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EAN : 9782070382477
384 pages
Gallimard (22/05/1990)
4/5   26 notes
Résumé :


Roman historique ? Oui... car, en 1950, les taxis s'appelaient «voitures de place», à l'aube, aux Halles, une forte odeur de soupe à l'oignon réconfortait les amis de la nuit; on dansait la rumba, le fox-trot et le slow. Et même, dans les caves, endroits de perdition, on dansait le jitterburg.

Saint-Germain-des-Près était un joli village; les jeunes filles ne se mettaient pas au lit dès qu'on leur disait bonjour un peu poliment : elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne veux jamais l'oublier /Michel Déon/Académie française
La romance que va vivre Patrice Belmont commence à Venise dans les années 50, en villégiature chez sa tante la Marquise Mercédès Bongiovanni, veuve du marquis éponyme, une femme un peu snob ex maîtresse prétendue du poète italien D Annunzio. Il parcourt passionnément les musées et les églises. Amoureux de la peinture, il découvre un monde qu'il connaît mal. Esprit mystique, il commence à douter de son incroyance face aux profonds mystères qui l'entourent.
Depuis un mois il est à Venise, et il découvre une tante certes marquise, mais quelque peu agaçante ce qui ne l'empêche d'éprouver une réelle affection pour elle teintée de pitié.
Patrice fait la connaissance d'Olivia lors d'une soirée chez sa tante mais malgré une tentative de séduction, la demoiselle qu'il a raccompagnée ne l'invite pas à entrer chez elle. Il n'insiste pas quoiqu'il soit tombé follement amoureux. Forcer le destin n'est pas dans ses habitudes. Déçu, il se dirige vers le casino et s'installe à une table. Il remarque alors une jeune femme qui joue gros et perd tout autant. Soudain elle se lève et sort de la salle. Voulant la rejoindre, Patrice la découvre alors sur le point de se jeter dans le vide et la saisit juste avant la chute fatale. Il constate qu'elle saigne abondamment du bras…
Après avoir fait le nécessaire, Patrice fait plus ample connaissance avec Vanda…
La suite se passe sur les rives du lac de Garde dans les Alpes italiennes : Patrice aime errer libre de toute contrainte, rêver comme il le désire, se baigner et vivre au soleil de ce bel été. Faisant une halte dans un bar des bords du lac, il est tout émoustillé par la beauté charnelle de la serveuse et ne peut se retenir de la contempler avec saisissement et concupiscence. « La lumière irisait les contours de sa robe légère et transparente, tandis que se silhouettait l'ombre d'un corps rond et plein avec de belles hanches et des cuisses jointes. Elle s'accroupit pour caresser le chat ; un genou plus haut que l'autre relevait le bas de la robe, découvrant la cuisse un peu grasse, d'une belle chair blanche et jeune, à peine veinée. À la hauteur de la gorge, la robe baillait sur deux seins déjà mûrs dont on apercevait les fleurs brunes. Pour Patrice, de tous ces gestes simples, irradiait une sensualité qui l'emplissait d'un émoi indéfinissable… Ce corps si jeune restait offert, à peine protégé par le tissu léger de la robe. Si Patrice n'avait pas été doué d‘inspiration, il aurait porté la main vers le corsage et caressé les deux colombes…Mais déjà il retenait son plaisir au bord de l'abime et s'en laissait enivrer. À aucun prix, il ne fallait rompre l'enchantement. »
L'arrivée à Florence en compagnie de sa tante est un moment que Patrice veut décisif lors qu'il reverra Olivia qu'il doit rencontrer en cette belle ville d'art. La marquise tente de dissuader Patrice de se lier à Olivia qui selon elle n'est pas faite pour lui. Elle préfère lui présenter quelque jolie femme de sa connaissance. Mais Patrice ne veut rien entendre. À ce moment du voyage on ressent comme une voile de mystère autour de la personne de Olivia qui tente elle aussi de dissuader Patrice de lui faire une cour assidue. Ensemble et parfois aussi avec la marquise ils visitent Florence et l'auteur nous fait découvrir les joyaux de cette ville mythique. La visite de la Capponcina à Settignano où D Annunzio se retira longtemps en toute simplicité avec ses cinq chevaux, ses dix lévriers, ses domestiques et sa maîtresse, est un moment fort de la promenade dans Florence qui s'inscrit ainsi dans une légende et un paysage qui la portent à travers les siècles, image même de cette Italie dont Patrice ne comprenait qu'après l'avoir quittée combien elle importait à l'exercice de l'intelligence et de la sensibilité.
