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EAN : 9782882503336
288 pages
Noir sur blanc (06/02/2014)
4.1/5   5 notes
Résumé :
« Je ne touchais plus aux pinceaux, ils me dégoûtaient. Les couleurs également. Elles me soulevaient le cœur comme du sang figé, comme des tibias dispersés, des doigts coupés. En revanche, le vieil âne fleurissait. Et il peignait sans relâche. »
En faisant parler tour à tour Francisco de Goya, son fils Javier et son petit-fils Mariano, Jacek Dehnel nous plonge dans un roman familial d’une tension inouïe. Le grand Goya y apparaît dominateur et rustre, menteur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je suis une quiche en histoire de l'art.

Il y aurait sans doute des tas de manières élégantes de commencer ce billet, mais celle-là me paraît pertinente: je n'y connais vraiment pas grand-chose. Mais, comme je ne cesse de le répéter, je suis aussi très curieuse. C'est pour ça que "Saturne" faisait partie de ma sélection lors du dernier Masse Critique organisé par Babelio. Et j'aurais clairement pu tomber plus mal!

Au départ, quand on me disait "Goya", je répondais "Les ménines", c'est dire si j'étais loin du compte (en fait, c'est Velazquez). Je serai donc bien incapable de vous parler du respect de l'artiste ou de débattre de la thèse présentée.

Est-ce parce que je ne connais rien à Goya et à sa vie que j'ai ressenti le résumé de l'éditeur comme un gros spoiler dans ma face? "amant insatiable (il aime les femmes et, en secret, un homme)" Damned. La partie "il aime un homme" m'aurait prise par surprise, abasourdie, et j'aurais pu davantage imaginer le choc de son fils en le découvrant, si je ne l'avais pas lu dès le départ. Bouh. Ce n'est pas bien de me gâcher un rebondissement de fou (oui, peut-être que tout le monde le sait - mais moi, je ne savais pas!).

Ceci mis à part, j'ai été fascinée par ce roman. La pluralité des voix fonctionne très bien, et on découvre les mêmes événements racontés selon différents points de vue. Quelle belle manière d'enrichir encore la complexité des relations entre le père et le fils! Entre malentendus et maladresses, haine et pitié, se tisse la trame d'une déception mutuelle, inexorable.

Etre Javier Goya, c'est vivre écrasé par l'ombre d'un père immense, un génie colossal qui ne laisse aucune place autour de lui. Je me suis beaucoup attachée à ce personnage. Comment s'épanouir, que devenir, qui être, quand on ne vous a autorisé que la peinture comme voie, condamné à être dominé par le talent établi qui vous a précédé? Il le déteste, mais ne peut s'empêcher de chercher son approbation, en encaissant très mal chaque remarque acerbe. Javier devait devenir "Goya ou rien"... il a préféré le rien. Impossible de le lui reprocher. Il évite l'affrontement, et se met en sommeil... pour un temps.

Le récit de cette relation constitue à mes yeux la plus grande réussite de ce roman. Parfaitement dépeinte et très crédible, elle m'a complètement prise aux tripes: j'ai été autant touchée par la détresse de Javier que par la déception de Francisco. L'auteur parvient à nous faire ressentir de l'empathie pour chacun de ses personnages, malgré leurs nombreux côtés détestables (l'arrogance de Francisco, la lâcheté de Javier, la superficialité de Mariano).

Mais évidemment, il y a la peinture... Je regrette bien sûr l'impression des tableaux en noir et blanc (peut-être pour une prochaine édition deluxe collector spéciale fans?) mais on trouve facilement les tableaux en couleurs sur internet. Si on ne les connaît pas déjà, d'accord. On va arrêter d'appuyer sur mon manque de culture, maintenant!

Enchâssées dans le récit, on trouve donc les photos des quatorze "Pinturas Negras", accompagnée d'une description éblouissante. Au départ apparemment détachées de l'intrigue (pour ne pas dire qu'on a l'impression que ça tombe comme un cheveu dans la soupe), un lien se tisse peu à peu, de plus en plus évident, jusqu'au final. Quand je dis "explications", je ne veux pas dire "termes techniques bien prises de tête", loin de là: nous ne sommes pas dans l'analyse, mais dans l'émotionnel. On nous décrit ce que peuvent ressentir les personnages représentés, ce qu'il s'y passe... On anime la scène devant nos yeux. J'ai adoré ça.

Alors certes, il est parfois un peu long, le vocabulaire peut paraître un brin trop relevé et freiner la lecture... Mais quelle belle découverte! Disons que ce n'est pas le livre dont on lira dix pages avant de dormir, ou qu'on emportera en vacances sur la plage. Disons que Tante Gudule ne le lira pas entre un Marc Levy et un Guillaume Musso. Disons que ce n'est pas un livre facile.

