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EAN : 9782070179275
104 pages
Gallimard (02/05/2016)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Le cas du Hasard est né de l’envie des deux auteurs de prolonger un échange débuté lors d’un dîner amical, avec vue sur l'océan Pacifique. Leur volonté d’approfondir la discussion animée d’un soir a donc donné lieu à une correspondance des plus singulières. Si l’ouvrage s’ouvre sur une tentative de définir l’ADN – que le biologiste compare à une partition de musique tandis que l’écrivain y voit plutôt une prophétie –, les sujets abordés sont innombrables. Ce qui fra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Tout est vision. Vision du proche et du lointain, du dedans et du dehors, des cimes et des abysses, du jour et de la nuit, du silence et du bruit, du monde et de l'homme.

L'un est scientifique , spécialiste de la biologie moléculaire,
l'autre est écrivain, poète.

Tous deux êtres humains, tous deux napolitains.
Amis, amis sur le grand chemin.
Amitié donc entre ces hommes et également avec une femme, Emiliana Borrelli
scientifique également.

Et c'est dans le cercle de cette amitié qu'ils correspondent.

Comprendre le monde c'est comprendre les hommes.

Serions nous le reflet de ce qui nous dépasse ?
Ou ce qui nous surpasse est il la projection de notre image ?

Pour penser ainsi, imaginer tous les possibles il faut d'abord reconnaître à l'homme sa nature d' être libre. Erasthothène, Copernic, Giordano Bruno étaient « outside the box ».

« de temps en temps, je passe un chiffon sous mon lit. J'y trouve la poussière enroulée en boucles et en spirales, la figure parfaite des galaxies vues au télescope. La coïncidence de formes entre l'immense et le minuscule m'attire. Un amas d'étoiles reproduit celui d'un rouleau de poussière. »
Infiniment grand, infiniment petit.

Deux mètres d'ADN...une galaxie. Lorsque nos cellules se touchent combien de mondes se tutoient ?

Vision des sciences, vision poétique de nos espaces.

« L'ADN est une prophétie. Elle est écrite , mais ne peut être appliquée ».
Par le choix, l'homme change le cours de son histoire continuellement.
L'homme, cet instable fait nature.

Ce qui est écrit dans l'ADN est donc d'une importance fondamentale, mais ce que les cellules de notre corps utilisent pour lire la partition est essentiel pour donner ce que les biologistes appellent « la plasticité du génome ».
Notre ADN est comme un moule qui prend diverses formes selon les étapes de notre développement.
99.9 % de sa matière nous est commune à tous. Mais chacun interprétera sa lecture.
Histoire, émotions, événements, accidents, joies et douleurs rencontrées donnent « forme » à notre ADN.
« Ainsi, les décisions sociales, politiques, affectives sont déterminées par des convictions qui ne sont écrites dans l'ADN, mais qui sont produites par la plasticité du génome. »

La plasticité du génom nous offre « un vaste espace de liberté du comportement ».

Infiniment grand , infiniment petit. Infiniment loin.

Hasard, probabilité, inné, acquis, possible….
Combien de chances pour que la vie apparaisse ? Qu'elle progresse ? … Qu'elle subsiste ?...Qu'elle se développe ?

Rien n'est écrit définitivement. Tout est en mouvement.

Expansion de l'univers, expansion de la vie.
De toute vie.

L'homme réalise qu'il n'est pas seul au monde. Tout concorde pour que la grande partition du monde soit jouée. du désert à la banquise , des profondeurs des océans, du fond des plus épaisses forets. Tout Vie, tous participent.

Interaction, adéquation, A quel point que l'infra rejoint-il le supra ?

Nous sommes Capteur de système solaire. Des structures moléculaires dans chaque cellule reçoivent des signaux. La nuit le jour , nous recevons. Nos cellules savent la nuit, savent le jour.
Notre rythme naturel est basé sur un cycle.

« astronomie et biologie « sont liées.

