qui se ploient et se déploient comme une courbe de déliés sous l'onde marine.
Ou peut-être est-ce un récit mythologique,
là où les dieux de l'Olympe le temps de quelques pages,
descendent sur le bord du rivage,
font une pause sur la plage,
une trêve entre eux, le temps d'un voyage,
pour regarder le monde des humains vaciller encore un peu plus vers le néant
et s'en délecter... ?
La langue d'Erri de Luca est poétique, éprise de la lumière de la Méditerranée.
Chaque île grecque recèle dans sa mémoire une part de légendes et de divinités endormies. Le mot sirène d'ailleurs ne contient-il pas déjà le prénom d'Irène ?
On peut aussi y voir une allégorie sur le monde contemporain, une fable actuelle.
Tout est possible dans l'écriture merveilleuse et puissante d'Erri de Luca.
Qui a-t-il au monde pour séparer la terre de la mer ? Quelle est cette ligne invisible, ce trait d'union ou de désunion, cette frontière impalpable et mystérieuse ?
Ainsi, nous sommes sur le rivage d'une île grecque. D'ailleurs en grec ancien, Irène signifie la paix.
C'est l'histoire d'une jeune fille qui est orpheline depuis l'enfance. Ses parents ont disparu dans le naufrage d'un bateau au large de l'île. Ce sont les habitants du village où elle vit désormais qui l'ont sauvée et recueillie. Irène est, dit-on, sourde et muette. C'est du moins ce que pensent les habitants de ce village et c'est mal connaître le monde dans lequel vit Irène, le monde de l'océan et de la nuit où elle aime à trouver refuge, celui de ses amis aussi, les dauphins avec lesquels elle communique par leur langage.
Plus tard, lorsqu'Irène se retrouve enceinte, forcément les femmes du village se posent des questions, s'en émeuvent, pas forcément pour Irène, la rejettent dès lors...
J'ai aimé cet endroit où Erri de Luca a posé ses bagages de poète infatigable pour nous inviter à l'émerveillement et aussi à la réflexion, pour nous parler de partage et de fraternité, pour nous dire qu'il y a un autre monde à portée de mains, aussi différent que celui que nous connaissons, aussi différent que celui que nous vivons, aussi différent que ce que nous sommes et pourtant à proximité de nos mains et de nos pas, alors que tout semble nous en éloigner.
C'est un livre qui nous porte sur une vague, apportant de la fraîcheur mais aussi surfant sur un thème que je trouve d'actualité.
La mer serait-elle une métaphore, comme une citadelle protégée, loin des égoïsmes, des indifférences et des guerres ?
Un vieil homme se fraie un chemin dans les pages, parvient jusqu'au rivage, recueille les confidences d'Irène, ces deux-là n'ont pas besoin de mots, la mer les aide à se comprendre. Et nous nous mêlons à cette connivence comme si nous y étions invités. Qui est cet homme ? Peut-être Erri de Luca devenu vieux ? Ou bien son père ? Ou peut-être le lecteur ? Je ne sais plus, à force de regarder la mer, ses chimères, écouter les voix qui s'entremêlent. Je ne sais plus, je me perds, peut-être je dis vague...
Lorsque je visite l'univers d'Erri de Luca, c'est toujours un bonheur immense, une vague justement. Qu'importe, puisque le récit nous plonge dans un autre monde.
Et s'il faut y voir une allégorie, la mer n'est-elle pas l'endroit , le coeur des êtres humains ?
L'écriture est belle, mais serait-elle aussi belle si la vague qui emporte les personnages du récit n'était pas aussi belle ?
Ici en effet la vague est sublime, laissons-nous prendre par elle...
Nager avec des tortues,
défaire les filets des pêcheurs où sont emprisonnés des dauphins,
Tandis qu'Irène aide des baleines à naître...
« Naître en mer, c'est passer d'un liquide étroit à un autre illimité. C'est déboucher d'une ruelle dans l'étendue d'une place ».
Puis vient la seconde histoire et on se demande quel lien existe avec la précédente. Il faut attendre la fin pour découvrir le fil qui s'est tricoté entre nos doigts.
Puis c'est enfin la troisième histoire... Et le fil se dénoue... sous nos doigts ébahis...
Cette liberté qui appartient aux dauphins, peut-elle être partagée au bord d'îles qui ne sont pas forcément grecques ? Au bord d'endroits qui ne sont pas forcément des îles, sauf dans l'imaginaire des enfants, des poètes, des sirènes et des personnes âgées...
... Et peut-être dans l'imaginaire des lecteurs que nous sommes...
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J'aime bien, à l'occasion, lire des oeuvres poétiques. Bien souvent, je n'en retire pas ce que leurs auteurs voulaient exprimer mais ce n'est pas grave. La poésie se tient en elle-même. Elle peut n'être qu'enchainements de sonorités, qu'évocation de belles images. Mais il en va autrement pour le roman. Toutes les plus jolies tournures de phrases, les plus belles évocations poétiques, elles sonnent creux quand elles n'appuient pas une histoire. Et, ironiquement, une histoire, c'est ce qui manque à L'histoire d'Irène. Certains pourraient m'obstiner qu'il y en a une, cette jeune fille recueillie sur cette ile grecque puis abandonnée, qui vie en harmonie avec la mer et les dauphins, qui sauve les poissons, qui a une amie sourde-muette, etc. Mais que se passe-t-il avec eux ? Pas grand chose. Ils se racontent des histoires, parlent de mythologie et de récits bibliques, de la Méditerranée, des animaux marins, d'un tas de trucs plus ou moins intéressants (selon les points de vue) mais d'action ou une ligne directrice, que nenni ! En d'autres mots, c'est très joliment écrit mais ça ne m'a amené nulle part. Et pourtant, j'ai attendu longtemps. À la fin, je me suis demandé ce que j'étais supposé avoir retiré de cette lecture, à part les beaux mots, mais rien ne m'est venu en tête. Si Erri de Luca veut écrire un poème, qu'il le fasse et je le lirais probablement mais, moi, je n'aime pas de tels entre-deux. Évidemment, ma critique est très subjective, part de mes goûts, donc je peux tout à fait comprendre que d'autres ne les partagent pas et, conséquemment, adorent ce petit roman qu'est L'histoire d'Irène. À chacun ses préférences.
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Je découvre Erri de Luca avec cette jolie Histoire d'Irène et j'ai un peu la même sensation que lorsque j'ai lu mon premier Modiano, celle d'entrouvrir la porte d'un univers littéraire à la symbolique riche et subtile dont je ne perçois encore qu'un rai de lumière. C'est donc à petits pas que j'écris cette critique tant j'ai le sentiment que ce livre se rattache à un ensemble, une oeuvre qui fait sens dans sa globalité.

