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Critique de isla16


Ayant beaucoup apprécié la précédente « Saga des Romanov » du même auteur, je me suis ruée sur le dernier opus de la série pour lézarder royalement pendant mes vacances. Malheureusement cette « Saga des Windsor » ne vaut pas beaucoup plus qu'un reportage de « Paris Match » ou une chronique de Stéphane Bern.
Je n'ai rien contre ce dernier, mais on attendrait un peu plus de consistance d'un livre à vocation historique. En tout cas c'est comme cela que j'avais appréhendé ce livre, ce qui était ma première erreur. Ma seconde était une ignorance de ma part : je pensais que la dynastie des Windsor remontait au moins jusqu'à la reine Victoria, et j'étais avide d'en savoir plus sur elle et la chronologie de toute la monarchie anglaise. Mais le nom de « Windsor » a été choisi et imposé par George V (fils de Victoria) au début du XXeme siècle pour remplacer le patronyme de « Saxe-Cobourg-Gotha », aux consonances trop germaniques pour le contexte de l'époque.
La lecture débute donc en 1917 et moi avec un sentiment de déception, qui à vrai dire perdurera jusqu'à la fin. Jean des Cars n'est pas un historien popularisant ses sujets à la façon d'Alain Decaux, c'est un journaliste, visiblement fasciné comme tant d'autres par les résidus monarchiques européens. L'histoire des monarques britanniques tourne vite au commérage de concierge, s'attardant sur des détails inintéressants (ce que leurs altesses royales ont mangé ou bien la malheureuse chute de cheval d'une princesse), en ajoutant des commentaires déplacés n'apportant rien au propos. Car Jean des Cars a la manie de donner son avis, l'air de rien, via des petites piques entre parenthèses ou de mauvaises figures de styles. Son parti pris patent en faveur de la famille royale en toutes circonstances en devient ridicule ; où est le recul du spécialiste ? L'auteur dissimule mal son admiration presque puérile pour les têtes couronnées. Ce n'est pas l'Histoire qui l'intéresse mais les petits détails de la vie quotidienne des monarques, le récit par le menu de leur emploi du temps, le nom des bateaux et des trains* avec lesquels ils voyagent, leurs toilettes, leurs inimitiés et leurs jalousies.
Quand il s'agit de parler de Diana, l'opinion de l'auteur rallie celle de la maison royale : c'est une agaçante manipulatrice qui a voulu voler la vedette à son mari en perturbant la quiétude du modèle impérial. Elle n'est que brièvement décrite, comme un personnage insignifiant, et aucune réflexion n'est menée pour comprendre pourquoi elle a obtenu une telle popularité, à la limite de la vénération, encore présente quinze ans après sa mort. Quant à l'assassinat de Lord Mountbatten par l'IRA dans les années 70, la victime est qualifiée de « héros sans précédent » et les activistes de l'IRA de « bastards » (en anglais dans le texte). Quelle caricature, et quelle facilité !
Le conflit nord-irlandais qui aura concerné plusieurs générations de rois anglais n'est d'ailleurs pas évoqué, hormis les événements de la seconde guerre mondiale, Monsieur des Cars n'évoque pas la politique, préférant se consacrer aux scandales de la couronne, et aux différentes réunions familiales, mariages et obsèques. Exception faite pour Churchill, qu'il semble aduler, les premiers ministres sont brièvement cités, même Margaret Thatcher n'a pas retenu son attention.
Le propos n'est en fait pas réellement ciblé, l'auteur a voulu raconter l'histoire des Windsor, certes, mais à quel point de vue ? Tout est mélangé, les événements sont tous rapportés avec la même importance, que ce soient des anecdotes futiles ou de réels bouleversements. On voit clairement les préférences du narrateur, consacrant le tiers du livre à George VI (le monarque joué par Colin Firth dans « le discours d'un roi »), son frère le duc de Windsor, et son épouse Wallis Simpson, pour balayer ensuite en quelques dizaines de pages la monarchie des années 70 jusqu'à aujourd'hui. Il traite de politique à certains moments, pour ne plus en parler par la suite, et toutes les personnalités ne sont pas traitées avec le même intérêt. J'ai trouvé que le livre faisait office d'un fourre-tout, compilant des extraits de biographies faites par d'autres et des coupures du magazine « Life » ou du quotidien « Daily Mirror », organisés selon les intérêts propres de l'auteur, parsemés d'opinions personnelles inadéquates, et le tout rédigé dans un style journalistique très commun.

* Jean des Cars est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages sur les trains, et il a la fâcheuse tendance à mélanger ses livres (quand il ne s'auto-cite pas).
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