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EAN : 9782917718001
Griffe d'Encre (05/06/2008)
3.83/5   123 notes
Résumé :
Certaines propositions ne se refusent pas. Même lorsque vous êtes une très vieille eco-warrioracariâtre et à l’agonie, même si l’offre va à l’encontre de tous les idéaux que vous avez défendus pendant des années : le transfert de votre esprit dans un nouveau corps. Mais ce n’est pas n’importe quel corps qui attend Ann Kelvin, c’est celui d’un grand cachalot, un des derniers de son espèce.

Le monde du silence, version science-fiction. Avec cette très é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Cette courte novella SF est un cri du coeur qui espère être entendu par-dessus la houle des océans terrestres...
Certains critiques l'avaient perçu et ont attribué à ce récit plusieurs prix littéraires, dont le Grand prix de l'imaginaire (2009), le Julia Verlanger (2008) et le Rosny aîné (2009).

Lady Anna Kelvin, ancienne professeure de biologie marine et activiste écologique, est maintenant une vieille dame en fin de vie, rongée par un cancer... quand Marc Senac (ex-étudiant d'Anna et un peu plus que ça) vient la trouver pour lui proposer de transposer sa mémoire dans un imposant corps de cachalot... afin qu'Anna puisse observer encore les fonds marins et servir la science une dernière fois.
Mais le véritable but de cette "transmnèse" est bien tout autre...

On suit l'histoire de cette expérience scientifique, raconté par Marc (qui s'ouvre aussi sur ses souvenirs d'Anna avec son caractère trempé et sa forte personnalité) en alternance avec l'itinéraire d'Anna/Cachalot découvrant ses nouvelles émotions palpitantes dans ce monde aquatique...scandaleusement exploité par l'homme.
C'est ainsi que Jeanne A. Debats nous permet une submersion, aussi réaliste et engagée (par ses considérations environnementales), que poétique (avec la visite du "continent cétacé") dans un texte remarquable à la narration fluide, accélérant le rythme avant l'épilogue à l'arrière-goût saumâtre...

