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EAN : 9782020512268
137 pages
Seuil (09/10/2001)
3.04/5   52 notes
Résumé :
L'enfer est pavé de bonnes intentions. C'est un air connu, mais dont certains n'ont pas retenu la chanson. Certains, comme Sonia, nouvellement propriétaire avec son mari, qui emménage "pleine d'espoir et de détermination" au 116/118 d'un boulevard parisien.

Un premier enfant puis un second remplissent de bonheur le couple bien tranquille. Mais bientôt la jeune femme va répondre aux sollicitations d'un voisin, vieil homme démuni, esseulé au fil des an... >Voir plus
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Ce livre, je crois qu'on peut l'aborder de deux façons.

Soit on le lit comme une histoire de couple et celle de la cohabitation dans un immeuble ancien et on en reste à une histoire presque banale, comme finalement, un fait divers, qu'on referme en se disant qu'il ne fait pas bon vieillir dans nos sociétés occidentales...

Soit on écoute la petite voix qui chuchote entre les lignes, se glisse dans les phrases et l'esprit de la narratrice, Sonia, et alors, on se pose davantage de questions, la lecture de distrayante comme un bon roman devient bouleversante comme une remontée de souvenirs et angoissante comme une terreur qui n'en finit pas de nous quitter.



A travers l'histoire de quelques années de la vie de Sonia, son mari et ses enfants, c'est l'histoire de notre société sur le vingtième siècle qui se trouve parcourue. C'est l'évolution – mais sans en être une puisque les mêmes comportements réapparaissent toujours , à toutes les générations - des mentalités des hommes, de ceux qui collaborèrent pendant la seconde guerre mondiale à ceux qui refusent la possibilité d'une société multiculturelle. Si les hommes disparaissent, d'autres reprennent sous d'autres aspects, les mêmes idées ou devons-nous plutôt dire idéologies ? Toute différence par rapport à un standard établi par eux devient une raison de persécution ; il ne fait pas bon être étranger, avoir une autre religion, parler une autre langue, vivre différemment ou encore être âgé dans une société toujours en recherche d'efficacité et de production.

Quand on referme le livre, la même peur que celle qui habite Sonia, nous étreint : il faut déménager, fuir ces hommes qui font régner leur loi de ségrégation et de discrimination, fuir les institutions qui les confortent, fuir ceux qui détournent le regard, qui se taisent leur donnant implicitement raison. Et finalement, et c'est toute l'ambiguïté de la réflexion laisser l'intolérance gagner du terrain.




J'ai beaucoup aimé ce récit qui, sous une histoire somme toute facile à lire en apparence, cache une question que l'on doit se poser tous les jours : qu'est-ce qui fait que j'ai envie de me lever, chaque matin, pour écrire une possibilité différente du vivre ensemble, qu'est-ce qui me pousse à sortir de chez moi pour continuer à tendre la main vers l'autre, celui qui ne me ressemble pas, en essayant d'oublier ceux qui cloisonnent, sectorisent, parquent, font sentences de vérité ? Que faire au milieu d'une société qui n'est finalement si on ne la jugule pas, qu'une réminiscence d'une histoire déjà vécue ?