On lui a donné un prénom dont l'étymologie en grec rappelle le mot « paix » mais ce n'est pas sur cette minuscule île méditerranéenne, où on l'a trouvée, échouée sur la plage après une tempête qu'elle goûte la quiétude. Venue de la mer, elle y retourne chaque nuit pour nager en compagnie des dauphins, ses seuls amis. Aux humains qui se méfient d'elle, elle ne parle pas et les laisse penser qu'elle est sourde et muette. Quand son ventre d'adolescente s'est arrondi, on ne l'a plus saluée. Peu importe, Irène n'attend rien des îliens mais tout de la mer. Un seul connaît son secret, un vieux conteur, un peu solitaire lui-aussi. A défaut d'être le père ou le grand-père de cette orpheline bientôt mère, il lui invente des histoires et prolonge ainsi la magie de sa symbiose avec les dauphins.

Ce court roman a des allures de récit mythologique. L'ancrer dans une époque serait superflu car le lecteur est comme plongé dans la nuit des temps. La mer est une matrice qui a enfanté une sorte de créature sirène. Elle-même y donnera la vie et aidera à son tour à la donner.
Grâce à une écriture d'une grande poésie, l'auteur parvient à brouiller les frontières du réel et nous emmène dans ce conte aux tonalités universelles qui laisse une sensation irénique.
Mais qui a dit de se méfier du chant des sirènes ?

