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EAN : 9782070377138
215 pages
Gallimard (12/03/1986)
3.64/5   35 notes
Résumé :

La tante Zaza, à la beauté légendaire, emmène son jeune neveu en vacances à la campagne. Il a seize ans et, ingénument, elle lui fait partager son lit. L'inévitable se produit. Zaza, plus tard, périra dans un incendie, mais son souvenir adorable restera vivant. On retrouve dans ces dix nouvelles la même vervé caraïbe, le même érotisme heureux qui appartiennent à l'auteur du Mât de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Disons-le, Alleluia pour une femme-jardin est une célébration impie de la femme créole, mulâtre. Une adoration comme seuls les poètes talentueux peuvent s'y autoriser. La femme-jardin de Depestre est belle, libre. Cette fascination exclusive ne saurait s'embarrasser d'entrave quelconque. Aussi, avec la ténacité et la détermination d'un ouvrier du BTP, René Depestre déconstruit, défonce, marteau piqueur à l'appui, toutes les oppositions au regard libidineux que ses personnages portent sur la femme-jardin. Terme poétique en premier lecture. Expression qui cependant ne souligne que trop une idée de possession et une vision extrêmement réductrice d'une femme forcément belle, voluptueuse, désirable. La femme-jardin est un petit champ que l'on possède et que l'on laboure avec ferveur. Dans ces dix nouvelles, René Depestre, décrit des personnages qui transgressent des interdits comme l'inceste, le voeu du célibat, qui violent l'intime au nom d'un désir qu'on ne saurait brider. La chair doit être satisfaite dans ses exigences.

Le christianisme dans son discours prude et modérant les ardeurs bestiales prend donc des coups violents de la part de l'auteur haïtien avec démonstration à l'appui de l'hypocrisie des hommes de Dieu. Depestre écrit à charge. La dernière nouvelle ponctue cet acharnement par la mise en scène d'une parodie de la passion de Christ.

La colère sourde qu'exprime Olivier dans cette première nouvelle traduit la révolte de l'adolescent face à ses sens en ébullition et les interdits qui d'une certaine manière constitue une digue face aux assauts d'une tante libre qui joue et se joue de son neveu, avant que la passion charnelle ne consume totalement ces deux êtres. le destin tragique de Zaza, la tante libertine peut prendre la forme d'un jugement divin. le jeu de Depestre est très fin. Par la trame de cette nouvelle et le discours des personnages, il met en scène ce questionnement qui va accompagner tout ce recueil.


La note à payer pour un hédonisme tropical est-elle si lourde à payer ? Peut-on s'en affranchir aisément ?


Par-ci, par-là, on parle d'un érotisme solaire. Depestre le premier. Il est certain que cette oeuvre a quelque chose de jovial en première lecture. Les corps qui s'entremêlent, le diktat des désirs charnels et leur célébration satisferont beaucoup. Mais, la nouvelle Mémoires d'un géolibertinage, où Olivier Vermont se décide à la cité internationale de Paris de découvrir le monde en labourant de multiples jardins exotiques révèlent le vide intersidéral qui habite notre jeune étudiant haïtien.

