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Critique de NicolasElie


D'abord, il y a eu « Crocs ». Tu te rappelles ? Les trois clous plantés sur une croix… Je t'en reparle pas. Pas la peine, t'as qu'à le lire si tu l'as raté.

« Écume », c'est le second roman de Patrick K. Dewdney chez Territori.

Ce roman-là t'emmène sur les flots, dans un petit bateau, et celui-ci, il a pas d'ailes pour voler. le petit bateau s'appelle « la gueuse », et lui aussi, après avoir fait le tour du monde, il revient chez lui. Tu liras pourquoi. Une gueuse, parfois, c'est une princesse déguisée.

T'en connais aussi, toi, des pères et des fils qui se parlent pas trop ? T'en connais ?

Alors ça va te rappeler quelque chose.

Un père, et un fils.

Il y a des écriveurs qui ont besoin de te présenter des personnages en pagaille, au point que parfois tu t'y perds un peu. Non, je déconne. Tu te perds pas parce que tu prends des notes. Dans « Écume », tu prendras pas de note. Pas besoin.

Comment parler du vide entre les humains dans un roman noir ? Comment, par la grâce d'une petite fille dont tu ne parles pas la langue, l'espoir peut-il d'un seul coup se mettre à exister ? Toi, tu sais pas, mais Patrick, lui, il sait. Il fait partie de ces écrivains qui te balancent leurs tripes sur le clavier et qui t'empêchent de respirer. Alors tu tournes les pages, et tu te dis que tu vas lire tout doucement, pour pas gaspiller. Pour profiter de chacun des mots qu'il t'offre. Parce que dans ce roman, chacune des phrases est un cadeau. Et pas un cadeau à la con, une étoile, qu'il a décroché pour toi. Tu sais ces étoiles qui guidaient les voyageurs, avant, au coeur de la nuit.

Un père, et un fils.

Comment se retrouver enfermé quand tu navigues sur les flots ? Comment faire exister l'une à côté de l'autre, deux solitudes, sans même qu'elles se touchent ? Simplement faire exister les mots à travers le silence, c'est sans doute le secret de ce roman hors-normes. Te faire sentir l'odeur du poisson mort et pourrissant dans la cale, te faire toucher du doigt cette vie de misère des marin-pêcheurs qui naviguent sur les flots, ohé ohé jusqu'à perdre la peau qu'ils ont sur les mains, jusqu'à ne plus entendre que le bruit de la vague, celle qui peut faire de ton bateau une simple coquille de noix.

Te faire pleurer les larmes de ces hommes, du fond de leur vie de misère, la seule qu'ils connaîtront jamais. Entendre leur plainte.

Un père, et un fils.
La suite, juste ici :
Lien : http://leslivresdelie.org/ec..
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