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EAN : 9782918059806
122 pages
Libertalia (03/03/2016)
4/5   17 notes
Résumé :
« Je m'appelle Véronique Decker. Depuis plus de trente ans, je suis institutrice. Et depuis quinze ans, directrice d'une école élémentaire à Bobigny : l'école Marie-Curie, cité scolaire Karl-Marx. À part sa localisation au pied des tours et au coeur des problèmes, notre école présente l'intérêt d'être une école "Freinet" où, dans le respect des règles du service public, nous pratiquons une pédagogie active, fondée sur la coopération. Même si l'expérience, parfois, p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le réel, parfois, nous oblige à rêver pour ne pas nous atterrer

Un petit livre réjouissant sur l'enseignement, la connaissance, les capacités des enfants dans un contexte de ségrégation sociale, de manques de moyens, de dénigrement du service public.

Véronique Decker parle de ses expériences, de jeune institutrice à celles de directrice dans cette banlieue souvent décrite comme une « zone ».

« A part sa localisation au pied des tours et au coeur des problèmes, notre école présente l'intérêt d'être une école « Freinet » où, dans le respect des règles du service public, nous pratiquons une pédagogie active, fondée sur la coopération ».

L'auteure insiste, entre autres, sur la sincérité, le dire franc, le respect des enfants, « Présenter ses excuses à un élève est au contraire gage de relation honnête », la nécessaire humanité de la gestion des situations difficiles, le respect dû à chacun-e…

Je souligne l'humour de Véronique Decker, ces petites phrases qui permettent de saisir l'épaisseur des situations, les prénoms facétieux, le saperlipopette comme gros mot suprême, les drailles (chemins de transhumance), les poux, les moments « champagne », la pédagogie de la gaufre, le débordement du cadre du système nerveux d'un-e enseignant-e, celles et ceux qui font cuire leurs pommes de terre en bâtonnets dans du gras de boeuf…

Des adultes et des enfants, le refus du « on » et la place du je, « je te parle » qui permet à l'enfant de répondre ; le travail d'enseignant-e, « le challenge était de donner le goût de lire, la compréhension des codes de l'écrit, des repères pour comprendre ce nouveau monde… »…

L'auteure analyse ces complexes gigantesques à la mode stalino-gaullienne, les cours de récréation carcérales, l'interactivité réduite à la connectique, la problématisation des multiples « nationalités », les faux savoirs, les interdictions faites aux êtres humains de circuler, le statut d'immigré collant aux générations nées sur le territoire de l'Etat français, la bureaucratie et l'accueil d'enfants étranger-e-s, les « cahiers de vie », les violences et les signalements, le racisme, « le racisme tue, la misère assassine » et « l'indifférence est leur complice », les assignations à résidence dans des grands « ensembles, les discours insupportables sur les habitant-e-s des banlieues, les regards coloniaux, le mérite comme inverse de « l'acquis social partagé », la retraite qui ne cesse de s'éloigner…

Des portraits aussi d'enfants, irréductibles aux classifications et aux apparences, les enfants roms particulièrement stigmatisé-e-s, la puissance de vie comme moteur des apprentissages, les classe transplantées, les rôles de l'expérimentation ou de l'exploration, « une petite république d'enfants », Zyed et Bouna…

Les enseignant-e-s, l'expérience d'une longue grève reconductible, les assemblées générales (AG) et les déléguées, le conseil des élèves, la dictée comme instrument de sélection ou outil de soumission, la sanction comme atteinte à la dignité, les solidarités, les attaques contre le service public, les abandons qui « n'ont pas encore fini de nous éclabousser »…