Bref, c'est une oeuvre qui mérite beaucoup plus qu'un commentaire après lecture. Chaque nouvelle mérite un arrêt sur discours. Je ne peux m'empêcher de me poser la question. La dictature des sens n'est-elle pas une forme d'esclavage profond ?
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Alléluia pour une femme-jardin,
Alléluia pour toi, pulsation majeure de la vie !
Alléluia pour ta patience d'hormones joyeuses dans la nuit de la femme !
Je te salue et te présente à la vénération du monde.
Par amour pour toi, je suis prêt à traverser des déserts et des forêts vierges, à défier les bûchers et les chaises électriques, les chambres à gaz et les salles de tortures.
Je plante ta révolte aux coins des rues de la terre pour convertir à ton rayonnement ceux qui voient en toi une géométrie de ténèbres.
Tu n'es ni un astre ni un fruit mystique qui brillent sur notre destinée.
Tu n'es ni ostensoir ni cloaque ni source de tristesse et de perdition.
Je ne suis ni ton prophète ni ton esclave ni ton grand macho,mais simplement un homme fasciné qui proclame après t'avoir vécue que ton rythme appartient aux lois qui font que le vent se lève, que le soleil succède à la nuit, que la lune et les étoiles, la pluie et la neige, tiennent leurs promesses envers les douces moissons de la terre !
Par toi, l'unité et la solidarité de la vie se maintiennent malgré l'immense micmac mental où pataugent les vivants !
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histoires érotiques et sensuelles en Haîti.
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La première nouvelle de ce recueil donne le ton à l'ensemble. Il y a une envie d'exploration, de sensualité, de découverte et de sexualité. Dans la première nouvelle, le narrateur se laisse envahir par l'esprit de sa tante, par le désir et exprime un véritable envie de plaisir. Ce mot sonne comme une révélation dans l'univers de René Depestre. Déjà présent dans le titre, on ressent le lien entre les êtres et la nature, entre les corps et la géographie. La sensualité de l'écriture englobe ainsi tout un monde. Les personnages évoluent alors dans un univers totalement animé par le désir et par l'exploration des sens. Les mots laissent vite la place aux mouvements, au toucher, à l'odorat et au goût. Il y a une saveur à vivre dans ce monde. Cette relation, cette sensibilité au monde, permettent de se libérer et d'élever l'Homme dans son rapport à la Nature. René Depestres semble donner ainsi des lettres majuscules, de noblesse, à chaque chose, chaque être. L'amour sous toutes ses formes devient alors une force faisant vibrer ce monde. Au-delà de la mort, l'amour passionné continue d'exister et cette fascination des êtres, surtout des femmes, devient une lumière éternelle. Cet élan des coeurs et des corps est tellement palpable qu'il donne une consistance aux personnages mais également à Haïti. le pays existe par les sens tous tournés vers l'amour de l'autre, la découverte des corps, un mouvement altruiste pour se connaître et rencontre l'Autre.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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Des histoires entre hommes et femmes, dans une langue sensuelle (voire sexuelle) et imagée, une langue d'Haïti (si cela veut dire quelque chose) qui m'a rappelé l'auteur Louis-Philippe Dalembert.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Un jour , après avoir beaucoup lu, j'osai regarder clairement le monde.

Où que je tournasse le regard, je voyais un désert de mensonge, d'hypocrisie, de bestialité.

La fameuse civilisation moderne maintenait les yeux fermés sur les problèmes essentiels de l'homme.

Et aveuglément, à perte de vue, on emprisonnant, torturait, humiliait, zombifiait, racialisait, animalisait, écorchait l'homme partout où il osait lutter pour une humanité réelle.

Aveuglément, on mentait à l'homme noir, à l'homme jaune, à l'homme blanc.

On mettait depuis des siècles à tous les damnés de la terre.

J'étais l'un des fils de ce vieux mensonge.

L'un des fils d'une hypocrisie depuis longtemps sénile.

Je n'étais qu'un zombie parmi des milliards d'autres.

...

Pseudo-civilisation, pseudo-culture, pseudo-raison, pseudo-identité d'homme.

...

La déshumanisation était la seule réalité qui pouvait se passer du préfixe pseudo, étant omnilatéralement le coeur battant, le sang frais de l'histoire des hommes.

...

Dans ma tête comme dans mon cœur, la culture mondiale n'était qu'une épouvantable maladie.

C'était une culture-serpent, une culture-chacal, une culture-exil !

...

On avait fait de moi un faux Olivier zombie !

Où trouver la négation radicale, volcanique, de cette zombification profonde de mon être ?

...

Mais un matin, en regardant dans la glace, je découvris dans mes yeux une lueur formidablement inconnue.

Une prodigieuse santé rayonnait sur mon visage.

Je m'entends dire intérieurement : " prends ton parti, vieux zombie haïtien, ton salut sur la terre est du côté des femmes !

