AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782715233812
112 pages
Le Mercure de France (26/04/2013)
3.62/5   29 notes
Résumé :
«Elles s’appellent Tamàr, Rahàv, Ruth, Bethsabée, Miriam-Marie. La première se vêtit en prostituée pour s’offrir à l’homme désiré. La deuxième était prostituée de profession et trahit son peuple. La troisième se glissa la nuit sous les couvertures d'un riche veuf et se fit épouser. La quatrième fut adultère, elle trahit son mari qui fit tuer son amant. La dernière tomba enceinte avant ses noces et l’enfant n’était pas de son époux.»
Que lire après Les saintes du scandaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un livre étonnant : l'étude de cinq noms féminins relevés dans l'évangile de Mathieu, dans la liste des quarante-deux noms établissant l'ascendance de Jésus jusqu'à Abraham. Dans cette liste, seulement cinq noms de femmes. Ces cinq femmes n'étaient pas de la tribu d'Israël, mais elles ont décidé, ont voulu, ont fait le choix de lui appartenir. Allant, pour les quatre premières, jusqu'à s'offrir ou se prostituer pour y arriver.
Pour ces quatre-là, Erri de Luca se réfère aux très beaux textes de la Bible, à la fois incantatoires et énigmatiques, qu'il cite volontiers. Réponse à Naomi de Ruth la Moabite, jeune veuve qui refuse de quitter sa belle-mère comme le voudrait la tradition : « Pour aimer Yod ton Elohim, écouter dans sa voix et t'attacher en lui. »
Erri de Luca reprend son indépendance pour Marie, mère de Jésus. Il réinvente l'Annonciation, dans le récit qu'en fait Marie à sa mère. Il recrée Joseph et son amour sans condition. Il imagine la cruelle prescience qu'a Marie du destin de son fils. « Son fils se détacha du bois et alla à sa rencontre. Ils ne dirent rien pendant leur étreinte. Lui savait, elle, elle avait déjà su. »
Cinq portraits de femmes magnifiques, mettant leur sagesse et leur volonté au service de leur choix. Erri de Luca leur rend un hommage vibrant, dans une écriture d'une poésie à la fois puissante et émouvante.
Il y a une sixième femme dans ce texte, en avant-poste du livre. Giuseppina que l'auteur dit avoir connue servante, pendant plusieurs décennies, dans la famille de ses cousins. Giuseppina, analphabète, qui ne connaissait pas ce mot, qui disait « Moi, je suis sans école. » Giuseppina, la bonté et la dignité mêmes. Sans sainteté et sans scandale, aussi inoubliable que les cinq autres.
Commenter  J’apprécie          261
Les Saintes du Scandale n'est pas un livre scandaleux. eut être l'est-il pour quelques curés, talmudistes et autres étudiants orthodoxes de la théologie du Livre.
Mais pour le lecteur moderne, plus ou moins athée et pas trop attaché à la lettre du texte sacré mais plutôt à sa poésie, ce petit opuscule présente habilement et avec beaucoup d'intérêt quelques femmes présentes dans la Bible.
Toutes sont présentes dans l'ancien testament, commun aux trois religion monothéistes, aucune dans le nouveau... Qu'est-ce à dire sur le christianisme, qu'il est plus machiste ? Erri de Luca n'en fait rien, mais son livre parle pour lui.
On y retrouve Bethsabée, Marie et 3 autres femmes moins connues de la bible sous l'oeil neuf et pénétrant de l'auteur, lecteur et traducteur du texte dans sa version originale. On est donc gratifiés de quelques cours d'étymologie en hébreu, de scènes de vie de l'ancien temps et de réflexion sur la place des personnages selon leur sexe dans la bible...
C'est bien écrit, intéressant, revalorisant pour les femmes, mais du même auteur je préfère nettement ses fictions !
Commenter  J’apprécie          60
Cinq femmes dans la lignée masculine entre Abraham et Jésus.
Cinq cas uniques qui enfreignent la loi,confondent les hommes et imposent leur exception; Elles ont un but,une mission qui leur tient à coeur et qu'elles suivent sans faillir.
Erri de Luca revisite le rôle féminin dans l'Ancien testament. Les hommes, chargés par Dieu de L'annoncer, essaient de s'y soustraire. Les femmes,au contraire,ne flanchent pas. Aucune d'elle n'a reçu le réconfort d'une prophétie,d'une voix directe.
Elles vont contre les règles et sacrifient leur personnalité. Leur élan est plus solide que celui des prophètes, ce sont "les saintes du scandale".
Plus qu'une analyse religieuse (de Luca se dit non croyant),c'est une revisitation romancée de ces cinq femmes hors du commun.
