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EAN : 9782930538525
122 pages
Quadrature (17/01/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
"Inès sourit. Elle est un kiwi. Sa présence au Lutetia est aussi incongrue que celle du fruit. Dans le cendrier. Qui n'est jamais qu'un autre lieu : même fonction, mêmes enjeux. Tout ira à la décharge, comme les humains laisseront tous leurs corps à la poussière, leurs cendres iront s'envoler dans les airs, leurs os pourrir dans la terre. Qu'ils nourriront pour multiplier. Mais le voyage... le réceptacle... la qualité du cercueil."
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour preuve de son goût du décalé, du pas de côté pour aborder son sujet principal (les femmes), Catherine Deschepper prend la peine de nous rapporter les définitions des mots : kiwi, cendrier et incongru. Effectivement le titre peut paraître incongru mais vous devrez patienter un certain temps pour comprendre ce choix. (Petite preuve supplémentaire s'il en est, l'auteure m'a dédicacé ce livre en écrivant à l'envers…)

La première nouvelle, Etat civil, plante le décor ou plutôt les portraits de ces trois femmes que nous accompagnerons tout au long du recueil (ou elles nous accompagneront, car chaque lecteur/lectrice pourra sans doute reconnaître l'une ou l'autre situation entre les lignes) : Emma, mariée, la trentaine volontairement rayonnante et couronnée de quatre enfants ; Inès, quarante ans, deux enfants, fraîchement et douloureusement divorcée ; Zoé, la célibataire conquérante de cinquante ans, peur de rien et la liberté chevillée au corps.

Nous suivrons donc les trois » héroïnes » à travers des thèmes variés, le corps, l'amour, le sexe, les vacances, les loisirs, le sweet home, l'enfance, le temps. Chacune aborde ces pans du quotidien avec le caractère et la philosophie de vie qui est la sienne. Emma a décidé que sa vie serait digne d'un conte de fées (j'ai souri à chaque fois que son mari est évoqué, jamais autrement que par « le prince ») et elle fait tout pour en préserver les apparences et la réalité, le tout en élevant quatre enfants en bas âge… Inès, récemment divorcée, éprouve toutes les douleurs de la séparation mais veut se relever, se reconstruire et ne plus retomber sur un aussi mauvais numéro que le mari en allé. Quant à Zoé, femme libre, elle attire les hommes, les copines en mal de confidences, les enfants qui reconnaissent en elle l'enfant toujours prête à partager leurs jeux, bref c'est l'amie et la maîtresse idéale.

Vous vous doutez bien que, pour atteindre et réussir ces idéaux, il y a un prix à payer : des compromis interminables, une certaine solitude, l'impression de n'être parfois pas à sa place ou plus prosaïquement, ne plus jamais pouvoir prendre un bain seule, passer beaucoup de temps à pousser sa valise entre deux maisons sur des pavés inégaux ou encore se résoudre à fréquenter les sites de rencontres.

La plume de Catherine Deschepper est trempée dans l'humour et l'ironie. Si elle parle de ses trois drôles de dames à la troisième personne, avec un apparent détachement, et dans un style un peu haché (qui suit en fait la réflexion, les hésitations qu'on peut avoir face au quotidien) (et il est loin d'être inélégant, ce style), on sent bien que ses nouvelles sont nourries d'une observation très fine de multiples femmes, d'introspection aussi, d'interrogations qui hantent la vie des femmes modernes (je n'allais quand même pas écrire des femmes d'aujourd'hui car la psychologie de madame Deschepper est autrement fine que dans un magazine féminin) et aussi d'autodérision. Cela demande de l'attention, pour ne pas perdre une goutte de plaisir. En un mot, c'est passionnant. C'est brillant. C'est jubilatoire. Coup de coeur !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Emma
Trente ans
Mariée
Quatre enfants

Emma est de ces femmes qui ont, au regard des autres femmes, tout réussi. Elle est entrée dans la vie avec un capital de départ suffisamment riche pour pouvoir laisser les conventions s’installer de façon durable et efficace dans son modèle d’existence. Emma a bien évidemment eu une enfance protégée (un peu trop), une adolescence timide (un peu trop), quelques complexes qui la poursuivent (beaucoup trop). Elle est sortie de l’âge ingrat avec un carnet de bal peu rempli et un imaginaire saturé de romances. Elle a, tout naturellement, fait des études de lettres, qu’elle a réussies sans encombre et au cours desquelles elle a rencontré ce qui, à ce moment-là, devait correspondre autant que faire se peut au prince charmant. Elle a veillé à le choisir perspicace, beau, et attentionné. Elle a multiplié les références littéraires, afin de trouver, dans chacun des gestes, actes et pensées du prince la confirmation de son état. Il était drôle, c’était un héros de Perrault (confondant en cela le personnage et l’écriture de l’auteur, le prince devenant Perrault lui-même). Il était sombre, elle évoquait les romantiques, très sombre, il en devenait Allemand. Avait-il quelque pensée légère qu’il dégageait un potentiel érotique aussi interdit que la lecture des romans du Marquis de Sade. Son indifférence même s’apparentait au flegme apparent des hommes tout en retenue de l’Angleterre de Jane Austin, mais sans nul doute, il devait se consumer d’amour à l’intérieur. » (p. 8 – première page)
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« Ce qui est terrible, quand on y pense, c’est qu’Emma n’a donc jamais eu de salle de bain, puisqu’ayant quitté une famille, dont elle était membre plus ou moins consentant, pour fonder une famille dont elle est membre plénipotentiaire, elle a simplement glissé de position comme la savonnette dans la baignoire de ses illusions ablutives. De la même manière qu’elle s’interroge sur son statut de membre de la famille, elle s’interroge sur la posture à adopter au sujet de la salle de bains. » (p. 30)
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Video de Catherine Deschepper (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Deschepper
Province de Liège. Résidence d'écriture du château de Paille. Propriété de Gédéon de Ducart d'Olise, mécène engagé.
Ils sont quatre ! Quatre invités par « La Société des Auteurs en Devenir » pour plusieurs semaines en résidence d'écriture. Tous n'ont à leur actif qu'une seule publication. Ub seul sera publié...
Catherine Deschepper, l'auteure facétieuse, nous balance ici une comédie qui s'apparente à une pièce de théâtre de boulevard. Humour garanti qui sera apprécié par tous ceux dont les zygomatiques ne sont point trop ankylosés suite au port du masque qui contribue à notre sauvegarde en ces temps de pandémie covidienne.
Mais ces auteurs débutants, et leurs deux mécènes, sont-ils si caricaturaux que cela ? le monde de l'édition qu'elle égratigne avec délectation serait-il vraiment aussi éloigné de ce qu'elle laisse entendre ? Et ces critiques littéraires au jugement si sûr qu'il peut faire et défaire des carrières, sur quoi repose leur expertise ?
Merci à Catherine Deschepper et aux éditions Weyrich. https://blog.weyrich-edition.be/category/plumes-du-coq/
Merci à la librairie Cook&Book qui une fois encore nous a accueillis pour tourner cette vidéo. https://cookandbook.com/librairies/litterature/
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