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Critique de chocobogirl


Marie est une jeune femme de 25 ans. Alors qu'elle fête son embauche avec des amis dans un restaurant, elle y rencontre le beau Pablo. Ces deux-là se plaisent tout de suite et finiront la nuit ensemble. Au matin, Marie le retrouve à ses côtés. Il lui parle de leur première nuit d'amour il y a 12 ans, de leurs enfants. Mais de quoi parle-t'il ?! Tout d'abord abasourdie, elle finit par comprendre que 12 ans de sa vie se sont envolés de sa mémoire. Oubliés le mariage, sa vie de couple, ses grossesses et ses 3 enfants !
Cachant son amnésie à ses proches et surtout à son mari, Marie va se lancer à corps perdu dans la recherche de la femme qu'elle était, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

Nous allons découvrir son passé petit à petit, au fur et à mesure des découvertes de l'héroine : le couple idéal qu'elle forme avec Pablo et que ses copines lui envient, un job passionnant, des enfants charmants et aimants. Marie découvre et réapprend les gestes du quotidien. Elle découvre son rôle de mère et les responsabilités qui en découlent. Son amour pour Pablo est naissant. Son regard est celle d'une jeune femme de 25 ans sur la vie d'une autre qu'elle. Puis, on sent que des éléments manquent, que certaines choses perturbantes se sont passées. Son mari lui parle d'un pacte, elle a quitté son emploi de son propre chef, ...
Les failles qu'elle va découvrir sont bouleversantes et je n'en dirai pas plus.

Je dois dire que j'ai adoré ce roman ! Je me suis parfaitement identifiée au personnage de Marie. Comment réagirais-je si, demain, moi célibataire, je me réveillais au sein d'une famille ? Je serais aussi perturbée qu'elle, si ce n'est plus !

C'est un roman qui pose de nombreuses questions. La mémoire est ce qui nous constitue. Sommes nous une autre personne si nous oublions notre passé ? Etre mère s'apprend-t'il ou est-ce inné ? Pouvons-nous avoir assez de recul pour voir les choses pour la première fois ?
Ce qui m'a impressionnée, c'est le fait que Marie a le pouvoir de voir sa vie de façon "innocente", avec une approche extérieure. Sommes-nous capable d'avoir autant de recul sur nos vies pour en pointer les défauts, les regrets ? Sommes-nous capable de constater que nous sommes devenus celui ou celle que l'on ne voulait pas être, et plus encore, d'avoir la volonté de changer ? Son amnésie est à la fois une chance d'avoir un regard neuf sur les choses et une perte du passé qui nous constitue tous. Marie aborde son couple avec l'envie du début. Son couple est établi et son mari s'étonne de la fraicheur de son amour. Mais n'est-ce pas ainsi que nous devrions continuer de vivre nos couples. Peut-on éviter de tomber dans la routine et le quotidien ?
"La vie d'une autre" est aussi un éloge du pardon. Pouvons-nous continuer à avancer malgré nos erreurs ? à faire table rase du passé pour prendre un nouveau départ ?

Le texte est très beau et se révèle une introspection très touchante qui ne tombe pas dans le mièvre. Les pensées de Marie et les dialogues se mélangent parfois, sans prévenir. Déroutant au début, j'ai très vite compris la gymnastique. de Pablo, de ses sentiments, on ne saura pas grand chose finalement, juste ce qu'il partage avec Marie. C'est le roman de Marie, sorte de journal de bord de son avancée dans la mémoire et la vie.
La tension monte jusqu'à la fin qui n'offrira pas de happy end car rien n'est jamais tout noir ou tout blanc dans le monde réel.

Mon seul bémol se situera au niveau de la réaction des rares personnes au courant de l'amnésie. Je les ai trouvés fort peu bouleversés par cette annonce et quelque peu "absentes" . On aurait attendu plus de surprise et de soutien. de même, l'anecdocte finale de l'esthéticienne me parait bien trop fortuite pour etre crédible.

J'ai lu ce roman d'une traite, sans m'arrêter. J'ai été complètement bouleversée. C'est venu des tripes, de mon passé ou de mon petit coeur sensible. Vous êtes peu nombreuses à avoir eu le même coup de coeur que moi et je le regrette... Pour moi, ce fut une lecture très personnelle qui m'a beaucoup parlé.
J'en ai même oublié de noter des extraits...

En voici quelques uns, piochés ici et là :

" On dit toujours que ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts, mais on devrait ajouter que ce qui nous mine quotidiennement fini par nous tuer ! "


" La mélancolie et la tristesse sont déjà le commencement du doute ; le doute est le commencement du désespoir ; le désespoir est le commencement arrêté des différents degrés de la méchanceté. "


" le chagrin est une blessure qui demande à saigner pour pouvoir guérir."

" Tout, plutôt que le non-être, le non-recevoir, le non-dit, le non. Tout plutôt que l'anonymat soudain de deux personnes qui se côtoient et ne savent plus rien de l'autre que ses soucis quotidiens, ses rythmes intestinaux. "
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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