Mais c'est définitivement un livre fascinant! Et nul besoin de s'y connaître en peinture pour pouvoir apprécier pleinement chacune de ses pages...



Merci aux éditions Noir sur Blanc et à Babelio pour ce petit bijou!
Lien : http://cequejenlis.canalblog..
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Je connaissais seulement de nom le fameux peintre espagnol, Francisco de Goya. La couverture, représentant l'un de ses tableaux (Vol de sorcières) étrange mais envoutant.
Jacek Dehnel choisit de donner tour à tour la voix à Francisco de Goya, à son fils Javier et à son petit-fils, Mariano. J'ai tout aimé dans ce roman : les voix de ces trois hommes se mélangeant donnant chacun une version des faits mais aussi les descriptions noires de leurs rapports haineux, les tableaux de Goya (quel dommage qu'ils soient en Noir et Blanc ! les détails sont moins visibles)… L'écriture est noire mais il s'en dégage une fascination et une force incroyable, un peu comme dans le sari vert d'Ananda Devi.
L'auteur s'est basé sur l'étude de Junquera qui affirme que les Peintures Noires attribuées à Francisco de Goya serait en fait l'oeuvre d'un autre peintre. La couverture de la version originale de livre a la peinture éponyme. L'éditeur a choisi un tableau moins choquant que le terrible Saturne dévorant l'un de ses fils. Peut-être manque-t-il quelques repères chronologiques pour se retrouver dans les dates mais ce roman polyphonique très sombre est habilement construit. Une belle façon de découvrir ce grand peintre espagnol du romantisme.
Merci à Masse Critique et aux Editions Noir sur Blanc pour ce magnifique roman.
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A travers les pensées de Francisco, Javier et Mariano Goya, nous allons découvrir la vie et les oeuvres de Francisco Goya, le grand peintre espagnol.
Le roman commence par le séjour de Goya à Bordeaux, après avoir été contraint à l'exil, pour des raisons politiques.
J'ai beaucoup apprécié de parler de Goya, à travers différents points de vue, que ce soit le peintre lui-même, son fils mal aimé et son petit fils adoré.
L'auteur peut ainsi parler de leur vie intime, de leur travail de peinture, de la vie politique et sociale de leur époque.
Connaissant assez bien l'oeuvre de Goya, j'ai aimé retrouvé la description de lieux et de tableaux.
Ce livre ne parle pas uniquement du grand peintre mais aussi de son fils et petit fils.
J'ai un peu regretté de n'avoir que la version masculine bien que ces messieurs parlent de leur mère, maîtresses, épouses, modèles.
Ce livre est une bonne approche de l'oeuvre de Goya et de son époque. Il aborde aussi des thèmes sur l'authenticité d'oeuvres de Goya, comme « la laitière de Bordeaux attribuée depuis peu à sa fille naturelle ou de certaines « oeuvres noires » à son fils.
Il nous parle de la vie de l'ogre Goya, que ce soit dans la vie, à table, devant ses toiles ou dans les différents lits qu'il a fréquenté.
Une bonne connaissance de l'époque, de la vie et des oeuvres de Goya ont permis à l'auteur de décrire un roman passionnant.
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Saturne ... c'est en me rappelant la forte impression que ce tableau a toujours eu sur moi que j'ai choisi ce livre dans l'offre de Masse critique (merci !).
Mais à part ce tableau je connaissais assez mal l'oeuvre et la vie du peintre. Et je ne suis guère attirée par les essais. Et donc, passer par le biais d'un roman pour découvrir le peintre m'a séduit.
Et je n'ai pas été déçue. Même si le contexte historique reste assez flou, et on ne demande pas à un roman une exhaustivité absolue, l'angle d'attaque d u récit est assez séduisant, des monologues parallèles du père, du fils et plus tard du petit-fils, narrant leurs relations tumultueuses et donnant au final une révélation sur le fameux tableau (enfin, au moins pour moi, les spécialistes du peintre le savaient sans doute !).
Sans être une page-turner absolu, c'est agréable à lire.
Le seul bémol que j'apporterai concerne la qualité des reproductions des tableaux, assez médiocre. Mais finalement ça donne envie d'aller les voir de plus près, en vrai : n'est-ce pas là l'essentiel ?
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je trouvais cela bas et répugnant, comme s'il n'était allé là-bas que pour se repaître les yeux de sang, des excréments coulant des bas-ventres, de la puanteur des cadavres frais. Moi, en revanche, je choississais ce qui me paraissait agréable à l'oeil : les soldats, les notres ou les étrangers, en faction par deux ou par trois devant la porte d'une maison, leurs uniformes impeccables, leurs moustaches retroussées.
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Vidéo de Jacek Dehnel
VLEEL 192 Maryla Szymiczkowa : Jacek Dehnel & Piotr Tarczynski, Madame Mohr a disparu, Agullo
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