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EAN : 9782246682219
234 pages
Grasset (04/02/2009)
3.72/5   257 notes
Résumé :
Catherine Kitty Genovese n'aurait pas dû sortir seule, ce soir de mars 1964, du bar où elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le Queens, à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet dans le journal du lendemain : «Une habitante du quartier meurt poignardée devant chez elle.» On arrête peu de temps après le meurtrier, monstre froid et père de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drôle et jolie. Mais sait-on que le martyre de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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Le 13 mars 1964, Catherine Susan Genovese, dit Kitty, est sauvagement assassinée devant chez elle, dans le quartier huppé de New Gardens dans le Queens, alors qu’elle rentrait de son travail. Ce qui n’aurait pu être qu’un fait divers parmi tant d’autres va pourtant faire les choux gras des tabloïds et faire réagir tous les Etats-Unis.

En effet, le New-York Times révèle dans une enquête menée par Martin Gansberg, que trente-huit témoins ont assisté à la scène de chez eux sans qu’un seul vienne porter secours à la jeune femme de 28 ans ! Ces terribles révélations, qui pointent du doigt la lâcheté de ces citoyens sans histoires, vont bouleverser et profondément choquer des milliers de gens.


Didier Decoin dresse alors un portrait de la jeune femme, connue pour sa gentillesse et sa discrétion, mise sur un piédestal par la presse pour avoir été une innocente victime. Il décrit ensuite le portrait de Winston Moseley, le meurtrier de Kitty et d’une dizaine d’autres femmes, arrêté après son crime et dont le procès sera suivi par tout le pays. Mais si un seul homme est jugé, on n’oublie pas que trente-huit autres ont leur part de responsabilité…

Voilà un récit qui fait froid dans le dos! D’abord parce qu’il s’agit d’une histoire vraie, ensuite parce qu’il nous met face à nos propres faiblesses et à notre lâcheté. Le lecteur est placé dans la position du témoin, passif et voyeur de l’atrocité qui se joue sous ses yeux. Il voit la scène, est terrorisé, sidéré, choqué et malgré tout ne peut s’empêcher de regarder ce qui lui fait horreur, comme s’il était paralysé. Le récit soulève une multitude de questions et pousse le lecteur à réfléchir à cette lâcheté collective. Comment peut-on rester sourd aux appels au secours d’une personne en détresse ? A quel point ces témoins sont-ils coupables du crime ? Comment punir cette absence de courage ? Le fait est qu’il n’y a justement pas eu de sanction pour tous ces gens qui se sont empressés de déménager de leur immeuble pour fuir les jugements et les questions embarrassantes… Un livre glaçant donc, dominé par une tension permanente, qui dérange parce qu’il explore de sombres facettes de la nature humaine… Une lecture marquante !


Challenge Variétés: Un livre adapté en film
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1964. New-York.
Une nuit de mars, une femme a été assassinée, poignardée de plusieurs coups de couteau, juste au pied de son immeuble. La police enquête, questionne, frappe à toutes les portes, interroge les voisins les uns après les autres ; 38 témoins potentiels et pourtant personne n'a rien vu, ni entendu. Un seul habitant reconnaît avoir été dérangé par des cris, raconte être sorti sur son balcon pour râler contre les perturbateurs, et réclamer le silence, pour pouvoir dormir en paix… Mais il n'a pas saisi l'urgence du drame en cours. Ni lui, ni ses voisins, n'ont envisagé, de prévenir, A TEMPS, la police…

Cette histoire, invraisemblable, est pourtant issue d'un fait divers, bien REEL.
C'est le meurtre de Kitty Genovese qui fut à l'origine de ce roman. Il fut aussi le point de départ d'études, en psychologie sociale, du « syndrome de Kitty Genovese ».
Ce syndrome désigne un phénomène psychologique qui se réfère aux situations d'urgence et où, la présence sur le lieu d'AUTRES personnes, exercera une influence importante sur la prise de décision individuelle qui déterminera si la personne témoin, intervient ou pas.
Or, le drame de Kitty Genovese montre qu'effectivement tous les témoins adoptent la même stratégie : celle d'observer les voisins sans agir, estimant que si personne ne « bouge », l'aide n'est pas vraiment nécessaire.

Mais cette explication contente-t-elle l'écrivain ?

Non, car Didier Decoin nous prend à témoin : il nous incite à nous questionner, « Qu'aurais-je fait à leur place ? », « Qu'est-ce qu'il fallait faire ? », « Pourquoi ce silence pesant, ces questions sans réponses et cette vérité qui reste en suspens ? », « Comment justifier tant d'indifférence face à l'horreur ? ».

