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EAN : 9782709645775
180 pages
J.-C. Lattès (20/08/2014)
3.37/5   46 notes
Résumé :
« Sur le quai de la gare Saint-Lazare, entre trois grosses valises et une poignée de pigeons, je reste étourdie.
Après des dissertations de sept heures, une maîtrise imparable de l’exophore mémorielle, une science sans faille de l’évolution des sons [aü] et [eü] au XVIIIe siècle, une acquisition sûre de la notion de valence et d’analyse actancielle, une compréhension intime des hypotyposes, une fréquentation assidue du Canzionere de Pétrarque, l’Éducation nat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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« — Pour­riez-vous nous ex­pli­quer un peu plus concrè­te­ment s'il vous plaît ? coupe Mu­riel bru­ta­le­ment.
— Si vous vou­lez. Pre­nons par exemple un ap­pre­nant en gym­nas­tique qui en­voie un « ré­fé­ren­tiel bon­dis­sant »…
— Un « ré­fé­ren­tiel bon­dis­sant » ?
— Oui, un bal­lon, ce terme n'est pas nou­veau. Si c'est un bal­lon de rug­by, on parle de « ré­fé­ren­tiel bon­dis­sant oblique », sou­ligne Mme Cas­taing
— Je croyais que c'était fini ce jar­gon de fous ! chu­chote Ro­main. »

La narratrice, une jeune enseignante, revient sur son année de professeur stagiaire, pendant laquelle elle enseignait la littérature à la fois en collège (une classe de quatrième) et en formation, deux jours par semaine. Son collège se situe dans une petite ville de la campagne normande. Parisienne, elle ne possède pas d'automobile et sera donc contrainte pour se déplacer de compter sur des transports en communs aléatoires et surtout sur la bonne volonté de collègues et connaissances.

Le bilan de cette année décisive, avec ses inspections couperets, sera aigre-doux. Elle veut bien faire. Ses élèves, pour la plupart, se contrefichent de ce qu'elle tente d'enseigner. Mais elle tient bon !

Bonne pioche. Avec ce roman, plus tout récent (2014), on est en immersion dans ce milieu professionnel. On ne peut qu'être étonné du décalage existant entre l'enseignement (très alambiqué et peu adapté au réel des situations à maîtriser) et la pratique (notre jeune femme comprend très vite qu'elle doit se débrouiller absolument seule). le ton n'est pas uniformément cocasse, car l'impression de gâchis domine. Mais il y a largement de quoi sourire !
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Petites joies et grandes misères de l'enseignant stagiaire.

Un collège de campagne en Normandie, cela pourrait passer pour une affectation de rêve dans l'Education nationale quand on voit le travail de terrain en ZEP: pommiers, moutons, tracteurs et petites bourgades champêtres...
Mais, ici comme ailleurs, les élèves restent des élèves. Il faut donc un solide humour pour faire face à des gamins immatures, déchaînés et pour la plupart incultes de connaissances de base de culture générale.

On s'amuse donc plutôt à lire ces petites anecdotes de la vie idyllique d'une jeune professeure de français. Car il vaut mieux rire pour ne pas pleurer devant l'ampleur de la tache, et devant le décalage verbeux et obscur de l'institution dans les centres de formation. On touche du doigt la démotivation, la perte de confiance, le nécessaire et insidieux détachement de l'enseignant face aux problèmes d'autorité, de respect et d'inculture.
Doutes, frustration et colère...On compatit.

L'auteure en a-t-elle "rajouté", afin de coller à son sujet? Tous les élèves ne sont pas des cancres et tous les formateurs, des théoriciens de l'éducation.
Les dialogues avec les enfants sont crédibles et souvent rafraichissants dans le comique de situation. On sent la tendresse et l'attachement de l'ainé pour ses "apprenants". Les relations entre collègues montrent le soutien mutuel et l'entraide. Car il s'agit bien de solitude du métier.

Beaucoup plus navrants sont les chapitres concernant la formation, dogmatique et absconse, de quoi en décourager plus d'un. Un discours dégoulinant de démagogie et sans aucun sens pratique.

" ...Je ne supporte plus ce verbiage insensé que nous imposent des théoriciens perchés pendant qu'on rame sur le terrain..."