« En août, couché sur le toit dune maison d'un île, j'ai senti sur moi le poids de l'univers grand ouvert.Il pesait dans ma respiration, il pénétrait par mon nez et mes yeux, il tournait dans mon corps de mes cheveux à mes pieds. La nuit grande ouverte au-dessus de moi envoyait sur la Terre une énergie, différente de celle du Soleil, mais tout aussi forte.Mon corps fatigué d'avoir nagé, rassasié de poisson, s'en abreuvait.Qu'est donc la nuit pour le corps ? »

La nuit ce silence de lumière. Lumière composée de photons. Ces particules voyagent à trois cent mille kilomètres par seconde. La lumière du Soleil met 8 minutes pour arriver jusqu'à nous, pour les lointaines galaxies cela se mesure en milliards d'années.
Lumière ET nuit . Inséparables.

La Nuit ? Nous dormons rêvons, nous courrons, nous combattons, nous fuyons, La Nuit ? . Notre epiphyse , ce « troisième oeil à l'inérieur de notre cerveau » , issu des mêmes cellules qui donnèrent naissance également à notre rétine, travaille . La Nuit ? Elle fabrique la mélatonine qui régie la grande horloge de notre sommeil.
« Et la nuit est immense. » Notre sommeil profond, nos rêves si hauts...
« J'aime le temps qui est passé, bon s'il a été bon, mauvais parce qu'il ne peut y revenir. »
Passé, futur présent, ce n'est pas une question d'échelle mais de rayonnement, de sprirales, de cycles,..une histoire ronde comme le monde.
Alors en lisant cette correspondance entre Paolo Sassone-Corsi et Erri de Luca j'ai pensé à Leopardi, au tendre Giacomo Leopardi.

« Toujours j'aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j'invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une si profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le coeur. Et percevant
Le vent qui passe dans ces feuilles – ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l'éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encor, de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d'immensité ma pensée sombre,
Et m'abîmer m'est doux en cette mer.
Giacomo LEOPARDI, Canti.

« Lune, que fais tu dans le ciel ? Dis le moi, que fais-tu, Lune Silencieuse » ?…
Giacomo, ...le tendre et si malheureux poète.
Et puis vision encore

« Pour avancer je tourne sur moi-même ... »

....« Mais au dedans , plus de frontières !».. Jean TARDIEU.

Depuis la nuit des temps, Passé et Avenir , Sciences et Poésie sont soeurs humaines.

Lucrèce, Gaston Bachelard, Léopardi, Albert Jacquard, André Brahic, de Lucca, Hubert Reeves, Sassone-Corsi, ….

il n'y a pas que du hasard, peut être n'y a t il, pour commercer, que de très belles rencontres.
Astrid Shriqui Garain

