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EAN : 9782360132294
192 pages
Riveneuve éditions (24/04/2014)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Luc Debieuvre, directeur d'une société de conseil et placement, a travaillé à Paris et au Moyen-Orient pour de grandes banques française et du Golfe. Il intervient à l'Institut de relations internationales et stratégique (IRIS) et à l'Université libre de droit, d'économie et de gestion de Paris. Chroniqueur au quotidien de Dubaï Gulf News, il a publié plusieurs essais. Le banquier, la belette et le petit bédouin est son premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Le banquier, la belette et le petit bédouin » est le premier roman de Luc Debieuvre. Ce nom ne vous dira probablement rien, mais à la faveur d'un petit tour sur le Net, j'ai appris que Luc Debieuvre avait exercé d'importantes fonctions dans le monde de la finance internationale, avec une forte spécialisation dans le monde arabo-persique : Partner chez Global Private Equity, une société de conseil et de gestion de fortune, Luc Debieuvre est ancien DG de la Banque du Qatar à Paris et ex-chroniqueur chez Gulf News. Jolie carte de visite ! Achevé d'imprimer le 13 mars 2014 sur les presses de la Manufacture à Langres, ce roman devait intéresser Riveneuve Éditions, une maison d'édition indépendante, née quai Rive neuve à Marseille, installée depuis 2007 à Paris, et publiant le plus souvent des histoires de destins humains engagés.

De quoi s'agit-il ? Flânant dans Saint-Germain-des-Prés un soir de novembre, Nicolas et Jeanne s'arrêtent devant la librairie 'L'écume des Pages' : leurs regards se posent sur une affiche qui annonce la dédicace, par la fille de François Dardenne, écrivain inclassable, de l'ouvrage posthume de l'auteur. Jeanne travaille dans l'édition et, aimant relever les défis, s'occupe d'auteurs en herbe ou à la dérive : elle n'a jamais entendu parler de François Dardenne. Nicolas, retiré de la vie active, en retrait, scrute les hommes et leur comédie dans l'attente d'une mort qui tôt ou tard les emportera tous : il était en terminale avec l'auteur, dans un internat tenu par les jésuites de Reims, un établissement dont la devise vous poussait à argumenter, convaincre et donc à lire, énormément. Ayant épousé Bénédicte, François Dardenne a eu une carrière internationale et a couché par écrit son ressenti de la vie. Curieusement Luc Debieuvre a publié en 1996 « Réaction(s) », sous le pseudonyme de Nicolas Dardenne ! Amis lecteurs, vous avez donc entre les mains un ouvrage qui vous décrit la vie aventureuse de François (c'est à dire de Luc lui-même), ce « banquier passé des quartiers chics de Saint-Germain-des-Prés et du boulevard Haussmann aux sables mouvants du petit émirat mythique richissime Bahtar, à l'Italie tout aussi mythique et déconcertante - non ci convienne - ou encore à la corniche de Beyrouth, fascinante de beauté destructrice. le monde de la banque et de la finance soulève une jupe pas toujours très séduisante avec quelques péripéties d'une diplomatie économique » pour le moins pas très jolie-jolie.

Qu'en penser ? Au début de votre lecture, vous chercherez les clefs de l'ouvrage. Très vite, vous vous rendrez compte que le roman est autobiographique (mais « les personnages et les situations sont purement fictifs ») et enlevé, comme un roman policier : l'auteur vous entraîne dans une spirale et un suspens mécanique, fluide, rodé et implacable. Dans ce polar bancaire (oui, c'est un polar car il y a un cadavre), on côtoie des personnes et des lieux décrits avec minutie, on sourit, on rit, on grince des dents, car le ton pour être distingué n'en est pour autant pas dénué d'acidité. Mordant à pleines dents, avec un esprit un rien vengeur, l'auteur, riche d'une expérience longue comme le bras, égratigne à toutes les pages les « spécialistes » de la finance, du commerce et de la diplomatie internationale (cf. ma citation). Dans cette galerie de portraits, chacun en prend pour son grade (banquiers, diplomates, expatriés, faux amis et vrais médiocres, VIP, compagnie aérienne noyautée par les syndicalistes, brasserie parisienne illustrissime, ambassadeurs plus préoccupés par leur prochain poste que par les intérêts de la France, célébrités de passage, inconnus obnubilés par un éventuel passage à la télé …). le récit nous conduit aux quatre coins du monde, avec un ancrage fort sur les pays du Golfe. Mais « Le banquier, la belette et le petit bédouin » n'est pas une étude universitaire (l'auteur est diplômé de Sciences Po), sèche et alambiquée. Visiblement très attaché à une certaine étiquette, à des principes et à des valeurs gaullistes, Luc Debieuvre, peiné par la disparition de la diplomatie française, nous livre un petit (192 pages) manuel de géopolitique pour lecteurs curieux, pour lecteurs agacés par la langue de bois, pour lecteurs à la recherche d'un parler vrai qu'il s'agisse d'y voir clair dans un Orient complexe où qu'il s'agisse de voir enfin le vrai visage d'un certain monde d'aujourd'hui. Ce roman savoureux se lit d'une seule traite. Seule la conclusion et sa leçon de foi ébranleront certains lecteurs.