Un livre qui ouvre le débat, car sans être enseignant, on est aussi des parents confrontés à nos enfants et à leurs éducateurs, bons ou moins bons. le constat final est en demi teinte, entre le fatalisme des plus anciens et la passion d'enseigner des plus jeunes.
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Molière à la campagne Emmanuelle Delacomptée

Que l'on appelle des élèves "apprenants" passe encore mais que l'on nomme les parents d'élèves "géniteurs d'apprenants" c'est vraiment le summum de l'absurdité.

Beaucoup d'élèves ne font rien à l'école et ne s'y plaisent pas, mais les parents ou géniteurs d'apprenants comme ils disent peuvent remercier l'Éducation Nationale. Mais de qui se moque t on ?

On lâche de jeunes professeurs seuls dans des collèges, même à la campagne qui ne sont pas mieux que ceux des banlieues, alors que leur formation n'est même pas terminée et on leur demande d'être performants. Mais où va-t-on ?

J'ai emprunté ce livre après avoir lu la quatrième de couverture et une critique dans une revue et je n'ai pas regretté. J'ai vraiment passé un bon moment de lecture. Il y a des passages fort drôles et des moments où je suis restée complètement interloquée.

J'ai commencé ce livre il y a presque trois semaines, je l'ai lu en quelques jours (263 pages ce n'est pas très long) et j'ai commencé à réfléchir au commentaire que j'allais en faire, j'y ai réfléchi un soir, deux et pendant deux semaines je me suis posée pas mal de questions. Ce livre est "amusant" mais il fait réfléchir énormément une fois que l'on a tourné la dernière page.

Les élèves des collèges sont turbulents mais on ne fait rien pour qu'ils ne le soient pas.
Les professeurs sont dépassés mais on ne fait rien pour les aider.

Tout ce que semble faire l'Éducation Nationale c'est empirer les choses, le vocabulaire employé par les formateurs et les inspecteurs des enseignants est complètement incompréhensible.

Bon tout cela c'est mon ressenti, mais à coté de cela c'est vraiment un bon texte, l'écriture est simple et coule toute seule, les dialogues entre la professeure et les élèves sont parfois hilarants. La jeune professeure malgré tous ses déboires est motivée et pleine d'espoir. Elle aide ses élèves autant qu'elle peut et fait tout pour leur apprendre à aimer le français. J'avais ma vision du monde enseignant, mais je crois que je vais le voir différemment à partir de maintenant.

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D'anecdote en anecdote, Emmanuelle DELACOMPTEE retrace une année scolaire en tant qu'élève stagiaire à l'IUFM et enseignante en lettres modernes. L'absurdité de l'Education Nationale est mise en lumière, cette machine où chaque enseignant est un numéro, envoyé au gré des hasards et tirages au sort à l'autre bout de la France, du département, sans tenir compte des places disponibles et des désirs individuels.
Et puis cette formation, si peu en lien avec les réalités du terrain, où on enseigne l'interactivité en laissant les stagiaires s'endormir sur leurs tables, où le contenu de la formation semble si loin des préoccupations de ces jeunes enseignants “lâchés” sans armes en salle de classe.
Bien sûr, il y a ces collèges ou lycées où tout va, où les programmes sont respectés; mais ceux-ci sont l'exception.

Le livre dévoile aussi ce qui se passe entre les murs d'une classe d'un collège "de campagne" où les élèves ont tout de ce qui caractérise les jeunes des banlieues: prénoms américains, langage “imagé”, rapport à l'autorité, attitude caricaturale de certains parents. Les textes enseignés sont bien loin des centres d'intérêt et du vocabulaire quotidiens des jeunes : c'est ce que dévoile Molière à la campagne.
Il s'agit d'un document criant de vérité pour qui connaît l'enseignement, peut-être un peu destiné aux initiés qui pouvaient encore douter de l'incohérence du système éducatif (comme cet épisode où les profs de BTS remettent en cause le travail des profs de collège qui eux-mêmes remettent en cause le travail des professeurs des écoles).
Le document met aussi en lumière le niveau de français consternant de ces jeunes qui peinent à comprendre des énoncés, à formuler des phrases et à s'exprimer sans violence; ces conseils de classe où l'orientation pose problème où les choix ne peuvent être que de dépit, y compris pour un redoublement qui est proposé comme un espoir mais évidemment incompris comme tel.
On se pose la question de l'orientation professionnelle subie, de l'avenir de ces jeunes qui sont condamnés à l'échec. Et pourtant... il suffirait... que quoi? Qu'on remette à plat le contenu de ce qui est enseigné avec ce qu'il est nécessaire et plaisant de savoir ?