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Notre ADN est comme une partition de musique, comme une symphonie de Beethoven . Une symphonie avec trois milliards de notes. Mais tout n'est pas écrit dans cette partition. Les notes qui se suivent dans la Pastorale ne suffisent pas pour l'écouter : il faut des interprètes, des musiciens, qui donnent la bonne viveur, les bonnes pauses, la bonne synchronie des instruments. Ce qui est écrit dans l'ADN est donc d'une importance fondamentale, mais ce que les cellules de notre corps utilisent pour lire la partition est essentiel pour donner ce que les biologistes appellent "la plasticité du génome". C'est justement cette plasticité qui permet, pendant son développement, d'adapter notre corps à son milieu. Et cela est vrai si l'on parle de manger trop de pizzas ou de fumer des cigarettes, d'une joie, d'une peine. Sans parler de ce qu'on devient avec les mille expériences quotidiennes, la mémoire de tous les événements de tous les jours, qui, en s'accumulant, font de notre ADN un moule qui prend diverses formes, d'un individu à l'autre. Ainsi, les décisions sociales, politiques, affectives sont déterminées par des convictions qui ne sont pas écrites dans l'ADN, mais qui sont produites par la plasticité du génome. (Paolo Sassone-Corsi)
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Un jour, un vieux gardien de chèvres en montagne m’a dit de lui : « Moi, je suis toujours allé avec le monde. » Et, de sa main, il a fait un demi-cercle en l’air et autour de lui. Sa vie, son corps avaient obéi aux galaxies et aux chutes de neige, aux tempêtes sur le Soleil et à la floraison de la nigritelle, avec sa houppette noire qui sent la vanille. En voici un parmi nous qui est le centre de tri des forces environnantes, plus intime avec les comètes qu’avec les maires. Ce que j’aime dans ta science, c’est la découverte de la compagnie : nul n’est seul au monde. Ma compagnie, c’est le vide, associé du vent, qui l’agite sans le remplir. Erri
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"C'est dans l'ADN" : cette expression s'est répandue un peu partout, employée pour les plus extravagantes aptitudes. Être supporter d'une équipe, préférer un plat, faire du vélo, c'est dans l'ADN. Sans même connaitre le sens de l'abréviation majuscule, on attribue à ce sigle goût, dégout et prédisposition. Avec la prétention d'une affirmation scientifique inéluctable : on ne peut rien y faire, c'est écrit dans l'ADN. Pire qu'un jugement de cassation, aucun recours n'est admis. Elle devient ainsi la formule actualisée du destin, de la nécessité. Adieu libre arbitre, capacité de comprendre et vouloir le bien et le mal. Si les gestes de la personne dépendent de l'ADN, la voilà transformée en automate programmée une fois pour toutes.
Si les choses sont ainsi, alors je ne veux rien savoir du code génétique joint à mon acte de naissance. Si je suis un automate, je ne veux pas savoir de qui.
Quand à l'application de l'ADN aux enquêtes de police, à la solution de crimes non élucidés, port ses fruits, cela prouve une chose : l'incompétence des enquêtes menées à l'époque. Il n'existe pas de crime parfait : il est toujours possible de relier l'assassiné à l'assassin. La suppléance plus magique que scientifique de l'ADN se glisse dans le déficit d'intelligence investigatrice. Sa constatation varie entre deux possibilités : compatible ou non. Pour le moment, je sais que l'utilisation sans discernement de ce qui se trouve ou non dans l'ADN est incompatible avec moi. (Erri De Luca)
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Dans l'air pressurisé de la cabine d'un avion, je perds mon odorat. Je crois qu'il m'arrive l'effet du genre neutre des grammaires qui le prévoient : la perte de distinction olfactive entre le masculin et le féminin. Le genre neutre est une perte, un renoncement, pas une conquête. L'anglais qui le place si souvent en devant le verbe « être », it is, me donne l’impression d’un nez bouché. L’allemand l’utilise pour les enfants et pour la mer. Nos langue néolatines se sont débarrassées du neutre par choix de nette division entre le masculin et le féminin. L’hébreu, langue qui sépare les deux genres jusque dans les formes verbales, ignore le neutre. (Erri de Luca)
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Revenons au mot « tendance », que je disais très important. Un terme dont abusent médecins, psychologues, sociologues et prêtres. Un terme qui, à bien y réfléchir, s’il n’est pas vraiment compris est aussi dangereux que le « c’est écrit dans l’ADN ». On l’entend employé ainsi : « Que veux-tu ? Il a tendance à grossir, à réagir de manière disproportionnée à se saouler, à trop dormir… » Cette tendance semble nous amener à justifier les actions qui conduisent à l’embonpoint, l’ivresse ou la hargne. Combien de nos actions pouvons-nous justifier en fonction des tendance que nous avons tous, toutes difficiles à décrire, toutes apparemment innées et destinées à nous accompagner le long de la vie ? Imaginer étendre la même logique et donc justifier quelqu’un qui aurait la même tendance à tromper, violer, tuer, fait de même un peu peur. (Paolo Sassone-Corsi)
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Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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