Puis le moment de quitter avec sa voiture l'Italie pour Genève est venu pour Patrice qui sait que sa tante lui a appris le goût du baroque italien et la curiosité d'une existence absolument frivole. La marquise resterait à jamais inséparable des souvenirs du voyage italien à travers la sensibilité, l'art et l'amour.
À Genève, Patrice retrouve Vanda avec qui il passe des heures d'ivresse au cours desquelles il fait l'amour en pensant à Olivia comme s'il était sous l'effet de stupéfiant.
de retour à Paris, Patrice vend sa voiture doit songer à gagner sa vie après tant d'années de dilettantisme, d'études bâclées et de plaisir. Il est embauché par un certain Lebreuil pour des tâches très confidentielles dans les affaires. Missions à Londres et ailleurs se succèdent ainsi que le papillonnage de maîtresse en maîtresse.
Mais Olivia a donné rendez-vous à Patrice à Bellagio sur les rives du lac de Côme pour passer des soirées de fête. Aveuglé par son amour et son cynisme, Patrice ne voit guère la frivolité et la superficialité d'Olivia, enfant gâtée et capricieuse aimant l'argent…
Tout au long de ce beau roman on peut admirer le style suggestif et fluide de Michel Déon le hussard pour relater les moeurs d'une société bien différente de celle d'aujourd'hui. Dans ces années 50, on dansait encore la rumba et le fox-trot, les jeunes filles ne se mettaient pas au lit et n'ouvraient pas leurs cuisses dès qu'on leur disait bonjour un peu poliment. Elles jouaient un jeu cruel et complexe où l'art de la séduction devait être poussé jusqu'à ses derniers retranchements. L'Italie n'était pas encore envahie par des hordes de touristes : c'était encore celle vue par Stendhal. Une certaine douceur de vivre régnait juste après la guerre. Ce roman mêlant libertinage et passion possède un coté socio-historique indéniable.
Quant au titre de cette romance très romanesque, il est extrait d'un poème d'Apollinaire.
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A Venise Patrice Belmont prend du bon temps chez sa tante, Mercedes Bongiovanni, une vraie Marquise et tellement snob, elle qui prétend une liaison avec le grand Gabriele d'Annunzio. Elle sera à l'origine de la rencontre entre Patrice et Olivia, une mystérieuse jeune femme dont Patrice tombera follement amoureux…Sans retour : Olivia est avide d'argent facile et de fête…
Paru en 1950, « Je ne veux jamais l'oublier » est le troisième roman de Michel Déon. On voit poindre ce qui fera le succès de l'auteur : un détachement du « héros » des choses de la vie et de son coté matériel, adepte du « fare niente », un style qui suggère plus qu'il ne décrit. Bref, une ambiance délicieuse de hussard dont il est le dernier représentant.
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Ce roman a été écrit en 1950, peu de temps après la seconde guerre mondiale.
Il y règne une certaine atmosphère de libertinage, de liberté de vivre, d'espoir afin d'essayer d'oublier les années de terreur, de privations vécues pendant la guerre.
On peut dire que ce roman se partage en deux parties : l'Italie et Paris.
Venise est peu présente, seulement, dans les 2 premiers chapites, mais y joue un rôle important dans la vie du héros, Patrice Belmont.
D'abord à Venise, puis, un peu partout en Italie, Patrice prend du bon temps en compagnie de sa tante (Mercédès Bongivanni), une authentique Marquise, agaçante et snob à souhait !!!!
