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EAN : 9782290011546
122 pages
Librio (25/08/2008)
3.4/5   307 notes
Résumé :
" Nue devant la glace elle regardait ce gros corps, cette montagne de graisse. Il ne ressemblait à rien.
Même pas une femme, rien qu'un gros sac. A mi-voix elle se répétait : "Sale grosse truie, putain de sale grosse truie, grosse vache." Les yeux pleins de larmes parce qu'il s'agissait bien d'elle "... Evocations tranchantes d'un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants... Ces nouvelles disent violemment la Femme dans son désir ou son refus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 307 notes

« Mordre au travers » ou Eros et Thanatos version smicard, sans thunes, en surpoids et au R.M.I.

Dans le paysage littéraire Virginie Despentes détonne.

D'abord elle n'est pas d'origine littéraire bourgeoise et le revendique, elle fait entendre une musique particulière, plus proche du Hell Fest que des musiques de chambres des écrivains académiciens qui narrent les douleurs secrètes de maitresses de maisons dans la discrétion des villas d'été au milieu des oliviers. 

La permanence des sentiments humains transcende les âges et les classes, mais leurs modalités et notamment le rapport au confort, à l'argent et l'éducation varie considérablement et il advient toujours un moment où l'identification au héros du livre s'arrête : oui on souffre aussi, oui on aime aussi, mais pas dans les mêmes palais, dans les mêmes banquets, avec les mêmes ambassadeurs, devant le même personnel de maison.

Ce sont des pentes dangereuses, crues, noires et glauques sur lesquelles nous entraine Virginie. Si résister à la tentation c'est y céder, le désir peut aussi consumer son sujet. Posséder, dominer, domestiquer, se soumettre est-ce s'annuler dans le désir de l'autre ? et pourquoi ce que Freud appelait la pulsion de mort succède-t-elle à la pulsion de vie ?

Un style tout à fait à part, extrêmement visuel, des nouvelles où meurtre et pornographie se mêlent dans une fatale violence, sans tragique, quasi normal.
L'érotisme chez Despentes n'a pas de sexe : elle se glisse avec la même facilité dans la chair d'un narrateur masculin que féminin (contrairement à ce que laisse entendre la 4ème de couv, un livre sur La Femme et son désir…un peu réducteur).

Sagan parlait des bleus à l'âme, avec Despentes c'est la tumeur généralisée.

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Recueil de onze nouvelles publiées entre 1994 et 1999, donc pendant la période 'Baise-moi', 'Les chiennes savantes', 'Les jolies choses'. Années agitées pour Virginie Despentes, qui semble avoir trouvé un peu de sérénité depuis, sans avoir perdu son mordant et son pessimisme.
En exergue de l'ouvrage, ces mots de Kurt Cobain : « I hate myself and I want to die ». Le ton est donné : lose, galère, misère sociale, exclusion, prostitution, amours impossibles... Tout pour avoir une haute estime de soi et voir la vie en rose. D'ailleurs, ça se termine en général avec des cadavres - terrorisme, meurtres, suicides, avortements, infanticides...

La dernière nouvelle m'a particulièrement interpellée et captivée, un mélange des légendes de Mélusine, petite sirène, louve-garou, femme-gorille/guenon... qui peut donner lieu à plein d'interprétations (bipolarité ? coming-out bisexuel ? transsexualité ? rechutes d'une pathologie physique ? règles ?)...