Commenter  J’apprécie          70
De Luca est un savant lecteur de la Bible -il la lit en hébreu- alors même qu'il s'affirme non croyant. Il évoque la vie de cinq femmes célèbres qui n'eurent pas une vie exemplaire si l'on s'en tient à la seule morale, qui surent braver les interdits du sexe et de la violence. Cinq fêles déterminées courageuses, cinq femmes d'une grande beauté.
Erri de Luca donne une vision singulière de leur destin, en utilisant les ressources de la linguistique et l'analyse spirituelle.
C'est une lecture savoureuse d'un texte souvent poétique, d'une ode à la beauté des femmes et à celles qui sont libres.
Commenter  J’apprécie          80
On ne peut résumer l'entreprise matinale de relecture de la Bible par Erri de Luca à cet ouvrage. On sait qu'il pratique cet exercice de relecture, de retraduction, de compréhension depuis de nombreuses années et il nous a montré, notamment dans noyau d'olive, que la conjugaison ou la place d'un simple verbe dans une phrase peut tout changer.
Ici il nous explique que la Bible ayant été traduite par la gente masculine, les diverses traductions que nous connaissons, et donc l'histoire telle que nous nous la représentons, méprisent, oublient, omettent ou dissimulent la part fondamentale que jouèrent quelques femmes dans l'aventure biblique.
Un seul étonnement de ma part, il ne débute pas son analyse par Ève, même s'il la cite à la fin en parlant de Marie pour expliquer les douleurs de l'enfantement.
Avec ce petit livre, richement illustré de peintures classiques, nous sommes évidemment loin du roman.
Mais nous sommes avec Erri de Luca c'est à dire ce sens incroyable de la précision, de la concision, de l'analyse. Une volonté constante de simplifier pour mieux éclairer. Il me rappelle de plus en plus un de ses compatriotes pianistes, Arturo Benedetto Michelangeli, qui se produisait très peu, n'enregistrait quasiment pas, mais se révélait un travailleur inlassable pour appréhender, comprendre, traduire au mieux la partition, et ensuite nous la présenter de la manière prodigieusement virtuose et lumineuse qu'était sienne.
Ce livre est une pépite, et probablement l'objet de belles joutes théologiques. Mais quelle leçon de vie et d'humilité.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les lettres hébraïques sont du genre féminin. Le corps écrit de la Thora, confié à l'arbre de transmission masculin, est composé de cellules féminines. C'est pourquoi il est vivant et produit de nouvelles pousses à chaque lecture, dans chaque génération. Même l'Ecriture sainte, le domaine le plus strictement masculin, est constituée de vie féminine grâce aux lettres.
Commenter  J’apprécie          122
Matthieu fait le compte des générations entre Abraham et Ieshu/Jésus : quarante-deux. C'est un nombre intentionnel. L'Evangile de Luc fournit lui aussi une liste de noms, de Jésus jusqu'à Adam : entre Jésus et Abraham il en compte plus. Donc, Matthieu veut qu'elles soient quarante-deux, parce que les étapes du voyage d'Israël sur les chemins vers la libertés et la Terre promise, du camp de base de Ramsès jusqu'à la plaine de Jéricho, sont au nombre de quarante-deux. Matthieu nous signifie que Ieshu/Jésus est la Terre promise, une arrivée, du long pèlerinage d'Israël dans l'histoire, sa destination finale. Car tel doit être le messie : une ligne d'arrivée.

(chap : Les saintes du scandale)
Commenter  J’apprécie          30
La lettre écrite pour elle (Giuseppina, analphabète) devait être lue par un étranger (…)
Alors Giuseppina avait trouvé une solution pour protéger son écoute de la lettre. Armée de courage, elle s’était rendue chez l’instituteur avec la première enveloppe reçue de Naples (…) et cette petite requête en plus : s’il vous plait, pourriez-vous lire la lettre en vous bouchant les oreilles.
Commenter  J’apprécie          60
On pense l'émigration au masculin, mais il n'en a pas été ainsi. Des femmes, des filles de la campagne quittaient les villages pour aller se placer dans les villes, logées, nourries et salaire minimal. C'étaient des domestiques, elles étaient analphabètes. Dans aucune maison on ne se souciait de corriger par un peu d'instruction leur infériorité, considérée comme naturelle.
Commenter  J’apprécie          20
Rien ne condamne à la douleur d'accouchement : le mot hébraïque ètzev, et ses dérivés, veut dire "effort", ou "fatigue", ou "peine".[...]
De propos délibéré, les traductions masculines inventent ici une volonté divine de punir la femme, de la charger du sens de culpabilité d'un péché originel à expier par les douleurs de l'accouchement. P.96
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
+ Lire la suite
autres livres classés : religionVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1828 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..