Je croyais avoir lu tous les livres de mon auteur favori, mais en fait je me trompais. J'ai vu l'autre jour que le troisième et dernier volume des aventures commencées avec
Tadjoura et
l'Ile-Madame m'avait échappé… et ce depuis 2006. Donc je me suis jetée sur ce livre et je l'ai dévoré en quelques jours.
J'ai vu sur le net (ma résidence secondaire) que ce livre a reçu un accueil mitigé par les fans de Deniau, du moins ceux qui ont publié un avis sur Babélio ou un autre forum littéraire. mais il en fallait plus pour me décourager, bien entendu.
Ce volume qui constitue la suite et la fin des aventures du Cercle des douze mois est un peu différent des deux premiers où chaque Mois racontait une histoire extraordinaire et vraie dans un lieu symbolique. Là tous les personnages n'apparaissent pas. le focus est mis sur le narrateur Octobre et sur Août.
Le livre se déroule sur deux plans. On assiste à la fois à des aventures dans le monde des années 80, vécues par l'un ou l'autre des personnages et auxquelles le narrateur participe très souvent. L'autre fil rouge du livre est la relation amoureuse qu'Octobre entretient avec Août et qui n'a rien d'un roman à l'eau de rose.
On avait appris dans les volumes précédents que ces deux personnages avaient eu une relation amoureuse, sans qu'elle soit au centre des romans.
Au début du livre Août est nommée chef des services secrets français. Octobre vit avec elle et en très amoureux, mais peu à peu le travail les sépare, puisqu'il est grand reporter et travaille parfois pour les services secrets. Tout le monde sait qu'il n'est pas aisé d'entretenir une relation de couple au bureau et encore moins quand sa compagne devient sa patronne. Août utilise son ami quand elle a besoin de lui, le repousse quand il ne lui est plus utile alors qu'il s'accroche désespérément à elle. C'est assez navrant et ça ne peut que mal finir.
Les aventures des héros permettent à Deniau de donner sa version de certaines affaires qui ont marqué les années 80 comme les otages au Liban avec une libération ratée, l'évacuation par les Soviétiques d'Aden au Yémen, quelques faits de résistance etc.
Cet aspect du livre est vraiment passionnant au contraire de l'histoire d'amour. Deniau précise qu'il s'agit d'un roman et qu'il ne faut pas chercher les identités réelles des personnages, mais on sent le vécu. Il connaît son sujet, il s'agit très certainement d'histoires vraies. Deniau connaissait bien le dessous des cartes et ce livre fait penser au bureau des secrets perdus, un autre ouvrage qui porte sur la guerre et raconte quelques secrets peu connus. Nous revisitons sans polémique quelques affaires qui se sont déroulées à la fin des années 80. On peut situer l'action du roman entre 1988 et 1992 d'après certains indices.
Nous voyageons ainsi au Liban, au Yémen, à Socotra (une île du Yémen), nous assistons au putsch raté des généraux à Moscou et nous en apprenons plus sur les affaires d'espionnage, que ce soit au profit du KGB ou du fait de la CIA, sans oublier bien sûr le Mossad. Les dessous de Mai 68 ou de la réunification allemande sont particulièrement édifiants par exemple.
Je n'ai pas résisté à la tentation de vérifier certaines assertions de Deniau sur quelques affaires, aujourd'hui anciennes, donc plus si secrètes et comme je m'en doutais, j'ai trouvé les mêmes versions à quelques petits détails près. Donc le fond n'est pas tellement un roman. Il est bien sûr inutile de chercher qui se cache derrière les héros de cette trilogie portant chacun le nom d'un mois, il s'agit sans doute d'un mix de personnes réelles que l'auteur a connu dans sa vie, mais il a certainement brouillé les pistes par respect envers ses modèles.
Donc un livre tout à fait passionnant avec un gros bémol sur l'histoire d'amour. Août est absolument odieuse, utilisant son ami comme un pantin à son service et Octobre se conduit comme un imbécile qui prend plaisir à faire le paillasson aux pieds de son Adorée, par moment on croirait même Don Quichotte amoureux de Dulcinéa, on a envie de le secouer par le col et de lui dire de se réveiller. Cette histoire d'amour, finalement peu crédible est le point faible du roman. On doute qu'il puisse exister sur cette terre un homme assez bête pour se laisser traiter ainsi et en redemander. Quant aux femmes carriéristes et prêtes à sacrifier leur amour à leur métier, je crains que ça existe bel et bien, ce qui ne nous fait pas honneur.
A la toute fin du roman, Août s'est fait virer de son poste et fait un appel du pied à Octobre. On n'a pas sa réponse, mais sans doute qu'il va accourir comme un fidèle toutou.
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