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EAN : 9782253107767
320 pages
Préludes (06/01/2016)
3.96/5   101 notes
Résumé :
"Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger mes mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 101 notes
En général, lorsqu'on songe à une croisière, ce n'est pas l'image du cargo replet de conteneurs qui nous vient à l'esprit. Non, ce serait plutôt le paquebot grand luxe avec sa piscine sur le pont, ses joyeux animateurs et son brouhaha étourdissant. Pas l'idéal pour nous retrouver face à notre reflet, pour prendre le temps de la réflexion. Il ne me serait d'ailleurs jamais venu à l'idée de partir en voyage sur un cargo, cruelle erreur de ma part, parce que ce type de périple me conviendrait bien plus qu'une croisière classique. Avoir le luxe de voir défiler les secondes, le luxe de pouvoir se remémorer, le luxe de savourer les choses infimes, les rencontres, tout ce que le tumulte de la vie ne permet pas.

J'ai donc embarqué avec Nicolas Delesalle sur le cargo MSC Cordoba, « petit » porte conteneurs de juste 1269 boîtes hermétiquement fermées dont l'équipage bigarré ignore tout du contenu. Sa mission, amener sa cargaison à bon port, vivre la mer, la cohabitation avec les diverses nationalités et attendre avant de rentrer chez soi. Rien de plus. Mais tout cela malgré tout.

Au gré des flots, de ces voix qui s'élèvent sur le pont, dans la soute, de ces échanges avec des personnalités improbables, l'auteur va plonger dans son propre esprit pour ouvrir les conteneurs de sa mémoire.

L'image est belle, et ô combien vraie. Et c'est ainsi que, suivant le fil de ces boîtes que l'on ouvre, Nicolas Delesalle nous entraîne, dans ces courts récits qui ressemblent à des nouvelles, dans son vécu de journaliste. La plume est sûre, le mot est juste et l'émotion omniprésente.

Armé d'un humour qui évite tout pathos, l'auteur se remémore tantôt certains aspects marquants de son expérience, tantôt des anecdotes qui lui ont été racontées. le regard est lucide sur les drames humanitaires, politiques qui l'ont envoyé fouler de sol de la Côte d'Ivoire, de l'Ukraine ou de la Syrie et laisse au lecteur entrevoir ce qu'il veut y voir. Je suis convaincue que ce que j'ai entraperçu pendant la partie d'échecs ne sera pas la même chose que ce qu'aura vu un autre lecteur. Et nos deux lectures seront complémentaires, tout simplement parce qu'elles seront portées par les émotions ressenties.

Ce n'est pas un pamphlet politisé, un de plus, qui s'offusquerait de la pauvreté ou de la violence. C'est le regard d'un homme, profondément humain, qui se rend compte qu'il n'est que bien peu de choses face à un monde en branle, où la politique, le journalisme si rapide avec les nouvelles technologies, oublient parfois que derrière les drames, ils y a des hommes que la misère frappe de plein fouet.

J'avais déjà eu un aperçu du talent de Nicolas Delesalle dans Un parfum d'herbe coupée que j'avais adoré, et ce talent se confirme après cette lecture. J'ai suivi le fil d'Ariane des conteneurs avec un plaisir infini, chaque chapitre refermé en appelait un autre, différent, mais tout aussi intimiste. Les mots sont simples, sans fioriture, mais font mouche.

C'est décidément un auteur que je vais suivre...
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Sous prétexte de nous narrer un voyage de neuf jours en mer, Nicolas Delesalle nous propose un retour sur ses différentes expériences en tant que grand reporter. La forme du livre se rapproche du recueil de nouvelles, même si sa croisière en cargo reste le fils conducteur.

Je ne suis pas un adepte des récits de voyage. J'ai pourtant pris beaucoup de plaisir et ce pour plusieurs raisons :
Avec cet auteur, on voyage. Chaque nouvelle anecdote nous transporte dans les quatre coins du monde. Moi qui n'y connaissais pas grand-chose en géographie, j'ai souvent été perdu avec tous les noms de villes mais ce n'est pas rédhibitoire à la compréhension et le dépaysement a été total.
Lors de ses périples, le journaliste a rencontré des personnes représentatives de la condition du pays visité. C'est par ces indigènes et leurs discours qu'il nous fait découvrir l'atmosphère de l'endroit et qu'il nous confronte à ces existences souvent difficiles. L'humain est au centre de son initiative. Il échange avec ces gens pour mieux les comprendre et ainsi partager avec nous ces petits bouts de vie.
Chaque anecdote est abordée avec un soupçon d'humour. Les drames vécus s'en trouvent dès lors beaucoup plus accessibles sans perdre de leur impact pour autant. J'ai donc vécu des situations tragiques avec le sourire, sans jamais me sentir mal à l'aise. Certaines nouvelles auraient d'ailleurs mérité un peu plus d'approfondissement ou de longueur tant elles étaient intéressantes et divertissantes.

