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Critique de liberlibri


Régis Debray a été choqué par le dernier festival d'Avignon. Cela, il l'écrit dans un court essai (1), volontiers pamphlétaire. Il y force le trait : « Odieuse caricature. Nauséabonde insinuation. Et tout ce qui est excessif est insignifiant. Je soussigne. Mais demande néanmoins aux cent mille passagers du cargo d'Avignon si cette mauvaise pensée ne leur a pas quelquefois, en sortant prendre l'air sur le pont, effleuré le neurone ». Formé dans la tradition du Théâtre national populaire de Jean Vilar, Régis Debray s'insurge contre un festival qui ne fut, selon lui, qu'une exposition de corps, offrant aux spectateurs, expectorations et mictions diverses et variées. Ce livre, au style vif et brillant, est une déploration : « Là où je devinais un frisson mal réprimé, un trouble – « Vous vous troublez, Madame, et changez de visage » –, j'assiste à une prouesse d'épilepsie ». Nourri de théâtre classique et convaincu, avec Shakespeare, que « l'âme a besoin du bain mystérieux des songes », Régis Debray semble abasourdi par « ces suintements et dégoulinades ». Il relie ce théâtre du ça aux politiques culturelles du XXe siècle. A force d'avoir placé l'individu au centre de la dynamique artistique, au détriment de l'éducation culturelle, tout un chacun « veut être Rimbaud, mais sans les années de composition en vers latins qui ont engendré les Voyelles ». Aujourd'hui, écrit-il, « le “droit à la culture” qu'on avait cru être celui des idiots, vous et moi, à croiser des génies, à accéder librement au trésor de l'humanité devient le droit de l'idiot à infliger au badaud sa génialité, et à tenir son nombril pour un trésor ». Remarquant à juste titre que les défécations, le sang et les larmes ne fascinent que les Occidentaux au confort douillet, et certainement pas ceux dont le pays meurt de faim ou se déchire, Régis Debray se moque du « risque » pris par acteurs et metteurs en scène qui courront, au pire, le danger d'être sur une couverture de magazine. Au fond, ce que Régis Debray n'accepte pas c'est qu'avec le XXIe siècle, ce soit « sur la Grèce que le rideau retombe ». Et à ceux qui lui reprocheront d'être un vieux con, il rétorque : « le désobéissant chronique est un anachronique-né. L'art d'être contemporain lui est étranger, il cultive celui d'être inactuel »…
Lien : http://liber-libri.blogspot...
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