Laurel débute une nouvelle année au lycée. Pour un devoir de français, il lui est demandé de rédiger une lettre adressée à une personne décédée.
Elle choisit d'écrire une lettre à
Kurt Cobain. Des lettres, il y en aura bien d'autres au cours de cette année scolaire, adressée à ses idoles, ses sources d'inspiration.
Un roman auquel on ne s'attend pas
Quand on dit « lycée », on pense : ambiance teenager, ton léger, intrigue prévisible et personnages stéréotypés ? Cette fois, PAS DU TOUT !
Ava Dellaira invite le lecteur dans la tête de sa protagoniste de manière très intime, avec un regard sur la psychologie du personnage extrêmement juste.
L'originalité de la forme
Le roman ne contient pas de chapitre, mais une succession de lettres écrites par Laurel à différentes personnalités (poète, aviatrice, chanteur…), dont le point commun est d'être décédé – et souvent, de manière assez brutale.
Au delà de l'admiration qui transparaît des écrits de Laurel pour ses destinataires, elle porte un regard interrogateur sur leurs vies, leurs choix, notamment lorsque ces derniers en sont venus à se brûler les ailes.
Dans sa solitude, ces célébrités défuntes – qui semblent accompagner Laurel partout via leurs leurs chansons ou leurs poèmes – représentent une forme de soutien moral, un lien universel, dans lequel chacun peut puiser espoir et inspiration.
La forme épistolaire est un choix judicieux, en adéquation avec le coté émotionnel et intimiste du récit.
L'intrigue
Qu'est-il arrivé à Laurel et à sa soeur ? Voici la question qui anime le lecteur pendant le roman. L'autrice joue avec l'art de disséminer des informations et de dévoiler avec parcimonie les éléments révélateurs de l'intrigue.
Plusieurs thèmes forts sont abordés dans ce livre :
- En premier lieu le thème central du deuil. May, la soeur aînée de Laurel, décédée tragiquement l'année précédente, laisse un grand vide. le père de Laurel se recroqueville sur lui même et sur le visionnage répétitif de match de baseball. Quant à sa mère, elle choisit de partir en Californie, ajoutant à la détresse et à la culpabilité de sa fille. Enfin, cette dernière réfugie dans ses lettres.
- Les souffrances intra-familiales nées des non-dits. Laurel culpabilise : elle est persuadée qu'elle est responsable de la mort de sa soeur. Pire, elle pense que sa mère le lui reproche, et que c'est pour cela qu'elle est partie vivre loin d'elle. Enfermée dans le silence, elle ignore la propre souffrance de sa mère, et la peur de celle ci de faire peser sur sa fille le poids de ses propres larmes.
- le roman d'Ava Dellaira se veut également engagé contre les violences sexuelles, avec les histoires de May, Laurel ;et les violences domestiques avec celle d'Hannah. Elle parvient à diffuser de grandes émotions au cours de son récit, suscitant empathie chez le lecteur. L'émotion est renforcée par sa perspicacité relative à la psychologie des personnages.
Laurel admire sa soeur. A mi-chemin entre entre l'enfance et l'adolescence, Laurel cherche l'attention de sa soeur, cherche à l'imiter. Elle ne veut pas gâcher ses soirées cinéma, même si en fait, sa soeur va retrouver Paul et la laisse seule avec Billy. Même si en fait Billy ne l'emmène pas au cinéma.
- L'autrice délivre, par ailleurs, un message de tolérance avec la relation Natalie/Hannah qui assume leur homosexualité.
En conclusion,
Love letters to the dead est un roman surprenant, bouleversant d'émotion, et engagé.