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Critique de julienleclerc45


Les années de lecture et de réécriture, notamment cinématographique, ont pu faire oublier la puissance des contes, leur art si particulier d'exacerber les caractères, les défauts si marquants des personnages. Les êtres y sont très dessinés autour d'une grande faille et les confrontations entre eux sont sans retour en arrière possible. Les personnages foncent. Les contes, dans leur nature, sont des exercices d'une certaine cruauté car leurs auteurs regardent le monde en face. C'est direct et sans concession.
Dans cet album, Pierre Delye et Cécile Hudrisier usent avec humour et énergie de la narration d'un conte. le poussin froussard est intense, de sa couleur à la peur qui inonde ses globules en passant par la puissance de sa course. Il ne peut pas s'arrêter car seule la peur l'habite. Il doit s'en débarrasser et la contagion commence. Pour que cela fonctionne, il faut que les autres personnages soient sensibles à cela et refusent de se poser la question. Dans les premières pages, les écureuils et les autres poussins ne comprennent pas Pétoche. Ils resteront donc loin de cette contamination. Mais le coq bouffi de prétention, le dindon dont la réflexion semble avoir été annihilée par la télévision, le mouton superficiel ou le cochon dont le cerveau se trouve dans l'estomac ne prennent pas le temps de penser le moment. En quelques traits et des situations précises, les animaux sont croqués avec finesse. Leur caractère respectif saute aux yeux. La compréhension rapide de ces personnages drôles et ridicules facilite la tenue de cette course effrénée.
Les voilà pris dans la course de Pétoche et ce grand mouvement est sans fin jusqu'à la rencontre avec le loup. Cette chute à plusieurs étapes est aussi réussie que tout l'emballement décrit dans la première partie. Face à cet affolement général, le loup prend le temps, réfléchit et tout lecteur connaît déjà le rôle qui lui est alloué. Il fomente un plan. Ensuite il arrête les coureurs, qui s'entrechoquent avec maladresse et là, il les flatte. Cette douceur n'est qu'un moyen de les duper. La fierté de ces cinq innocents quand ils apprennent qu'ils pourront parler au roi sera la dernière chose qu'ils montreront. L'histoire se termine par le mouvement léger d'un coup de balai. le loup à l'estomac aussi apaisé que rempli se débarrasse des quelques accessoires laissés par ceux qui se pensaient détenteurs d'une vérité annonciatrice mais qui n'étaient en fait que plats de résistance.
Cet album est aussi réjouissant que cruel. C'est donc un conte réussi !
Lien : https://tourneurdepages.word..
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