"C'est ce qu'on appelle la cohabitation, je suppose. J'ignore pourquoi, cela me plonge dans les abîmes de la perplexité. Sans doute parce qu'il m'est difficile de décider à quel groupe j'appartiens, de reconnaître notre plus petit commun dénominateur. Je n'y perçois souvent que la tragédie de l'incompréhension."
Citation du texte d'Agnès Desarthe.
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Dans ce court roman, Agnès Desarthe aborde le thème de la cohabitation dans un immeuble parisien. Comment devenir propriétaire d'un bel endroit où il fera bon vivre pour soi et pour sa famille? La question soulevée est la suivante : sur quels critères se baser afin de faire le bon choix quant à l'acquisition d'un appartement ? Les murs et l'environnement sont bien évidemment des options importantes dans cette décision, néanmoins ce qui est bien plus subtile à percevoir reste le facteur humain qui sera une composante essentielle pour se sentir bien chez soi.Le voisinage est l'élément déterminant de ce roman ainsi que l'art de vivre entouré de personnages non choisis.Une grande réflexion découle de ces lignes concernant la solitude de la personne âgée fragile et vulnérable et des prédateurs qu'elle peut révéler en proie d'une cible facile à atteindre. Comment rester insensible à la maltraitance sans s'impliquer outre mesure lorsque l'on est soi-même rempli d'un lourd héritage de peurs, de persécution ? L'écriture de l'auteure est fine et recherchée, avec le souci de transparence relative à ce que l'on est capable de donner, de ressentir et paradoxalement aux limites que peut rencontrer notre générosité. Une lecture simple qui retrace un fait divers que l'on pourrait tous vivre un jour.
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Sonia et son mari s'intallent dans leur premier vrai "chez eux". Ils vont faire leur nid là, le bonheur est en promesse. Elle est sensible, presque fragile (mais moins qu'il n'y paraît), sans cesse dans le doute et le manque de confiance, elle est traductrice chez elle ; il est architecte, ailleurs, loin, solide et cartésien, réfléchi. Elle aime pouvoir compter sur lui, le sentir fort et serein. Ils ont un premier enfant, un second. le bonheur ? Pas vraiment, parce que ça n'est pas sa vie que Sonia nous raconte dans ce livre, mais les rapports avec son voisin, dans cet immeuble... Un vieux monsieur, faible, que le sort n'a pas épargné depuis leur arrivée. Il a perdu son chien, sa femme, son fils... Et les "bons soins" auxquels ce vieil homme, son voisin de palier, est confié par sa pingre bru relèvent de la pire maltraitance. Sonia fait face comme elle peut, entre impuissance réelle et semi lâcheté, entre révolte humaniste et contraintes réalistes de protection de soi, jusqu'à ce que...
Je ne vous dévoilerai pas la fin, qui est amère comme l'est la réalité, entre révolte et découragement. On est ici dans une histoire qui pourrait être vraie, sans fard, sans même énormément d'excès malheureusement, dans son horreur, pas dans un film hollywoodien où les salauds sont toujours punis à la fin et les plus faibles protégés et heureux...

Une fois de plus, Agnès Desarthe peint l'âme humaine, l'ambiguïté, l'agitation intime de l'incertitude, les hésitations concrètes des choix d'action à faire (au-delà du Bien et du Mal ou de toute autre morale) comme personne. Son personnage (ou même devrais-je dire ses personnages) est réel, humain, à la fois fort, délicat et fragile, on pourrait presque sentir le souffle de sa présence, son odeur fine. Décidément, j'aime beaucoup sa manière d'envisager la vie, d'aborder chacun, d'introspecter l'âme en une analyse sauvage et revendicatrice, tellement concise et ciselée.
Le thème, en plus, me touche beaucoup en ce moment, et puis j'ai passé ma lecture à avoir en tête la chanson de Jean-Jacques Goldman "Né en 17 à Leidenstadt", qui colle si bien à la problématique principale que soulève ce livre. Moi qui me disais ces derniers jours que je lisais lentement en ce moment, je me rends compte que ça venait du livre, pas de moi, car j'ai dévoré les 138 pages de celui-ci entre hier matin et cet après-midi ! Beaucoup trop court, et pourtant presque insoutenable parfois, par ce qu'il suggère tout en légèreté apparente...
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Sonia s'installe avec son mari dans leur nouvel appartement d'un immeuble parisien. Elle décrit alors son arrivée, la rencontre avec les différents voisins. Surtout ce vieil homme qui se laisse mourir de faim juste à côté et qu'elle se sent de plus en plus tenue de nourrir et de protéger des concierges au moeurs plutôt brutales et cruelles...
J'ai bien aimé cette succession de petites réflexions introspectives ainsi que d'observations de la narratrice sur les gens de son immeuble, de son quartier et le comportement parfois, souvent, incompréhensible des gens.
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C'est le troisième billet que je consacre à Agnès Desarthe, je me rends compte que j'aime bien lire cette écrivaine sans jamais faire de ses romans des coups de coeur. Après le Remplaçant, puis Ce Coeur Changeant, voici donc « Les Bonnes Intentions » qui avait tout à fait sa place dans le thème « les voisins », de notre club de lecture.

Sonia et Julien, un jeune couple, deviennent propriétaire dans un immeuble parisien. L'une est traductrice, l'autre architecte, ce qui veut dire que Sonia travaille chez elle, et aura beaucoup de temps pour connaître ses voisins. Ils auront deux enfants et tout semble leur sourire. Bien sûr la concierge se mêle un peu de tout mais au début tout va assez bien. Ce roman se déroule sur une petite dizaine d'années mais on a l'impression que tout se passe en quelques mois. Un jour un voisin tape à la porte de Sonia, c'est un homme âgé sans défense et qui est sous la coupe de la concierge et de son compagnon. Ils sont absolument odieux avec ce vieux monsieur , l'affame et le séquestre chez lui. Il ne lui reste comme famille qu'une belle fille qui attend avec impatience l'héritage car cet homme est propriétaire de son appartement.

