AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782213687025
200 pages
Fayard (19/08/2015)
2.38/5   12 notes
Résumé :
Au départ, un simple cambriolage qu’Anne Rivière voudrait considérer comme un non-événement, à peine un fait divers. Depuis quarante ans qu’elle vit seule dans son deux-pièces parisien du xixe arrondissement, c’est la première fois qu’on lui fracture une fenêtre. Elle n’en fait pas un drame. Pourtant, quelque chose s’infiltre par la vitre brisée. Une brèche s’ouvre qu’elle ne pourra plus combler. Elle regarde, témoin d’elle-même, le passé qui s’engouffre dans sa vie... >Voir plus
Que lire après EffractionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Offert par ma libraire, ce roman sur le thème du cambriolage vécu de l'intérieur m'attirait car j'imagine toutes les sensations et désagréments qui peuvent en découler pour les victimes. L'héroïne rappelle d'ailleurs qu'on l'apparente souvent à un viol. Certains y perdent des choses précieuses ou pratiques, d'autres surtout des souvenirs qui vont leur manquer. Mais le matériel mis à part, comment vit-on le fait que quelqu'un pénètre chez nous, dans notre intimité, à notre insu ?


Anne est une vieille dame dont l'appartement vient d'être cambriolé. de prime abord, elle est plus surprise qu'accablée puisqu'elle ne possédait presque rien de valeur (son chéquier, un ordi dont elle ne se sert jamais, de vieux bijoux fantaisie) et qu'elle paraît extrêmement détachée des choses matérielles. Plus encore, elle semble détachée de sa propre vie, voire même de sa personne : Comme si elle regardait sa vie présente avec tellement de recul que c'en pourrait être la vie d'une autre. L'âge seul explique-t-il ce recul ?
En fait de micro événement, ce cambriolage va ouvrir une brèche sur le passé de la vieille dame : Des bris de sa vie, comme autant d'éclats de verre jaillis de sa vitre cassée par un mystérieux cambrioleur, vont remonter à la surface de son subconscient et nous livrer un début de réponse. Comme une effraction dans son passé, nous pénétrons l'intimité d'Anne et ses souvenirs les plus refoulés.


« On ne sait pas pourquoi ce cambriolage fait resurgir quelque chose du passé. Peut-être est-ce un simple accroc dans une vie très lisse, qui dévoile, comme une déchirure sur un canapé montre au-dessous quel tissu le recouvrait avant, qu'il était rouge et doré avant d'être beige et neutre, que ça foisonnait au-dessous, les couleurs, les conversations, les postérieurs posés là de morts depuis des lustres, les verres qui s'entrechoquent et les drames qui se dénouent. Cette présence d'un jeune homme dans des meubles trop neufs pour une dame âgée, c'est autant d'anachronisme, du passé qui se glisse sous la porte comme un courant d'air. Cette intrusion a perturbé les ondes magnétiques du temps, si une telle chose existe, le champ magnétique qu'Anne sécrète elle-même, dans lequel elle se meut depuis si longtemps, et qu'elle veut absolument clair et vide, inexistant pour tout dire. »


Pourquoi le coupable a-t-il choisi son appartement à elle, puisqu'il n'est ni le plus accessible, ni le plus rentable ? de cette interrogation que lui pose le cambriolage va naître toute une série de réflexions sur la vie de cette femme. Et finalement, alors qu'elle pensait ce cambriolage comme un non-événement dans sa vie puisqu'il ne lui causait pas vraiment de préjudice, il est le grain de sable qui la sort de sa routine et la ramène présente dans sa vie.
Au final, une surprise nous attend peut-être au tournant car cet événement suscite des envies (connaître son cambrioleur pour lui demander des explications, pour trouver un sens à tout cela) mais aussi des souvenirs : Ce mystérieux cambriolage fait remonter à la surface une expérience de jeunesse qui a mal tourné et a bouleversé sa vie entière, ce qui explique en partie la personnalité d'Anne aujourd'hui. le lien plus ou moins ténu entre Anne et son cambrioleur deviendra alors essentiel pour elle et sa reconstruction ; presque obsédant...


