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EAN : 9782753805361
379 pages
Les Editions du Rocher (11/02/2010)
3.5/5   3 notes
Résumé :

" Depuis trois mois, nous sommes inquiets. Aucune nouvelle de père Paul, là-haut, dans la chaîne des Étoiles. Aucun message, pas la moindre fusée de détresse. Et puis ce soir, un Papou en étui pénien, nu du sol au plafond, a déboulé dans la cour de la mission, avec père Paul, proprement emballé dans des feuilles de bananiers, bien récuré, vertèbres, omoplates, tibias, dans le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai mis longtemps à me plonger dans ce roman. Bien évidement à cause de la polémique qu'il a suscité sur la blogosphère suite au billet de Cynthia qui précisait ne pas avoir aimé et qui a reçu ensuite des mails de l'auteur et de l'éditeur très injurieux et agressifs... Je voulais donc laisser passer un peu de temps pour aborder le roman sans idée préconçue, et lorsque Cécile Qd9 m'a assuré qu'elle l'avait adoré, j'ai décidé de me faire ma propre idée.

C'est un roman étrange, et je comprends qu'il puisse déstabiliser, déranger. Comme le titre l'indique, nous nous retrouvons en papouasie, où de "bons" missionnaires tentent d'intégrer dans le chemin de Dieu les tribus encore totalement sauvages. C'est un roman d'aventures, mais qui sort vraiment de l'ordinaire car nous avons ici comme une caricature de l'évangélisation des sauvages, qui m'a passionnée, bien que révoltée tout au long de ma lecture.

Monseigneur va partir, accompagné du jeune François, le narrateur, à l'assaut des montagnes pour tenter de faire entendre raison à une tribu isolée, encore complètement coupée du monde et vivant dans le plus pur mode sauvage. Il faut dire que Monseigneur est un peu contrarié depuis que les restes du Père Paul, son neveu, ont été ramenés dans une feuille de bananier... Car oui, les Papous, ces bons papous sont encore cannibales... En parallèle, un papou va traverser les océans pour tenter de retrouver le grigri de la tribu qui leur a été volé par le responsable administratif de la région, afin de le vendre au plus haut prix...

Après un voyage long et périlleux, le duo de curés va enfin découvrir le village papou et s'y installer, avec cependant la peur de ne pas savoir d'un jour à l'autre s'ils seront encore acceptés, ou bien dévorés... Avoir soigné le fils du chef les sauve pour l'instant, mais pour combien de temps ? Car le sorcier Gouloupouï, dont on a marché sur les plates-bandes, crève de rage et de jalousie contre ces deux blancs becs et fait en toute discretion pression sur la tribu pour éjecter ces intrus, qui les polluent avec leurs beaux discours sur Dieu et l'amour...

Les personnages sont assez sympathiques, mais pour moi vraiment trop caricaturaux, bien qu'extrêmement bien décrits et ayant des personnalités très intéressantes. Impossible de croire vraiment à la belle Lik Lik dont François va tomber éperdument amoureux, ni surtout aux dialogues quasiment philosophiques qu'entretiennent les deux missionnaires avec les hommes de la tribu : sont-ils sauvages ou non ?

On assiste à un choc des cultures phénoménal assez passionnant : les missionnaires, confits dans leurs certitudes, leur dogme, leur bonne conscience, leurs saints et leur religion inaccessible, à mille lieu de la réalité quotidienne de ce peuple relativement accueillant au demeurant, s'il n'avait la fâcheuse habitude de croquer du blanc grillé de temps à autre ou de dévorer leurs bébés... le choc se produit également pour celui qui est parti à la recherche du totem de la tribu et se retrouve totalement perdu dans notre société mercantile, violente, individualiste... Lui qui rêvait de quitter son île et d'avoir enfin accès à la "civilisation", le voilà qui ne désire plus qu'une chose : rentrer au pays coûte que coûte !

Alors on rit parfois, on s'énerve aussi un peu des prêches des curés (tissu de crétineries !), on s'insurge sur cette pratique (qui doit bien exister encore) de vouloir faire renier à un peuple ses traditions, ses dieux, toute son identité culturelle pour vénérer un autre Dieu dont on a du mal à comprendre pourquoi il serait meilleur...

