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EAN : 9782070442430
128 pages
Gallimard (10/03/2011)
4.12/5   4 notes
Résumé :

Chacun en connaît l'air ou la chanson : "L'Auvergnat", "Les copains d'abord", "Les sabots d'Hélène", "Les amoureux des bancs publics", "La mauvaise réputation", "Le Gorille"...

Autant de petits bijoux qui dessinent un portrait tout à la fois acerbe et tendre de nos contemporains. Sur des arrangements simples, Georges Brassens chante des textes poétiques. C'est là son style, unique. L'homme a vécu pour la littérature, lisant et relisant Vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
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Georges Brassens aurait été centenaire en cette année 2021.

À 15 ans, Georges a déjà des poèmes en tête, comme celui de Pénélope ci-dessous. Il les trouve minable et les brûle.
« Que mon amante Pénélope
Par à coups me fasse cocu
Avec un marchand d'escalopes,
La faim, ma foi je n'ai rien vu »

Chez lui, à Sète où il est né, les fenêtres étaient toujours ouvertes. Dans sa courette, sa mère Elvira chantait toute la journée.
D'origine italienne, elle rêve que Georges soit notaire ou médecin. Indiscipliné, fréquentant une bande de jeunes voyous à Sète où il habite, le futur poète, après un délit, est contraint de partir s'installer chez une tante à Paris dans le 14ème arrondissement.
La belle vie… Il ne fait rien et passe son temps dans la bibliothèque municipale à étudier les poètes et la versification. En 1943, il a 21 ans et rencontre Jeanne et son mari chez lesquels il vient habiter dans l'impasse Florimont du quartier. Il y restera plus de 20 ans. Jeanne lui offre une guitare, il récupère un piano et compose des chansons qu'il note sur des petits cahiers.

Huit années passent. C'est presque la misère chez Jeanne. Georges va aux réunions du mouvement anarchiste français. En 1947, il publie à compte d'auteur un texte délirant « La lune écoute aux portes » que seuls ses copains lisent.
Il écrit, peaufine, rature, retravaille dans le respect des règles de la versification. Il lit les plus grands : Rabelais, Villon, Rimbaud, Verlaine, Hugo, Trenet. Des personnages apparaissent : « Les amoureux qui s'bécot sur les bancs publics », « le vieux Léon », « Une jolie fleur », « Putain de toi », « L'Auvergnat », « Jeanne », « Fernande ».
Il veut que ceux qui entendent sa musique croient qu'il parle, qu'il ne sait pas chanter, qu'il fait des petites musiquettes faciles. « Ceux qui disent que mes musiques sont toujours les mêmes ou inexistantes sont des connards ! ».

Françoise Giroud, 1953, dans «France Dimanche » : « Dès qu'il paraît en public, son corps se dérobe. Il est bientôt couvert de sueur, une sueur qui tombe en large gouttes jusque dans ses yeux. Alors il s'ébroue, furieux. Il chante, tête baissée, buté, lourd, blême sous son casque de boucles noires. Noires aussi, dans son visage un peu mou, deux flaques douces, tristes : les yeux, où se réfugie tout ce que ce grand gars de 32 ans a conservé de l'enfance. »
C'est la famine à l'impasse. À partir de 1951 Brassens fait les cabarets parisiens avec sa guitare sous le bras. Mars 1952, c'est l'événement : Chez Patachou à Montmartre, il est tellement intimidé qu'elle doit le pousser sur scène. Il chante « La mauvaise réputation », « La chasse aux papillons », « Les amoureux des bancs publics », « Brave Margot ». Il est pris au Trois Baudets et enregistre un premier disque. Il devient un chanteur sulfureux. le « Gorille » n'arrange rien, des disquaires refusent de vendre ses disques.

La consécration ! En1953, les galas se multiplient. Georges Brassens est une vedette. « Planté sur la scène des « Trois Baudets » il est timide, farouche, suant, mal embouché et gratte une guitare comme l'on secoue des grilles de prisons » dit de lui René Fallet. le cinéma lui propose de faire un essai dans « Porte des Lilas » mais il comprend vite que ce n'est pas sa voie. Les grandes scènes arrivent : l'Olympia, Bobino. Tous les ans, le chanteur se produit dans cette dernière salle qu'il préfère pour la simple raison qu'elle est proche de son impasse où il continue d'habiter jusqu'en 1967, malgré le vedettariat.
Un tourbillon de vie... Tout le monde veut voir le phénomène. Après Bobino, chaque année, il part en tournée avec tous le jeunes chanteurs de l'époque. Il distribue son argent, achète la maison de Jeanne dans l'impasse et une propriété non loin de Paris où il reçoit « Les copains d'abord », ses amis Brel, Ferré, Aznavour...

Son succès est tel qu'on lui propose l'Académie française. Il répond : « Vous ne me voyez pas avec un bicorne tout de même ». Dans les années 1970, il est devenu un monument de la chanson française. Il soutient et lance les chanteurs de la nouvelle génération : Georges Moustaki, Guy Béart, Maxime le Forestier, Yves Simon…
Il apprend qu'il est atteint d'un cancer. Discret, pour ne pas déranger, il part finir ses jours en octobre 1981 chez un médecin de ses amis. « Comment je souhaite finir ? au jour fixé, sans réticence, s'il me reste encore un peu de dignité, je veux m'en aller sur la pointe des pieds »
À l'annonce de sa mort, Maxime le Forestier, en concert, sanglotant, interprète une de ses plus belles chansons: "Dans l'eau de la claire fontaine".

Il y a quelques années, à Sète, je me suis recueilli sur la tombe du grand Brassens placée sous un pin parasol, face à la mer.
« Est-ce trop demander, sur mon petit lopin
Planter, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l'insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D'affectueuses révérences
Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J'en demande pardon par avance à Jésus
Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume »

J'ai savouré ce petit livre bourré de manuscrits de chansons, photos anciennes.

Aujourd'hui plus personne ne se bécote dans les rues de Paris. le poète est mort. Il faut accrocher sur sa porte, comme il le demandait dans son testament, un écriteau :
« Fermé pour caus'd'enterrement. »

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
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Brassens est sorti d’entre les rideaux comme s’il n’était pas la vedette de la soirée, mais un machiniste égaré, avec ses énormes moustaches de Turc, ses cheveux en broussaille et des chaussures lamentables, comme celles que devait mettre son père pour aller poser des briques. C’était un ours tendre, avec les yeux les plus tristes que j’aie jamais vus, et un instinct poétique que rien n’arrêtait. « La seule chose que je n’aime pas, ce sont ses gros mots », disait sa mère. Il était capable de tout dire, et beaucoup plus qu’il n’était permis, mais il le disait avec une force lyrique qui entraînait tout jusqu’au-delà du bien et du mal. Pendant cette soirée à l’Olympia, il a chanté comme jamais, torturé par sa peur congénitale du spectacle public, et il était impossible de savoir si nous pleurions à cause de la beauté de ses chansons, ou de la pitié que suscitait en nous la solitude de cet homme fait pour un autre monde et un autre temps. C’était comme écouter François Villon en personne, ou un Rabelais perdu et féroce.

Gabriel Garcia Marquez « Georges Brassens » 11 novembre 1981

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La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les croassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons :

« Quand il se fit tendre, elle lui dit : J'présage
Qu'c'est pas dans les plis de mon cotillon,
Ni dans l'échancrure de mon corsage
Qu'on va à la chasse aux papillons ! »

René Fallet – Le Canard enchaîné, 29 avril 1953

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