Je remercie Riveneuve Éditions et Babelio pour cette découverte d'un destin humain engagé, pour cette perle d'intelligence à la couverture singulière, reçue dans le cadre de l'opération Masse Critique de Juin 2014, et je mets cinq étoiles. PS : pour mémoire, la belette est le plus petit mammifère carnassier d'Europe avec une taille d'environ 20 cm pour une centaine de grammes seulement ...
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Voilà un titre qui n’aurait sans doute pas déplu à La Fontaine. Avec ces trois personnages, il y a largement matière à fabuler.
Voyez donc : rien qu’avec les banquiers, la probabilité de rencontrer des baratineurs de première catégorie face auxquels des arracheurs de dents passeraient pour de pieux menteurs est presque aussi élevée que l’amende récemment infligée à BNP Paribas par le Trésor américain. Mais foin de démagogie ici, hein, après tout, ces pauvres banquiers ont subi la crise financière de plein fouet et ont dû faire beaucoup d’efforts pour sauver leurs fesses, à défaut de sauver l’épargne de leurs clients. Mais je m’égare.
Et donc, revenons à nos moutons, ou plutôt à notre belette : là, on pense plutôt à quelque chose de gentil, genre les Contes du Chat Perché ou ceux de Ma Mère l’Oye. Encore que la belette soit un mammifère carnassier, ce en quoi elle aurait un point commun avec la catégorie précédente. Mais à la décharge de la belette, si elle est carnassière, elle, c’est pour se nourrir, pas pour s’enrichir.
Et puis enfin, le petit bédouin évoque bien sûr les contes des griots d’Afrique et autres terres ensablées d’Orient.

Mais le livre, dans tout ça ? Comment met-il en scène ces trois personnages ? Commençons par le plus simple : le banquier est facile à identifier, c’est François. Difficile pourtant d’en faire un personnage principal. Spectateur plutôt qu’acteur, plus ou moins innocent, plus ou moins irresponsable, plus ou moins passif, il tient donc admirablement son rôle de banquier. Le livre relate quelques épisodes de sa vie et de sa carrière (qui ne font qu’un, à une époque où il était encore possible de travailler toute sa vie pour la même boîte) : distribution clandestine de tracts anti-communistes à Dubrovnik alors que le Rideau de Fer n’est pas encore relevé (un vrai héros), règlement de compte mortel au sein de la banque (spectateur), cocktails chez l’ambassadeur (pique-assiette désœuvré), magouilles immobilières en Italie (impuissant, c’est la faute de la mafia), mirage des missions économiques dans les Emirats (ventilateur. Vous savez, le truc qui remue beaucoup d’air…). Voilà la transition : qui dit Emirats, dit désert, et donc bédouin. Et donc aussi pétrodollars. Malgré le titre condescendant (« petit » bédouin), les entubages à coup de pipe-lines sont réciproques entre Français et Bahtaris*.
On nous parle aussi beaucoup du Liban, mais je ne sais pas pourquoi. Je n’ai pas trouvé la belette non plus. Donc quelque chose a dû m’échapper dans cette histoire. Pendant un moment, on croit que l’auteur veut dénoncer à tour de bras et avec une certaine férocité les dérives de la haute finance, la légèreté de la diplomatie, les centres commerciaux (Temples dédiés à la Déesse Consommation – notez l’originalité), les licenciements de cadres non rentables, la frivolité des riches, la mesquinerie, l’égoïsme et les bassesses de tout ce petit monde. Ce n’est pas joli-joli.
Oui mais quoi ? L’auteur dénonce, et pourtant il est issu de ce milieu et semble loin d’en avoir claqué la porte, si on en croit sa bio sur la 4ème de couverture. D’ailleurs la fin du livre montre une certaine nostalgie de la grande époque de la « noblesse » de la Diplomatie et de la Grande Banque à la française. Alors c’est moi qui n’ai rien compris (c’est fort possible), ou bien il y a de la schizophrénie ou de l’aveuglement dans l’air ?
Et que dire de la fin, où on suit un François vieillissant, retraité « forcé », pathétique et crevant d’ennui, qui un beau jour croise un SDF dans les beaux quartiers (Ciel !). C’est une révélation : la pauvreté existe ! Et lui qui toute sa vie a vécu dans l’aisance se sent soudainement coupable : « Il rejoint son univers à lui ; celui qu’il avait construit. Certes, en se donnant du mal, en respectant ses valeurs, en se moulant dans la main avec laquelle son Dieu réalisait son projet. Mais il avait laissé sur le bord une brebis égarée ». Encore un peu, et tout ça est la faute du Bon Dieu.
Grand classique : la peur de la mort fait espérer en une vie dans l’au-delà, et on se rappelle soudain qu’on a été croyant. Bon sang mais c’est bien sûr, voilà de quoi se sauver à bon compte !
Pardonnez-moi, mais l’agonie de ce nouveau « saint » François est à mourir de rire : on appelle Saint-Augustin, Saint-Jacques et Saint-Paul à la rescousse, au son des Stabat Mater, Dies Irae et autres grandes musiques pour un enterrement (« enciellement » !) de premier de la classe.