Jette-toi dans leur merveilleux courant.
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Leur étreinte avait la force et l'unité d'un orchestre de jazz : à chaque coït, la trompette du plaisir, commencée en duo, débouchait sur un solo lancinant, avant de les précipiter à pic dans la baie merveilleusement tranquille des blues de leur enfance.
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Elle s’endormit aussitôt. Moi, je n’y parvenais pas. Ma vue s’habitua peu à peu à l’obscurité de la pièce. On pouvait distinguer les lignes intenses de chaque objet. Par la fenêtre, on voyait frissonner les arbres et un coin de ciel étoilé. Quel dommage de n’être pas né étoile, arbre, poisson, ou n’importe quoi d’autre, sauf cet animal transi de peur que j’étais dans le dos de ma princesse. Je sentais peu à peu sa présence passer dans mon propre corps. Son sang se déversait et se mettait à circuler dans mes veines sous l’action d’une fabuleuse transfusion. Ainsi complètement drogué d’elle, je sombrai dans un profond sommeil.
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Cet été-là, quand on voyait Roséna, il fallait détacher avec la langue chaque syllabe pour convenir qu'elle était é-blou-is-san-te.
Et cela dit, si vous étiez un professeur de philosophie dans un établissement religieux ou un futur père du Saint-Esprit, il vous fallait dire beaucoup d'Ave Maria pour vous rafraîchir le sang.
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N'a-t-on pas, dans la plupart des langues, recours aux mots les plus orduriers pour nommer le sexe de la femme ?
Ce sont partout les mêmes vocables grossiers qui servent à agonir d'injures et diffamer le vagin : con, Cunt, coco, pussy, bohio, porra, cono, twat, etc.
On entend dire : un tel est un sale con, por el cono de su marde, kolanguette manman'ou, lambi bounda mamman'ou !, etc.
Tandis qu'Isa marchait dans l'après-midi, je chassais de ma vie à coups de couteau les mythes funèbres ou répugnants qui ont enténébré et humilié la femme en présentant son sexe comme l'extrême cap avalissant des relations humaines !
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Videos de René Depestre (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Depestre
Avec Arthur H, Rim Battal, Seyhmus Dagtekin, Maud Joiret, Sophie Loizeau, Guillaume Marie, Emmanuel Moses, Anne Mulpas, Suzanne Rault-Balet, Milène Tournier, Pierre Vinclair & les musiciens Mathias Bourre (piano) et Gaël Ascal (contrebasse) Soirée présentée par Jean-Yves Reuzeau & Alexandre Bord
Cette anthologie reflète la vitalité impressionnante de la poésie francophone contemporaine. Quatre générations partagent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 17 ans, les plus âgés sont nonagénaires. Ils sont ainsi 94 à croiser leurs poèmes sur la thématique du désir, un mot aussi simple que subversif.

ADONIS – ARTHURH – Olivier Barbarant – Linda MARIA BAROS Joël BASTARD – Rim BATTAL – Claude BEAUSOLEIL – Tahar BEN JELLOUN – Zoé BESMOND DESENNEVILLE – Zéno BIANU – Carole BIJOU – Alexandre BONNET-TERRILE – Alain BORER – Katia BOUCHOUEVA – Julien BOUTREUX – Nicole BROSSARD – Tom BURON – Tristan Cabral – CALI – Rémi Checchetto – William CLIFF – François de CORNIÈRE – Cécile COULON – Charlélie COUTURE – Laetitia CUVELIER – Seyhmus DAGTEKIN – Jacques DARRAS – Michel DEGUY – Chloé DELAUME – René Depestre – Thomas DESLOGIS – Ariane DREYFUS – Renaud EGO – Michèle FINCK – Brigitte FONTAINE – Albane GELLÉ – Guy GOFFETTE – Cécile GUIVARCH – Cécile A. HOLDBAN – Philippe JAFFEUX – Maud JOIRET – Charles JULIET – Vénus KHOURY-GHATA – Anise KOLTZ – Petr KrÁL – Abdellatif LAÂBI – Hélène LANSCOTTE – Jean LEBOËL – Yvon LE MEN – Perrine LEQUERREC – Jérôme LEROY – Hervé LETELLIER – Sophie LOIZEAU – Lisette LOMBé – Mathias MALZIEU – Guillaume MARIE – Sophie MARTIN – Jean-Yves MASSON – Edouard J.MAUNICK –
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