Molière à la campagne pose les anecdotes comme des clichés sur ce qu'est la vie d'un jeune prof, sans poser de véritable question, sans proposer de solutions. Au-delà du témoignage, il aurait été intéressant de savoir comment on garde l'énergie d'enseigner Molière et Voltaire à des jeunes qui peinent à comprendre l'intérêt de la grammaire, des rimes et narrateurs omniscients.
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Essai ou roman, en tous cas récit fortement inspiré de situations vécues, Molière à la campagne raconte les débuts d'une professeur de Français dans un collège de campagne en Normandie entrecoupée par des jours de formation à l'IUFM. Malgré les vaches, les champs et la ruralité, les enfants s'appellent Kévin, Douglas ou Jordan et pourraient se fondre avec n'importe quel groupe d'élèves d'un quartier défavorisé d'une grande ville.

Face à des adolescents à la culture 100% télé et à l'orthographe sms, face à des collègues parfois désabusés et cyniques, face à un système de formation qui se perd dans des appellations absurdes et un manque flagrant de pragmatisme, Emmanuelle Delacomptée essaie de garder dans ce "entre les murs" version rurale une certaine distance et une touche d'humour. L'ascenseur social est en panne depuis longtemps mais personne ne semble savoir comment le réparer…désespérer ou en rire ?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
- Prenons par exemple un apprenant en gymnastique quienvoie un "référentiel bondissant"...
- Un "référentiel bondissant" ?
- Oui, un ballon, ce terme n'est pas nouveau. Si c'est un ballon de rugby, on parle de "référentiel bondissant oblique", souligne Mme Castaing
- Je croyais que c'était fini ce jargon de fous ! chuchote Romain.
- Et comment dites-vous pour une balle de ping-pong ? demande Muriel les yeux ronds.
- Un référentiel bondissant aléatoire, répond Mme Castaing avec une pointe d'agacement.
- Oh non, y en a marre..., se plaint Sophie à voix basse.
- Tu vois, dis-je en chuchotant, pas de surprise.
- Et un javelot ? s'esclaffe Muriel.
- Vous allez cesser de m'interrompre pour des points secondaires ? s'irrite Mme Castaing. Je perds le fil de mon discours ! Vous vouliez un exemple ? Alors je continue. Si un apprenant envoie un rebondissant avec ses "segments mobiles"...
- Vous voulez dire ses "bras" ? coupe Romain sidéré.
- Comment ?
- Par "segments mobiles", vous entendez les "bras" ?
- Evidemment ! Que voulez-vous que ce soit ? Un bras, ça bouge, c'est mobile ! s'énerve Mme Castaing. C'est un segment mobile ! Je reprends : si un apprenant envoie un rebondissant à un autre apprenant, et que celui-ci ne le rattrape pas, ou qu'il utilise ses segments mobiles supérieurs...
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Sur le quai de la gare Saint-Lazare, entre trois grosses valises et une poignée de pigeons, je reste étourdie.
Après des dissertations de sept heures, une maîtrise imparable de l’exophore mémorielle, une science sans faille de l’évolution des sons [aü] et [eü] au XVIIIe siècle, une acquisition sûre de la notion de valence et d’analyse actancielle, une compréhension intime des hypotyposes, une fréquentation assidue du Canzionere de Pétrarque, l’Éducation nationale m’expédie dans les tréfonds de l’Ouest, au cœur de la Haute-Normandie, entre les départementales D32 et D547, à Saint-Bernard de l’E., au collège des 7 Grains d’Or, au beau milieu des champs de maïs.
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- Marre de chez marre ! geint Sophie.
- Et s'il fait une tête, on dit comment ? en rajoute Muriel.
- Sans doute qu'il réceptionne avec le réfléchissant ! Mais ce n'est pas la question ! Je ne vous donne pas des conseils didactiques d'éducation physique et sportive ! Il s'agit d'être précis dans son discours ! Vous êtes bien placés pour le comprendre ! ça y est maintenant ? Dans ce cas donc, il ne faut pas le sanctionner, il faut lui réexpliquer les règles, alors que dans le cas d'une offense verbale, il faut vous adresser aux géniteurs d'apprenants...
- Les "géniteurs d'apprenants" ? répète cette fois Sophie exaspérée.
- OUI, LES GÉNITEURS D'APPRENANTS ! VOUS ÊTES PÉNIBLES ! VOUS SAVEZ CE QU'EST UN APPRENANT, VOUS SAVEZ CE QU'EST UN GÉNITEUR ? EH BIEN ? UN GÉNITEUR D'APPRENANT, C'EST QUELQU’UN QUI A GÉNÉRÉ BIOLOGIQUEMENT UN APPRENANT, C'EST UN PARENT D’ÉLÈVE QUOI ! QUAND JE PENSE QUE VOUS ENSEIGNEZ DES MÉTHODES SCRIPTO-LECTURIQUES A NOS JEUNES APPRENANTS, ILS ONT DU SOUCI A SE FAIRE !
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- Les géniteurs d'apprenants" ? répète cette fois Sophie exaspérée.

