J'ai trouvé
Les jolies choses par hasard chez mon bouquiniste. Il n'était pas dans mon pense-bête et je ne suis même pas sûre d'avoir vu passer ce livre sur Babelio. En tout cas, je ne connaissais rien de son histoire. Mais comme j'aime bien Despentes, en fouillant un peu dans les rayons, mon oeil a été attiré par son nom, j'ai vaguement lu la quatrième de couverture (qui ne révèle pas grand-chose) puis je l'ai acheté. Et je me suis vite rendu compte que les « choses » dont parle
Virginie Despentes dans ce roman ne sont pas si « jolies » : suicide, pornographie, usurpation d'identité, promotion canapé, cocaïne, arrivisme, avidité, solitude, isolement, etc. Voilà qui n'annonçait pas une lecture très gaie. Pourtant, j'ai beaucoup aimé ce livre. Pour son histoire intéressante, entraînante, d'abord, mais aussi pour la plume de Despentes : c'est cru, le rythme est rapide, brusque, comme s'il y avait urgence à raconter, à tout déballer. Ça fait l'effet d'une pluie de coups de poing.
Comme d'habitude,
Virginie Despentes fait passer certains messages à travers les paroles de ses personnages, à travers ce qu'ils vivent. Ainsi, l'auteure nous rappelle que certains hommes ont une fâcheuse tendance à considérer les femmes, au pire, comme de vulgaires bouts de chair, ou, au moins pire (on ne peut pas dire « au mieux »), comme des faire-valoir. Et ce, peu importe le milieu social. Les aventures de Claudine-Pauline dans les rues de Paris, et notamment dans le quartier de Barbès, puis dans les quartiers plus « chics » de la capitale et de ses environs en sont la preuve : porter une robe courte et des talons hauts peut être sujet à une mauvaise interprétation chez les plus riches comme chez les plus modestes (« Claudine à Paris » prend ici une tournure vraiment très particulière…). Par ailleurs, l'industrie musicale, mise en avant un peu plus tard dans les
Vernon Subutex, ne trouve pas grâce aux yeux de l'auteure. C'est un monde de requins, un panier de crabes, selon elle, où les drogues sont légion, où le chiffre prime sur la qualité, où l'on peut se foutre de tout et de tout le monde du moment que l'argent tombe. Et c'est le personnage de Pauline qui nous montre tout ça, c'est elle qui porte le roman. Elle m'a paru franchement antipathique au début car elle semblait aigrie, blasée. C'était sans compter ce qu'elle allait vivre ! Et puis les détails de son passé et de son enfance, ainsi que ses relations tendues avec sa jumelle Claudine, celle dont elle va prendre l'identité, l'ont rendue de plus en plus attachante. Tout comme les choix qu'elle fait après le suicide de sa soeur, prise dans un engrenage où il lui est difficile de faire machine arrière.
Qu'est-ce que j'aurais fait à sa place ? Cette question, je me la suis posée à plusieurs reprises. Puis j'ai laissé faire le livre, soulagée de ne pas être à sa place. C'était mieux comme ça.