Sans jamais tomber dans le pathétique, Nicolas Delesalle nous ouvre des petites portes d'humanité qui ont transformé mes gros problèmes personnels en petits tracas insignifiants. En très peu de pages, il sait être percutant. J'ai trouvé ce texte instructif et je l'ai perçu comme une courte approche de la situation de la planète vue par les yeux bienveillants d'un amoureux du monde.
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le goût du large, un titre simple et beau. Une invitation au voyage, mais aussi, comme tout voyage qui se respecte, une invitation à l'introspection. Nicolas Delesalle, grand reporter à Télérama et déjà auteur du très beau parfum d'herbe coupée qu'on avait adoré l'an passé,, va passer neuf jours dans les entrailles d'un cargo, d'Anvers à Istanbul, neuf jours où le temps s'arrête, neuf jours à buller, neuf jours à penser.

Rencontre et échange avec l'équipage et souvenirs de grand-reporter. En attendant d'apercevoir le rayon vert au coucher de soleil, longeant le Golf de Gascogne, Nicolas Delesalle se souvient d'un match de foot au pôle Nord et d'un constat nostalgique : il y a beaucoup de jolies filles en Russie.

Au large du Portugal, c'est une douce rencontre, au coeur de l'Afghanistan, avec des étudiants Hazaras qui revient à sa mémoire.

L'ombre du rocher de Gibraltar plane sur la petite vie précaire d'Asma et Asmara.

Plus loin, un petit enfant Pygmée pleure son chien mort. Au long des côtes algériennes, au large de la Sicile, Nicolas Delesalle se souvient de Riad le James Bond tunisien et dans la mer de Marmara la douloureuse et merveilleuse Odyssée de Sari le réfugié Syrien nous met les larmes aux yeux.

En peu de mots, très rapidement nous sommes au large. Au large, quel joli mot, remercions l'auteur de ce beau livre, grave, drôle et poétique, il nous emporte si loin de nos vies parfois si étroites.

Alors, ca vous a plu cette petite virée au large pour ce milieu de semaine?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Si vous avez envie de prendre la mer, de sentir les embruns sans forcément souffrir du mal de mer, de changer d'air sans quitter votre petit coin, ce livre est pour vous. Mais il emmène bien ailleurs que sur la mer. Ce sont des chroniques que l'auteur ouvre une à une comme il chercherait parmi le contenu des containers empilés sur le cargo qui le transporte des Flandres à Istanbul.

Au début du voyage, il se contente de regarder les docks, la côte, le vieil homme assis seul sur le rivage, mais très vite, plus de trace de terres nulle part, il peut laisser libre court à ses souvenirs de reportages, à Mourmansk, au coeur de l'Afghanistan, dans un petit village du Niger, dans une grotte du Causse noir, sur la place Tahrir du Caire… Et par la magie du conteur, on quitte un temps le navire sans s'en détacher vraiment, car lui seul peut faire affluer et mettre en mots, des mots qui coulent et bercent, des mots qui réveillent ou apaisent, les mots des histoires marquées du sceau de la sincérité, donnant à voir une image du monde pas dépourvue de tendresse, même dans les endroits les plus difficiles.
Je ne connaissais pas le premier livre de Nicolas Delesalle, Un parfum d'herbe coupé, j'ai découvert avec grand plaisir un ton, une voix, une écriture, et je le remercie pour ce voyage !
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Dans une période anxiogène et pleine de troubles comme celle que nous vivons présentement en France (pandémie du covid-19 et les restrictions qui en découlent, exacerbation des tensions nationales et internationales, etc…), rien de plus naturel que de vouloir « prendre le large » dans tous les sens du terme. Comme la situation mondiale actuelle ne nous permet pas de nous mouvoir et de voyager comme nous le souhaiterions, il nous reste les livres, les récits de voyages.

Nicolas Delesalle est un grand reporter travaillant pour le journal « Télérama ». de par sa profession, il a eu l'opportunité de bourlinguer un peu partout dans le monde. Mais ce qu'il nous propose, avec « le goût du large », c'est d'embarquer avec lui, à bord d'un cargo pour un périple allant d'Anvers (Belgique) à Istanbul (Turquie) et ce, pendant 9 jours.
Pour l'auteur, ce voyage est surtout l'occasion de s'extraire du monde des hommes, de la frénésie qui régit leur société et se laisser gagner par une sérénité que seul le désert liquide d'un océan pourra lui apporter. Durant cette parenthèse, à défaut de pouvoir se baigner dans l'Atlantique ou la Méditerranée, il plonge dans ces souvenirs de reporter en Afghanistan, en Indonésie, en Estonie, en Russie, en Egypte ou bien encore au Congo et il se remémore ces rencontres marquantes parfois drôles, parfois stressantes, parfois tragiques ou même incongrues avec les locaux. À l'image du bateau qui le transporte, Nicolas Delesalle voit sa boite crânienne comme un cargo et chaque souvenir est un conteneur.

En quatrième de couverture, Estelle Lenartowicz (journaliste au magazine « Lire ») fait l'éloge de ce récit de voyage en affirmant : « Une étonnante fenêtre sur le monde contemporain. ».

