Quel mauvais roman ! et si décevant par rapport à la quatrième de couverture ! je m'attendais à un récit construit, amusant mais avec un minimum de profondeur. Mais c'était manifestement trop demandé !
Julie Grondin est une potière, un peu poissonnière sur les bords, qui suit de très loin la vie des "popoles" de son pays, et se moque du jeu de télé-réalité proposé par le roi pour trouver une compagne à son héritier. Evidemment, par un étrange concours de circonstances, elle se retrouve en compétition pour le titre, soutenu par un prince qui espère parasiter le concours et éviter ainsi le mariage. Comment un potière va-t-elle vivre de l'intérieur et juger ce monde ? le sujet permettait un véritable jeu sur les clichés, voire une réflexion sur la télé-réalité, mais pour cela, il faut une écriture qui soutient une telle ambition.
Malheureusement, la potière est une caricature (de la femme "normale") qui se permet de se moquer d'autres caricatures (des "peoles"), ce qui lui fait perdre toute crédibilité. L'histoire ne tient guère la route, peut-être parce que, très clairement, l'auteure ne sait pas où elle va, l'affirme et s'imagine que par une fausse complicité avec son lectorat, ce dernier lui pardonnera son manque d'exigence. On trouva ainsi un épisode mal construit justifié ainsi : "A ce point de l'histoire, il me faut vous avouer le pourquoi de cette crêpe party. (...) En fait, je manque totalement d'imagination. le syndrome de la page blanche de l'écrivain s'est abattu sur moi". Pardon ? Ou bien ce titre de chapitre lamentable : "Où trouver un titre devient compliqué, parce que je n'ai pas d'idée, qu'il est 23h35 et que je suis fatiguée..." Désolée Mme Debaye, au lieu de publier ceci, reprenez votre titre de chapitre, à un horaire qui vous convienne mieux, et cessez de négliger vos lecteurs.
Ces facilités d'écriture ne sont pas rares et ne sont pas les seules en cause pour dévaloriser ce roman. Les clins d'oeil à la famille et aux amis ("spéciale dédicace à Dorothée"), les recettes de cuisine, les appels du pied au lecteur (vas-y, lecteur, chante avec moi la chanson de Rocky !) les références multiples aux célébrités françaises du moment appauvrissent considérablement le texte.
En fait, tout cet ouvrage repose sur une image dégradée que l'auteure s'est faite de son lectorat : peu exigeant, niais, lisant uniquement Elle et les pages déco du Figaro, et qu'on imagine gloussant à la moindre référence reconnue. Il repose aussi sur une fausse image du métier d'écrivain : écrire est un travail long, laborieux, qui exige de remettre son cesse son ouvrage en question, et qui demande un peu plus de volonté et d'idées qu'une historie racontée à une petite nièce avant d'aller se coucher.
Je ne doute pas qu'
Amélie Debaye fasse rire sa famille, qu'elle sache conter des histoires (inventées ?) aux petits. Mais ce qui se passe dans le cercle familial n'a rien à voir avec les exigences d'une publication.
Passez votre chemin : la lecture de ce livre est une réelle perte de temps.