Au final, un roman, fort dérangeant, qui dévoile des comportements humains et nous renvoie à nous même. Un roman qui interroge sur les contradictions des « piètres » humains que nous sommes, qui nous dévoile nos faiblesses et nos défaillances comme si en les montrant sous un jour aussi cruel que juste, Didier Decoin voulait nous aider à les dépasser…

NB/ Depuis 1964 un numéro d'urgence (l'équivalent du 15 en France) a été mis en place aux USA, suite à cet « incident ».
NB/ « 38 témoins » réalisé par Lucas Belvaux (mars 2012) est l'adaptation, moyennement réussie, de ce récit.
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Voilà un livre qui, malgré la mention "roman" indiquée sur sa page de couverture, nous relate l'histoire vraie du meurtre horrible d'une jeune femme aux Etat-Unis dans les années 60.
Cette affaire fit grand bruit à l'époque et entraîna même des conséquences dans le fonctionnement de la police américaine, non pas tant du fait de l'agonie épouvantable qu'a vécu cette pauvre femme, que plutôt du fait du nombre impressionnant de témoins qui, retranchés derrière leurs fenêtres, n'ont rien fait!...

Raconté du point de vue d'un voisin qui était absent de son domicile la nuit du meurtre, l'affaire est racontée de façon assez crue, factuelle. Ponctué de rapports de police et des récits d'un journaliste, le récit ne nous épargne aucun détail des étapes qui ont précédé la mort.

Pourtant, l'intérêt de ce roman, plus que de nous rendre "voyeur", ce qui ne m'aurait pas plu, est surtout de nous faire réfléchir sur notre propre attitude en de pareilles circonstances: si nous entendions un appel au secours au milieu de la nuit ou si nous apercevions une femme se débattant dans l'obscurité au pied de notre immeuble, que ferions-nous?

Immanquablement, la question se pose quand on découvre ce récit, que j'ai lu d'une traite.
Immanquablement, elle n'a pas fini de me hanter, maintenant que je l'ai terminé!...
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J'ai entendu parler pour la première fois du meurtre de Kitty Genovese à l'occasion de la sortie du film « 38 témoins » directement inspiré du roman que Didier Decoin a tiré des faits.
Des faits perturbants, c'est le moins que l'on puisse dire…

Kitty Genovese fut assassinée sauvagement en rentrant chez elle, à New-york, la nuit du 13 mars 1964. Après enquête, il s'avérera que son calvaire aura duré plus d'une demi-heure et que durant ce laps de temps, au moins trente-huit personnes avaient vu ou entendu quelque chose.
Trente-huit possibilités d'intervenir, à minima en appelant la police.

Le livre de Didier Decoin n'est pas qu'une enquête, encore moins un simple réquisitoire. L'auteur a choisi de multiplier les points de vue. Celui du journaliste qui mit l'affaire sur le devant de la scène, celui d'un couple voisin de Kitty, absent au moment des faits ou encore celui de certains témoins, il égrène des extraits du procés, puis, de temps à autre, laisse sa plume de romancier omniscient se glisser dans la tête de Kitty, ou dans celle de son assassin.
Le résultat est un texte tantôt poignant, tantôt glaçant, toujours troublant, car souvent, au cours de cette lecture, malgré la révolte devant tant d'indifférence et de désinvolture il y a ce doute de savoir si nous aurions été la pièce manquante, le témoin concerné, celui qui aurait alerté la police, ou bien si nous aurions été un de plus sur la liste, le trente-neuvième témoin.


Pour ceux que le sujet intéresse, il y a un l'excellent documentaire « non-assistance à personne en danger » réalisé par Aurélia Bloch qui décrypte « l'effet spectateur », à savoir, que plus les témoins d'une agression sont nombreux, moins la victime a de chances d'être secourue…


Challenge Multi-défis 2017
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Jolie new-yorkaise de 29 ans, Kitty Genovese travaille dans un club et vit dans le Queens. Une jeune femme comme il en existe des millions…
Pourtant, son cas va bouleverser l'opinion publique.
Une nuit d'hiver de Mars 1964, Kitty est sauvagement agressée, poignardée, violée et tuée.
Son bourreau, Winston Moseley, est vite appréhendé mais l'horreur s'accroît lorsqu'on apprend que près de 38 témoins, blottis derrières leurs fenêtres, ont assisté sans rien faire à sa mise à mort.
Cette histoire, qui pourrait être la trame d'un étonnant thriller, est malheureusement véridique.
Alliant la force du romancier à la rigueur des faits, Didier Decoin s'en est emparé pour nous mettre face à nous-mêmes, face à nos peurs, nos faiblesses et l'irrémédiable pleutrerie du genre humain.