Dans cette histoire, la narration interne vient se mêler en surimpression à la narration externe de l'auteur, rendant le récit urgent et touchant. Elle nous aide à mieux comprendre ce qu'Anne ressent et à suivre ses déambulations mentales. Ce grain de sable qui fait voler sa tranquillité en éclats prouve que, quoi qu'elle en dise et aussi détachée qu'elle semble être, un cambriolage n'est jamais anodin pour celui qui le subit. Un roman tout en douceur pour bien commencer cette rentrée littéraire, avec lequel je découvre Alain DEFOSSE. Je regrette simplement que la fin n'offre pas plus de précisions sur l'événement de son passé qui cristallise sa réaction.


Ca ne vous rappelle pas une chanson ?


STANCES A UN CAMBRIOLEUR

(BRASSENS)

- Extrait -

"Prince des monte-en-l'air et de la cambriole
Toi qui eus le bon goût de choisir ma maison
Cependant que je colportais mes gaudrioles
En ton honneur j'ai composé cette chanson

Sache que j'apprécie à sa valeur le geste
Qui te fit bien fermer la porte en repartant
De peur que des rôdeurs n'emportassent le reste
Des voleurs comme il faut c'est rare de ce temps

Tu ne m'as dérobé que le strict nécessaire
Délaissant dédaigneux l'exécrable portrait
Que l'on m'avait offert à mon anniversaire
Quel bon critique d'art mon salaud tu ferais

Autre signe indiquant toute absence de tare
Respectueux du brave travailleur tu n'as
Pas cru décent de me priver de ma guitare
Solidarité sainte de l'artisanat

Pour toutes ces raisons vois-tu, je te pardonne
Sans arrière-pensée après mûr examen
Ce que tu m'as volé, mon vieux, je te le donne
Ça pouvait pas tomber en de meilleures mains

(...)"

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
Commenter  J’apprécie          120
Alain Defossé a choisi de dresser le portrait d'une femme de 70 ans, vivant seule depuis des années. Un sujet assez banal que l'auteur parvient à transcender grâce à la façon très particulière dont il nous raconte sa vie.
Tout commence par des éclats de vitre éparpillés. En rentrant chez elle, Anne Rivière découvre qu'elle vient d'être cambriolée. le ou les voleurs n'ont toutefois pas pris grand-chose : un ordinateur, un chéquier et quelques bijoux qui n'ont pas trop grande valeur. Rien de bien grave en somme. D'ailleurs elle range tout, nettoie et va changer le carreau cassé.
Mais, comme ces tremblements de terre souterrains, cet événement en apparence mineur, va provoquer des ondes de choc successives et, petit à petit, rappeler à Anne tous les événements que sa mémoire avait décidé d'occulter jusque là.
De choses plus ou moins insignifiantes à un drame douloureux, elle va voir défiler sa vie : les vacances en Espagne au volant d'une Dauphine, le mariage avec Claude Germain – qui ne durera pas plus de trois ans – et la rencontre d'Ange, un Antillais qu'elle choisira de suivre au soleil.
C'est à ce moment que son histoire lui échappe. Alain Defossé convoque alors un narrateur pour combler ces «blancs». Anne est-elle bien cette femme retrouvée errante et amnésique à Cayenne ? Rapatriée à l'Hôpital Saint-Anne, elle va essayer de se reconstruire, d'oublier…
A moins que toute sa vie à partir de ce moment ne soit qu'une longue quête pour savoir, à l'image de l'enquête qu'elle mène pour retrouver «son» cambrioleur qui finira lui aussi par disparaître.
Un drame du quotidien, d'une tristesse infinie, que le style épuré de l'auteur rend profondément troublant.
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          20

Anne rentre chez elle un soir et constate qu'elle a été cambriolée. Ce cambriolage ne va pas la catastropher plus que ça, enfin c'est ce qu'elle croit dans un premier temps. Depuis qu'on lui a révélé l'identité de son cambrioleur, elle n'a qu'une obsession le voir lui parler, elle n'hésite pas à lui écrire, à l'attendre sur son palier. Finalement cet évènement va réveiller son passé qu'elle a occulté.