C'est grâce à sa tante que Patrice rencontre à Venise, une « mystérieuse » jeune femme dont il tombe éperduement amoureux, et, serait la femme de sa vie.
Mais celle çi est superficielle, frivole, avide, hyper gâtée, aimant l'argent et la fête. Elle le fera tourner en bourrique avant d'en épouser un autre …
Patrice Belmont, quant à lui, peut sembler un être cynique, blasé, peu matérialiste, mais, semble entier. Si il ne tenait qu'à lui, il passerait sa vie à ne rien faire, à mener la grande vie, mais, devant gagner sa vie, il retourne à Paris afin d'y trouver, sans grande conviction, un boulot.
Que se soit à Venise, à Milan, à Brescia, à Florence, à Cardone, l'ombre de l'écrivain Gabriele d'Annunzio plane sur la vie des héros, et, notamment sur la vie de la Marquise. En effet, l'auteur a imaginé une liaison entre la Marquise de Bongiavanni et l'écrivain. Cette dernière en garde un souvenir ébloui. Au fil des pérégrinations de la Marquise et son neveu, on a l'impression que la Marquise suit les traces de l'écrivain en « visitant » les lieux dans lesquels il a vécu.
Le periple italien est aussi l'occasion pour les 2 héros de s'arrêter à San Giovanni Rotondo où vécu le Padre Pio dont on parlait tant à l'époque
Appréciant énormément Michel Déon, j'avoue m'être régalée en lisant ce roman écrit dans un style poétique … …


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Il me fait penser à d'autres livres ce livre. À d'autres livres sur l'amour (Aurélien, Belle du seigneur, Veiller sur elle) et d'autres livres du même auteur (le jeune homme vert). On y retrouve des thèmes comme le romantisme, la légèreté de ces êtres, la fougue, la vie, la passion parfaitements écrits et décrits par Michel Deon.
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Le premier succès de Michel Déon. Déjà une maturité étonnante, prometteuse d'un grand écrivain dans ce roman écrit à 31 ans à peine. J'ai beaucoup aimé ce livre qui se lit aisément grâce à son style classique, fluide et évocateur. C'est à la fois un roman de formation, un hymne à l'amour et à l'Italie, un adieu aux illusions de la jeunesse...Je le recommande à tous, particulièrement aux amoureux du beau style et du panache.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vous êtes jolie, distante et ambiguë. C'est trop beau. Il y a un piège là-dessous. Je pense toujours aux annonces de mariage : rien que des qualités et une certaine fortune. Alors pourquoi ne se marient-elles pas sans le secours des journaux ? On leur écrit, on va les voir : il leur manque un œil, elles ont un bec-de-lièvre, ou un fils naturel, elles veulent partir pour les colonies. Quel est votre piège ?
- Indiscret !
- Cela vaut mieux. Ne me dîtes rien. J'ai encore deux chances : que vous soyez parfaite ou bien qu'il y ait vraiment un piège et que je ne le découvre jamais.
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Patrice la quittait avec, chaque après-midi, un peu plus de regrets. Il aimait se dire qu'il était amoureux et que cette passion grandissait de rencontre en rencontre.
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Tant il est vrai qu'à partir d'un certain age , nous sommes les propres pères de notre jeunesse''
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Vidéo de Michel Déon
Des messages portés par les nuages : lettres à des amis Jean d'Ormesson Jean-Luc Barré, Martin Veber Éditions Bouquins
Recueil de lettres reflétant la grande diversité des correspondants de l'écrivain français : Marguerite Duras, Michel Déon, Raymond Aron, Jacques de Lacretelle, Jean-François Brisson, Roger Callois, Jeanne Hersch, Claude Lévi-Strauss, Simone Veil, Michel Debré, entre autres. Un dévoilement des jugements littéraires de l'auteur, de ses admirations, de son intimité et de son engagement d'écrivain. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/messages-portes-nuages-lettres-amis-jean-ormesson/9782221250051.html
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