C'est vrai, Nicolas, nous ouvre une fenêtre sur le monde d'aujourd'hui et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas beau. En effet, durant la quasi-totalité du livre, on passe de la tragédie du tsunami de 2004 en Indonésie aux massacres de masse en Côte d'Ivoire, en passant par les temps austères de la crise financière en Grèce et les guerres civiles du Printemps arabe. Si on souhaite s'évader de la réalité actuelle que nous vivons, ce n'est pas le livre à lire. À l'inverse, si l'on veut porter un regard lucide et donc désenchanté sur le monde, alors, « le gout du large » conviendra.
D'ailleurs, l'auteur écrit en fin du récit : « J'étais épuisé par le malheur des autres, projeté d'une tête à l'autre par le miracle de l'interview, la tête fardée de témoignages tristes, désemparés. »

Mais ensuite, à son arrivée à terre, à Istanbul, il écrit : « Cette bulle d'harmonie vient de crever. le liquide amniotique se déverse à mes pieds. Il faut respirer l'air vicié de la ville à pleins poumons, hurler en silence et renaître à la terre autant qu'aux hommes, ces grands primates que je hais à cet instant et que je chérirais de nouveau dans quelques heures, pour leurs failles, leur inconséquence, leurs paradoxes, leur grandeur et leur bassesse, le miroir qu'ils me renvoient à chaque instant au visage. »

Nicolas Delesalle a une manière assez poétique de décrire ce qu'il voit et cela se ressent dans la tournure des phrases qui sont agréable à lire. Mais comme je m'attendais à plus d'optimisme et de joie à la découverte de contrées lointaines, c'est un rendez-vous manqué.
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critiques presse (1)
LaPresse
08 mars 2016
Un excellent récit de voyage qui se démarque par sa grande humanité: partout où il est passé, Nicolas Delesalle s'est d'abord intéressé aux personnes qu'il a rencontrées.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Le courage, la lâcheté, la peur, l'insouciance ne sont peut-être que des états quantiques finalement, des images floues qui dépendent des circonstances, des interprétations, du statut de l'observateur et qui changent tout le temps, à toute vitesse. On prête aux gens des traits de personnalité sur la foi d'impressions, on interprète les caractères d'un visage, un menton « volontaire », un nez petit qui « trahit un caractère peu affirmé », ou bien plus simplement à la lumière d'une expérience en apparence décisive, « j'ai vu sa réaction, il n'a pas flanché, on peut lui faire confiance », « elle a crié, c'est une petite nature », ces micro jugements souvent jamais exprimés ailleurs que dans le silence intérieur ou bien dans le dos des intéressés et dans les ricanements entendus, « c'est un coureur », « elle est ambitieuse », « il n'a pas de couilles », mais qui définissent, figent, étiquettent et sérient. Ils ne sont pour la plupart du temps que des images arrêtées, de petits blocs flou figés par le flash d'un regard biaisé où aucune vérité ne se cache, de faux panneaux rassurants mais qui n'indiquent rien d'autre qu'un chemin parmi mille autres possibles [...]
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Je me sens proche de ce cargo, je devine qu'il est vivant, à sa manière ; il cache une âme sous cet acier rongé par le sel marin et repeint mille fois. Moi aussi, je suis rongé et repeint mille fois. Et moi aussi, je suis venu avec des boîtes. Le chargement a duré tout une vie. Je sais pertinemment ce qu'elles contiennent, mais j'ai envie, j'ai besoin de les rouvrir pour partager ce qui s'y trouve, maintenant, aujourd'hui, au cours de cette parenthèse liquide, sur ce bateau désert en partance pour Istanbul et qui fend la mer noire d'une nuit d'été. Elles sont pleines d'histoires, ces foutues boîtes, des tragédies, des secondes, des angoisses, des larmes, des rires ou des rencontres qui m'ont assez marqué pour que ma mémoire les enferme dans de petits conteneurs rangés au fond de mon crâne par des grues, des portiques et des poulies invisibles.
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Elle n'a plus trente ans. Elle m'a confié que l'âge venant, le physique n'a plus autant d'importance dans les rencontres amoureuses. C'est la somme des expériences amassées qui compte et il n'est pas plus aisé de juxtaposer deux vies bien remplies que de faire coïncider deux corps jeunes. Elle a regardé la mer et elle a dit : « On a l'impression que ça ne va jamais s'arrêter, que c'est l'infini », et je ne savais plus si elle parlait de la solitude ou du voyage.
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Et puis le chauffeur nous a demandé d'où l'on venait : "Francis, Francis". En Indonésien, Français, c'est Francis, c'est comme ça, on ne choisit pas. Le chauffeur du tuk-tuk nous a regardés avec des yeux de néandertalien qui vient de découvrir un poème de Rilke et a éclaté d'un rire guttural : "Aaaaah Francis, Ribéry, 2-0 Ukraine !!". On se trouve à dix mille kilomètres de Paris, dans une zone isolée par la guerre civile, ravagée par un tsunami. On se croit tranquilles. Et surgit Ribéry.
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Certaines personnes ont une étincelle étrange dans les yeux quand ils vous écoutent, ils me font penser à ces téléviseurs en mode veille dont le voyant rouge témoigne d'une vie intérieure intense. Avec le temps, j'ai appris à reconnaître dans cette lueur les signes de la bienveillance.
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