Que dire de ce livre? En vérité, je suis bien embêtée de devoir le critiquer, d'ailleurs, je ne pense pas poster la critique sur mon blog. J'avais l'impression de manquer quelque chose, de ne pas avoir compris, puis j'ai lu les deux critiques qui me précèdent et j'y ai retrouvé certains de mes doutes. Cependant, je me garderai d'attribuer des étoiles, ne sachant trop que mettre. Je laisse le lecteur juger lui-même d'après les critiques.
Le positif d'abord: l'écriture est maîtrisée, on ne peut le contester.
En l'absence de monsieur J fait partie de ces livres que l'on peut presque ouvrir au hasard et sortir une citation convaincante de l'endroit exact où nos yeux se posent. le thème aussi est vraisemblablement maîtrisé. Il a dû demander une solide documentation et on a l'impression que l'auteur sait vraiment de quoi il parle.
Seulement, cela ne suffit pas à faire un roman. Est-ce bien roman d'ailleurs? Dès le premier chapitre j'ai eu davantage l'impression d'un documentaire, d'un compte-rendu quasi journalistique. Tout est détaché, éloigné, indirect. Tout est récit distancié. On ne prend jamais part à "l'action". Elle est racontée, non vécue. D'ailleurs, l'imparfait généraliste l'emporte de beaucoup sur l'immédiateté du passé simple.
Les personnages eux-mêmes m'ont paru des pantins de papier sans consistance, sans vie, seulement destinés à servir d'excuse pour montrer ce procès et porter, un tant soit peu, les idées de l'auteur.
Quand il se passe près de vingt ans entre le procès et la fin du livre, par exemple, on a l'impression que rien n'a changé, que le temps n'est pas passé. L'auteur nous raconte rapidement et a posteriori (donc à nouveau sans le faire vivre) ce qu'il est advenu des personnages durant ce long temps.
Pour ma part, je suis restée indifférente à leur devenir, car je n'ai rien partagé avec eux. J'ai cru lire un long fait divers dans le journal.
En fait, je ne comprends pas vraiment ce choix narratif. Pourquoi ne pas avoir osé franchement l'historique affiché, nommer les gens par leur nom? Au moins, cela aurait été clair et le lecteur saurait à quoi s'attendre. Personnellement, la politique, surtout celle de cette époque, ne m'intéresse guère et je ne m'attendais pas à ça, pas à ce point, dans ce roman qui n'est justement que politique, et idéologie peut-être. En tout cas, j'ai eu la sensation constante, dès le début, que l'auteur, plus qu'écrire un roman, voulait faire passer un message. le problème, c'est que ne maîtrisant ni l'époque ni la politique, je suis loin d'être sûre d'avoir compris lequel.
Peut-être ce livre paraîtra-t-il très intéressant à quelqu'un passionné par le sujet, car il a l'air d'avoir été conçu avec un grand sérieux. Quant à moi, je suis passée complètement à côté.
Une autre présentation de l'ouvrage eût pu, peut-être, cibler plus justement les lecteurs.