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EAN : 9782204102186
60 pages
Le Cerf (30/10/2014)
3.7/5   10 notes
Résumé :


Les déclarations d'amour marquent rarement un tournant historique.
Mais nos annales retiendront sans doute je "J'aime l'entreprise" lancé par un éphémère Premier ministre au Medef un jour d'août 2014.

Les cris du coeur ont leur ambiguïté
Celui-ci est à longue portée. Comment l'interpréter au juste ?



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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jamais je ne serais allée acheter un livre de Régis Debray. C'est un cadeau qui me procure beaucoup d'étonnement. Ce nom, mille fois entendu mais pas du tout familier pour autant, confondu avec deux ou trois homophones, sur la couverture d'un petit livre aux allures de pamphlet, à moi offert par un ami décidément aventureux, est en soi un étonnement. Ne trouvant aucun lien avec moi avant de lire, je lis, et l'étonnement ne mollit pas. L'homme (normalien) est érudit, qui évoque Chateaubriand, Bourdieu et René Rémond dès les premières pages comme si tout un chacun les avait lus, digérés et en faisait son miel quotidien. Il construit, à partir de la déclaration d'amour de M. Valls au Médef en août 14, une analyse impitoyable (mais pas désespérée) de notre époque vouée corps et âme à l'économie. Plein de métaphores (« est-ce une raison pour sauter de l'autre côté du cheval ? »), d'allusions politico-historiques (« le micro-trottoir n'a pas ce génie-là, auquel en appelait le vieux Charles renvoyé sur le tard à sa solitude pour excès de lucidité »), et de formules lapidaires (« Aimer, c'est graviter. Un soleil pour un autre, ce n'est pas anodin »), le texte est sec, la pensée sans fioritures et sans complaisance. Même si on est heureux de lire ce qu'on déplore soi-même sans bien savoir qu'en faire (« Chacun s'exprime à l'économie : il gère ses enfants, investit un lieu, s'approprie une idée, affronte un challenge, souffre d'un déficit d'image mais jouit d'un capital de relations, qu'il booste pour rester bankable et garder la cote, en jouant gagnant-gagnant ») ou qu'on est surpris par un bémol qu'on n'aurait pas concédé (« Notre tout-dividende actuel peut être cruel, et lourdingue, et vulgaire, mais reconnaissons-lui au moins le mérite d'être assez peu enclin au meurtre de masse et à la mégalomanie »), on referme le livre sur l'amer constat qu'on n'a pas les références nécessaires à la pleine compréhension du propos (on n'a fait ni Normale Sup ni Sciences Po), mais qu'il a probablement raison et ne nous laisse pas beaucoup d'espoir.
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Ce petit texte est truffé de références littéraires, sociologiques et philosophiques: Chateaubriand, Bourdieu, René Rémond, Hegel, Spinoza, Sénèque, Stendhal, Malraux, Simmel, Théophile Gautier, Kant, Bossuet, Romain Gary, Albert Camus, Thomas d'Aquin, Descartes, Saint-Simon, Auguste Comte, Tocqueville, Charles Péguy, Daumier, Beckett, … Elles sont bien nombreuses pour seulement 54 pages. le brillantissime Debray pouvait largement s'en passer.
Cet excès de référence m'a presque fait oublier l'essentiel de son propos qui pourtant est digne d'intérêt.
Les pamphlets à l'adresse des gouvernants ne doivent pas souffrir d'ambiguïté. Ils doivent être directs, claquer et réveiller … (le Peuple). Mais, il faut tout de même avouer que l'auteur à le sens de la formule et l'art des allusions.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand la question des moyens évince celle des finalités, et que la gestion de l'outil devient sa propre fin, les choses perdent leur sens, l'Etat de droit sa raison d'être, et l'homme son chemin.
Trois exemples à domicile de cette subversion managériale: la Défense, la Culture, l'Ecole. Trois noblesses humiliées.
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Peut-être est-ce attendre Godot que d'espérer voir reverdir un temps où les affaires publiques ne se distribuaient pas en affaires d'argent et affaires de coeur, où le forum n'offrait pas un débouché très encombré, la transparence aidant, à la vie sexuelle, fiscale, judiciaire ou psychopathologie de bateleurs en manque d'estrade.
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Quand la question des moyens évince celle des finalités, et que la gestion de l'outil devient sa propre fin, les choses perdent leur sens, l'Etat de droit sa raison d'être, et l'homme son chemin.
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Peu informée du passé des religions et des présentes géographies culturelles, instruire par le formatage énarchique dans l'idée que l'histoire de l'humanité commence à la chute du Mur de Berlin et celle de la France du D-Day, cette génération en proie à une véritable éclipse de mémoire historique n'est pas en phase avec une actualité qui partout retrouve sa profondeur de temps.
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Ne lisant plus de livres ..., désertant les théâtres, rivée à ses petites phrases, flashs, sms et banderilles, elle s'est laissé corrompre par un illettrisme réactif, malin en apparence et finalement bébête. Peu d'expérience et guère de conviction: ne lui reste, pour faire carrière, qu'à s'adapter à ce qu'elle tient pour réel: Paris-Match et Free.
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