Et la morale de cette histoire ? un sommet d’hypocrisie : « La charité…Tout était là. (…) La foi, l’espérance et la charité, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité. Et si désormais, l’on s’y essayait vraiment ? »

Une fable, vous disais-je…

Merci à Masse Critique et aux éditions Riveneuve.

*Pour ceux pas très au fait de la géopolitique du Moyen-Orient, c’est la contraction de Bahreïn et Qatar. Il y a d’ailleurs d’autres allusions pseudo-comiques : supermarchés « Croisement » et « En ville », et sans doute d’autres noms propres détournés que moi, petite Belge, je n’ai su identifier faute de culture franco-française.

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
page 94 [...] - Je crois que nous avons marqué un point ..., déclara le patron de Provila. Avec cet air entendu et satisfait qu'affichent ceux dont la componction ampoulée tient lieu d'intelligence visionnaire, il dodelinait de la tête en regardant au loin.
- Oui, c'est certain, répondit en écho l'Ambassadeur. Et vous aurez noté : quand j'ai suggéré de prendre les deux projets de métro, le Ministre n'a pas tiqué. C'est bon signe. D'ailleurs, je vais immédiatement rédigé un télégramme. J'ai également le sentiment que le fils du Ministre joue un rôle dans cette affaire. Peut-être n'est-ce là qu'une impression mais je vais me renseigner. Qu'est-ce qu'on avait besoin de lui retirer son permis de conduire pour excès de vitesse lors de ses dernières vacances en France ! Je vous jure, on se tire parfois des balles dans le pied !
- Vous avez tout à fait raison. Écoutez, il faut que l'ambassade se remue sur cette affaire, comme sur toutes les autres d'ailleurs !
Le Chef de la délégation faisait partie de ces gens qui croyaient qu'un ambassadeur de France, c'était là pour 'se remuer' et pourquoi pas tant qu'on y était, 'faire des affaires' - alors que quelles que soient leurs autres qualités, ils en étaient généralement bien incapables. Mais comme ce qu'ils avaient à dire n'intéressait plus personne ; que par construction le pouvoir politique 'savait déjà tout' quand il n'hésitait plus à les traiter de 'crétins' histoire de les motiver, cela avait incité bon nombre d'entre eux à prioriser leurs expectatives dans un sens pas forcément altruiste.
- Quant au reste de la délégation, poursuivit le président de Provila, avouez que la qualité n'est pas au rendez-vous. On a même des gens qui ne parlent pas anglais ! Et pas de dirigeants, que des seconds couteaux. Je me demande ce que je fiche ici !
- Mais vous relevez le niveau, cher président, vous portez les couleurs de la France. [...]
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