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EAN : 9782211204842
160 pages
L'Ecole des loisirs (14/04/2011)
4.2/5   23 notes
Résumé :
« Elle m’a dit dans ma langue, en russe : “Ne bouge pas d’ici.” C’était un ordre. Puis elle est remontée en voiture, elle a démarré et elle a disparu dans le noir. J’ai obéi. Je n’ai pas osé bouger. J’étais paralysée de peur. Sur la place, il n’y avait que moi. Toute seule. Qui étais-je ? »

Regina vient d’Ouzbékistan. Son père a été assassiné sous ses yeux, sa mère a décidé brutalement de fuir en Europe. Mais la jeune réfugiée veut croire au pouvoir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque l'empire soviétique s'est effondré en 1991, on a cru pouvoir s'en réjouir sans réserves, de notre petite lorgnette occidentale. On imaginait que les populations de l'est accéderaient à notre confort matériel et seraient plus libres. Mais l'indépendance nouvelle des Etats n'a pas toujours favorisé la liberté d'expression et le pluralisme culturel ; au contraire, elle a parfois renforcé le sentiment d'identité nationale et l'intolérance chez certains « de souche ». Et les guerres qui ont suivi, les prises de pouvoir 'sauvages', les montées des nationalismes ont provoqué de lourds dégâts dans plusieurs pays de l'ex Union Soviétique.

Béatrice Deru-Renard en donne un exemple saisissant à travers l'histoire de Regina et de sa famille. Les ancêtres arméniens de la jeune fille se sont installés en Ouzbékistan pour fuir le génocide turc de 1915, devenant ainsi russes. Cet exil vers l'est s'est révélé être un bien mauvais choix. Après la chute de l'URSS, les russes sont devenus indésirables à Samarcande dans les années 90, et vite harcelés par les extrémistes ouzbeks. Comment s'en sortir lorsqu'on est adolescent et que toutes les portes se referment soudain ?

Récit poignant et instructif - bravo aux romans jeunesse qui abordent de manière simple des épisodes sociopolitiques méconnus. Belle histoire d'amour familial et maternel, triste constat d'un chaos social et culturel.
Il est rare que je lise les remerciements d'un auteur en fin d'ouvrage. Ceux que formule Béatrice Deru-Renard en postface ici sont très beaux : hommage aux réfugiés, aux difficultés qu'il rencontrent, a fortiori s'ils sont arrivés clandestinement ; hommage aux exilés, à leurs souffrances, à leurs cicatrices, à leur courage pour se reconstruire et démarrer une nouvelle vie ; hommage à ceux qui les accueillent.

Eviter la quatrième de couverture trop bavarde. Même lorsqu'il ne s'agit pas d'un roman 'à suspense', je préfère découvrir les événements dans l'ordre choisi par l'auteur, au fil du récit.

■ pour info : « Depuis 1990, l'Ouzbékistan est gouverné par un président autoritaire, Islom Karimov. Tous les partis d'opposition (dont les plus influents sont Erk (Volonté) et Birlik (Unité)) sont interdits et le moindre courant dissident est réprimé. Les médias et tous les aspects de la vie sociale, politico-économique et même culturelle se trouvent sous une étroite tutelle et censure de l'appareil d'État. En 1999 et 2004, le pays subit les vagues d'attentats terroristes attribués aux islamistes radicaux. le 13 mai 2005, le gouvernement ouzbek réprime dans le sang une insurrection populaire dans la ville d'Andijan, ce massacre d'Andijan a fait des centaines de victimes. » (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ouzb%C3%A9kistan ) ■
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Regina vit en Ouzbékistan - république soviétique jusqu'en 1991. Sa famille est venue s'y installer au début du XXème siècle pour fuir le génocide arménien. Lors de l'éclatement de l'empire soviétique, les sentiments nationalistes sont exacerbés par ceux qui veulent prendre le pouvoir. L'Ouzbékistan passe de la dictature communiste à une autre dictature*. Ceux qui ne sont pas ouzbeks depuis plusieurs générations, comme Regina et ses proches, figurent parmi les premières victimes de cette politique.

A travers l'histoire de Regina, ce roman montre les conséquences pour certaines populations de l'effondrement d'un système politique, en Ouzbékistan en l'occurrence, un pays dont on parle peu en Occident.
Sans être banale, la destinée de Regina ressemble malheureusement à celle de nombreux réfugiés politiques, dans d'autres pays, à d'autres époques.

Ce livre, sélectionné parmi les « lectures pour collégiens » par le Ministère de l'Education, devrait aussi (surtout ?) intéresser les adultes.

