Étienne le tient bien son billet de Loto, oh oui. Un billet gagnant affolant, à vous brûler les gants. Un billet qui le met au ralenti, l'étourdit, lui coupe l'appétit, le mène à la folie.
Complètement chamboulé, ce nouveau riche se sent « un peu comme s'il avait gagné un saut à l'élastique du premier étage de la Tour Eiffel ». La peur, le vertige face à l'avenir. Et aussi la crainte que les autres, autour de lui, ne soient plus comme avant. Pour éviter de trop réfléchir et d'avoir à prendre des décisions, Etienne s'assomme avec l'alcool. Mauvaise idée : il est victime d'hallucinations, frôle plusieurs fois la mort et n'arrête pas de perdre ce satané billet.
Album à la fois pertinent, amusant et crispant. Une variante beaucoup moins dramatique que celle de Steinbeck ("La Perle") sur le thème « l'argent ne fait pas le bonheur quand il vous déboule dessus du jour au lendemain ». Album léger mais pas superficiel, qui présente des réflexions intéressantes sur ce sujet pourtant rebattu, invitant le lecteur à s'interroger sur son propre rapport à l'argent et sur celui de ses proches. Connaît-on bien sa famille, ses amis ?
Les atermoiements de l'heureux gagnant / triste loser (oxymore ?) peuvent agacer, le tournant pris dans les dernières pages peut dérouter et sembler artificiel. Mais peu importe, on passe un moment bien agréable, le récit ne manque pas de suspense et on cogite pendant la lecture, et même après si on veut.
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Etienne gagne au loto... 6 numéros! mais il ne se décide pas à faire les démarches, tout en couvant son billet gagnant comme la prunelle de ses yeux.
Il va enchaîner les coups de guigne en 2 jours. Bourré, il prend le dernier métro à contresens. Il se fait voler son tire-lard où se trouve son billet. Il fait un accident de voiture et finit dans la flotte. Puis son ex revient... et si c'était pour l'argent? Chaque rencontre va être pesée, analysée... ce petit homme, est-ce un croque-mort? Misère, va-t-il falloir douter de tout le monde simplement parce qu'il a de l'argent.
Angoissé au naturel, Etienne va porter ses névroses à la puissance 10... chassez le naturel, il revient au galop chez cet ex-détective privé. Il finira même par donner l'impression de faire la manche dans le métro et croisera le croque-mort... qui n'en est (évidemment) pas un.
Jean-Claude Denis pratique la mystification et l'élève au rang d'art. Il manipule le lecteur dans un thriller qui ne dit pas son nom. Il dépeint des personnages de manière exceptionnelle et les met dans des situations banales en apparence, dont il tire tout le potentiel. C'est brillant et ce scénario dont rêverait tout bon dessinateur tombe en de très bonnes mains. le dessin est parfait dans le genre, et développe l'atmosphère adéquate.
Primée à Angoulême, cette BD cache bien son jeu et s'insinue en nous petit à petit. Et si nos rapports humains n'étaient pas si désintéressés que cela? Allons-nous nous interroger sur nos proches? Finalement J.-C. Denis ne nous rend pas service...
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Étienne est l'archétype du loser, un peu lourd, un peu triste mais bien sympathique quand même. Et puis paf, il gagne une petite fortune au loto. Et c'est là que tout s'emballe : que va-t-il faire de tout cet argent? Ses amis le resteront-ils juste pour lui même? Pourquoi voit-il des choses et des gens bizarres? Folie? Alcool? Peur? Et où est passé ce satané ticket gagnant???
Je ne connaissais ni l'auteur ni les dessinateurs. le style n'est à priori pas ce que je préfère mais c'est une bonne découverte. L'attention est surtout portée sur les personnages avec des fonds flous, minimalistes ou inexistants. Les visages sont assez anguleux, pointus, parfois cauchemardesques mais tout cela recentre bien l'attention sur Etienne qui perd la tête et se sent agressé par tout et tout le monde. Les couleurs sont utilisées de façon intéressante : le rouge qui teinte les délires d'Etienne par exemple, et le bleu, les souvenirs.
Au niveau de l'histoire rien de bien original mais un traitement pertinent du thème “l'argent fait-il le bonheur?”. Comment change-t-il les gens? (ou pas!). On a là toute une palette de réponses du positif au négatif! Vu que je ne joue pas, je ne le saurai probablement jamais héhé. Une lecture bien sympathique au final, agréable découverte!
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Le train du sommeil va partir, attention à la fermeture des paupières ! (p. 15)
On peut très bien être présent sans être là. Lui, il était absent tout le temps, même quand il était là ... Surtout d'ailleurs !
... L'argent n'est pas toujours ce qui peut arriver de mieux dans une vie...
La fortune sourit beaucoup à ceux qui ont déjà tout.
La fortune attise nos vices, l'infortune nos vertus.
Sur un mode ludique, d’abord, avec le grand retour du duo Ravard-Rabaté pour La Loi des probabilités, une bande dessinée qui suit l’improbable destin de Martin Henry, qui se croyant condamné décide de vivre sa ma meilleure vie. Chez Zelba , ensuite, qui nous raconte Le grand Incident du Louvre : quelle chance y a-t-il que les statues et peintures féminines du musée se révoltent, fâchées d’être reluquées et tripotées ? Dans le nouvel album de Luc Leroi par l’immense Jean-C. Denis, grand prix de la ville d’Angoulême : quelle chance avait le héros pour que son nouveau livre porte exactement le même titre que celui du best-seller abonné aux meilleures ventes ? Et enfin chez Keum Suk Gendry-Kim, l’autrice coréenne incontournable, qui nous raconte dans Demain est un autre jour les déboires d’un couple qui, même en aidant la chance par toutes les techniques et traitements disponibles, ne parvient pas à avoir d’enfant.
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