Au début du 19e siècle, le Montréalais Nicolas Montour se joint aux engagés du Grand Portage. Il prend part à la traite des fourrures dans un Canada immense aux multiples territoires inexplorés.
Arriviste, ambitieux, sans scrupules, Montour est prêt aux pires bassesses pour gravir les échelons du pouvoir. Louison Turenne, un engagé de longue date, lucide, honnête et intègre, se tient loin des manigances de Montour.
Une lutte morale entre les deux hommes aux forces contraires sous-tend le récit.
L'exploitation des tribus amérindiennes, l'emprise perverse des uns sur les autres, les guerres pour le monopole d'un commerce sont dépeintes avec un réalisme impressionnant. Les atmosphères et les évènements, les moeurs et les raisonnements des personnages ainsi que la dynamique entre eux sont finement évoqués. Il en va de même pour le mode de vie et le travail des engagés dépeints avec une grande précision.
Un très beau roman d'aventure aux portées sociales et psychologiques, mais également un thriller haletant.
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Tous les hommes sont des athlètes qui ont été recrutés avec soin pendant l'hiver dans les vieilles paroisses du Bas-Canada. La cargaison enfin débarquée, deux des milieux unissent leurs efforts à ceux de Bombardier et de Lendormy ; ils enlèvent les quatre grandes perches qui garnissent le fond du canot pour le protéger et répartir sur toute la surface le poids du chargement ; ils retournent l’embarcation avec prudence, la soulèvent sur leurs épaules, la hissent sur la berge et la portent jusqu'à l’autre bout du portage ; solidement, ils l’attachent à de jeunes arbres et à des piquets : aucune rafale maintenant ne la brisera pendant la nuit.
[…] Dans les pays d'En-Haut, la durée du contact avec la civilisa-
tion se mesure à la dose plus ou moins forte d'alcool qu'un
naturel peut absorber.
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