* Islam Karimov, Président du pays depuis 1990, est d'ailleurs un ancien dirigeant du parti communiste
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Régina a quatorze ans, seule contre un arbre dans une ville qu'elle ne connait pas elle se souvient.
Souvient de son enfance insouciante dans son village, jusqu'au déménagement à Samarcande, des jeux en famille, de son amitié pour Layla, de son amour pour Roustam son frère.
Elle revit chaque événement dramatique qui l'a conduit là, abandonnée, seule.
Car un pays qui se construit suite au démentèlement du bloc soviétique devient sauvagement patriotique.
Et quand, comme Régina on est arménien, déraciné de génération en génération, on est plus personne.

Ce texte est poignant, la vérité crue nous est révélé à travers la pudeur des yeux d'une adolescente qui a dû tout quitter parce que son père voulait son bien, voulait qu'elle devienne quelqu'un.
On vit avec elle la souffrance d'être différent dans un pays totalitaire, où on impose loi, religion et pratique de pensée.
C'est terrible, et un témoignage émouvant de ce que peux vivre une jeune réfugiée.
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Magnifique livre. Bouleversant sans larmoiement. La construction du récit nous fait comprendre que la jeune Régina se retrouve seule et perdue en pays inconnu. le titre nous l'avait déjà indiqué. La tension est donc palpable dès les premiers mots. Qu'est ce qui l'a (a)menée sous cet arbre, loin de Samarcande?
Les personnages prennent du relief au fur et à mesure du récit et les séparations déchirent jusqu'à la terrible solitude finale. Roman de courage, de résilience, superbement écrit.
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J'ai bien aimé la construction de ce roman : Regina est donc abandonnée sur une place publique dans une ville étrangère, elle est seule et désemparée ; alors, des images lui reviennent, des images qui la ramènent vers des souvenirs de son enfance et de son adolescence. le récit alterne donc entre le présent et le passé, et le fil de l'histoire se déroule peu à peu, jusqu'à ce qu'on comprenne pourquoi Regina se retrouve là où elle est... L'histoire est dure, et permet de se plonger dans un pan de l'Histoire plutôt méconnu pour des Français comme nous, qui n'étudions pas précisément l'histoire des ex-pays soviétiques à l'école. On apprend donc qu'après l'éclatement de l'URSS, certains pays ont été victimes d'un nationalisme galopant, traitant avec cruauté les personnes d'origine étrangère. Mais ce roman est aussi l'histoire poignante d'une famille écrasée par des malheurs successifs, histoire dans laquelle Regina va jouer - ou pense avoir joué - un rôle tragique. C'est émouvant, et ça fait prendre conscience de tout le lourd passé que peut avoir vécu un réfugié. Les Remerciements de l'auteure à la fin de l'ouvrage donnent des scénarios possibles pour imaginer ce que les réfugiés "deviennent" une fois qu'ils sont adultes. Des pistes de réflexion à saisir, pour garder l'espoir et ne pas oublier.
Lien : http://surlestracesduchat.bl..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Avant [l'éclatement de l'URSS], dans les quinze républiques soviétiques, on parlait russe, et chacun priait son Dieu en cachette. Ça arrangeait tout le monde. C'était plus simple. A partir du moment où chaque république a voulu récupérer sa langue et sa religion, ça a fichu le bazar. Ma famille était un bel exemple de cette catastrophe. Nous étions d'origine arménienne, nous parlions russe, nous étions chrétiens orthodoxes et nous vivions en Ouzbékistan. Or les Ouzbeks formaient un peuple de langue turque et étaient de religion musulmane. Ils voulaient se retrouver entre eux. Nous étions devenus des intrus à Samarcande. (p. 63-64)
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[...] à Samarcande la situation avait encore empiré. On racontait qu'il y avait des groupes de jeunes hommes qui attrapaient les filles habillées à l'occidentale, en minijupes et en tee-shirts sans manches. Ils avaient des lames de rasoir et ils leur lacéraient les cuisses ou les épaules [au nom de l'Islam]. Ainsi, cela laissait des cicatrices et les filles étaient obligées de les cacher. (p. 72)
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« Spaciba* ». [...] Merci. C'est souvent le premier mot que prononcent les réfugiés quand ils sont hébergés dans les centres d'accueil en Europe. (p. 157)
* merci, en russe
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la mort venait d'entrer dans la maison et imposait sa loi : la loi du silence. Il n'y avait rien à dire, rien à faire, rien à réclamer. Il était inutile de nous débattre, de pleurer, de nous plaindre. Il n'y aurait pas d'enquête, pas de justice, pas de poursuites. La mort venait de nous enterrer vivants.
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Mon regard embué de larmes s'est heurté à la lune qui brillait faiblement d'un sourire moqueur. Elle me narguait de toute sa hauteur : elle me renvoyait l'image d'une toute petite personne perdue au milieu de nulle part.
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