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EAN : 9782204108065
237 pages
Le Cerf (05/02/2016)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Le XXe siècle a été dévasté par la démiurgie des totalitarismes qui, espérant transfigurer le monde, n'ont abouti qu'à le défigurer. Mais il serait faux de croire que ces illusions totalitaires nous ont quittés. Car nous avons rejeté avec force le totalitarisme comme terreur, mais tout en poursuivant les tentatives de transfiguration du monde.Au point de l'histoire où nous en sommes, le débat et le combat opposent ceux qui veulent encore remplacer ce monde, et ceux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une connaissance me disait que dans les cénacles politiques, les attaques contre les députés qui osaient fonder leurs positions politiques sur une conviction chrétienne étaient d'une violence inouïe. Elle était elle-même députée, c'était une femme. Elle a depuis, abandonné la politique.
Ce livre de Chantal Delsol est sans doute fondé sur une expérience similaire: l'attitude extraordinairement intolérante des apôtres de "l'émancipation" totale de l'être humain de ses attaches religieuses et, par extension de ses attaches naturelles: "tout est possible" dans une société d'individus totalement émancipés.
Tout l'ouvrage est consacré à la dénonciation de cette position intolérante qui peut être comparée, c'est la thèse de l'auteur, à une continuation sous un autre nom de ce que les régimes communistes et nazi n'ont pas réussi à faire: instaurer une société d'individus "parfaitement" conformes à l'idéologie qu'ils défendent, celle d'une humanité détachée de toute contingence, détachée de toute règles naturelle ou spirituelle qui limiterait le champ de ses possibles. C'est un retour à la barbarie, par des moyens bien plus efficaces que ces deux totalitarismes: les individus sont gouvernés de l'intérieur, par le conditionnement médiatique.
Mais ce faisant, l'ouvrage est seulement une charge contre cette élite qui avec habileté avance ses pions pour entretenir ce pouvoir technocratique qui se moque du peuple. Elle ne dit pas, positivement, ce qui doit se faire. Elle ne reconnait pas non plus que dans le monde laïque, il existe également des pensées fortes qui dénoncent cette élite bien pensante qui nous mène vers une société sans humanité.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le jardinier qui travaille sous ma fenêtre est un admirateur du monde. Il n'imagine pas qu'il pourrait produire quelque plante. Il cultive. Autrement dit, il aide à croître ce qui existe sans lui. Il ne crée pas, il ne fabrique pas : il prend soin. D'où l'humilité.
...
Constamment il se sent dépassé : il n'en ressent pas de honte ni d'aigreur, mais plutôt une dignité d'appartenance.
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L’époque moderne sait, d’une manière plus ou moins consciente et plus ou moins avouée, que le programme d’émancipation des Lumières se déploie en ces deux siècles par toutes sortes de moyens, et singulièrement, que les totalitarismes communistes et apparentés sont des réalisations (ou plutôt des tentatives de réalisation) violentes de ce même programme. Mais le sentiment encore diffus d’analogie et de fraternité entre les démocraties modernes et le totalitarisme émancipateur, n’apparaît qu’au moment où le Mur de Berlin s’effondre. Alors, les deux mondes auparavant séparés se regardent face à face : et ils se voient semblables. Il n’est pas surprenant d’observer que la plupart des écrivains qui ont perçu cette ressemblance troublante entre le communisme et l’Occident postmoderne, sont des écrivains dissidents de l’Est et du Centre-Est européen. Ceux-ci ont ressenti l’analogie non dans le concept, mais dans la chair de la société, sa réalité crue, son existence du matin au soir. Souvent cela se passe quand, après de longues années d’obscurité, ils surgissent dans ce qu’ils espèrent être la lumière occidentale. Et ils sont affreusement déçus. Car le monde qu’ils trouvent ressemble obstinément au monde qu’ils ont laissé.
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En général la violence monstrueuse est proportionnée alors à l’ampleur du ressentiment – aujourd’hui nous avons ceux qui découpent la tête de leur ennemi et la présentent sur les réseaux sociaux. Mais le cas de la démiurgie dont je parle est beaucoup plus profond, on pourrait dire qu’il est philosophique et pas seulement culturel. Il s’agit d’une volonté de quitter le monde au sens où l’on souhaite non pas changer de pays ou de culture – mais se défaire ou se débarrasser du mode d’existence de l’humanité telle qu’il a toujours été. Il s’agit d’une volonté à la fois de récuser et de refaire entièrement le monde humain.
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Le jardinier qui travaille sous ma fenêtre est un admirateur du monde. Il n’imagine pas qu’il pourrait produire quelque plante. Il cultive. Autrement dit, il aide à croître ce qui existe sans lui. Il ne crée pas, il ne fabrique pas : il prend soin. D’où l’humilité. Il se voit comme une sorte de gérant, et encore, bien improbable. Car il lui est difficile de prédire, et la certitude il ignore ce que c’est. Bien souvent il travaille comme un damné, dans les règles de l’art encore, et n’obtient que des fruits sans saveur ou des végétaux plissés. Ou alors apparaissent spontanément sous ses pieds des beautés qu’il croyait impossibles. Évidemment, il a quelque pouvoir, lequel peut grandir encore à la faveur des savoirs multipliés. Il produit des hybrides, renforce les défenses de ses plantes, grâce à des techniques apprises ou inventées. C’est là d’ailleurs sa grandeur, car le jardinier ne se réduit pas au rôle de nourrice. Et cependant il demeure tributaire d’un ordre du monde qu’il n’a pas édicté, et qui, en grande partie, le dépasse.
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Autrement dit, vouloir défendre et protéger le monde ne signifie pas vouloir en bloquer l’évolution, l’immobiliser en l’état. Car la nature même de notre monde est de quêter son amélioration incessante. Défendre et protéger le monde signifie prendre la réalité au sérieux ; croire que le monde naturel et humain comporte une structure et des lois que nous devons connaître et respecter. Et que l’on ne peut pas tromper la réalité :
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Vidéo de Chantal Delsol
Le massif des Écrins, au coeur des Alpes. Des sommets à 4 000 mètres. Un univers rude et escarpé, une nature hostile, exigeante, redoutable. Au coeur de la vallée, une amitié profonde s'est nouée, année après année, entre un « natif », Chris, qui rêvait depuis son enfance d'être guide de montagne, et Lorenzo, un jeune vacancier italien venant de Rome, devenu écrivain.
Un jour, ce dernier disparaît sans explication. Personne ne semble l'avoir vu et, même si Lorenzo connaît bien la montagne et ses dangers, Chris craint qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Inquiet pour son ami, le guide se lance à sa recherche. Alors qu'il arpente avec une anxiété croissante les cols, les sommets et les glaciers, il se remémore trente ans d'aventures et de souvenirs communs.
Une célébration magistrale de la montagne et de l'amitié.
Philosophe, professeur émérite des universités et membre de l'Institut (Académie des Sciences morales et politiques), Chantal Delsol a publié une trentaine d'ouvrages, dont quatre romans.
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