Hormis dans ce dernier récit, je n'ai pas été éblouie par le talent de l'auteur, et j'ai lu ce recueil dérangeant à petites doses. Il a le mérite de montrer l'évolution de l'écriture de Despentes, aujourd'hui plus travaillée (critique sociale plus argumentée et humour grinçant), où le trash/gore est moins gratuit, même si les thématiques restent les mêmes. Et c'est d'ailleurs le seul reproche que je peux faire actuellement à cette auteur que j'apprécie et admire beaucoup : les personnages se ressemblent beaucoup d'un ouvrage à l'autre. J'ai par exemple vu Vernon plusieurs fois ici, versions masculine et féminine.
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Encore peu de « Virginie Despentes » à mon actif. Manque de temps, curiosité pour d'autres auteurs... mais je ne suis pas prêt d'oublier ceux que j'ai lu. « Mordre au travers » est un de ceux là. Comment fait-elle pour, en quelques pages, nous rendre les témoins involontaires de toutes ces déviances, dont, finalement, les femmes paient le plus lourd tribu. Car je ne suis pas sûr que tout vienne de l'imagination de l'auteur. Toutes ces nouvelles sont bouleversantes de réalisme. Despentes nous plonge dans la déviance quotidienne, ou tout simplement de l'impossibilité de vivre une situation.
C'est un très court recueil de quelques nouvelles « coup de poing », écrites au couteau, avec le sang des victimes.
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Ce bouquin m'a fait de l'oeil lorsque je me baladais dans les ruelles de ma librairie préférée. Je l'ai acquis, petit prix, bon achat?
Je connaissais la dame mais ne l'avais jamais lue. J'avais entendu du bien, du mal, des avis mitigés et partagés de "Vernon Subutex". J'avais encore dans la tête les échos de "Baise-moi" .
C'est donc sans a priori que j'ai lu!
Des nouvelles, 11, toutes aussi noires, terriblement noires, horriblement noires. Des femmes, des filles et des hommes, tous des paumés, des déglingués de la vie. Tous dans l'attente d'un autre chose, d'une embellie, du ciel bleu entre deux averses, une fois, juste une fois!
Ces textes courts expliquent la vie, la vraie, la dure, celle de tas de gens.
Ils n'ont pas de quoi manger, elle se débrouille, elle est mal accueillie au guichet à la poste, elle fait avec. La boulangère ne fait pas crédit pour une baguette, elle crache sur la vitrine parce qu'elle ne peut pas uriner dessus. Elle prend des coups, elle en redemande.
La dernière nouvelle, très fantastique, est assez surprenante.
Le choc, cela aura été le style! Inimitable, parler vrai comme dans la rue, les mêmes mots, durs à l'oreille, qui grattent la gorge quand ils sortent, acceptés, acceptable ou pas, des phrases comme des coups, forts, des qu'on oublie pas. C'est sûr à relire un jour, sans nom d'auteur, je saurai : c'est du Despentes, comme on dit : c'est un Modigliani ou du Debussy.
Une découverte.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Je me considère plutôt comme une lectrice avertie, rompue aux scènes sanglantes et horreurs en tout genre, pas prude (oh que non!) mais j'avoue que ce recueil a heurté ma sensibilité...

D'une nouvelle à l'autre, c'est l'escalade. de plus en plus noir, de plus en plus acide, de plus en plus violent...jusqu'à l'apothéose, "à terme", dont la lecture est insoutenable. Une nouvelle d'à peine deux pages et demi qui prend aux tripes tellement fort qu'on a du mal à la lire en entier.

Et si c'était justement ça le talent? Camper un personnage en trois lignes, lui faire vivre une histoire en deux pages et conclure, comme ça, en deux lignes, laissant le lecteur sur le carreau, complètement sonné. Parce qu'il en faut du talent pour être aussi concise et aussi percutante. Pour décrire la misère sociale, humaine, les manques affectifs, les traumas avec si peu de mots...

MAIS

je ne peux pas dire que j'ai pris du plaisir à lire ces nouvelles. Je les ai d'ailleurs lues à petites doses, espacées pour ne pas trop m'imprégner de tant de noirceur, au début du moins. Ensuite, j'ai tout lu d'une traite pour en finir plus rapidement et passer à autre chose.

Même si quelques phrases m'ont interpellées et fait sourire - comme ce petit clin d'oeil à Eric Zemmour ( la phrase est dite par un psychopathe "fils à papa"):

"J'y connais rien aux jeunes ni à leur sous-culture débile..."

dans l'ensemble, j'ai été trop gênée pour considérer que j'ai vraiment aimer ce recueil.



Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
A poil et à genoux il a rampé jusqu'à ses pieds et s'est mis à lui sucer le bout des pompes, à lui laper le bout des pompes avec gourmandise.
Elle le regardait faire. Ce bonhomme si respectable, la putain d'élite. Le reste du temps, le genre de type qui rigole pas. Et au travail, avec ses subordonnées, comment il devait se comporter. Et si elle l'avait croisé dans la rue et demandé une clope, est-ce qu'il la lui aurait donnée. Et quand elle repartirait, après qu'il se serait assouvi, défoulé, il se rhabillerait et alors quel genre d'homme redeviendrait-il.
Il s'était couché sur le dos, elle lui donnait son talon à sucer. Il se tortillait comme un gros ver. Il était en érection. Une toute petite bite rose, on aurait dit une bite de caniche. Elle laissait faire, parce que ça lui laissait du temps. Et cherchait avec affolement quelque chose à initier ensuite. Mais rien ne venait, seulement d'autres pensées.
Elle pensait à son amant à elle, à qui elle ne dirait rien. Elle pensait à toutes ces semaines qu'ils venaient de passer ensemble et comme l'argent les obsédait. Mille francs, pour se faire lécher les pompes. Elle pensait à son amant à elle, comme c'était humiliant pour lui. Comme c'était humiliant pour elle. Comme c'était humiliant d'être pauvre. Et il y avait dans cette ville plein de trépanés de ce genre, pour qui mille francs relevaient de l'anecdote. Et ils ne les donnaient pas. Sauf si on se laissait lécher les pompes, sauf si on voulait bien rentrer dans leur jeu. Dans leurs sales jeux, leurs jeux grotesques d'hommes de pouvoir qui ne bandent que s'ils se livrent à des pitreries.
(p. 31)
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La poste est bondée, je prends ma place dans la queue. Devant moi un type s'énerve :
- Comment ça, je dois le faire tout seul ? J'ai deux cents lettres à envoyer et vous ne pouvez pas me les affranchir, il faut que je colle moi-même deux cents timbres ? Mais vous avez vraiment de la chance d'être fonctionnaire vous, vraiment de la chance. Et sincèrement, j'espère que vous ne l'aurez plus longtemps.
Tu parles qu'elle a de la chance, la meuf derrière le guichet. Vu les pompes que lui il porte et son pardessus impeccable, vu son gros aplomb de mec habitué à être putain de bien traité, tu parles qu'elle a de la chance. Moi, je voudrais bien le voir à sa place, il ferait moins le malin à la poste.
(p. 47)
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Quand tu le fais avec moi, comment ils font tes reins ça me fait du bien de haut en bas, avec le bassin tu me casses quelque chose, résistance qui pète en plein milieu, il y a du ciel par là, je suis ouverte en plein milieu, il me sort des lambeaux de nuages, sans interruption, et il y a de la mer qui se déploie dans ma gorge, pourquoi ce plaisir-là vient de toi et c'est toi seulement qui le donnes, soleils roulant sur des arcs tendus, trempée, tu me vas tellement loin, à ce moment-là mon ventre est sûr et c'est pour toi qu'il est bâti, creusé en pente douce pour que tu glisses à l'intérieur et tu n'as jamais de fin, ouvrir les yeux c'est dans les tiens que je tombe et toujours j'ai attendu ça, c'est le centre du monde, j'étais bâtie pour ça, j'étais bâtie pour toi, me renfermer sur toi, m'ouvrir en plein pour toi.
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Nue devant la glace elle regardait ce gros corps, cette montagne de graisse. Il ne ressemblait à rien. Même pas une femme, rien qu'un gros sac. A mi-voix elle se répétait : "Sale grosse truie, putain de sale grosse truie, grosse vache." Les yeux pleins de larmes parce qu'il s'agissait bien d'elle ...
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Tout ce qui semblait simple pour les autres devenait un vrai casse-tête pour lui. Le seul truc pour lequel il avait de vraies dispositions, c'était souffrir, c'était la douleur. Y a qu'en ça qu'il battait tout le monde.
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Vidéo de Virginie Despentes
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