Je ne savais pas que la peau de certains cétacés peut être à ce point sensible et comme Anna, au contact de son compagnon sous-marin, je frissonne encore... de révolte comme de plaisir, après cette lecture aussi enrageante qu'émerveillée.
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Merci à Indimoon pour son retour de lecture qui m'a permis de découvrir cette magnifique nouvelle.
Ann Kelvin est en fin de vie. Son ancien élève Marc, lui propose de poursuivre sa passion des fonds marins en implantant une partie d'elle-même dans le corps d'un cachalot, via la transmnèse.
La transmnèse est un terme inventé pour la nouvelle mais le principe rappelle l'immortalité tant espéré que l'on a pu lire dans Carbon Modifié mais également dans le film de Jordan Peele Get Out. Comme souvent, ces progrès scientifiques posent des questions éthiques, d'autant qu'ils sont souvent récupérés par les riches pour les riches.
La connexion d'Ann Kelvin avec le monde qui l'entoure est absolument magnifique, notamment lorsqu'elle croisera la route d'une autre baleine et qu'elle découvrira le continent cétacé. Les échanges entre eux étaient sublimes.
A la fois fable écologique, poésie des fonds marins et science-fiction, j'ai été très enthousiasmée par cette découverte. Donc merci encore Indimoon !!
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Résumer cette novella à un récit écologiste sur la sauvegarde de la faune serait extrêmement réducteur.
L'écriture est poétique et belle, l'univers sous marin nous fait voyager, nous émerveiller. L'intrigue est séparée en deux parties qui s'enchevêtrent : Il y a le temps avant le moment où Ann transfère son esprit dans le corps du cachalot, et la période où elle voyage à travers ce corps. L'auteur nous fait entrer progressivement dans la personnalité d'Ann, oscillant entre âme romantisme et idéaliste, face à la dureté et l'âpreté presque désabusée de cette vieille dame. Et derrière ce texte très riche sur le thème de l'écologie s'étend sur une thématique plus large, celle de l'éthique au sens général, jusqu'où la lutte militante justifiée dédouane-t-elle quelques entorses à la déontologie.
Ce court roman est aussi la preuve qu'en un récit très court il est possible d'aborder un large éventail de problèmes complexes, avec un texte de qualité littéraire indéniable, et ne nous embarquer pour une superbe voyage chargé d'une grande intensité dramatique.
Ce texte m'a fait l'effet que m'a procuré le texte de Ken Liu “L'homme qui tua l'histoire”, le sentiment de découvrir un auteur à suivre de très près.
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Cette novella qui mêle avec brio une histoire de science-fiction et un combat écologique, est un petit bijou qu'il faut avoir lu.
Anna Kelvin, professeure de biologie marine et activiste écologique, se sait condamnée par un cancer. Tant qu'à disparaitre autant le faire avec brio. Et voilà notre vieille dama acariâtre et au caractère bien trempé qui, grâce à Marc son ex-étudiant, transmute son esprit humain dans le corps d'un cachalot.
Nous voilà entraînés, à la suite d'Anna, dans un fabuleux voyage sous-marin. On découvre le monde des cachalots et on frissonne à la lecture des aventures de notre héroïne qui se bat contre ces hommes qui exploitent et détruisent la richesse des océans. Car la dimension écologique et le combat de sauvetage des cétacés prend toute son importance à travers ce récit.
Deux voix se mêlent pour nous raconter cette histoire incroyable, celle d'Anna devenue cachalot et celle de Marc qui la suit.
C'est merveilleusement conté, l'intrigue est haletante, l'évocation des océans et de la vie marine est d'une grande poésie.
En un récit très ramassé, l'autrice a su construire une intrigue implacable, créer une héroïne attachante et aborder la protection des cétacés.
C'est fort, et ça se lit d'une traite, avec délectation.
Jeanne A Debats a bien mérité les nombreux prix qui ont couronné sa nouvelle.
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Ce n'est pas que j'ai décidé de commencer tous mes billets par un petit mot concernant l'éditeur, mais il m'a amusée de constater que les éditions Griffe d'Encre, qui ont publié cette novella, ont su attiser ma curiosité grâce au combo d'une couverture magnifique, répondant de façon pertinente aux quelques mots de la quatrième de couv. Quelques mots qui évoquent le livre, le mettent en valeur, sans le déflorer, sans faire étalage de prix littéraires (cette novella en a pourtant eus), l'exact inverse de la maladroite quatrième de couv des éditions Mnémos de "chroniques du pays des mères" qui a justifié mon précédent billet. Pas la première, ceci dit, ni la dernière malheureusement, à piétiner le plaisir de lecture, celui qui passe par la découverte.
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Je découvre ainsi les éditions Griffe d'Encre, qui, d'après Wiki, ont essentiellement publié dans le domaine des lectures de l'imaginaire, de 2007 à 2016. Une maison d'édition chaleureuse dont j'ai apprécié le petit chat en mascotte, ainsi que le portrait de l'autrice qui m'a fait sourire, et celui de l'illustrateur dont la splendide couverture est saluée comme il se doit.
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"Certaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes ses formes, tous ses aspects, qu'elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres...
Ann Kelvin, elle, lui consacrera sa mort."
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Ainsi se présente le livre en quatrième de couverture, avec juste assez de mystère, la pointe de l'iceberg, simplement. En plus des éléments qui montrent le souci de partage de cette maison d'éditions. En plus d'un incipit aussi beau que troublant que j'ai d'ailleurs posté en citation. Je suis désormais dans de bonnes dispositions pour savourer ma lecture.
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Des recherches scientifiques ont abouti à la possibilité de transférer son esprit dans un autre corps, c'est la transmnèse. Nous allons suivre les parcours croisés de Marc, le directeur du projet, et de celle qu'il a convaincu d'y participer, Ann. Elle a choisit le corps d'un grand cachalot, pour des raisons qui ne manqueront pas de vous surprendre et de vous faire dévorer les 70 pages de cette novella. Tout au long d'une structure narrative très régulière, les parties du point de vue de Marc et de celle de Ann s'alternent. Science-fiction alternée avec la traversée de l'océan Atlantique, dans la peau d'un cachalot...Des parties oniriques, des passages parfois magnifiques, si beaux que j'aurais voulu que le partage entre SF et poésie soit beaucoup plus à l'avantage de la poésie.
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S'il est encore besoin de sensibiliser les jeunes générations à la préservation des océans, et de ses animaux, cette nouvelle est un exemple à citer, à méditer, en plus d'être un très bon moment de lecture.
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critiques presse (1)
Liberation
16 juillet 2012
Ce texte donne son titre à un recueil de neuf nouvelles et autres bonnes surprises. Des tas de changements d’état «que le héros sublime, écrit Jean-Claude Dunyach en postface, en passant de la glace à la vapeur d’eau».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Nous pénétrons ensemble dans les entrailles de Garnier. Mes deux chiens de garde sont mal à l'aise, je les comprends. Le contraste entre la partie publique de l'opéra et les couloirs obscurs réservés au personnel et aux troupes de spectacle est saisissant. D'un côté les ors, les cristaux étincelants et le velours rouge, et de l'autre la nuit, la poussière et les toiles d'araignées. Les sources de lumière, parfois trop violentes, diffusent une atmosphère étrange. On plisse les yeux et tous ceux que l'on croise prennent des allures inquiétantes d'apparitions fugitives entre deux lacs de ténèbres. Les ombres transforment un machiniste pliant sous le fardeau d'un projecteur en un monstre grotesque, une danseuse entrant et sortant de sa loge se fait vaporeuse et fantomatique. Garnier a toujours enflammé l'imagination. Les rats se chuchotent des légendes où le Destin, la Fatalité et la Mort sèment les larmes, les échecs et les drames dans les coursives sombres, croisant de temps en temps le fantôme de l'Opéra. Celui-ci on l'espère en tremblant de terreur. La tradition veut qu'il choisisse parfois une cantatrice et lui donne le talent pour affronter le rôle de sa vie. On ignore le prix à payer pour cette faveur insigne.
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Elle avait choisi le corps d'un très grand mâle.