Sonia est tiraillée entre « ses bonnes intentions » et l'envie d'être tranquille et de ne pas se mêler des affaires du voisinage. le couple de concierges, incultes, cruels, antisémites est une véritable horreur. Les autres personnages ont peu d'importance, on se demande pourquoi Sonia et Julien n'ont pas plus de contacts avec d'autres voisins qui auraient pu les aider dans leurs démarches pour faire cesser les souffrances du pauvre Monsieur.

Une lecture tristoune que j'oublierai assez vite.
Lien : https://luocine.fr/?p=13973
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je pense à écrire des poèmes. Dès que je suis loin de chez moi, à mille miles de tout stylo ou ordinateur, je compose des vers, des couplets. Des verbes que je n'emploie jamais se précipitent, des tournures que je ne maitrise pas s'organisent en système d'échos sophistiqués. Des scènes entières se déroulent. Des gens - des personnages devrais-je dire - se parlent en moi. (...) Je rentre à la maison, ivre.
Lorsque Julien me demande ce que j'ai fait de ma journée, je ne sais que répondre. J'aimerais dire " J'ai été inspirée. ", mais j'ai honte. Je lui dis simplement que j'ai réfléchi. Je suis reconnaissante du regard qu'il porte alors sur moi. Un regard de complicité. Il aime penser comme d'autres aiment aller à la chasse. C'est sa passion. Il en rêve la nuit.
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L'accès à la propriété n'a pas que des avantages. Les emprunts, les charges, l'électricité vétuste, la plomberie approximative, la peinture à refaire, les plafonds et les murs mal isolés phoniquement. L'insouciance reste à la porte. En m'installant, je me suis demandée si elle reviendrait jamais. Il m'a fallu attendre la réunion de la copropriété pour mesurer l'ampleur de la malédiction. Ces réunions ne sont pas obligatoires, et il paraît exagéré de comparer un supplice facultatif comme celui-ci à l'inévitable souci des traites à payer et de l'emménagement. Dans mon cas, cependant, cette logique ne s'applique pas.
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Niniche. C'est donc ainsi que s'appelait l'esclave de Simone et Simono. Elle était apparue dans l'immeuble un peu avant Noël. Nous n'avions pas remarqué sa présence car son visage nous était familier. C'était une bonne femme du quartier. Quelqu'un qui nous disait bonjour, à qui nous disions bonjour et qui donnait à nos enfants des surnoms incongrus comme Rododo, ou Toquemou. Elle était petite, légèrement bossue et ressemblait à un des nains de Blanche-Neige dans le dessin animé de Walt Disney. Non, plutôt à deux nains. Quelque part entre Atchoum et Simplet. Son teint était particulièrement repoussant, du pâté de foie avarié. Adepte de la même teinture ammoniaquée que Simone, elle en maîtrisait moins subtilement les effets, si bien que sa chevelure desséchée s'apparentait aux toupets des épis de maïs lorsqu'ils ont été cueillis depuis trop longtemps.
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C'est l'un de mes acquis les plus chers, le droit de pouvoir me raconter n'importe quoi. Les arbres parlent, les cailloux écoutent, le ciel est peuplé de créatures. Personne n'a le droit de me dire que c'est faux car j'ai appris à considérer la réalité sous un angle différent. Il m'arrive pourtant, aujourd'hui encore, de me sentir inadaptée. Je suis prête alors à déployer des trésors de bonne volonté pour me remettre sur le droit chemin.
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J'attends, en vérité, la confirmation de mes intuitions : il est impossible que nous sachions tout ; du coup, l'essentiel nous manque et c'est pour ça qu'il est si difficile de se lever le matin. A quoi bon puisque tout est faux, incomplet, illusoire (...). Tout ce chaos autour de moi, ce désordre, cette absurdité, et je devrais faire semblant de croire à ce qu'on me raconte...
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Videos de Agnès Desarthe (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Desarthe
Par l'autrice & Louise Hakim
Rue du Château des Rentiers, 13e arrondissement de Paris : c'est là que se trouve une tour impersonnelle et peuplée d'habitants tout sauf riches. Là vivaient les grands-parents de la narratrice, Juifs originaires d'Europe centrale, et leur phalanstère, point de départ d'une réflexion superbement libre sur la beauté de ceux qu'on nomme les « vieux » et sur le fait de vieillir soi-même. Ce récit, en forme de déambulation toute personnelle, est à l'image de son autrice : aussi drôle, lumineux que surprenant.
À lire – Agnès Desarthe, le Château des Rentiers, L'Olivier, 2023.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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