- OUI, LES GÉNITEURS D'APPRENANTS ! VOUS ÊTES PÉNIBLES ! VOUS SAVEZ CE QU'EST UN APPRENANT, VOUS SAVEZ CE QU'EST UN GÉNITEUR ? EH BIEN ? UN GÉNITEUR D'APPRENANT, C'EST QUELQU’UN QUI A GÉNÉRÉ BIOLOGIQUEMENT UN APPRENANT, C'EST UN PARENT D’ÉLÈVE QUOI ! QUAND JE PENSE QUE VOUS ENSEIGNEZ DES MÉTHODES SCRIPTO-LECTURIQUES A NOS JEUNES APPRENANTS, ILS ONT DU SOUCI A SE FAIRE !
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Moi - J'aimerais que vous vous concentriez un minimum ; pour une fois qu'on étudie un film, je vous aurais crus plus motivés...Vous n'avez pas l'air de vous rendre compte que c'est une chance de faire "collège au cinéma" ! Quand je pense que certains ont gardé leur Walkman pendant le film et que l'un d'entre vous a été jusqu"à voler un brise-glace dans le bus.

Kristopher - Aussi madame, vous n'avez pas de preuve que c'est nous ! Le brise-glace on l'a trouvé dans l'herbe !

Moi - parce que le coupable l'y a jeté ! et puis qu'est ce que vous voulez faire d'un brise-glace franchement ? A quoi ça sert ?

Charlotte - A casser la voiture à Le Pen !
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Vidéo de Emmanuelle Delacomptée
Parvis Espace Culturel Au fond de la campagne française, dans le Périgord noir, Bernard, la cinquantaine, débraillé, bourru, vit seul dans une cahute où il fume et boit comme dix. Il a perdu sa mère quand il était jeune et son père, le plus riche agriculteur des environs, le rabaisse sans cesse. Bernard travaille comme homme à tout faire, chasse, bricole. Les gens du village le méprisent. Et depuis qu’Isabelle, la femme qu’il aimait, est partie, les malheurs se succèdent. Seule la nature qu’il connait parfaitement, l’apaise. Ses mains puissantes calment les douleurs. Il devine les esprits mauvais dans les maisons anciennes. Surtout, c’est un homme bon, doux. Il rêve secrètement de douceur féminine. Jusqu’à ce qu’il rencontre Marie, une aristocrate de vingt-cinq ans son ainée, veuve, qui sait voir la beauté de son rapport au monde. ​ Emmanuelle Delacomptée-Dugain est née en 1981. Elle a enseigné le français en Seine-Saint-Denis et en Normandie, expérience qui a inspiré son premier roman "Molière à la campagne" (Lattès, 2014). Elle est éditrice aux éditions Robert Laffont.
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