Alèssi Dell'Umbria analyse les trois semaines de révoltes de novembre 2005, suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois, pour répondre à « la calomnie médiatique » ainsi qu'aux rationalisations qui cherchaient à comprendre comment cela a pu se produire et surtout comment éviter que cela se reproduise. Son intention est évidemment tout autre.
(...)
Dans sa postface à l'édition castillane, il rajoute qu' « aucune réforme ne pourra calmer le jeu parce que les éléments qui engendrent la révolte ne sont plus réformables ». Il n'existe plus rien en France qui fasse société. La bande est ce qui enraye la relégation car elle permet de se construire une appartenance, de se créer un territoire. Les jeunes révoltés ne veulent pas du logement social, ils veulent habiter. Les bandes ne s'intègrent pas aux manifestations , « promenade symbolique conçue pour vider le gens de leur énergie », « démonstrations de faiblesse ». Alèssi Dell'Umbria espère pourtant la jonction de « cette armée de réserve du négatif » avec les « enfants de la classe moyenne blanche à leur tour précarisés et confrontés à la violence d'État ». On n'en est pas encore là mais on s'en approche.
Fort de sa participation à la vague des révoltes des banlieues au début des années 1980, il livre ici une analyse d’une grande justesse de l’apartheid social mis en place dans ces lieux de relégation.
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La Gauche, en France comme partout en Europe, n’est que l’héritière d’un siècle de lâchetés, de mensonges et de trahisons. La gauche a cassé l’espoir en mai 1968, en faisant retourner dix millions de grévistes sauvages au chagrin, anéantissant l’espoir de tout changement radical. La gauche n’est pas la solution au problème, elle fait partie du problème. Parce que, faute d’avoir jamais été révolutionnaire, elle n’a même plus les moyens d’être réformiste. Elle se contente d’agiter des épouvantails pour mobiliser ses troupes. Faire barrage au FN devint ainsi, dès les brillantes années du mitterrandisme, l’ultime argument. Une fois les candidats de gauche élus, les critiquer aurait fait le jeu de la droite, voire de l’extrême droite… Ce petit chantage se reproduisant indéfiniment, toute velléité de contestation se trouvait court-circuité au nom du « péril fasciste ».
On admet parfaitement que soit détruits villes et campagnes, empoisonnés l’air et l’eau, que l’amiante, l’oxyde de carbone, la chimie agroalimentaire et la multiplication des micro-fuites nucléaires génèrent des cancers et détruisent des vies par centaines de milliers – sans même parer des ventes d’armes en direction des pays pauvres –, parce que c’est la contrepartie regrettable de la prospérité des nations, la garantie d’un PNB en hausse, etc. On peut détruire tout ce qu’on veut à partir du moment où cela crée des emplois et active la croissance. Mais détruire pour le plaisir est le scandale suprême pour une société qui a banni toute forme de dépense sauvage. Les incendies sont la part maudite de notre société.
D’une autre manière, la tyrannie des marques parmi les adolescents signifia que l’initiation au monde, auparavant assurée par le père ou le grand frère, était désormais assurée par la marchandise. Les valeurs de la société marchande s’imposèrent comme unique code culturel, et pour ceux qui se trouvaient en bas de la hiérarchie sociale, l’arrogance, le manque de respect et la frime devinrent la norme.
Le ruban du périphérique semble ainsi fonctionner comme des fortification d’un nouveau genre, séparant de façon radicale la ville-musée de la banlieue dortoir.
Par essence, le vote, acte individuel conçu dans l’isoloir, déléguant à d’autres le pouvoir d’agir, n’engage à rien.
Alors que la révolte engage à tout…