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EAN : 9782070139538
144 pages
Gallimard (03/10/2013)
3.85/5   13 notes
Résumé :
Quand il écrit les poèmes de Contrée, en 1942-1943, Robert Desnos tente «d'arriver à une "poétique fine" comme les mathématiciens sont arrivés à des "calculs fins" indispensables en relativité ou en mécanique ondulatoire». Le modèle mathématique le retient d'ailleurs par son exigence du détail exact. En somme, le poème dans sa clôture peut devenir une mécanique de précision dont les pièces sont ajustées minutieusement pour assurer le fonctionnement de l'ensemble. Le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil moins connu que " Corps et biens" ou " Destinée arbitraire", Robert Desnos n'en verra pas la publication car à cette époque, en mai 44, il est déporté en Allemagne.

Il revient à une présentation plus classique, le sonnet apparaissant beaucoup. On est loin de l'écriture automatique à laquelle il se livrait avec les surréalistes! Mais si la forme est plus "sage", le contenu rappelle les thèmes qui lui sont chers: l'amour, la liberté, l'imaginaire. Les fantômes mythologiques comme Calixo, hantent ces poèmes, et symboliquement, la volonté de résistance à l'ennemi. D'ailleurs, l'eau-forte de Picasso,qui introduit le recueil, représente un chevalier appuyé sur des livres...

Forme plus sage mais pas dénuée de fantaisie, le poète s'amusant à utiliser de temps en temps l'argot. Dans ses notes, il écrit:" L'argot et ses sens incertains,vibrants, oscillants. le langage poétique. " Cela donne , par exemple, les vers suivants:

" Notre sorgue à nous sera douce
Toute au béguin, toute aux bécots.
Sans gaffer rien, même la rousse,
Nous pioncerons jusqu'à plus pouce."

Cependant, c'est toujours le côté mélancolique, tourmenté, que je préfère chez lui. Il a l'art des vers qui s'incrustent en vous et vous donnent le vertige,comme un manque qu'il nous transmet.

" Tu viens au labyrinthe où les ombres s'égarent,
Graver sur les parois la frise d'un passé
Où la vie et le rêve et l'oubli espacés
Par les nuits, revivront en symboles bizarres."

J'avais envie de me replonger dans l'univers étrange, onirique et addictif de Robert Desnos, avant de lire la biographie de Gaëlle Nohant " Légende d'un dormeur éveillé ", qu'une amie a eu la bonne idée de m'offrir...
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Contrée et Calixto sont deux recueils particuliers dans l'oeuvre de Robert Desnos. le premier est publié en mai 1944 alors que Robert Desnos est déjà déporté en Allemagne. le second n'est pas encore édité au moment de son arrestation survenue en février 1944.

Dédié à Youki (grande figure du Montparnasse des année 30, de son vrai nom Lucie Badoud, elle fut la compagne de Robert Desnos) « Contrée » correspond à un moment où le poète découvre et expérimente une nouvelle forme d'écriture qui s'éloigne du surréalisme et dans laquelle il veut faire se relier la poésie populaire voire proche de l'argot (Robert Desnos cite ses influences : François Villon et Giorgio Baffo, poète vénitien du XVII ème siècle) et un style plus « savant ». Au-delà du style, les textes sont ici constitués de fragments épars combinés entre eux comme dans un jeu de mécanique de précision. Un subtile assemblage pour faire apparaître le sens du poème.

Callisto, la plus belle des nymphes métamorphosée dans le ciel en constellation (celle de la Grande Ourse) a inspiré Robert Desnos qu'il choisira de renommer Calixto, créant comme un pendant masculin au personnage de la mythologie grecque.
Dans ce très beau recueil, le poète livre dans une écriture libre et subtile, dans un travail méticuleux sur les sonorités, le récit de la vie de la nymphe qu'il transpose ensuite dans la réalité du moment (les dangers de la Guerre). Ainsi, dans ces poèmes l'innombrable se lie à l'intime, l'imaginaire à la réalité.

" À s'endormir à la légère,
Au bruit des sources sous le ciel,
Rêvant au rythme planétaire,
On plonge gisant sous la terre
Et si jamais rêve au réel
Révéla secret ou mystère
C'est en dormant au bruit des eaux
Et du vent fermant ses ciseaux.

À s'endormir à la légère,
Sur la terre, dans quel fouillis,
Terriens, sombrez-vous ? La fougère
S'écroule en paniers de lingère
Dans une armoire de taillis
Brodés de soie où s'exagère
La lumière, hors du manteau,
De ta chair, nymphe Calixto. "
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La rivière

D'un bord à l'autre bord j'ai passé la rivière,
Suivant à pied le pont qui la franchit d'un jet
Et mêle dans les eaux son ombre et son reflet
Au fil bleui par le savon des lavandières.

J'ai marché dans le gué qui chante à sa manière.
Étoiles et cailloux sous mes pas le jonchaient.
J'allais vers le gazon, j'allais vers la forêt
Où le vent frissonnait dans sa robe légère.

J'ai nagé. J'ai passé, mieux vêtu par cette eau
Que ma propre chair et par ma propre peau.
C'était hier. Déjà l'aube et le ciel s'épousent.

Et voici que mes yeux et mon corps sont pesants,
Il fait clair et j'ai soif et je cherche à présent
La fontaine qui chante au coeur d'une pelouse.
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Nausée de souvenirs, regrets des soleils veufs,
Résurgence de source, écho d’un chant de brume,
Vous n’êtes que scories et vous n’êtes qu’écume.
Je voudrais naître chaque jour sous un ciel neuf.
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LA VOIX

Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles.
Une voix, comme un tambour, voilée,
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.

Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.

Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.

Et vous ? Ne l'entendez-vous pas ?
Elle dit "La peine sera de courte durée".
Elle dit "La belle saison est proche."

Ne l'entendez-vous pas ?
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La Cascade.

Quelle flèche a percé le ciel et le rocher ?
Elle vibre. Elle étale, ainsi qu’un paon, sa queue
Ou, comme la comète à minuit vient nicher,
Le brouillard de sa tige et ses pennes sans noeuds.

Que surgisse le sang de la chair entr’ouverte,
Lèvres taisant déjà le murmure et le cri,
Un doigt posé suspend le temps et déconcerte
Le témoin dans les yeux duquel le fait s’inscrit.

Silence ? nous savons pourtant les mots de passe,
Sentinelles perdues loin des feux de bivouac
Nous sentirons monter dans les ténèbres basses
L’odeur du chèvrefeuille et celle du ressac.

Qu’enfin l’aube jaillisse à travers tes abîmes,
Distance, et rayon dessine sur les eaux,
Présage du retour de l’archer et des hymnes,
Un arc-en-ciel et son carquois plein de roseaux.
cade
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A s'endormir à la légère,
Au bruit des sources sous le ciel,
Rêvant au rythme planétaire,
On plonge, gisant dans la terre,
Et si jamais rêve au réel
Révéla secret ou mystère
C'est en dormant au bruit des eaux
Et du vent fermant ses ciseaux.
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