Jolie new-yorkaise de 29 ans, Kitty Genovese travaille dans un club et vit dans le Queens. Une jeune femme comme il en existe des millions…
Pourtant, son cas va bouleverser l'opinion publique.
Une nuit d'hiver de Mars 1964, Kitty est sauvagement agressée, poignardée, violée et tuée.
Son bourreau, Winston Moseley, est vite appréhendé mais l'horreur s'accroît lorsqu'on apprend que près de 38 témoins, blottis derrières leurs fenêtres, ont assisté sans rien faire à sa mise à mort.
Cette histoire, qui pourrait être la trame d'un étonnant thriller, est malheureusement véridique.
Alliant la force du romancier à la rigueur des faits,
Didier Decoin s'en est emparé pour nous mettre face à nous-mêmes, face à nos peurs, nos faiblesses et l'irrémédiable pleutrerie du genre humain.
Ici, il n'est pas uniquement question de l'ignoble meurtrier, Winston Moseley, dont nous suivrons le procès l'angoisse au ventre et le dégoût à fleur de bouche.
Ici, et c'est le plus important, il est question de ces personnes, ces anonymes, ces gens comme tout un chacun qui n'ont pas fait un geste – pas même celui de décrocher le combiné de leur téléphone pour appeler la police – afin de mettre un terme au supplice de près d'une demi-heure de la jeune et jolie Kitty.
Faits divers tragique et révoltant, le cas Kitty Genovese a donné lieu à de multiples études comportementales et donné son nom au "Syndrome Genovese", démontrant que face à une situation d'urgence, plus les témoins sont nombreux, moins ils ont tendance à intervenir…
Mais toute cette histoire n'en reste pas moins affligeante dans ce qu'elle nous apprend sur la nature humaine et qu'en excipit de l'ouvrage, la phrase d'
Albert Einstein tend encore, s'il est besoin, à confirmer : « le monde est un endroit redoutable. Non pas à cause de ceux qui font le mal, qu'à cause de ceux qui voient ce mal et ne font rien pour l'empêcher. »
Alors, qu'en est-il de la lâcheté humaine, du sentiment de responsabilité, de la non-assistance à personne en danger ?
L'auteur ne prend pas parti, ni ne juge, ni ne s'indigne, nous laissant seul face à ce dilemme, cette question planant dans nos consciences tout au long de ce roman-enquête à la
Truman Capote : Et nous, qu'aurions-nous fait à leur place ?...