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Critique de michfred


Despentes met son enquêtrice préférée, La Hyène, motarde cloutée, homo inconditionnelle, à la fois nounou cynique et semeuse de trouble bienveillante, sur les traces d'une ado rebelle, Valentine - et surtout paumée- qui est tellement à l'ouest qu'elle devient un danger potentiel pour elle...et pour les autres: cette petite-là, entre de mauvaises mains, c'est de la dynamite...

Comme à son habitude, V.D. émaille son enquête de portraits pleins de chair et de relief, focalisant son récit sur une pléiade de personnages auxquels on s'attache, chemin faisant, et qui sont autant de minis voyages dans le grand périple de l'enquête elle-même, - son récit...ou plutôt celui de son avatar, la timide Lucie, narratrice et "privée" à la gomme qui a bien besoin d'un coup de main, voire d'un coup, tout court, un bon, si possible, pour sortir de sa léthargie de gourdasse hétéro...Heureusement, il y a Barcelone, La Hyène attentive et ses amazones secourables...La gourdasse va être très vite initiée à une autre vie...

Sautera, sautera pas? Entre Valentine et Lucie, le lecteur a du grain à moudre...même si la fin est un peu...téléphonée, si je puis me permettre d' utiliser cette expression..

Au passage V.D. sème à tout vent et à tout va des petits bouts de son existence à elle dans des existences étrangères : celle d' un écrivain "sans réseaux", celle d'une hétéro sans éclat qui soudain a la révélation du saphisme, comme Claudel celle du Christ, derrière son 13ème pilier, celle encore d' une ado sans amour qui voudrait tant qu'on fasse attention à elle qu'elle se perd dans les drogues, le sexe, s'abîme dans le viol, la prostitution et pire encore, au risque de ne se retrouver jamais..

Tout n'est pas rose, tant s'en faut, dans cette odyssée policière, dans cette autobiographie déguisée, mais il y a toujours l'humour grinçant, le parler trash, les formules à l'emporte-pièce de V.D. pour faire rire ou sourire même aux heures les plus noires.

Il y a quelques longueurs, quelques redites aussi, quand le récit change de focale et qu'on reprend la trame en rétropédalage inversé, comme si on ne pouvait comprendre les ellipses sans remettre pesamment les points sur les "i"......

Dans un genre assez proche, j'ai préféré Subutex 3, roman choral lui aussi, mais plus rapide, plus rythmé , plus abouti- et lui aussi une ode noire et sans garde-fou aux sombres temps des Assassins dont nous avons franchi les portes d'airain en janvier 2015..

Prémonitoire, mais encore un peu trop "apocalyptique" pour y croire, Apocalyse Bébé est encore quelques coudées en-dessous.

Subutex 3 a, lui, le redoutable privilège d'avoir été écrit après l'apocalypse, la vraie, celle de janvier 2015 et celle du 13 novembre.Apocalypse Bébé ne faisait que la pressentir, d'où son irréalité apparente...

Le pire est toujours difficile à prévoir, même dans un roman.
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