À son âge, elle ne tenait pas à assumer les conséquences du rut dans la peau d'une femelle dont le partenaire atteindrait les quarante tonnes en moyenne. En milieu aquatique, qui plus est, alors qu'elle n'avait déjà guère d'expérience à l'air libre. Et le peu qu'elle avait n'était pas vraiment concluant, c'était le moins qu'on puisse dire.

Le docteur Ann Kelvin chassa ses vains regrets par son évent. Un geyser d'air et d'eau d'une demi-douzaine de mètres emporta les rêves rapiécés et le romantisme suri qui avaient survécu à quatre-vingts années parmi les hommes. L'animateur du Marineland assis en tailleur sur le rebord d'émail bleu en fut trempé jusque dans ses sandales. En cette fin mai, c'était une douche assez fraîche, mais il rit et agita sa casquette avec enthousiasme tandis que les premières vannes s'ouvraient.

La nageoire caudale du grand cachalot battit avec douceur les vagues qui arrivaient dans la piscine. Devant lui, les écluses s'emplissaient une à une, et l'odeur des eaux du large lui parvenait de plus en plus forte, de plus en plus attirante. La peau épaisse et blanche, qui l'avait fait appeler évidemment Moby Dick pendant la première partie du séjour – jusqu'à ce que le responsable du projet s'avise des résonances sinistres et péjoratives de ce surnom –, frissonna lentement, une petite vague de rides qui parcourut dix-huit mètres de la queue puissante à l'énorme tête en forme de rostre. Ann ouvrit la gueule et laissa le goût des créatures marines et des carburants dégazés emplir la vaste ouverture ceinte de dents impressionnantes.

Oh, Seigneur, rien que pour cela, ce goût de sel et d'algues explosant dans sa bouche en étincelles minuscules et brûlantes de vie, rien que pour cela, vraiment, elle avait eu raison de dire oui !
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Le silence et la pression la saisirent dans leurs rets de ténèbres.
Elle avait atteint une profondeur qu'elle estimait aux alentours des quatre cents mètres. Les fonds étaient mi-rocheux, mi-sablonneux. Des espèces de pics et de parois découpées tranchaient le sable noir, comme des îles obscures. Les habitants luminescents des abysses apparaissaient déjà ici et là. L'eau était plus froide et elle avait un goût différent de celle de la surface. Elle était dure, presque métallique tant elle était pure...
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Je lis dans ses yeux toute l'indifférence que je lui inspire. Infirme, femme et juive, je n'ai pas plus de valeur à ses yeux qu'un cafard. C'est en tout cas le message qu'il essaie de me faire passer. Et ça ne fonctionne pas, car je ne le crois pas On ne tente pas d'effrayer un cafard, on l'écrase.
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Elle avait choisi le corps d'un très grand mâle.
À son âge, elle ne tenait pas à assumer les conséquences du rut dans la peau d'une femelle dont le partenaire atteindrait les quarante tonnes en moyenne. En milieu aquatique, qui plus est, alors qu'elle n'avait déjà guère d'expérience à l'air libre. Et le peu qu'elle avait n'était pas vraiment concluant, c'était le moins qu'on puisse dire.
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Vidéo de Jeanne-A. Debats
Octavia E. Butler (1947-2006) est la première autrice afro-américaine de science-fiction.
En douze romans et un recueil de nouvelles, son oeuvre constitue une littérature qui pense l'oppression et la résistance. Plusieurs fois lauréate du prestigieux Prix Hugo, elle a aussi fait l'objet d'un hommage de la NASA sur... Mars ! Son chef-d'oeuvre visionnaire "La Parabole du semeur" (1993) prophétise l'avènement de Donald Trump dans un récit terriblement d'actualité, d'autant qu'il se déroule en 2024.
Pour parler de cette pionnière de la SF, Natacha Triou reçoit trois invités : Isis Labeau-Caberia, autrice de fiction et de non-fiction Jeanne-A Debats, autrice de science-fiction Marion Mazauric, créatrice et dirigeante des éditions Au Diable Vauvert
#sf #litterature #afrofuturism __________
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