AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jeunesavante


Pour ce second roman, Virginie Despentes n'aurait pu peindre un meilleur tableau de « l'univers peep-show ».
Tout est là, tout est décrit, tout est expliqué, parfois entre les lignes, pour que le lecteur se mette dans la peau, parfois, d'une strip-teaseuse, parfois, d'un client à l'Endo.

Sans forcément le chercher, l'écrivaine choque dès les premières lignes, le lecteur se retrouve au beau milieu d'une « conversation privée » entre Roberta et son client, visiblement très excité.
On ne peut ignorer le style cru et direct de Despentes, son excès, sans en n'être un, de violence et de vulgarité.
Bien qu'évident, il est difficile de comprendre tout de suite le milieu dans lequel on se retrouve soudainement... Pourquoi toutes ces jeunes femmes boivent-elles ? Pourquoi sont-elles toutes défoncées ? Pourquoi sont-elles si vulgaires ? Toutes ces obscénités sont-elles réellement nécessaires ? Enfin, savoir que Stef suce mieux que Lola mais que Lola a un plus beau cul, est-ce réellement signifiant ? le lecteur commence alors à se demander s'il a bien un « polar de facture classique » entre les mains ou le tome 2 de Cinquante nuances de Grey, version moins modérée et plus libidineuse.
Puis, vient alors une prise de conscience ! Soudainement, ces premiers chapitres plus qu'ennuyeux et désagréables à lire, prennent, enfin, un sens. Inconsciemment, le lecteur s'est familiarisé avec le lieu ; il comprend qu'il est enfermé dans l'Endo, non pas dans un club de lecture du 9eme arrondissement de Lyon, il comprend que les jeunes femmes, si grossières, sont des strip-teaseuse à l'Endo, et que les clients, si répugnants , ne viennent guère chercher des conversations passionnantes.

Une fois que tout cela est compris et accepté, et seulement à partir de ce moment là, à partir de cette prise de conscience, le lecteur peut continuer sa lecture et apprécier, ou pas, l'histoire que Louise lui raconte.

Ce livre et son histoire sont des oxymores. En effet, l'écriture de Virginie Despentes est facile à lire, ce qu'elle écrit est complexe, Louise s'exhibent et vend son corps mais Louise est vierge, les clients « maltraitent » les filles mais les respectent.
A chaque page tournée, l'histoire part un peu plus de tous les côtés, on perd l'intrigue de la tête, on s'éloigne de l'enquête, et on va jusqu'à se demander si, à la fin, tout à la fin, nous finiront par savoir qui était l'auteur de l'épouvantable carnage. Bien évidemment, ce déroulement « brouillon », cet enchaînement d'événements plus ou moins rationnels, sont là pour nous égarer de l'enquête. Une fois totalement confus, perdu, stupéfié voire consterné par la tournure que prend l'histoire, une chute insoupçonnée nous tombe alors dessus et signe la fin des chiennes savantes.
Cette chute, si inattendue et si atroce, cette chute à la Boris Vian dans J'irai cracher sur vos tombes, ne serait-elle pas la définition d'un polar réussi ?
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}