Je me suis dit qu'une plongée dans la littérature italienne du XXème siècle ne pourrait pas me faire de mal, même lorsqu'il s'agit d'écrivains pas toujours très connus. Pourtant, les thèmes abordés dans ce petit recueil bilingue, sans être semblables, dénotent d'un monde irrémédiablement révolu. Toutes ces intrigues me semblent un peu poussiéreuses. Ces récits racontent une Italie étriquée dans des problématiques qui, bien souvent, n'ont plus court, ce qui rend l'identification difficile.
De plus, la langue, en Italien ou dans la traduction, conserve des tournures de phrases et un lexique qui accroît d'autant plus ce décalage temporel.
Je me sens vraiment très loin de cette littérature.
A réserver aux inconditionnels.
Commenter  J’apprécie         160
Piero Chiara "Les cornes du diable"
Chaque jour, parcourant son domaine, le comte allait jusqu'à la Stresa, se dirigeant vers l'embouchure où il avait fait jeter une passerelle sur la rivière dont la largeur, à cet endroit,était d'une cinquantaine de mètres. La passerelle, si légère qu'elle ne pouvait porter plus d'un homme à la fois, était apparue du jour au lendemain, sans que personne ait vu quiconque à l’œuvre sur la rivière. Les femmes soutenaient qu'elle avait été construite en une nuit par le Diable, qui avait tout intérêt à favoriser les péchés du comte pour pouvoir l'emporter, le moment venu.
Massimo Bontempelli "Le tour du monde"
Avec l'aube j'étais donc à la gare, la gare de caldiero, une bourgade entre Vérone et Vicence. J'entrai. C'était un automne déjà vieillissant : frileux, pitoyable ; l'air grisâtre et crachouillant. j'entrai dans la salle d'attente. Observons. Il y avait une table, un banc, une chaise et un poêle : la chaise près du poêle, le banc de l'autre côté. Je posai ma valise sur la table et instinctivement j'allai m'asseoir sur la chaise, c'est-à-dire à côté du poêle, mais le poêle était éteint. J'avais sommeil ; je résistai pourtant ; la pensée du tour du monde m'imposait le respect.