Le style est tout à la fois foisonnant, époustouflant mais assez fatiguant à lire. J'ai détesté les 50 premières pages, tant j'ai été déstabilisée, désarçonnée. Et puis je me suis prise dans l'histoire et j'ai finalement dévoré ce roman, passionnant, riche, souvent très drôle, poétique aussi, instructif, proposant au lecteur de belles descriptions de la nature et des caractères, bref, une lecture très positive ! Et un auteur que je relirai très probablement.

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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"Papoua" est un roman de l'écrivain-ethnologue-psychologue-cinéaste-journaliste français Jean-Claude Derey publié cette année aux éditions Alphée.
Comme le titre le laisse deviner, ce récit d'aventures nous plonge au fin fond de la Papouasie (connue aussi sous le nom de "Nouvelle-Guinée", pays situé au nord de l'Australie) où nous faisons la connaissance d'un jeune narrateur, François, en passe de devenir le premier prêtre papou.
Le jeune homme sera amené à accompagner Monseigneur, son père d'adoption, en mission chez les Fouyoughé, un peuple cannibale habitant la chaîne des Etoiles.
Cette expédition sera l'occasion pour François (et pour le lecteur) de confronter sa vision à celle d'un peuple dont le mode de vie se veut radicalement différent du sien...

Autant le dire d'emblée, je n'ai pas choisi ce livre. D'ailleurs, si je l'avais aperçu en librairie, je l'aurais à peine regardé, le temps de me dire "oh quelle belle couverture!" et je serais passée à autre chose.
Quoiqu'il en soit, voici une belle couverture, à mi-chemin entre un cliché "Geo magazine" et une photo Toscani.
Bref. Passé l'effet "oh c'est zoli", j'ai découvert (avec horreur) le quatrième de couverture qui mentionnait un récit d'aventures avec pour toile de fond le sujet de la religion (beurk).
J'ai reposé le livre en me disant "Cynthia, mais qu'est-ce qui t'a pris de t'inscrire à ce partenariat mystère et d'ainsi accepter de recevoir un livre sans savoir à l'avance de quel genre il s'agirait?".
C'est donc la mort dans l'âme (bon d'accord j'exagère un chouia) que j'ai commencé ce roman. Les 100 premières pages étaient loin de me rassurer. Il n'y fut pratiquement question que de Malin et de sexe abordé de façon...assez crue et parfois "surjouée"...

Soit. Après ces histoires de "sève", de "noisettes", de "lait" arrive la seconde partie consacrée à la rencontre du jeune homme et du prêtre avec les Fouyoughé, qui sont un genre d'irréductibles gaulois en version pagnes et gouache.
Comme nous le signale l'auteur au début du récit, nous sommes dans "l'île la plus inhospitalière du monde" et dans cette fameuse région montagnarde appelée chaîne des étoiles, la population y apprécie particulièrement les gigots...humains.
Nous sommes donc loin du Mythe du bon sauvage à la Montaigne...
La rencontre entre le prêtre (qui pratique la médecine avec les moyens du bord...) et le chamane (qui attend de voir ce qui se passe quand on jette un corps dans la rivière) sera l'occasion d'aborder le choc des cultures et d'opposer points de vue "païen" et catholique.
Entre les uns, cannibales et "barbares" et les autres qui prêchent tout en pêchant, j'avoue que je suis complètement restée en dehors de ce récit. Je l'ai donc abandonné à la page 219 (sur 360), à bout de ma dernière once de curiosité.
Il faut dire que ce genre de passage n'était pas pour me motiver...