Les collectifs, le faire ensemble, la coopération, la pédagogie Freinet, « Nous pensons que la démocratie de demain se construit dès la maternelle, en formant des personnes capables d'empathie, de créativité, de réflexion et d'engagement », être debout et pas seulement la nuit.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Quel bouquin indispensable que m'avait offert en édition numérique, les éditions Libertalia, en début de confinement en 2020.
Oui, j'ai bien écrit « offert ».
Le monde allait-il être différent après la COVID ? En tout cas certains l'espéraient et devançaient même tous les changements escomptés de la catastrophe qui éclaboussait le quotidien de toute la société. Car comme dans la fable De La Fontaine « les animaux malades de la peste » :
« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés », riches ou déshérités.
Ce qui nous a induit en erreur, très vite les barrières sociales sont revenues et avec elles, les pratiques utopistes sont dû se résoudre à disparaître.
Bref, je vais arrêter les digressions et vous parler de ce livre, mon épouse dit que sa lecture devrait être obligatoire pour tous. du moins pour tous ceux qui entendent parler, avec un avis intelligent, de l'éducation nationale, des niveaux scolaires, des ZEP et que sais-je encore.
Grâce à ce livre j'ai ri, j'ai pleuré de rage et d'émotion, appris à savoir ce que sont « les réglettes cuisenaire » (fascinant d'intelligence et de simplicité, bravo les belges !).
J'ai lu que de petits accidents domestiques, comme un cahier d'écolier froissé pouvaient cacher de grandes douleurs et une immense violence.
J'ai appris qu'on pouvait déjà à 5 ans lorsqu'on s'appelle « Lino (fils de gitans sédentarisés) maîtriser l'omerta comme un corse des montagnes, le mensonge comme un napolitain de New York, et le vol comme un banquier luxembourgeois »
On peut aussi y apprendre que « parfois, pour obtenir notre dû, celui de nos élèves, celui de nos enfants, il faut grimper aux rideaux et camper sur les toits ».
Enfin, avoir la confirmation « qu'ici on est tellement loin de la signature de la Convention Internationale des droits des enfants qu'on oublierait presque que la France l'a signée »…
Que le sort des femmes en France n'est pas au niveau qu'on l'espère parfois…
Bref, j'ai traversé les 57 petits chapitres avec tous les sentiments qui font un être humain, et ça, ça fait beaucoup de bien !
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L'enseignement en France est en régression constante. Les études l'ont démontré : les éléves semblent de moins en moins bien instruit. La faute aux professeurs ? Pas forcément…

Veronique Decker a enseigné pendant 30 ans. Au moment de la sotie de ce livre, elle est directrice d'une école à Bobigny. Et enseigner dans le 9-3, c'est une chose. Une chose dont on parle, souvent sans la connaitre. Elle, elle connait. Forcément. Alors, par le biais de petites chroniques, abordant chacun un sujet sur une ou deux pages, elle fait découvrir le véritable visage de cet enseignement. Un visage qui prend celui d'éléves qui aimeraient sûrement apprendre, mais qui font face, comme les enseignement, à un appareil d'état qui s'en fout un peu. Bon. Qui s'en fout beaucoup en fait. C'est tout un aspect social qui est abordé ici. Qui est souvent révoltant.

Entre la joie d'enseigner, de vouloir développer la conscience et la réflexion des éléves, et l'envie de robotisation de l'état qui appuie dans cette direction, on sent toute la frustration de l'enseignante, et de tout le corps de métier. le livre se lit trés vite, trés facilement, et rappelle que la coopération est la seule possibilité d'avancer. le combat ne permet que de stagner, puis de reculer. Pourtant, c'est bien lui qui est mis en avant par les hautes sphéres de l'enseignement, contre tout logique…

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Un recueil de chroniques écrites par une enseignante directrice du 93 qui raconte quelques anecdotes de son quotidien au coeur d'un quartier difficile.
Une militante engagée au sein du mouvement Freinet. Une pédagogue investie pour l'émancipation des élèves.

Je retiendrai ce morceau de vie où un père d'élève débarque dans le bureau de la directrice pour dire, gentiment et souriant, que ses enfants reinvestissait l'apprentissage démocratique de l'école à la maison ! (La veille au soir ils avaient tenu conseil et rapporté à leur père qu'il ne participait pas assez à l'organisation de la maison !).
Conseil : toujours informé en amont les parents des pratiques de classe !
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Témoignage d'une instit', directrice d'école dans le 93.
Loin des clichés, elle nous donne à lire les moments importants ou doux, ou forts de sa carrière.
Un livre qui a une certaine forme de poésie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ce n'est pas l’ascenseur social qui est en panne, c'est le plancher social qui est troué. Du coup, on a plein de familles qui ont les pieds dans la cave. (p.112)
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Nous pensons que la démocratie de demain se construit dès la maternelle, en formant des personnes capables d’empathie, de créativité, de réflexion et d’engagement
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A part sa localisation au pied des tours et au cœur des problèmes, notre école présente l’intérêt d’être une école « Freinet » où, dans le respect des règles du service public, nous pratiquons une pédagogie active, fondée sur la coopération
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Le challenge était de donner le goût de lire, la compréhension des codes de l’écrit, des repères pour comprendre ce nouveau monde…
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