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Cette histoire d'Irène est en fait triple. Il y a l'histoire d'Irène, jeune fille de 14 ans , enceinte, abandonnée sur une ile grecque et qui ne trouve son salut que dans l'eau mais aussi deux autres courtes nouvelles : La fuite d'hommes vers Capri durant la deuxième guerre mondiale et celle d'un vieillard au bout de sa vie.
Le point commun de ces histoires est la mer , peu surprenant chez cet auteur napolitain.
Pour la nouvelle phare, l'intérêt est bien ailleurs que dans l'histoire dont certaines allusions ont dû m'échapper. La beauté de l'écrit, bravo à la traduction au passage, est d'une telle force que l'agencement des mots suffit à combler le lecteur. Il y a des phrases, des associations d'idées juxtaposées qui vous irradient et vous plongent dans le respect. "La lumière de septembre raccourcissait la géographie". du génie... "Quand la nécessité fait loi, les privilèges et les priorités sautent". Et il y en a presque à chaque page .
Je suis peu habitué à être confronté à ce genre de livres où la forme prime sur le fond (honnêtement un peu creux sur la nouvelle phare). Rencontré à l'improviste, cet exercice de style est vivifiant, envoutant.
Ma nouvelle préférée sera finalement la dernière; vingt pages d'une force majeure, un hymne à la vie , à la mer.Et une dernière phrase sublime qui clôt un moment de lecture peu commun.
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critiques presse (2)
LesEchos
29 mai 2015
L'écriture d'Erri De Luca chatoie. Chaque phrase diffuse un prisme dont il faut saisir toutes les couleurs, pour en goûter le sens profond.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Culturebox
22 mai 2015
Un recueil de trois textes qui célèbrent la beauté du monde.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
J'ai toujours eu une préférence pour le chiffre six. À l'école, c'était à peine la moyenne, pour moi, c'était le comble. La moyenne, c'était le cinq, la moitié de l'enjeu.
Le sept était le zèle, le huit était l'engrais, le neuf l'exagération et le dix jamais donné.
J'ai appris ensuite que le six est le préféré de la nature : l'hexagone parfait exécuté par les abeilles, les flocons de neige, la glace, par les cristaux.
Je suis à l'intérieur de l'hexagone bancal de mes années. Je suis entouré de ses six angles et je pourrais leur donner un nom à chacun.
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Pour ceux qui l'ont traversée, entassés et debout sur des embarcations hasardeuses, la Méditerranée est une mer qui jette dedans.
Au large, l'été, se croisent des radeaux et des voiliers, les destins les plus opposés.
La grâce élégante, indifférente d'une voile déployée, et quelques passagers à bord, frôle la barque des empilés.
Elle ne répond ni au salut ni à l'aide. La proue effilée ouvre les vagues en noisettes de beurre.
De leur bateau, ils regardent défiler sans parvenir à s'expliquer pourquoi, penchée sur un côté, elle ne verse pas, ne coule pas, comme ça leur arrive à eux.
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Je me tourne vers elle et je vois pour la première fois une petite orpheline sur terre, qui a dû chercher affection et famille au large, dans la mer.
Sur l'île, il lui a manqué le creux d'une main comme coussin pour la sienne.
Les dauphins ont pensé à lui offrir le soutien d'une nageoire pour la faire glisser avec eux sans poids.
Irène qui m'intimide quand elle me regarde en face me fait monter les larmes aux yeux.
Et je reste sans bouger, sans ouvrir mes bras bien maigres pour un accueil.
Ainsi, deux gouttes tombent de mes yeux.
Elle les prend au vol et les met dans sa bouche. Elles sont bonnes, dit-elle.
Commenter  J’apprécie          152
Irène a les mouvements d'un dauphin, même sur la terre ferme. Elle fait des petits pas courts, habituée à nager les jambes soudées qui doivent produire la poussée de la queue des dauphins.
Elle fait comme si : sa volonté d'imitation la transforme en ce qu'elle désire être.
Suffit-il de faire comme si, pour devenir?
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    Je me souviens des vers de quelqu'un * qui
n'aimait pas les miroirs et qui écrivit un poème
contre eux :

" Aujourd'hui, au terme de tant et tant d'années
Perplexes où j'errais sous la changeante lune,
Je me demande quel hasard de la fortune
A été cause de ma crainte des miroirs."


p.37-38
* Jorge Luis Borges, " les miroirs ", traduction
Bibliothèque la Pléiade.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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