En quelques mots, j'aurais préféré être consultée un minimum sur mes goûts (à défaut de laisser le choix entre plusieurs titres) avant de recevoir un livre, cela m'aurait évité une déception et aurait sûrement davantage fait plaisir à quelqu'un d'autre.
Ce roman n'est pas foncièrement mauvais mais il n'était absolument pas pour moi.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Pour moi c'était un des meilleurs livres lus ce dernier temps. Et, pourtant, j'ai hésité longtemps tellement je n'avais pas envie de lire une autre histoire sur les soi-disant "bienfaits" des missionnaires qui voulaient apporter à tout prix la parole de dieu à ceux qui n'en ont pas forcément besoin ou envie.. Il est vrai que les premières pages étaient un peu déroutantes, il fallait s'habituer à ce style incisif mais irréprochable et à savoir qui est quoi. Mais très rapidement j'étais complètement prise dans l'histoire avec ses descriptions époustouflantes, ses comparaisons souvent très drôles (un peu modernes, parfois, pour ce jeune Papou, François, qui a passé toute sa jeune vie de 17 ans avec les missionnaires en papouasie) et la lutte entre Monseigneur qui veut absolument convertir les Fouyoughé, un peuple sauvage mangeur d'hommes et leur chaman Gouloupouï, gardien des traditions millénaires. La fin, bien que prévisible, est très réussie, elle nous laisse songeur sur notre civilisation et nos croyances. le livre m'a donne envie de connaître plus sur les Papous et ....... de lire un autre livre de l'auteur Jean-Claude Derey.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai visité, une fois, le pays de Mitsinari, de l'autre coté du monde, avec ses cochons si gros qu'ils portent sur la tête des fers de lance !

Et des maisons en bois, si hautes, avec des toits taillés en oufa loumina, des morceaux du ciel aui aveuglent sous le soleil ! Et sur l'immensité d'eau salée, d'autres maisons flottantes, qui crachent de la fumée en avançant comme l'éclair ! Et dans des maisons spéciales, où tu bois, des esprits chantent dans des boites noires... [...] Les filles, cadenassées dans des habits, marchent en équilibre sur des échasses... Et les hommes se saluent dans les rues en soulevant leur chapeau ! [...] Des policiers armés qui t'obligent à marcher dans les clous. Sans écouter tes orteils ! Une prison aux murs épais, où on t'enferme, sans lumière, des lunes. Parce que tu as déposé ta crotte sur le trottoir ! Avec des règlements plus nombreux que les arbres de la forêt que tu dois connaître si tu ne veux pas mourir de chagrin ! Ce progrès t'oblige à vivre sur la pointe des pieds. Interdiction de chasser et de pêcher sans permis. Que tu obtiens avec du papier. Comment le gagner ? En travaillant ! Ca veut dire rester des heures sur une machine, à accomplir toujours le même geste !

Les mêmes boulons ! Si tu veux pisser ? Lève le doigt ! Demande la permission ! C'est la stricte vérité !

Si tu refuses ce travail de forçat ? Pas de papier, pas de toit, pas de manioc, pas de filles. Le policier te réveille dans la rue à coups de bâton. Le ciel n'est plus ton chapeau ! Les hommes d'en bas sont des arbres déracinés que le vent emporte au diable !