On sent une impression de flottement dans le personnage d'Anne qui navigue entre passé et présent. le rythme est lent mais certains passages comportant les témoignages d'amis connaissant Anne viennent dynamiser l'ensemble
Commenter  J’apprécie          20
Que retenir de ce livre une fois la dernière page refermée ? Beaucoup de frustrations sans aucun doute. Après avoir décrit longuement les pensées éparses d'Anne- à la première ET à la troisième personne dans une même phrase (quel intérêt si ce n'est imiter Joseph Connolly de l'aveu même de l'auteur ?) - on pouvait s'attendre, une fois sa mémoire déverrouillée (même partiellement), probablement grâce à une de ces étonnantes associations d'idées du cerveau humain, à un peu plus de développement sur l'origine de ce blocage. Ce qui fait que mon impression finale est celle d'un roman paresseux, presque un synopsis, voire un premier tome dont on attend la suite. Finalement l'auteur fait bien peu cas de son personnage, à moins qu'il ne se soit lui-même perdu en route ?
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elle a reculé autant que possible ce moment, avec son thé, mais là elle y est, acculée à devoir identifier et dénombrer ce qu'on lui a pris, volé. Ce n'est pas un saccage. Le salon n'est presque pas dérangé, et le peu qu'elle voit de la chambre lui indique qu'il en est de même là-bas. Elle aurait presque préféré : des tiroirs renversés, des objets brisés, des déchirures, des lacérations, elle aurait presque préféré un vandalisme intégral qui aurait fait de cette mésaventure une tragédie et non un embêtement. Un scandale, pas un contretemps. Un viol, avec violences.
Commenter  J’apprécie          90
Tout le monde a un jour cette idée, passé un certain âge, tout le monde se dit je pourrais être un héros/ héroïne de roman, se dit-elle au seuil du réveil, un personnage plutôt, restons modeste, un personnage de roman se dit-elle en se réveillant tout à fait, et aussitôt elle se dit que tout le monde a forcément un jour cette idée, passé un certain âge, en se retournant sur sa vie : ma vie à moi est un roman, car il n’y a pas de vie non romanesque. Quoique beaucoup trop détachée de moi-même : jamais je ne me laisserais faire. Un sujet rétif, sec, une vie dissuasive dit-elle. Finalement non. Elle se lève, quitte
sans regret ce moment où l’on rêve toujours un peu sa vie, cette complaisance qui n’a pas d’âge.
Commenter  J’apprécie          30
On ne sait pas pourquoi ce cambriolage fait resurgir quelque chose du passé. Peut-être est-ce un simple accroc dans une vie très lisse, qui dévoile, comme une déchirure sur un canapé montre au-dessous quel tissu le recouvrait avant, qu’il était rouge et doré avant d’être beige et neutre, que ça foisonnait au-dessous, les couleurs, les conversations, les postérieurs posés là de morts depuis des lustres, les verres qui s’entrechoquent et les drames qui se dénouent. Cette présence d’un jeune homme dans des meubles trop neufs pour une dame âgée, c’est autant d’anachronisme, du passé qui se glisse sous la porte comme un courant d’air. Cette intrusion a perturbé les ondes magnétiques du temps, si une telle chose existe, le champ magnétique qu’Anne sécrète elle-même, dans lequel elle se meut depuis si longtemps, et qu’elle veut absolument clair et vide, inexistant pour tout dire.
Commenter  J’apprécie          10
Elle a l'impression de traîner désœuvrée dans un appartement qui est le sien sans l'être, alors que l'heure devrait être à l'urgence, à la fébrilité. Non, elle ne fait que constater, prendre la mesure des choses, et ces choses n'appellent aucune urgence, parce que fenêtre cassée, cambrioleur enfui, bijoux dérobés, chéquier disparu, que voulez-vous que je fasse sinon constater posément, l'affolement ne me rendra rien. Ce sentiment de paix quand un événement, quel qu'il soit, est irrémédiable. L'inverse même du danger.
Commenter  J’apprécie          10
Je pourrais être une héroïne de roman. Je pourrais très bien. C’est à la portée de tout le monde d’être une héroïne. Ça ne dépend même pas de vous. Quelqu’un
vous prend, un écrivain, ou il vous invente, et fait de vous, de moi une héroïne de roman.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Alain Defossé (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Defossé
16 janvier 1996 Alain Defossé: Retour à la ville. Filmé dans le couloir d'un grand Hôtel, Olivier BARROT nous parle du llvre "Retour à la Ville", consacré à la ville de Nantes. Images d'archive INA Institut National de l'Audiovisuel
autres livres classés : cambriolageVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Adjectifs qui n'en font qu'à leur tête😋

Un bâtiment qui n'est plus une école

Une ancienne école
Une école ancienne

12 questions
98 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , adjectif , sensCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..