Ici, il n'est pas uniquement question de l'ignoble meurtrier, Winston Moseley, dont nous suivrons le procès l'angoisse au ventre et le dégoût à fleur de bouche.
Ici, et c'est le plus important, il est question de ces personnes, ces anonymes, ces gens comme tout un chacun qui n'ont pas fait un geste – pas même celui de décrocher le combiné de leur téléphone pour appeler la police – afin de mettre un terme au supplice de près d'une demi-heure de la jeune et jolie Kitty.

Faits divers tragique et révoltant, le cas Kitty Genovese a donné lieu à de multiples études comportementales et donné son nom au "Syndrome Genovese", démontrant que face à une situation d'urgence, plus les témoins sont nombreux, moins ils ont tendance à intervenir…
Mais toute cette histoire n'en reste pas moins affligeante dans ce qu'elle nous apprend sur la nature humaine et qu'en excipit de l'ouvrage, la phrase d'Albert Einstein tend encore, s'il est besoin, à confirmer : « le monde est un endroit redoutable. Non pas à cause de ceux qui font le mal, qu'à cause de ceux qui voient ce mal et ne font rien pour l'empêcher. »
Alors, qu'en est-il de la lâcheté humaine, du sentiment de responsabilité, de la non-assistance à personne en danger ?
L'auteur ne prend pas parti, ni ne juge, ni ne s'indigne, nous laissant seul face à ce dilemme, cette question planant dans nos consciences tout au long de ce roman-enquête à la Truman Capote : Et nous, qu'aurions-nous fait à leur place ?...
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critiques presse (1)
Bibliobs
15 mars 2012
D'une plume sèche, sans trembler, l'auteur de «John l'Enfer» interroge plus qu'il ne juge.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Giula écoutait un de ses programmes favoris lorsqu'ils avaient interrompu leur programme et que quelqu'un d'essoufflé s'était emparé du micro pour dire : "Il vient d'y avoir un attentat à Dallas, on a tiré sur le président [...]., Guila était devenue très pâle, on s'était regardés elle et moi, et son premier réflexe avait été de couper la radio [...] et puis j''avais dit : "Je descends acheter le journal, comme ça on en saura davantage", sans songer un seul instant qu'il était techniquement impossible au NY Times d'avoir eu le temps de sortir une édition spéciale quelques minutes seulement après l’évènement.
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La présence d'une femme dans une maison se trahissait par l'importance et l'éclat des parterres de fleurs, le coté fanfreluche de certains rideaux, les jouets d'enfants gisant sur l'herbe, la taille et le modèle de voiture garée sur la rampe, et l'existence d'une corde a linge - ça la corde a linge c'était le plus révélateur [...]
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Car, quand on y réfléchit bien, tuer la presse écrite n'a jamais été le but ni l'intérêt de la télé.Contrairement à ce qu'annonçait le sociologue McLuhan, nous n'avions pas quitté la galaxie Gutenberg Pour la galaxie Marconi.Les images ne l'avaient pas emporté sur les mots.Plus l'information tendrait vers l'instantané, et donc vers le chaos, plus nous aurions besoin de la référence du texte pour la décrypter, la classe, la vérifier.
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D'après le rapport des flics, ils étaient trente-huit. Trente-huit témoins, hommes et femmes, à assister pendant plus d'une demi-heure au martyre de Kitty Genovese. Bien au chaud derrière leurs fenêtres. Certains entortillés dans une couverture, d'autres qui avaient pris le temps d'enfiler une robe de chambre. Aucun n'a tenté quoi que ce soit pour porter secours à la pauvre petite.
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Moseley était un authentique prédateur, il tuait ce qui était consommable, c'est-à-dire des femmes, sans se soucier de l'esthétique de ses victimes. Le fauve qui a le choix entre un jeune gnou encore pataud et une gazelle qui semble voler comme un libellule au dessus de la savane, ne va pas forcément égorger cette dernière au prétexte que sa course est plus gracieuse : c'est la quantité de viande qui compte, et surtout le moindre mal à se la procurer.
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Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
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