Dans nos montagnes, on respecte l'homme pour son courage à la chasse, à la guerre ! Mais mitsinari nous propose un monde barbare, inhumain ! En bas, nos fils boivent la bière, fument l'herbe magique qui rougit les yeux. Ils égorgent pour voler le papier ! Voilà le monde enchanté de mitsinari !
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Depuis trois mois, nous sommes inquiets.
Aucune nouvelle de père Paul, là-haut, dans la chaîne des Étoiles. Aucun message, pas la moindre fusée de détresse. Et puis ce soir, un Papou en étui pénien, nu du sol au plafond, a déboulé dans la cour de la mission, avec père Paul, proprement emballé dans des feuilles de bananiers, bien récuré, vertèbres, omoplates, tibias, dans le désordre, presque complet, sauf le crâne qui là-haut, sert d'oreiller...
Monseigneur contemplait son malheureux neveu, enfin les omoplates, comme s'il peinait à le reconnaître, et qu'il avait encouragé à venir le rejoindre en Papouasie, l'île la plus inhospitalière du monde. " Malgré une retraite bien méritée, Monseigneur décide de se lancer à l'assaut de cette tribu cannibale, le dernier bastion du Diable, vivant encore à l'âge de pierre, retranchée au-delà de la chaîne des Étoiles.
François, un jeune séminariste, le futur premier curé papou, l'accompagne. Ils vont affronter de multiples dangers avant de parvenir chez les Fouyoughé, qui les reluquent comme des gigots à deux pattes. Monseigneur, à la recherche d'âmes, va se heurter à Gouloupouï, le chamane fouyoughé qui n'est pas le fanatique sanguinaire tant décrié, mais le gardien des traditions dont les pouvoirs stupéfiants ont protégé à ce jour sa tribu des effets pernicieux de la civilisation.
Et c'est le choc frontal, brutal entre l'ordre nouveau, le gris-gris sur sa croix et le sorcier. Comment Mon-seigneur va t il supporter les sorts et persécutions du chamane bien décidé à éliminer le vieux missionnaire ? Un récit haletant, drolatique et riche en rebondissements qui plonge le lecteur dans un monde méconnu, en convulsion, et relègue l'homme blanc ou le Papou à sa juste place, un point d'interrogation...
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Si j'agissais comme mitsinari, je dirais :

Votre terre meurt sous le goudron.

les arbres sont en prison.

Chaque brin d'herbe est compté.

Et chaque fruit numéroté.

Les oiseaux dans le ciel ? Bagués, fichés.

Dans les villes, chacun pour soi.

Tu ignoreras tes voisins, tes parents.

Dans les rues, des gens pressés courent, comme des animaux sauvages fuyant un jungle en flammes.

Leur vie ? Des cages. Bureaux, autos, maisons.

Les étoiles ? Le chant de la rivière ? Pas le temps.

La nature ? Ca pique, ça mord.

Vos enfants ? Des informes, sans initiation, incapables de survivre dans la forêt.

Ils ignorent la naissance du monde, l'esprit des ancêtes.

Des larves gavées de connaissances stériles qui ne deviendront jamais des Hommes vrais.
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Le Blanc veut toujours expliquer les choses. Le Fouyoughé vit sans se poser de question, avec un sentiment de merveilleux sacré. La vie est un miracle permanent. Mais le Blanc, ce fanatique du pourquoi, comment, a une âme pleine de goudron, à l'image de la nature disciplinée autour de lui.

Avec lui, la vie cesse d'être magique. Mitsinari croit nous sauver en nous proposant un ordre nouveau, avec un dieu comptable de nos péchés, son escouade de saints paludéens, souffrant de diarrhées, son cortège d'anges et de missionnaires très sûrs d'eux : ils sont la vérité et nous les sauvages à baptiser. Mitsinari parle tout le temps d'amour ! Ce mot qu'il roule avec gourmandise sous la langue et qu'il nous sert rôti, bouilli, braisé. Même s'il ignore ce qu'il signifie.
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Mais la femme? Une créature impure par nature. Elle fuit au quartier du bas, près de la rivière, pour accoucher dans un abri de branchages.
Elle enfante seule, debout. Pendant que le mari, lui, se roule dans la case, en proie à d'intolérables douleurs.
On l'éponge, on lui offre du cochon grillé, des fruits, l'eau la plus fraîche. On l'entoure d'attentions, on s'apitoie.
Pendant ce temps, la mère donne le bébé en pestiférée. Elle brûle l'abri précaire, enterre le placenta, sacrifie le bébé si c'est le premier au profit d'un porcelet.
La femme? Un mal inévitable. Une créature dangereuse, frivole qui doit occuper sa juste place, au bout d'une laisse ! se plaint Baïva. Elle pollue. p.178
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Video de Jean-Claude Derey (1) Voir plusAjouter une vidéo

Jean Claude Derey : les enfants du brouillard
Dans la forêt landaise à Seignosse, Olivier BARROT (portant une casquette bleue) présente un des ouvrages d'une collection sur l'histoire des faits divers "Les enfants du brouillard" ou "l'affaire Mis et Thiennot" de Jean-Claude Derey. Participation d'un chasseur et son chien.
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