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EAN : 9782020881746
225 pages
Points (07/06/2006)
3.95/5   32 notes
Résumé :

Les Français souffrent et ne le disent pas. Comment faisons-nous pour tolérer le sort des chômeurs et des " nouveaux pauvres " ? Et comment parvenons-nous à accepter sans protester des contraintes de travail toujours plus dures, dont nous savons pourtant qu'elles mettent en danger notre intégrité mentale et psychique ? Christophe Dejours, spécialiste du travail, découvre à l'origine de ce consentement silencieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Par-delà l'assonance de son titre, l'objet de cet essai très souvent cité dans les bibliographies de critique sociologique du travail, ce sont les mécanismes d'introduction de la souffrance par l'organisation néolibérale du travail ainsi que (principalement) les mécanismes défensifs collectifs et individuels qui permettent de l'exercer et/ou de la tolérer sans que le sentiment éthique des responsables n'en soit entièrement atteint.
L'ouvrage, fort dense et souvent complexe, se fonde sur le concept de banalisation du mal dû à Hannah Arendt (et un peu aussi à celui de distorsion communicationnelle de Jürgen Habermas) ; il est donc très ancré dans la réflexion philosophique plutôt que dans la clinique (de psychologie du travail) qui pourtant est évoquée et dont on s'attendrait à un poids prépondérant compte tenu de la formation ainsi que de la profession de l'auteur.
Manquent par conséquent très gravement des cadres de référence concrets relatifs aux conditions professionnelles étudiées (sauf un peu dans le ch. II: "Le travail entre souffrance et plaisir"), sans doute dans un souci de généralisation (et d'abstraction) qui, s'il appelle à un sentiment d'adhésion (d'identification?...) fréquent, provoque par moments la frustration d'un excès d'exercice abstrait s'appliquant à des évidences.
Dans la densité et la complexité, cependant, l'on se nourrit d'une substance abondante et fertile.
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La souffrance en France est surtout celle trouvée dans le cadre professionnel, les autres souffrances ou injustices : chômage, pauvreté étant à peine évoquées.
Le travail, source d'accomplissement de soi est aussi et de plus en plus source de souffrance dans la société néolibérale. L'auteur constate aussi que cette souffrance, les injustices sont acceptées, perçues comme une fatalité et non comme des injustices. Une grande partie de la population y consent voire y collabore.
Christophe Dejours essaie de comprendre pourquoi. Il analyse la banalité du mal d'Hannah Arendt à travers le cas d'Eichmann sur lequel se base une grande partie de l'essai. Il développe également le concept original de virilité qui permet d'inverser les valeurs : le Mal devient Vertu, devient courage. Les nouvelles méthodes d'organisation des entreprises, le concept de "culture d'entreprise", l'individualisme, la neutralisation des actions collectives, la précarisation, la peur du chômage, la rationalisation du mensonge au nom de la réalité économique. Un essai dense, abstrait et de nombreux concepts développés
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Base de départ de mon mémoire sur la psychopathologie du travail, cet essai à été d'un grand intéret pour moi.
Il est tout à fait accessible à Monsieur et Madame tout le monde.
Il ouvre les yeux sur la réalité du travail.
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Inclassable travail d'un lanceur d'alertes, dont le succès, dans l'objectif de pointer ce qui dérange, est certifié par le peu de cas qu'en ont fait les média conventionnels jusqu'à aujourd'hui encore.
L'auteur étant pourtant on ne peut mieux placé, dans l'organisation et la hiérarchie officiellement établie de ce pays pour traiter le sujet abordé qui faisait aussi l'objet de son activité professionnelle !
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Lu il y a quelques années pour un mémoire, je l'avais trouvé intelligent, bien argumenté et somme toute très intéressant et fort "actuel". Même si il n'a été qu'un livre annexe à mon travail. J'ignore si un tel livre passerait bien les années, la souffrance, vaste sujet.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La virilité se mesure précisément à l'aune de la violence que l'on est capable de commettre contre autrui, notamment contre ceux qui sont dominés, à commencer par les femmes...Dans le cas présent, faire le "sale boulot" dans l'entreprise est associé, par ceux qui sont aux postes de direction - les leaders du travail du mal -, à la virilité. ..Et pourtant celui qui dit non, ou ne parvient pas à faire le "sale boulot", le fait précisément au nom du bien et de la vertu. Le courage en effet, ici, ce n'est pas bien sûr d'apporter sa participation et sa solidarité au "sale boulot", mais bien de refuser haut et fort de le commettre, au nom du bien, et de prendre ainsi le risque d'être dénoncé, sanctionné, voire d'être désigné pour la charrette des prochains licenciés.
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Le réel est ici entendu comme ce qui dans l'expérience du travail, se fait connaître au sujet par sa résistance à la maîtrise, au savoir-faire, à la compétence, à la connaissance, voire à la science. L'expérience du réel dansle travail se traduit par la confrontation à l'échec. Cet échec peut concerner aussi bien l'ordre matériel des machines, des outils, des installations,etc, que l'ordre humain et social. Pour ceux dont la tâche est de diriger des hommes, la mise en échec du savoir-faire managérial par la résistance psychique au changement, la rétivité, l'indiscipline, les grèves,etc... relèvent du réel.
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Au-delà de la santé du corps, les préoccupations relatives à la santé mentale, à la souffrance psychique au travail, à la crainte de l'aliénation, à la crise du sens du travail, non seulement n'ont été ni analysées, ni comprises, mais elles ont été le plus souvent rejetées et disqualifiées par les organisations syndicales... Les enquêtes commencées dans les années 70 en psycho-pathologie du travail se sont, à l'époque, heurtées à l'interdiction syndicale et à la condamnation gauchiste...car entachées d'un péché capital : celui de privilégier la subjectivité individuelle, d'être censée conduire à des pratiques individualisantes et de nuire à l'action collective...un "nombrilisme petit-bourgeois".
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Faute de pouvoir effectuer un calcul, individuellement, "on suit le mouvement" et on ajuste sa conduite sur celle des autres pour ne pas prendre le risque d'aggraver son cas en "se faisant remarquer" ou en se singularisant. En d'autres termes, au calcul de rationalité se substituent l'opportunisme et le conformisme, qui ne sont pas des stratégies irrationnelles.
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Ainsi, à la première phase du processus de construction de la tolérance à la soufrance qu'à constituée le refus syndical de prendre en considération la subjectivité succède une deuxième phase : celui de la honte de rendre publique la souffrance engendrée par les nouvelles techniques de gestion du personnel.
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Videos de Christophe Dejours (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Dejours
«Espace de travail»: Comment sortir de la souffrance .Alors que le projet de réforme du dialogue social et la loi Macron fragilisent les CHSCT (Comité d?Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) et inquiètent toutes celles et ceux qui se sentent concernés par la souffrance au travail, Mediapart invite Christophe Dejours, psychiatre spécialiste de ces questions.
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